Quand on ouvre un livre de
Peter F. Hamilton, on n'est jamais déçu. Ou du moins, c'est ce que je pensais jusqu'à lire Salvation (et je rédige cet avis après avoir lu la trilogie entière)... Déçu, ça n'est peut-être pas tout à fait le mot cependant...
{Attention à la lecture de cet avis : j'ai mis des barrières spoil, qui spoilent l'ensemble des 3 livres de la trilogie Salvation. Donc si vous ne voulez pas en savoir trop, ne les affichez pas.}
Car il est vrai que j'avais d'excellentissimes souvenirs de tous les livres d'Hamilton que j'ai englouti jusque là (et j'ai lu tout ce qui a été traduit en français à ce jour)... Aussi avais-je peut-être placé la barre trop haut ???
Pourtant tout est là dans cette histoire. La patte ininmitable Hamilton, les personnages, le côté technique, hard-science, science opéra, tout. Seulement cette fois-ci, j'ai trouvé la la mayonnaise prenait moins bien que d'habitude. Déjà l'histoire peine un peu à démarrer, les personnages principaux
("les Saints") qui nous sont présentés les uns après les autres, possèdent tous des histoires plutôt sympas et intéressantes... Mais ils manquent tous de charisme. On ne se sent proche d'aucun d'eux.
Ensuite, et c'est peut-être ce qui m'a gêné dans l'histoire, les mecs inventent, pour résister à l'envahisseur, des stratégies qui se déroule sur des milliers d'années. Ce qui me paraît fortement capillotracté, mais ne gêne aucunement les personnages, tant ils sont sûrs que dans 1000 ans ou 50000 ans il y aura soit eux soit d'autres humains avec les mêmes envies et les mêmes idées pour appliquer le plan.
L'histoire est aussi globalement plutôt hargneuse. Certes c'est une histoire de guerre classique finalement, mais les personnages interviennent à chaque fois pour défendre une vision brutale de ce qu'il faut/faudrait faire...
J'ai également eu du mal avec le concept phare d'une civilisation du roman : les Omnia, ces êtres successivement hommes et femmes parce que c'est le pinacle de l'évolution que de n'être ni l'un ni l'autre, ou plutôt dans ce cas-là, l'un après l'autre... Non pas que le concept soit perturbant outre mesure, mais comme il vient avec l'utilisation de pronoms spécifiques et tout, ça m'a semblé bizarre, et un peu forcé. Quoique finalement ça ne soit pas vraiment la clef de voûte du roman. Mais c'est introduit assez sauvagement dès le début... Ou alors peut-être que je suis un vieux con et que cette innovation me paraît absurde. Je ne saurais pas trancher.
Egalement il y a dans ces livres de nombreuses fautes d'orthographes, dont certaines sont assez énormes, et c'est gênant. Certes ce n'est pas la faute de Hamilton à proprement parler, mais ils auraient pu se payer des relecteurs dans la maison d'édition, parce que ça ne fait pas trop sérieux.
la plus grave à mes yeux "le trou de verre" suivi quelques lignes plus loin de la bonne orthographe "trou de ver"... Curieux quand même de faire cette faute dans ce genre de contexte/histoire, surtout quand l'expression est utilisée à tout va dans certains chapitres...
Bref, au final il s'agit d'une histoire relativement prenante, même si l'intrigue principale (qui vaut son nom au roman) est très longue à se mettre en place. La partie stratégique qui s'étire sur des millénaires est aussi longue, un peu trop. Avec certains arcs qui auraient mérité d'être raccourcis
notamment ceux sur Dellian et Yirellia à mon avis, et des personnages qui auraient pu (/dû) être un peu plus empathiques/sympas/charismatiques pour qu'on puisse au moins s'identifier un peu à ceux qui évoluent dans le futur le plus proche de nous...
Ca reste des détails, mais, mis bout à bout, ils me font considérer ce roman dans son ensemble comme le moins bon d'Hamilton. Ceci étant dit, le moins bon d'Hamilton reste quand même éminemment meilleur que de nombreux roman et de nombreux écrivains, donc c'est un avis à prendre avec relativité ^^
J'attends la suite néanmoins, je la lirai avec avidité, comme tous les Hamilton, car suite il y aura. Et suite il doit y avoir, tant on nous appâte
avec ce signal venu du "Dieu de la fin des temps".
Je n'ai d'ailleurs pas parlé du côté paradoxal de l'histoire, si ce signal vient de 60.000 ans dans le futur, et qu'il a été capté par les Oylix il y a 2 millions d'années (dans le passé), ça fait un sacré gros paradoxe. Même expliqué par Hamilton à grand renfort de tachyons et de théories sur la relativité, ça me gêne un peu...
Malgré tout, il aurait été plus intéressant (à mon humble avis) de se focaliser plus sur ce signal et ce pseudo-Dieu que sur moults détails de l'enclave Oylix. Car la guerre contre ces Oylix dure des plombes. Et pas qu'en temps subjectif pour les personnages. En temps effectif pour le lecteur aussi c'est un peu long. Dommage qu'il n'y ait pas plus de passages de leur point de vue d'ailleurs, car c'était intéressant et ça rythmait un peu le récit
Pas aussi bon que l'aube de la nuit, la saga du commonwealth, la trilogie du vide, ce roman (et ses 2 suites ) reste un bon divertissement. Hamilton a vraiment un sacré don pour imaginer des cultures, des mondes, des technologies géniales. Seuls les personnages sont un peu moins bien travaillés dans cette fresque.
Il faudra voir avec la suite aussi, peut-être que la traque du Dieu par Yirella 1 et Immanuel va sublimer cette première trilogie... (Car je n'attends rien du voyage Dellian et Yirella 2 pour trouver Lolo Maude car ce personnage m'était indifférent, même si la découverte du Sanctuaire pourrait être une source de bonnes surprises...