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EAN : 9782806105899
144 pages
Academia (18/05/2021)
4.4/5   20 notes
Résumé :
Un jour de juillet, Rose disparaît sans laisser de trace. Vingt ans plus tard, sa fille Anna s’est construit une vie solitaire et austère. Lorsque son frère lui annonce la mort de leur père, elle décide de revenir dans la maison de son enfance, au bord de la forêt. Ses souvenirs affluent. Qui étaient réellement ses parents et qu’est-il arrivé à Rose ?

Des robes d’enfant dans une caisse au grenier, des papillons dont les ailes se brisent d’avoir ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Je retrouve avec ce roman de l'auteure belge Emilie Hamoir, la curiosité, la pointe d'excitation, l'attente, le plaisir de découvrir un premier roman, un nouvel univers, une nouvelle écriture. J'ai été conquise et émue.
En pleine canicule, Anna apprend que son père, Léo, vient de décéder brutalement; elle se retrouve seule avec un frère, Paul, qui avait coupé les ponts avec elle et son père depuis 10 ans sans qu'elle ait jamais su pourquoi. Anna reste face à ses questions sans réponse : pourquoi sa mère a-t-elle brutalement disparu lorsqu'elle a eu 5 ans? Est-elle encore vivante? Pourquoi vient-elle de retrouver, dans le grenier de la maison de ses parents, des robes d'enfant destinées à une certaine Alicia? Qui était vraiment son père? Est-il mort d'un arrêt cardiaque ou s'est-il suicidé? Petit à petit la vérité se dévoile à Anna qui cherche désespérément à comprendre.
Le roman est astucieusement construit car il nous révèle petit à petit le passé à travers la voix d'Anna mais aussi celle de Rose, sa mère. Rose s'est laissé dévorer par un secret trop lourd à porter, une culpabilité qui la rongeait, la rendant incapable de s'occuper de ses enfants à la hauteur de l'amour qu'elle leur portait.
Ce roman est empreint d'émotion, de sensibilité; les rancoeurs, les non-dits, les tensions sont très bien rendus par une écriture qui fouille les sentiments, les douleurs mais aussi les petits bonheurs du quotidien, qui nous fait ressentir le mal-être, les ravages que peut provoquer un secret familial sur des enfants qui ne comprennent pas, mais ressentent un malaise et s'en croient responsables. La canicule ambiante est fort bien décrite au point que je me suis surprise à ressentir la chaleur poisseuse et étouffante du roman en plein mois de novembre.
L'auteure installe une tension palpable dès le début du roman, car, comme Anna, on veut savoir comment une mère a pu disparaitre en abandonnant ses deux enfants et en ne reprenant plus jamais contact. J'ai d'ailleurs été un peu frustrée, à cet égard, car le roman n'apporte aucune réponse claire, ni à la disparition de Rose ni aux causes de la mort de Léo.
Magnifique premier roman. Auteure à suivre.
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C'est un très beau premier roman que nous propose Emilie Hamoir, auteur brabançonne.

Soleil bas c'est le moment à l'aurore ou au crépuscule où le soleil nous éblouit et nous empêche de voir correctement les choses qui nous entourent... où comme Anna, la narratrice, qui enfouit au fond d'elle ses souvenirs, ses ressentis.

Anna est solitaire, elle vit seule, repliée sur elle-même et n'attend personne. Lorsque l'on sonne à sa porte le 6 juillet elle se dit qu'il s'agit d'une erreur.. ne réagit pas.. le coup de sonnette est insistant, elle ouvre et se retrouve nez à nez avec Paul, son frère qu'elle n'a plus vu depuis plus de dix ans.

Il lui annonce le décès de Léo, leur père !

C'est le point de bascule pour Anna qui décide de retourner dans la maison de son enfance, qu'elle avait quitté deux ans plus tôt.

Elle apprend que le décès de son père n'est pas accidentel, un suicide ! elle ne peut le croire et l'accepter.

Mais petit à petit ses souvenirs d'enfance vont émerger.. petit à petit elle va les décoder, en comprendre le sens.. voir enfin ce qu'elle avait ignoré.

Anna va beaucoup repenser à Rose, sa maman qui avait disparu lorsqu'elle avait cinq ans, au départ à ce moment de son frère protecteur, Paul, celui qui était choyé et fusionnel avec Rose et qui soudainement la regardait avec des yeux noirs...

C'est un roman en alternance de voix, où le passé et le présent s'entrecroisent qui nous est proposé. Rose va nous raconter son histoire, de la rencontre avec Léo jusqu'à son départ.

La construction est très habile, car petit à petit les voiles vont se lever, les secrets vont émerger, les pièces du puzzle s'emboîter, permettant à Anna et à Paul de comprendre que leur vie aurait été autre s'ils avaient su.

L'écriture est magnifique, ciselée. La construction parfaite, chaque chapitre évoquant une couleur, une émotion, une étape.

On n'imagine pas à quel point les secrets de famille - même si c'est pour protéger - ont un impact multi générationnel, c'est une des thématiques dont nous parle Emilie avec brio.

D'autres thèmes sont abordés comme les relations mère-fille, mère-fils, la difficulté d'être mère dans une société qui en veut de plus en plus, l'emprise du mari et la perte de sa place dans la famille.

Un premier roman magnifique, tout en finesse et émotion. A découvrir d'urgence.

Ma note : coup de coeur ♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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A la faveur du décès de son père, Anna revient dans la maison de son enfance. Son récit, rédigé à la première personne du singulier, se poursuit en parallèle de l'histoire de sa mère, Rose, narrée à la troisième personne du singulier qui a mystérieusement disparu alors que la première était en bas âge. Survient alors ce rapport d'autopsie qui conclut à un suicide. Mais Anna n'y croit pas. Alors elle fouille : sa mémoire, la maison, l'opinion des voisins. Elle met alors à jour un secret de famille bien gardé... et même plusieurs.

Si ce roman est relativement court - une centaine de pages de texte au cumulé - j'ai été conquise. L'autrice a manifestement un talent d'écriture avéré : son style est sûr, le vocabulaire varié et chaque mot est au service de la narration, rien n'est gratuit, tout est réfléchi, travaillé, et cela lui permet d'aboutir à un travail de grande qualité.
Outre l'aspect formel, nous sommes ici en présence d'un récit dans lequel devraient se retrouver bien des femmes confrontées à des questions d'emprise conjugale, de dépression post-partum et de syndrome de stress post-traumatique, même si tous ces éléments ne sont pas nommés tels quel, mais suffisamment suggérés pour être devinés sans trop d'effort. En dépit de la petite taille du roman, l'autrice réussit le tour de force de construire un récit progressif et efficace, dans lequel les passages de souvenirs, en italique, viennent donner des clés de compréhension de qualité.
Et que dire de la chute ? Rien ici pour ne pas spoiler les lecteurs et lectrices qui voudraient se plonger dans cette pépite, je dirai simplement que c'est la cerise sur le gâteau.

Je félicite la maison d'édition pour le travail de mise en page, qui est soigné, c'est un ouvrage agréable à lire et le travail éditorial rend la lecture encore plus captivante, à l'issue de la dernière ligne, on en veut encore !

Je remercie les éditions academia de m'avoir confié ce service presse.
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Anna

Son père, elle l'imaginait là, dans son fauteuil de vieux… A présent qu'il n'est plus, ce corps… « Dans ma tête, je dissociais encore « le corps » et « mon père ». Deux entités distinctes. Une vivante et une morte.

Il fallait à présent cacher, enlever ce que nos yeux ne peuvent plus voir, taire les empreintes de ceux qui sont partis, comme un garrot pour éviter que la blessure s'aggrave.

– Anna Stilinski ?

Anna laissa rentrer le policier, méfiante.

– Nous avons les résultats de l'autopsie pratiquée sur le corps de votre père et il semblerait que…

*

– Léo ?

Il avait je ne sais quoi de nonchalance qui confinait au charme.

Ses parents étaient morts depuis assez longtemps pour qu'il ne s'en émeuve plus.

C'était sa dernière année à l'université et il comptait mettre à profit les semaines à venir pour trouver un boulot dans un cabinet d'architecte.

Léo apprivoisa Rose. Il l'écoutait se plaindre de ses parents et raconter les romans qu'elle devait traduire.

Rose.

Rose aimait la solitude, Ou plutôt, elle fuyait la compagnie. Une entreprise pharmaceutique cherchait un traducteur pour des notices en russe. C'était sa langue de prédilection.

*

Retrouvant la maison de son enfance au décès de son père Léo, Anna, sa fille se plonge dans les papiers du défunt. Sur des classeurs étiquetés…

Ils dataient de l'époque où mon frère (Paul) et moi vivions ici. Je m'assis sur le parquet, tendant la main vers 2010. L'année de mes quinze ans, l'année où mon frère était parti en claquant une dernière fois la porte derrière lui.

Les vraies raisons de son départ m'échappaient encore aujourd'hui. Mon frère était un nid à secrets, il en cachait tellement que j'étais persuadée qu'il s'y était perdu lui-même.

Dans notre vie, il y avait eu deux périodes. de la première, il ne me restait que des bribes, des fragments de souvenirs, liés pour la plupart à des odeurs qui, soudain, me revenaient comme de petites vagues. Certaines étaient douces et chaudes, d'autres froides et menaçantes. Mais la silhouette, le visage flou de ma mère y étaient omniprésents.. Au printemps, lorsque je marchais dans la forêt derrière chez nous, l'odeur de la sève qui montait des arbres faisait venir en moi toujours la même image, les mêmes sensations.

*

Le roman d'Émilie Hamoir nous plonge dans la destruction puis la difficile reconstruction de la vie d'un enfant à la suite de la perte d'un être cher. Tant de zones floues, de non-dits laissent place à d'hypothétiques rebondissements. Il est alors difficile d'assister au bonheur des autres, surtout de ceux que l'on aime…

On dit que le silence est assourdissant, ça peut paraître bizarre, mais c'est vrai… On le fuit pour éviter qu'il nous entraîne avec lui comme dans un trou noir.

L'auteure nous baigne dans un récit plein d'humanité abordant son sujet d'une écriture fluide, directe, menant le rythme à cadence assurée.

Une très agréable découverte. Un premier roman à retenir.
Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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« Il y a des jours où tout est difficile, des jours à l'élastique qui s'étirent et se tendent jusqu'à l'entrée du soir et la perspective de la nuit. »
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Tout bascule pour Anna quand elle apprend le décès de son père et qu'elle décide de retourner dans la maison familiale. Ses souvenirs vont revenir à la surface et, avec eux, la disparition de sa mère, Rose, lorsqu'Anna avait 5 ans.
C'est justement un roman à deux voix : celle d'Anna et celle de Rose. Passé et présent se mélangent, se lient, pour faire la lumière ce qui s'est réellement passé. On se rend compte de l'importance des secrets au sein de la famille et des dégâts qu'ils peuvent faire. Anna va apprendre à décrypter ses souvenirs et à comprendre ce qu'elle avait préféré ignorer jusqu'à présent.
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« On dit que le silence est assourdissant, ça peut sembler bizarre, mais c'est vrai. Parfois, on se surprend avec les mains sur les oreilles pour ne pas l'entendre. »
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Ce roman, tout en émotion, met en avant les femmes d'une famille, leurs relations avec leurs proches. Avec des moments troubles et une ambiance « froide », il m'a fait penser par moments aux romans de Laura Kasischke que j'affectionne.
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Une très belle découverte. L'écriture est fluide, prenante : 150 pages dévorées d'une traite. Je recommande sans hésitation !! Un seul défaut : il est trop court, on en voudrait encore.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ce jour-là, je continuai à attendre. Alicia reviendrait peut-être, au moins pour me dire au revoir et, surtout, pour que je puisse lui demander pardon. Elle n’avait pas emporté son doudou, ni sa poupée préférée. Lorsque je vis le petit cercueil dans l’église, lorsque j’entendis les sanglots de ma mère, et ceux d’autres personnes que je ne connaissais pas, je compris. Alicia était près de Jésus. Il ne me restait plus qu’à attendre qu’elle ressuscite. Les premiers jours sans elle passèrent, noirs de douleur, puis les premières semaines, rouges de colère, et les premiers mois, blancs comme l’immense vide qu’elle avait laissé en nous, dans notre chair ouverte et à vif, dans notre famille qui se délitait, et dans notre maison qui n’était plus qu’un toit, une juxtaposition de pièces laissées à l’abandon.
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On dit que le silence est assourdissant, ça peut sembler bizarre, mais c'est vrai. Parfois, on se surprend avec les mains sur les oreilles pour ne pas l'entendre. On le fuit pour éviter qu'il nous entraîne avec lui comme dans un trou noir. On a peur de ne plus jamais entendre la voix de ceux qu'on aime quand ils nous ont quittés. On a surtout peur de l'oublier. On a peur de ne plus être capable de rire, parfois on n'arrive même plus à parler. Quand le silence et le vide ont pris toute la place.
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On dit que le silence est assourdissant, ça peut sembler bizarre, mais c’est vrai. Parfois, on se surprend avec les mains sur les oreilles pour ne pas l’entendre. On le fuit pour éviter qu’il nous entraîne avec lui comme dans un trou noir. On a peur de ne plus jamais entendre la voix de ceux qu’on aime quand ils nous ont quittés. On a surtout peur de l’oublier. On a peur de ne plus être capable de rire, parfois on n’arrive même plus à parler. Quand le silence et le vide ont pris toute la place.
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Si nous ne nous réduisons pas à un corps, s'il subsiste encore quelque chose de nous quand rien de tangible ne nous retient à cette terre, un souffle, une âme, une voix, un sourire, un regard, la sensation d'une autre main dans la nôtre, j'espérai que ce quelque chose de mon père ne s'en irait pas trop loin, qu'il ne m'abandonnerait pas encore une fois.
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L'année de mes cinq ans, ma mère avait disparu et cette absence avait changé nos vies irréversiblement. Mes souvenirs de ce jour étaient confus mais la rupture était tout aussi nette et précise qu'une incision au scalpel. Mon père disait qu'elle ne reviendrait pas, comme les morts enterrés au cimetière.
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