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EAN : 9791097515737
LA TRACE (14/03/2023)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Mira vit le long d’un canal. Ses voisins la prennent pour une toquée. Elle délire souvent, il y a des cortèges de fantômes, des perroquets-souris, la Mer du Nord implacable et tranquille, d’étranges processions se déroulent, des êtres disparus reviennent. Des crimes ont-ils été commis, ou tout cela n’est-il que le fruit d’une imagination délirante ? Le mugissement du vent du Nord n’en finit pas de souffler sur cet étrange récit qui inquiète et dérange.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Anne-Michèle Hamesse : Un pinceau sur la toile du verbe.
Venue du monde de la peinture, Anne-Michèle Hamesse, auteure de nombreux romans et pièces de théâtre est passée de la peinture à l'écriture comme si les mots s'étaient glissés naturellement dans ses toiles.
Dans ce nouveau roman, l'auteure aborde ses sujets de prédilection. La nature, la folie, la solitude… tous les ingrédients pour tenir le lecteur en haleine.
Mira est née d'un rencontre éphémère entre Ruth, une jeune paysanne flamande et Nour Zabat, un beau Marocain, très beau même, beau comme un dieu. Mais ça n'a pas duré. le dieu Marocain était volage. Ne laissant à la jeune femme que son souvenir adoré, une odeur sucrée de thé menthe, de miel chaud.

Mira grandira loin des villes, le long d'un canal, dans un lieu perdu appelé le Zwaantje, en patois de là, dans ce petit village situé entre Wulpen et Bulskamp, on prononce « swountche ». le zwaantje, petit cygne en flamand est un canal tordu étroit et noir, bourré d'anguilles. le Zwaantje, c'est un endroit inconnu près de Furnes (Veurne disent-ils) et Saint-Idesbald.
Saint-Idesbald, plage de la Mer du Nord, station surpeuplée en été, pleine de cris d'enfants disputant des parties de jokari. Saint-Idesbald avec son mélange salé de goudron et d'iode, ses mouettes hurlantes qui déchirent le ciel, son odeur, attirante et repoussante à la fois, un mélange de crêpe à la cassonade et de marées basses, parfois senteur d'égout.

Les sens de l'auteure et à présent de ses lecteurs sont activés.
Ici l'air est transparent, les gens, les plages, la mer, tout part en buée, se liquéfie.
Comme les tableaux d'Ensor, les personnages se diluent dans le paysage, ils en font partie, englués dans la même boue, la même pâte, une vraie bouillie.
Et toujours la mer et les nuages en fond de teint, grise et mouvante Mer du Nord, tragique et belle.
Mira voguera d'un endroit à l'autre. le vent d'ici est terrible…
Ruth, la mère de Mira, une paysanne flamande, grasse et taiseuse était toujours accompagnée d'un sillage de mouches (comme l'est Mira de ses perroquets souris). Elle présentait mal comme on dit, ce qui ne l'a pas empêchée, de son vivant, de gagner pas mal de pognon, en louant des bateaux, un métier rude, elle avait la santé pour.
Quant à moi, raconte Mira, j'étais trop fragile pour travailler paraît-il, ils me trouvaient même un peu demeurée, enfin je ne vais pas m'en plaindre, c'est ce qui me vaut de recevoir un petit chèque tous les mois qui me permet de vivre simplement dans la maison de ma mère, cette maison que j'aime.
Mira aime ce pays, cette terre flamande, si triste et déserte qu'aucun touriste ne s'y aventure. C'est sauvage et inhospitalier. Un peu comme moi, continue Mira.
Le soleil et le vent dansent ensemble sur un air de folie, une lourde farandole breughélienne, dans le plat pays qui est le mien mijn platte land mijn Vlaanderen land, comme disait Brel.
Le vent d'ici, c'est terrible, il parle comme une voix disparue qu'on entendrait toujours, chantant la présence revenue d'un être cher, autant aimé que redoutable. le vent se manifeste surtout le soir quand plus rien ne tremble on entend plus que cette voix, accompagnée de ce vent terrifiant qui mugit et gronde. Les voix disparues, multiples, revivent, hurlent, chaque soir elles reviennent, ne se laissent jamais oublier.
Les gens du Zwaantje sont taiseux, parce qu'ils ne savent pas s'exprimer comme les autres… Ici en Flandre on s'exprime mal, enfin brusquement, avec des bruits comme quand on se dispute, ça tempête, rote et jure fort, c'est la musique des paysans d'ici.
J'aime ce pays, cette terre malgré nos différences, mon origine est un pays écrasé de soleil et de lenteurs, le Maghreb, rien à voir avec la Flandre travailleuse et chrétienne.
Je suis Mira la Flamande et aussi Mira la Marocaine.
Ma petite maison, mon refuge, blotti comme une grosse poule pondeuse, s'aligne dans une rangée de maisons de pêcheurs, la mienne était, dit-on, un ancien bordel, fréquenté jadis pas des mariniers de passage.
L'idée me plait, combien de plaintes d'amour retentissent encore ici, noyés sous les cris du vent.
Mira vit seule chez elle, c'est une façon de parler. Ses nombreux chats lui tiennent compagnie, félins silencieux et souples, ils évoluent en fumées grises, leurs volutes se poursuivent et se mélangent le long des murs blancs de craies, présences fantomatiques et irréelles.
Ses perroquets-souris garnissent les arbres de leur touche arc-en-ciel, ivres de liberté.
À côté, chez le voisin, trois bergers malinois hurlent, gémissent des nuits entières, maigres et affamés, décharnés comme pas possible, errant dans leur enclos.
Quand un matin, arrive cette lettre mystérieuse…
Au fil de ses rencontres, les personnages venus de nulle part, vont, partent, reviennent.
Fabre, lui, revient sans cesse dans ma tête. J'essaie de le chasser, mais il est difficile de chasser un bonheur surtout quand il s'entête, il devient vite une idée fixe, il s'accroche aux cheveux, comme une chauve-souris affolée, alors j'appelle les perroquets-souris mes oiseaux sachant y faire, des sortes de garde du corps, les gendarmes de combat habitués aux exercices difficiles sont formés pour ça, mes oiseaux savent tout d'avance ils ne sont guidés que par l'amour, ils m'aiment et me protègent d'instinct.
Anne-Michèle Hamesse nous emmène dans un monde irréel, baluchon de mots sur l'épaule. Elle les distribue, ignorant la ponctuation en place, elle instaure un autre rythme en usant de mots, de respirations donnant à la phrase une musicalité ivre du vent ambiant. Elle crée sa propre chanson.
Le Rendez-Vous de l'Horloge – Anne-Michèle Hamesse – Éditions la Trace – 2023 – ISBN 9791097515737

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Voici un livre qui peut laisser perplexe à plus d'un titre. Petit, 101 pages seulement : Anne-Michèle Hamesse surprend par le choix d'une police d'écriture assez grande, comme celle destinée aux enfants. de quoi faire relire le résumé : est-on dans la section jeunesse ? Non… étrange. Comme le style de l'autrice. On plonge dans ce qui s'apparente au journal intime de son héroïne Mira. Les habitants la prennent pour une femme assez simplette, toquée, … le lecteur pourrait dire qu'ils ont raison quand on lit ses journées.
Assez solitaire, vivant avec ses chats et ses perroquets, ses seules sorties ressemblent presque à des expéditions. Mira enfourche son vélo, accompagnée par ses perroquets – vraiment ? – elle voit des choses, des gens qui ne sont pas forcément réels. À moins qu'une partie le soit, mais que des fantômes accompagnent le défilé des pénitents ou la procession de Sainte Marie. Deux événements qui sont folkloriques et emblématiques du petit village du nord de la Belgique où vit Mira. Ce même village qui a vu naître le peintre Paul Delvaux.
Au travers de ce journal intime, on découvre un pan d'histoire de ce lieu, au bord du Zwaantje, un fleuve dont le nom signifie « petit cygne ». C'est aussi un peu le cas de Mira, qui ressemble au vilain petit canard de la région. Seule, souvent enfermée dans une bibliothèque pour s'isoler du reste du monde et pourtant, des personnes gravitent autour d'elle. Des êtres… ou des fantômes, des souvenirs de ces quelques élus chers à son coeur comme sa mère, son père pourtant parti trop tôt, Aglae ou encore Fabre.
De prime abord, la lecture peut paraître fastidieuse, mais un petit quelque-chose donne envie, quand même, de poursuivre la lecture et BAAM vers la fin de l'album, tout bascule. À ne plus rien y comprendre ! Ce qui n'était que les élucubrations d'une femme un peu simple d'esprit devient une intrigue inattendue. Quelque-chose que je n'avais pas vu venir et qui, quand j'eus fini de lire « le rendez-vous de l'Horloge » m'a laissé une sensation d'hébétude totale. Anne-Michèle Hamesse nous laisse sur une fin ouverte qui pousse aux questions. Que s'est-il passé ? Pourquoi ? Comment ? Qui ? Hein ? Oui, j'ai vraiment eu toutes ses expressions aux lèvres, regardant autour de moi comme si, moi-aussi, j'allais voir un fantôme pour me répondre. Et rien que ça, ça vaut la lecture de ce tout petit livre, sans prétention (peut-être un peu cher pour si peu de pages ?!) mais quel dénouement !
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Ce petit récit rend hommage à la Flandre à travers un texte fragmentaire qui évoque à la fois le rêve et la réalité à travers des références à la peinture belge, celle de James Ensor ou de Delvaux mais aussi, grâce à une écriture très poétique, rythmée et sonore, imagée. La narratrice solitaire et amoureuse des bêtes vit entourée de chats et d'oiseaux mais pas n'importe lesquels, il s'agit de perroquets-souris qui l'accompagnent dans ses déplacements. Tel un personnage de conte de fées, elle est la maîtresse d'un univers étrange qui est à la fois merveilleux et quotidien : merveilleux par l'évocation d'un monde lointain, celui auquel appartient son père, les perroquets ou encore, celui lié au monde pictural fantasmagorique d'Ensor et de Delvaux ; quotidien par la toponymie précise des lieux qui l'entourent et de leurs descriptions. Ce récit peut être déroutant car le lecteur a l'impression de ne rien maîtriser, de ne rien réellement saisir d'une lecture qui le promène d'une idée à une autre, sans réellement de suite logique, à la façon sans doute des coups de pinceau d'un tableau qui serait peint sous nos yeux. Un livre qu'il ne faut pas hésiter à relire, je pense, pour s'imprégner de son atmosphère somme toute embrumée, comme le brouillard des canaux De Belgique qui m'a rappelée parfois des poésies de Baudelaire mais aussi le roman de Georges Rodenbach, Bruges-la-Morte.
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Il s'agit d'un petit livret d'une centaine de pages seulement, qui se lit très vite, car imprimé en grands caractères.

Dans ce livre qui se présente comme un journal intime, j'ai été surprise par la prouesse de l'auteure qui a réussi à écrire un livre entier sous la forme d'un monologue. Je n'y ai pas décelé un seul dialogue. Et c'est un peu dommage, car, après une trentaine de pages, j'ai fini par me lasser de ce ton monotone. Pourtant, je reconnais que le style de l'auteure est porteur et parvient, malgré tout à entraîner le lecteur dans l'histoire. Mais.. Personnellement, ce style d'écriture ne m'a que moyennement convaincue.

Mira, femme solitaire, vit entre ses chats, ses perroquets et… ses fantômes. Car elle voit des choses que les autres ne perçoivent pas. Alors, réalité ou folie ? Telle est la question que l'on se pose en lisant ce roman. Mira habite sur les rives du Zwaantje, un fleuve dont le nom signifie « petit cygne » et dévoile, entre deux élucubrations, quelques histoires sur le lieu où elle habite depuis toujours.

Parmi les fantômes du passé, elle retrouve ceux de ses parents, mais d'autres également, dont ne sait pas s'ils ont réellement existé. Et puis, à la toute fin du livre, un évènement incroyable survient, qui apporte enfin une solution à cette histoire rocambolesque… ou pas !

Je n'ai que moyennement accroché à cette histoire, qui n'entre pas vraiment dans mon style de lecture, mais c'est une opinion personnelle, car je ne doute pas qu'il saura trouver son public. Et je remercie Babelio de m'avoir proposé cet ouvrage dans le cadre de sa masse critique.


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Mira vit le long d'un canal.
Ses voisins la prennent pour une toquée.
Elle délire souvent, il y a des cortèges de
fantômes, des perroquets-souris, la Mer du Nord
implacable et tranquille, d'étranges processions se
déroulent, des êtres disparus reviennent.
Des crimes ont-ils été commis, ou tout cela n'est-il
que le fruit d'une imagination délirante ? Le
mugissement du vent du Nord n'en finit pas de
souffler sur cet étrange récit qui inquiète et
dérange.

Un petit récit qui embarque là où l'on ne s'y attend pas…
Un vagabondage meurtrier jubilatoire !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Hier il a plu toute la journée, le chemin drainait une boue grasse et visqueuse, le canal menaçait de déborder, de larges nappes vertes et noires flottaient mollement sur l'eau comme si quelqu'un s'était amusé à y déverser des bidons d'essence.
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