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3,8

sur 360 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
🧟‍♂️⛓Suivez les péripéties et les déboires de la famille Turner, une famille comme les autres... enfin presque au vu de ce qui gratte aux carreaux la nuit...


Quand on m'a proposé, de lire se livre en avant-première, j'avoue avoir pas mal hésité. le fantastique, l'horreur, l'imaginaire n'étant pas un genre que j'apprécie énormément, je ne me sentais pas le droit d'en donner un avis. Mais la curiosité l'emportant, je me suis lancée. Et j'avoue que je ne regrette pas.


Au départ, j'étais sceptique pour ne pas dire par l'histoire. La mise en contexte de départ est assez banale et retrace l'histoire de la rencontre de Margaret avec Harry. Bref, rien de nouveau et d'exceptionnel. Sauf que petit à petit, Shaun Hamill intègre une part d'inquiétant, d'étrange à son histoire. Les personnages du départ qui paraissaient caricaturaux et fades prennent une part sombre, voire dépressive. Tout cela prend un virage à 180° lorsque Harry offre à Margaret un roman de Lovecraft pour la séduire.


Le roman se décompose en 7 parties qui vont crescendo non pas dans l'effrayant, mais l'horreur sans pour autant tomber dans les clichés du genre avec hémoglobine et compagnie et plus sur l'aspect psychologique, traumatisme. Petit à petit un nouveau personnage émerge auprès de la famille Turner, et faisant partie totalement de leur univers : le mystérieux monstre qui gratte à la fenêtre. Tous les membres de la famille le perçoivent, mais seul Noah, le plus jeune décide d'interagir avec lui. Petit à petit, cette relation évolue vers une sorte d'amitié puis une relation amoureuse. Cette allégorie à l'ami imaginaire revue et corrigée par Shaun Hamill est à frémir puisque la relation entretient de la violence, du sexe, de la domination.


Shaun Hamill nous livre un conte effrayant et moderne. Vous pouvez oublier le gentil petit chaperon rouge qui est dépassé. Faites place au monstre et à des héros aux espoirs brisés, aux comportements imparfaits ... brefs à de simples humains. Petit à petit le lecteur se retrouve prisonnier de l'histoire et n'attend que d'en connaître la suite.

La structure du roman aide également à plonger le lecteur dans ce récit. Chaque partie est entrecoupée de Séquence scénarisée qui ne prenne une véritable portée qu'au final. Les thématiques abordées sont dérangeantes, sombres et peuvent vraiment perturber certains lecteurs.
Pour un premier roman, c'est réussit et captivant d'horreur.


Pour conclure, je pense que ce livre plaira et sera détesté par d'autres. Si vous aimez les lectures sombres avec une part de paranormal psychologique, vous allez apprécier. Si vous avez envie de monstres, de sang et tout le toutim... cela risque de vous paraître léger.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé et j'ai été conquise par l'histoire.
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"Plus il se retirait du monde, plus ses rêves devenaient merveilleux; et c'est en vain que l'on aurait essayé de les retranscrire."
(H.P. Lovecraft, "Les contrées de rêve")

Etrange livre... déstabilisant, mais sympathique.
On sent que c'est écrit par pur plaisir de nous raconter une "histoire qui fait peur" : Hamill s'inspire des auteurs de la littérature fantastique qu'il aime depuis toujours, et il leur rend hommage tout en créant quelque chose d'assez original. J'ai été agréablement surprise, voire soulagée, car la masse critique est parfois une loterie imprévisible. Je craignais un peu de tomber sur un autre "défi osé" que l'auteur voudrait "magistralement relever" en pastichant (magistralement mal) Lovecraft, mais ce n'était heureusement pas le cas.

Hamill a bien compris l'essence d'une bonne histoire fantastique; la terreur qu'il nous sert n'a pas besoin de litres d'hémoglobine qui inondent les pages, ni de cages thoraciques qui explosent dans les onomatopées adéquates en libérant un tas d'odorantes giclures de toutes les couleurs. Mais gardez quand-même l'indispensable mouchoir parfumé à la violette pour vous éponger le front, car en lisant "Une cosmologie de monstres", vous sentirez en permanence un doigt glacé vous gratouiller l'échine ! Je suis assez d'accord avec le mot de S. King sur la couverture; cette "Cosmologie" ressemble un peu au "monde selon J. Irving", envahi peu à peu par le "chaos rampant" lovecraftien. Avec une touche psychotique d'Ira Levin ou de Shirley Jackson en prime.

En apparence, c'est une histoire ordinaire d'une famille ordinaire, mais peu à peu on commence à sentir la présence de quelque chose de dérangeant et malsain qui s'immisce dans la "normalité".
Vandergriff pourrait être une petite ville provinciale sans histoire... sauf que de temps en temps, les gens y disparaissent.
Les Turner pourraient être une chouette famille américaine... sauf qu'aucun de ses membres ne va très bien dans sa tête, et pour cause ! Il y a quelque chose dont ils sentent tous la présence; les signes d'un monde en dehors de ce monde. Cela fait des années que ces grattements nocturnes sur leurs fenêtres se produisent, et chacun fait avec à sa façon.
Le père, Harry, exorcise ses peurs un construisant une grande attraction sur le thème de la "maison hantée", et sa femme, la pratique Margaret, y participe avec entrain, pour "oublier" à son tour. Mais la "Promenade au coeur des ténèbres" n'est pas suffisante pour conjurer le sort, et la douée et insolente Sydney va bientôt s'en rendre compte ! Sa soeur Eunice se réfugiera dans l'écriture et la dépression, et le petit Noah, à six ans, sera le premier de la famille à ouvrir sa fenêtre dans la nuit noire, pour savoir... et pour changer sa vie à tout jamais !

C'est donc Noah l'initié, qui raconte cette sombre saga familiale : sa grand-mère "folle", la rencontre de ses parents sur le campus universitaire grâce au livre de Lovecraft, son père qu'il n'a pas connu, sa mère qui perpétue la mémoire de papa en faisant vivre cette "maison hantée", ses soeurs déséquilibrées.
Toute la famille "sait", car cette "chose" les hante tous, mais on n'aborde jamais ouvertement le sujet. Qui oserait ?

J'ai moins aimé les excursion de Noah dans le monde fantastique; parfois, quand on glisse dans l'explicite, on perd cette insupportable et agréable tension, et en même temps une partie du mystère.
Mais l'histoire est bien ficelée; Hamill s'inspire des mondes terrifiants sans les recopier, même si le titre de chaque chapitre est un clin d'oeil évident aux écrits de Lovecraft. C'est fait avec subtilité, et ça rampe et chuchote dans les ténèbres juste ce qu'il faut, pour mériter amplement les trois étoiles et demi, peut-être même plus !
Bravo à Shaun Hamill pour ce premier roman, et merci à la masse critique et aux éditions Albin Michel.
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Cela fait 29 jours déjà que j'ai reçu ce livre avec plaisir dans ma boîte aux lettres, je remercie babelio et Albin Michel pour l'envoi de ce dernier.

Une cosmologie de monstre c'est l'histoire d'une famille, celle de la famille Turner qui a eu le malheur d'être dans le viseur de la Cité et de ses monstres.

Au début du roman pourtant, il n'y a rien de trop dérangeant, quoi que ce ne soit pas le bon mot ici, il n'y a rien de surnaturel. le début de celui-ci commence plutôt fort avec cette phrase percutante : "je me suis mis à collectionner les lettres de suicide de ma soeur à l'âge de sept ans". le ton du bouquin était d'or et déjà donné, la lecture ne serait pas des plus joyeuses. Ainsi si le début ne se passe pas dans un grand bonheur n'y a-t-il au moins presque rien de surnaturel puis au fil des pages, l'une après l'autre des phénomènes étranges se passent tel des avertissements pour la petite famille de prendre garde, de se méfier. Mais la petite famille passe outre, le monstre lui est là, il les guette puis finit par passer à l'action.

L'ambiance du roman est oppressante, entre mensonges, dénie et drame la famille Turner survit tandis que le monstre lui fil sa toile d'araignée avec le petit dernier de la famille : Noah qui finira par entretenir une relation malsaine et dérangeante avec ce dernier.

La construction du roman est remarquablement bien faîtes car le tout va en crescendo, plus on avance dans l'histoire et plus on se dépêche de tourner les pages suivantes pour connaître la fin. J'appréhendais un peu celle-ci ne sachant trop comment cela allait finir ni vraiment d'ailleurs comment je voulais que cette histoire se termine mais je trouve là encore que l'auteur s'en est remarquablement bien sortie.

N'aimant pas particulièrement avoir peur, j'ai également été satisfait de constater que ce livre ne m'a pas dérangé au point d'en faire quelques cauchemars même si la lecture à été suffisante pour que je prenne soin d'entièrement fermer mes volets au cas où.

C'est le premier roman de Shaun-Hamill et bien je dois dire avoir été complètement embarqué par celui-ci, avec un roman habilement structuré où tout est fait pour tenir le lecteur accroché à celui-ci en se posant d'innombrables questions dont les dernières trouveront réponse qu'à la fin du livre. Une réussite donc et je lirai avec plaisir les prochains romans de l'auteur.
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Vous avez aimé "Donnie Darko" au cinéma ? Vous devriez adorer "Une cosmologie de monstres", le roman le plus déroutant que j'aie lu. Déroutant, et singulièrement émouvant.
A l'instar de "Donnie Darko", il est difficile de résumer l'histoire. Il est question de schizophrénie, de disparitions, de religion, de ténèbres, de dépression, de monstres, de fausses maisons hantées, de soucis financiers, et d'existences ennuyeuses dans une Amérique qui ressemble à un mauvais rêve. Il est aussi question de H.P. Lovecraft, de Stephen King, et de comics fantastiques. Et d'une famille éclatée.

Même si j'ai éprouvé peu de sympathie envers les personnages (à l'exception du monstre), je pressens que ce roman restera gravé longtemps dans ma mémoire, tant il résonne, par son étrangeté, dans des coins reculés de mon cerveau. Il est à la fois terriblement proche et complètement éloigné de la réalité, ce qui en fait une lecture perturbante, comme si les pages étaient des calques qui se chevauchaient entre réel et surnaturel. Pourtant, ce n'est pas un roman fantastique à la Stephen King, ni un livre d'horreur. Il n'est pas non plus angoissant ; il est simplement bizarre et triste, et finalement très beau à sa façon, et même poétique.
Cependant, je n'ai pas adhéré au style, qui manque d'affect à mon goût, mais qui dessert bien l'histoire, car cette distance émotionnelle accentue l'aspect insolite du récit. Shaun Hamill a accompli un très gros travail d'écriture : sa narration est fluide, les thématiques abordées sont bien structurées, et il est parvenu à maintenir en équilibre -tout au long des 500 pages- une intrigue qui oscille entre réalité et irréalité. J'admire !
Pour autant, je n'ai pas été emportée par ce roman. Peut-être à cause de sa sécheresse, ou parce qu'il me manque des clefs (notamment lovecraftiennes) pour l'apprécier pleinement. Mais j'ai aimé la douleur silencieuse qui en émane et son parfum de mystère indolent. Surtout, j'ai aimé sa façon de ne pas vouloir plaire ni expliquer, et d'assumer sa singularité.

Donc, fans de "Donnie Darko" et de choses étranges, nébuleuses, mélancoliques et belles, tentez l'aventure onirique avec cette "Cosmologie de monstres" attachante et déroutante. C'est le genre de voyage dont on revient un peu transformé -et sans même quitter son fauteuil !
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A la lecture du résumé de l'éditeur je m'attendais à lire un livre d'horreur. J'ai donc foncé tête baissée, ravie que Babelio ait pensé à moi pour cette masse critique privilégiée (merci!). Mais rapidement je me suis rendue compte que j'étais en train de lire un récit plutôt à classer dans la catégorie «fantastique». Moi qui n'ai jamais accroché avec ce genre de lecture. Même le King et La tour sombre ne m'ont pas séduite, c'est dire! Quelle surprise de m'apercevoir que je ne pouvais plus lâcher Une cosmologie de monstres. J'ai vraiment beaucoup aimé. Pour un premier roman c'est épatant!

D'abord l'écriture de Shaun HAMILL est vraiment très plaisante. C'est fluide, travaillé et il ne faut pas plus de quelques mots pour être embarqué. En plus il y a plusieurs rebondissements que je n'ai pas vu venir. J'avoue: j'ai sous estimé Monsieur HAMILL. L'histoire est bien menée et la tension monte crescendo. L'auteur évite de tomber dans la facilité, il est toujours là où on ne l'attend pas et fait preuve d'une imagination débordante.
Pour autant on est loin d'être déconnectés du monde réel, ce qui donne un petit plus à l'histoire car on se projette très facilement à la place de la famille Turner. Des thèmes comme le deuil, la maladie mentale, les relations familiales, les secrets de famille sont abordés mais au lieu de faire sombrer l'histoire dans le pathos, cela contribue à brouiller les pistes. Sous couvert de normalité l'auteur réussi à intégrer le surnaturel là où on ne l'attend pas et où on aurait pu s'imaginer tout autre chose. de plus cela lui permet de maintenir une ambiance sombre et mélancolique qui sera une constante du début à la fin du livre. Difficile dans tout cela de démêler le surnaturel de la réalité.

Petit bémol cependant j'ai trouvé que certains personnages étaient vraiment très travaillés (Noah, Eunice par exemple) alors que d'autres étaient à peine ébauchés, c'est le cas de Sally notamment dont on a l'impression qu'elle a juste servie à donner une cohérence à l'histoire à un instant T et dont on s'est débarrassé dès que l'auteur n'a plus su quoi en faire. de manière générale les personnages secondaires sont un peu décevants. Mais on ne peut pas avoir tout bon dès le premier livre ce serait trop facile.

Malgré cela le tout reste vraiment addictif et très plaisant à lire. Ce conte moderne m'a rappelé mes lectures d'enfance quand tard le soir je plongeais dans des mondes imaginaires pas toujours très accueillants. Finalement je vais peut être tenter plus de lectures de ce type et surtout il serait temps de lire au moins 1 livre de monsieur Lovecraft.
Merci beaucoup Babelio pour cette belle découverte.
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C'était l'une de mes premières incursions dans le milieu fantastique et plusieurs jours après avoir terminé ce livre, je ne sais pas dire si je l'ai vraiment apprécié ou non. En tout cas, une chose est sûre, c'est que cela n'a pas été un flop total puisque je suis arrivée à sa fin. Mais, il serait totalement impossible pour moi de vous en résumer l'histoire, tellement elle est riche d'événements.

La mise en place du récit prend du temps car l'auteur n'oublie aucun détail quant à l'historique de la famille Turner. Même si le principal de l'intrigue est raconté par le cadet, Noah, on remonte plus loin dans l'arbre généalogique avec ses parents. Grâce à un bon travail de traduction, cela se lit de façon assez fluide et on évolue avec cette famille, jusqu'aux précipices de la folie.

Je pense que ce qui m'a manqué ce sont les frissons comme je croyais que j'allais ressentir en me plongeant dans ce type de lectures. Même s'il y a bien un côté indéniablement fantastique à l'histoire, j'aurais apprécié un tant soit peu plus d'angoisses. C'est peut-être la couverture et son résumé qui m'ont trompée.

Maintenant, vu que je ne suis pas une grande connaisseuse du genre, je n'ai pas vraiment de points de comparaison. C'est pourquoi, je pense utile pour ma propre culture, de retenter le coup plus tard (je vous tiendrai au courant du livre sur lequel mon choix se sera porté mais n'hésitez à me faire des suggestions si vous en avez, je suis preneuse).
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Avec Une Cosmologie de monstres, nous découvrons les membres de la famille Turner sur plusieurs dizaines d'années. Nous commençons le roman avec la rencontre des deux parents. Histoire d'amour plutôt banale au premier abord, leur quotidien prend un tout nouveau tournant au moment où Harry offre à la jeune Margaret un roman de Lovecraft en vue de la séduire. A partir de ce moment-là, les cauchemars semblent de plus en plus réels...

Hommage assumé à l'oeuvre de Lovecraft, le récit est baigné dans une folie âpre et omniprésente. le récit sait prendre son temps pour planter un décor frissonnant et malaisant. Attention aux monstres qui grattent aux fenêtres....
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Une cosmologie de monstres est un roman-tiroir dans lequel l'auteur a rangé pêle-mêle un hommage à Lovecraft et aux auteurs de pulps d'horreur de l'Amérique des années 60 et une critique acerbe de la société et de la famille.

Le ton du récit est donné dès l'ouverture avec la première phrase : « Je me suis mis à collectionner les lettres de suicide de ma soeur Eunice à l'âge de sept ans. ». Noah, le narrateur et cadet de la famille Turner va ainsi raconter la lente descente aux enfers de sa famille.
J'ai aimé le découpage des chapitres. de la rencontre entre ses parents à sa propre naissance et à son évolution, Noah laisse entrevoir, à chaque moment, la part d'ombres qui pèse sur cette famille.
Rien ne va droit dans cette famille.
L'obsession du père pour la création d'une attraction sous la forme d'une maison hantée, l'apathie de sa mère, la dépression de sa soeur et l'arrivée soudaine d'un ami imaginaire sous les traits d'un monstre humanoïde au visage lupin, m'ont souvent interrogée sur la santé mentale de Noah.
Le lecteur peut tout imaginer à travers les confidences de cet enfant.
Les drames s'enchaînent et Noah tente de se maintenir à la surface tandis que le navire familial sombre. J'ai tenté à plusieurs reprises de démêler la réalité du fantasme dans son récit mais ce n'est qu'à la toute fin que le génie de l'auteur se manifeste.
Une fin vraiment très réussie.

J'ai aimé suivre les aventures de cette famille hors norme.
Le genre de récit qui plaît ou qu'on déteste, l'entre-deux est difficile à imaginer.
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Débuter un roman en évoquant la collection de lettres de suicide de la soeur du narrateur à de quoi intriguer. Et c'est bien l'ensemble de ce roman qui est non seulement intriguant, mais fascinant. Fantastique, mais loin d'être gore, Une cosmologie de monstres n'a que le titre de terrifiant. Car ici, point d'effusion de sang, mais une psychologie familiale poussée à l'extrême. Shaun Hamill réussit le pari d'écrire une genèse familiale menacée par des forces mystérieuses, où cauchemars et monstres se côtoient. Avec de nombreuses références à H.P. Lovecarft et autres romans d'horreur comme les pulps, l'auteur dresse le portait d'une famille pas tout à fait comme les autres... de quoi la famille Turner est-elle victime ? Quel est ce vertige qui, peu à peu, prend possession des membres du foyer ? Entre malaise et noirceur, ce roman voit naître un grand auteur !

Dans la famille Turner, je voudrais le Noah, le fils ! Narrateur de l'histoire familiale, le jeune-homme débute son récit en évoquant les lettres de suicide de sa soeur Eunice, qu'il commence à collectionner à l'âge de sept ans. Bizarre me direz-vous. Pour l'expliquer, le cadet remonte le fil jusqu'à la rencontre de ses parents. Fasciné par Lovecraft et les opus pulps, Harry, le père, initie Margaret à ces étranges romans et lui propose comme premier rendez-vous, la visite d'une fausse maison hantée. Séduite par Harry, mais assaillie de terribles cauchemars à la lecture de Lovecraft, un soir l'étudiante aperçoit une créature velue. Hallucination ou réalité ?

Désormais installés à Vandergriff au Texas et parents de deux petites filles, Sydney et Eunice, Harry et Margaret se sont éloignés. Mais surtout, Harry commence à avoir un comportement irrationnel. Embarquant toute la famille dans un projet de construction de maison hantée pour Halloween, sa femme est de nouveau enceinte...

Quelques années plus tard, Noah qui n'est encore qu'un enfant entend des grattements à sa fenêtre. Derrière, une créature dont la capuche ne révèle que la lueur orangée de ses yeux. Qui est-elle ? Que veut-elle ? N'est-il pas temps de lever le voile sur les secrets familiaux ?

Comme vous avez pu le constater, résumer ce roman est tâche difficile ! Fantastique avec un soupçon d'horreur, une étrange atmosphère se détache du récit, et ce, dès les prémices. Montant crescendo, une boule d'angoisse et de bizarreries se développe au même rythme que l'étrange amitié entre Noah et le monstre. Au même titre que La maison hantée de Shirley Jackson, une figure lugubre s'empare peu à peu des personnages pour en extraire leur côté sombre. Brrrrrr !

Tel un roman initiatique, l'évolution de la famille Turner avec ses drames et ses petites victoires, conduit à s'interroger sur les démons qui se suivent et se transmettent générations après générations. Ainsi, la psychologie de chaque personnage est une plongée au coeur de la psyché humaine, révélant les angoisses internes, et peut-être mêmes externes d'une société sans pitié.

Grâce à un sens de la narration efficace, Shaun Hamill amène à surprendre et envoûter son lecteur avec un ton juste et parfaitement maîtrisé. Remarquable ! Malgré un magnétisme évident, je ne peux concéder au coup de coeur sans vraiment vous dire pourquoi. Peut-être la faute aux quelques longueurs... Quoi qu'il en soit, avec ce premier roman d'une puissance indéniable, Shaun Hamill fait une entrée remarquée dans la cour des grands, et ce n'est pas Stephen King qui me contredira !

Merci donc aux éditions Albin Michel et Lecteurs.com pour ce voyage au coeur des ténèbres !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Entre un avis enthousiaste de Stephen King affiché en quatrième de couverture, et l'annonce d'une adaptation en série télévisée, le premier roman de Shaun Hamill bénéficie d'une sacrée promotion. Méritée, il faut l'admettre, car même si le texte est loin d'être exempt de défauts, il n'en demeure pas moins sacrément prenant. le roman met en scène l'histoire chaotique d'une famille à priori tout à fait banale, mais qui va être frappée par une série de drames. L'ouvrage est divisé en plusieurs parties relatant chacune une période différente de la vie de la famille Turner dont l'histoire nous est narrée (après les faits, comprend-t-on rapidement) par Noah, le dernier de la fratrie. Difficile dans un premier temps de considérer que l'on est dans un roman fantastique tant le surnaturel n'occupe presque aucune place dans le récit. le lecteur fait la rencontre de Margaret, une jeune fille de bonne famille ordinaire, partie faire ses études dans une ville américaine lambda. Sa vie va toutefois basculer lorsque, en dépit du bon sens, elle va se laisser séduire par un jeune homme étrange, grand amateur de récits horrifiques, mais malheureusement complètement fauché. C'est le début de l'histoire de la famille Turner qui, par la suite, va s'agrandir de trois membres : Sydney, Eunice et enfin Noah. Chaque partie relate le basculement successif des différents membres de cette famille qui ne sera pas épargnée par la vie. Dépression, maladie, disparition irrésolue… : autant d'épreuves affrontées par les Turner qui, sans le savoir, sont en fait victimes d'une entité surnaturelle à la présence quasi-indécelable mais néanmoins ravageuse. Si le pitch peut, dans un premier temps, paraître assez simpliste, on se rend rapidement compte que la construction du récit a été astucieusement pensée et que le surnaturel est amené à prendre une place de plus en plus centrale, pour le plus grand bonheur des amateurs du genre.

Personnellement, je ne suis pas particulièrement friande des récits horrifiques : autant le gore et la violence ne me dérange pas (dans la littérature, hein...), autant tout ce qui consiste à faire naître de l'angoisse chez le lecteur aurait plutôt tendance à me faire fuir. C'est donc avec une pointe de nervosité que j'ai entamé la lecture de ce roman vanté par le maître de l'horreur en personne comme un tour de force. Et bien figurez-vous que je n'ai même pas eu peur ! Déçue ? Oui et non. Non parce que le roman tient toutes ses promesses et se dévore avec une frénésie révélatrice de l'efficacité de l'auteur. Oui parce que, tout de même, je m'attendais à plus de frissons. Au nombre des réussites (et elles sont nombreuses), l'influence de H. P. Lovecraft et de son oeuvre est évidemment à souligner. Les experts auront sans doute relevé bien plus de références que moi (qui n'ai découvert Lovecraft que récemment), mais sa présence se fait nettement ressentir, quand bien même il ne s'agit pas là de l'aspect le plus déterminant du roman. Outre les références directes à l'auteur par le biais des ouvrages présents dans la bibliothèque des Turner, l'auteur emprunte aussi au maître du fantastique ses cités étranges et effrayantes et surtout ses monstres qui traînent constamment à la lisière du récit sans vraiment se révéler. du moins dans la première partie (ma préférée), car la seconde fait perdre une partie de sa force au roman en levant le voile sur un mystère qui planait depuis le début. C'est amusant d'ailleurs, de constater que l'auteur s'interroge tout au long de son roman sur ce qu'est la peur et la façon de la faire naître (la thématique des maisons hantées et de ce qui fait leur succès se situe au coeur du roman), mais échoue à la maintenir jusqu'au bout dans son propre récit. Car dès lors que la créature dont on soupçonnait jusqu'à présent tout juste l'existence se dévoile, celle-ci perd sa capacité à faire naître la crainte. Bref, si le récit reste toujours aussi passionnant dans la seconde moitié, la tension que l'auteur était parvenu à instaurer jusque là s'en trouve fortement diminuée.

Fort heureusement, l'aspect horrifique est loin d'être le seul élément sur lequel l'auteur a tenté de mettre l'accent dans son roman. La force du texte tient ainsi moins à la qualité de l'intrigue qu'à celle de ses personnages. Qu'il s'agisse des membres de la première, la deuxième, ou même la troisième génération, la plupart des Turner parvient à susciter l'empathie du lecteur qui n'aura aucun mal à s'identifier aux personnages. La métamorphose plus ou moins spectaculaire et tragique de chacun d'entre eux n'en est alors vécue que plus rudement. Difficile de ne pas être sensible à l'impuissance des personnages et à l'apparente inexorabilité de leur sort, et c'est là toute la force du roman qui parvient à nous prendre aux tripes tant le lien tissé avec les personnages est puissant. Parmi eux, j'avoue avoir un petit faible pour les deux protagonistes de départ, Margaret et Harry, tant leur histoire d'amour est touchante, de même que l'affection portée par ce dernier aux littératures de l'imaginaire et à certains de ses grands classiques. J'ai eu un peu plus de mal à accrocher à leurs enfants, à l'exception d'Eunice qui reste sans doute mon personnage favori : dans la première partie parce que sa personnalité solaire est un vrai réconfort, dans la seconde parce que son déclin n'en est que plus émouvant. Sydney est quant à elle trop arrogante et peut-être un peu moins développée que les autres, quant à Noah, le narrateur, je lui ai trouvé une froideur qui m'a empêchée d'être totalement en empathie avec lui. L'intrigue est pour sa part bien construite, l'auteur parvenant astucieusement à entretenir une partie du mystère jusqu'à la fin et à titiller la curiosité du lecteur. C'est notamment le rôle des mini chapitres intercalés entre chacune des parties et qui relatent l'errance à tour de rôle des personnages dans une mystérieuse « cité » qui nous met inexplicablement mal à l'aise. Pour le reste, le récit évolue selon un rythme plutôt constant, même si, là encore, la seconde partie se révèle un peu moins efficace.

« Une cosmologie de monstres » est un très bon premier roman qui ravira sans aucun doute les amateurs d'horreur et de fantastique, ainsi que les fans de Lovecraft ou King. Même si le suspens et la tension sont bel et bien au rendez-vous, ce sont les personnages que l'on retiendra avant tout tant l'identification avec ces derniers est forte, et le récit de leurs tourments dramatique. Une belle découverte !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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