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Critique de Arutha


La première chose qui frappe et ce, dès les premiers chapitres voire dès les premiers paragraphes, c'est l'originalité du roman. En particulier, l'originalité de traitement. Les clichés sont vraiment mis à mal. La première fois que nous rencontrons le Fendragon (1), il a les pieds dans la boue et parle de cochons. On est loin du preux chevalier des chansons de geste. Jenny, sa compagne, loin d'être la sorcière ultra-puissante des récits du genre, se considère elle-même comme à peine plus qu'une guérisseuse de village. Les dragons sont tués comme de vulgaires renards pilleurs de poulailler, même s'ils sont infiniment plus dangereux. Avec ruse et sans panache.
Et même si le roman a aujourd'hui 25 ans, il reste toujours assez innovant en la matière puisque nous ne sommes toujours pas débarrassé des clichés du genre. Oserai-je dire : « Au contraire. » ? Alors, oui, c'est agréable de lire les aventures de gens (presque) ordinaires. J'ajoute presque parce qu'il faut bien l'admettre, ces gens-là ont une force de caractère assez peu commune, tout de même, forgée sans doute dans les rigueurs climatiques des pays du nord dont ils sont issus.
La seconde qualité du roman, précisément, tient dans la peinture, particulièrement travaillée, des personnages et en particulier de trois d'entre eux. John, Jenny et Morkeleb. Autrement dit le fendragon, la sorcière et le dragon. Ils ont tous un caractère bien trempé. Même si c'est plus facile pour le dragon, compte tenu de sa taille et de sa puissance. Mais ils ont malgré tout des fêlures, des faiblesses. Même Morkeleb, pourtant protégé par sa cuirasse et la totale indifférence de ceux de sa race pour les misérables créatures que sont les humains.
La peinture sociale n'est pas en reste non plus. Avec cette galerie de nobles de cour tous plus superficiels et inconsistants les uns que les autres. Quant aux Gnomes, ils m'ont fait penser d'une façon saisissante, à une allégorie de la diaspora juive, ou de tout autre communauté minoritaire, mal accueillie, maltraitée. Les Gnomes sont à peine tolérés lorsque tout va bien, alors qu'advient-il à votre avis lorsque tout va mal ? Ils sont désignés comme coupables idéaux de tout ce qui arrive, sont chassés, spoliés.
En revanche, en dehors de ces qualités, le roman pêche par un manque significatif d'action. Et quand il y a de l'action, le passage est vite expédié. Bon, d'accord, lors de la description d'un combat, j'ai horreur de ces récits qui détaillent le moindre des gestes des protagonistes. « Et il leva son épée de quinze centimètres de la main droite, tandis que de la gauche il se grattait l'arête du nez. » et qui font durer un duel une quinzaine de pages. Mais de là à faire dans le dépouillement le plus total, il y a une marge. « Il est entré, il a tué le dragon. » , ça fait un peu juste.
En plus de ça, le traitement de la méchante de l'histoire est assez frustrant. Beaucoup trop succinct à mon goût. Elle a pourtant été dotée de pouvoirs terrifiants, c'est le mot, mais la montagne a accouché d'une souris.
En vérité, l'essentiel est ailleurs. Dans la dénonciation de l'intolérance. Dans la douleur du choix. Jamais autant auparavant je n'avais été confronté dans un roman à la réalité de cette maxime : choisir, c'est renoncer. Car, c'est vrai, on ne peut être une bonne sorcière et en même temps une bonne mère, une bonne épouse. On ne peut être femme et dragon.
Et le roman parle aussi d'amour. D'une façon simple et sans mièvrerie. Car, n'en déplaise à tous les Gros Bill du monde, l'amour, ou sa recherche, occupe, voire préoccupe la plupart des gens, davantage que la chasse aux créatures surnaturelles. Me semble-t-il.
Cependant, force m'est de reconnaitre que cette seconde lecture (puisque j'avais déjà lu le roman) m'a un peu moins enthousiasmé que la première. Sans doute à cause de la disparition de l'effet de surprise.
Il n'en demeure pas moins que ce Fendragon me semble mériter de figurer dans la bibliothèque de tous ceux qui prétendent être amateurs de fantasy. Et puis, un one-shot de 360 pages, n'est pas un obstacle insurmontable. Sauf peut-être, je le répète, à tous ceux qui privilégient l'action au reste. Ce que je respecte totalement.
Lien : http://aruthablog.blogspot.fr/
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