Jean-Claude lui caressa les cheveux. De ses mains pâles et gracieuses, il lui fit lever la tête et se pencha comme pour l’embrasser. Mais c’était moi qu’il regardait. Attendait-il que je lui dise : « Non ne faîtes pas ça » ?
Jean-Claude avait d’abord eu l’air effrayé par Raina. A présent, il semblait tout à fait à son aise. Je savais qu’il me provoquait. Il voulait que je sois jalouse. Le pire, c’est qu’il y arrivait plus ou moins.
_Si nous devons sortir ensemble je préférerais un rendez-vous dans le genre normal.
_Comme tu voudras.
Je le dévisageai. Il me dévisageai. Il passerait me prendre le vendredi suivant. Nous avions rendez-vous.
_Je vous considère comme une sorte de tragédie shakespearienne. Si Roméo et Juliette ne s’étaient pas suicidés, ils auraient fini par se haïr.
Une lycanthrope bouchère. Ça ressemblait à une plaisanterie. Mais je comprenais l’inquiétude de M. Smitz. Manipuler de la nourriture alors qu'on est atteint d'une maladie pareille... Les services d'hygiènes savent aussi bien que moi que la lycanthropie est uniquement transmise par l'attaque d'un métamorphe sous sa forme animale. Mais la plupart des gens n'y croient pas. Je ne peux pas les blâmer. Moi non plus, je n'ai pas envie que mon système pileux se développe outre mesure. L'esthéticienne une fois par mois, ça coûte déjà assez cher.
Les contes de fées, les romans à l'eau de rose, les séries télévisées : un ramassis de mensonges. L'amour ne vient pas à bout de tous les obstacles.
-Nous n'avons pas besoin de l'aide d'une humaine.
Cette remarque venait d'un homme qui avait posé ses pieds sur la table -une attitude assez cavalière. Ses cheveux lui tombaient dans le cou, tellement bouclés qu'on aurait dit de la fourrure ou des poils pubiens. Il avait d'épais sourcils, des yeux sombres et des traits lourds d'une sensualité exagérée. Les lèvres de Rafael appelaient un baiser, mais cet homme-là semblait du genre à faire des trucs infâmes dans les coins sombres.
Céder à Jean-Claude serait admettre qu'il n'existait rien d'autre que la mort et la violence. Qui ont un côté sexy et attirant, mais quand même. Avec Richard, j'avais une chance de vivre. Peut-être pas normalement, mais mieux. Hélas ! après la nuit précédente, je n'en étais même plus certaine.
Étai-ce trop demandé d'avoir un petit ami humain ? Je connais des tas de mon âge qui n'ont pas de petit ami du tout. Je faisais partie du lot avant de rencontrer Richard.
Richard se faufila à l'intérieur. Mayonnaise resta immobile dans le couloir. Je ne l'avais jamais entendu faire aussi peur de bruit.
-Merci d'avoir veillé sur Richard, madame Pringle.
-De rien. C'est un jeune homme si charmant , répéta-t-elle sur un ton qui signifiait :"Épousez-le."
Ma belle-mère aurait été d'accord avec elle. Sauf qu'elle aurait été moins subtile, et qu'elle l'aurait dit à voix haute.
— Tu es un romantique, en fin de compte...
— Tu dis ça comme si c’était un défaut.
— Les happy ends ça passe bien sur scène, mais ça n’a rien à voir avec la réalité.
_ Vous êtes vraiment pénible.
_ Exact. Nous ferions donc un couple très assorti.
#Anita & Jean-Claude#