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EAN : SIE329211_296
Editions Philippe Picquier (01/01/1990)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Imprégnés de doute et de solitude, les nouvelles de HAN Shaogong invitent au voyage. Voyage dans une nature animée de forces mystérieuses, voyages dans les villages de Chine : les propos des paysans conservent d’anciennes expressions dialectales, utilisées jadis sur ces mêmes terrer parle poète Qu Yuan. Voyage intellectuel aussi dans le doute et l’abstraction, comme le confie l’auteur dans sa préface.
Dans la montagne reculée d’empreinte humaine, la silhouett... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans ce recueil de 4 nouvelles, l'auteur chinois Han Shaogong nous amène, comme souvent, dans les villages les plus reculés de la Chine où le réalisme se mêle au fantastique et aux éléments du folklore chinois.


Le recueil s'ouvre sur "Séduction" qui nous narre le récit d'une expédition de montagne qui doit mener à une cascade inaccessible. Dans "L'empreinte humaine", on trouve l'histoire d'un homme ensauvagé et revenu à la nature (au point d'être confondu avec un ours) qui semble faire référence aux légendes de l'homme-sauvage (Yeren) de la province de Hubei. Han reprend également thème du double, classique de la littérature fantastique, dans "Visite" où un voyageur est reconnu par l'ensemble des habitants d'un village dans lequel il n'a jamais mis les pieds... Sans doute, le texte le plus réussi du livre. Enfin, dans "Foudre", un dilemme s'offre aux villageois lorsqu'un individu semble-t-il détestable, se retrouve entre la vie et la mort après son électrocution lors d'un orage. Après une première réaction généreuse, les villageois finissent par s'interroger : À quoi bon fournir des efforts pour sauver ce "moins que rien" ?
La première nouvelle que j'ai trouvée trop ésotérique m'a laissé complétement indifférent. Par contre j'ai grandement apprécié les trois autres que j'ai trouvé très agréables à lire.


Dans ce livre comme dans les autres, Han Shaogong excelle à nous dépayser et à nous promener dans l'univers des superstitions de la Chine rurale avec une atmosphère et une ambiance très réussies.


Si j'ai pris plaisir à lire ce recueil, je recommanderai davantage Bruits dans la montagne et autres nouvelles, livre du même auteur, également sur le créneau de la nouvelle fantastique. Ce dernier livre est tout aussi immersif en terme d'ambiance et peut-être même davantage que Séduction et il nous offre, en outre, des personnages mieux travaillés dont on partage plus facilement les émotions.
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Je ne vais pas vous faire le résumé de ces nouvelles, la 4ème de couverture le fait beaucoup mieux que moi !!!

J'ai vu la beauté des paysages mais aussi la noirceur des intérieurs des maisons. J'ai lu de la poésie, mais également de la verdeur (ces chinois pissent beaucoup !!!!). J'ai senti le doute s'immiscer et la certitude de certains. Dans ce petit livre, tout est ambivalence.

En peu de mots, Han Shaogong nous fait entrer dans la vie de ces paysans chinois et sait nous tenir en haleine. Tout se passe dans une région montagneuse, pauvre et reculée dont on sent la présence quelque fois inamicale et oppressante. le sentiment d'enfermement, le désarroi que l'on trouve dans ce recueil sont autant liés au paysage qu'à la mentalité paysanne, tant il y a d'écarts entre l'époque (années 85-87) et la vie pauvre, rustique et très très dure de ces hommes et femmes. La pression de la Révolution Chinoise et toutes les haines qui en découlent avivent ressentiments et jalousies auxquelles s'ajoutent les croyances ancestrales.
Un très bon livre, plein de désarroi et de doutes qui a déposé son empreinte dans mon esprit.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Interview trouvé sur libération.fr


Livres 21/03/2007 à 07h00
Han Shaogong, de Mao au Tao

Pour le "Salon du livre" Libération revisite ses écrivains sur plus de dix ans. Rencontres et interviews.


L'INTERVIEW

Né en 1953, dans la province du Hunan dans le Sud de la Chine, Han
Shaogong est garde rouge à douze ans, et envoyé comme «jeune instruit» dans la campagne profonde pendant la Révolution culturelle. Il ne reprend ses études qu'à vingt-cinq ans. En 1985, il propose une littérature chinoise «à la recherche de ses racines».
A travers son oeuvre, Han Shaogong se montre plus préoccupé par des questions culturelles que politiques. Les philosophes taoïstes et leur vision paradoxale du monde l'inspirent. Mais aussi le réalisme fantastique de García Márquez ou la pensée de Milan Kundera, dont il a traduit l'Insoutenable légèreté de l'être en chinois. Cependant, Han Shaogong est bien un contemporain et n'échappe pas à l'histoire de son pays. Dans l'Obsession des chaussures (1), c'était le suicide de son père, professeur de littérature, au commencement de la révolution culturelle, qui était évoqué. Dans son dernier recueil de nouvelles, Bruits dans la montagne, les superstitions des peuples montagnards, rencontrés lors de son séjour à la campagne, sont la matière de plusieurs récits oniriques. A «la Mort du dirigeant», l'instituteur redoute une rééducation idéologique parce qu'il n'arrive pas à pleurer durant les obsèques filmées par la télévision. Dans «Parfum secret», le personnage d'un roman subversif rend visite à son vieil auteur pour qu'il ne l'oublie pas. Chez Han Shaogong, l'atmosphère est irréelle et le sens laisse souvent place aux sens, on est porté par le bruit, les odeurs, les couleurs. L'écrivain qui vit actuellement dans l'île de Hainan, était de passage à Paris à l'occasion du colloqueà la Bibliothèque nationale de France sur la littérature chinoise contemporaine (2).
Vous êtes à l'origine du mouvement de la littérature chinoise à la recherche de ses racines. Peut-on parler d'école?
Je n'aime guère les écoles: chaque écrivain a sa voix, et je préfère me tenir à l'écart de ce genre de caractérisation, disons que c'est avant tout une réflexion. L'article que j'ai écrit sur «les Racines de la littérature» en 1985, dans la revue Ecrivains, avait seulement pour but de réintroduire dans le débat littéraire la question de la tradition parce que beaucoup d'écrivains à l'époque cherchaient à s'occidentaliser. C'était un phénomène global qui consistait à se tourner vers l'Occident, à écrire systématiquement à l'occidentale. Les écrivains chinois étaient obnubilés par l'idée d'imiter les grands maîtres occidentaux, comme Borges ou Kafka. Le problème n'est pas, bien sûr, qu'on s'intéresse à la littérature occidentale ou à d'autres littératures: au contraire, c'est tant mieux! Il s'agit plutôt de la capacité à digérer, à assimiler, à faire la synthèse. Ce n'est pas parce qu'on mange du boeuf que l'on se transforme soi-même en boeuf, on reste un homme.
Quelles sont les racines propres de la littérature chinoise?
La question des racines est toujours extrêmement difficile à déterminer. Au colloque, je m'étais demandé: «Qu'est-ce que la Chine, finalement?» Les influences se croisent toujours. Et partout, il y a eu des interférences et des mélanges. Certes, en Chine, on peut isoler divers courants: confucianiste, taoïste" Pour ma part, c'est le philosophe taoïste Zhuangzi qui me marque le plus. Zhuangzi dit que «les raisons essentielles sont indicibles», et aussi qu'on peut regarder une chose d'un côté comme de l'autre. Ce n'est peut-être pas d'une grande utilité dans un monde contemporain «efficace» et peu porté sur la nuance. Mais cela ne date pas d'aujourd'hui, à toutes les époques, empereurs et officiels se sont méfiés de la liberté d'esprit et du manque d'orthodoxie de Zhuangzi.
A lire vos livres, on a l'impression que vous prônez le retour à une Chine préclassique, préconfucéenne. Ne craignez-vous pas d'être pris pour un rétrograde?
Il y a eu effectivement ce genre de réactions. Comme tout le monde se tourne vers les Etats-Unis et les pays dits développés, on perçoit toute réflexion sur le passé comme quelque chose de réactionnaire. C'est un problème général de la pensée humaine ou de la parole de vouloir toujours tout simplifier. Quand on parle des racines de la littérature et de revenir à la tradition, ce n'est qu'un aspect du problème. Et puis, la littérature des racines n'a rien à voir avec cette littérature nostalgique, passéiste qui tend à se développer en Chine. Ça, c'est une littérature de gare, anecdotique, qui vise à l'exotisme du voyage facile dans l'espace ou dans le temps. Ça n'a d'ailleurs que très peu de rapports avec la littérature. Parce que la littérature est une perception contemporaine des choses: elle n'est ni un musée, ni une agence de tourisme.
Les nouvelles de «Bruits dans la montagne» ont été écrites après le massacre de Tian Anmen (3), vous y évoquez des minorités non-Han (4) qui résistent à travers leurs coutumes à l'hégémonie du pouvoir central. C'est une façon détournée de critiquer l'absolutisme du régime?
Dans le Hunan, au sud du Yangzi, en Chine profonde, les minorités ont des cultures extrêmement riches, et vivent effectivement à l'écart de la culture dominante. Il y a sans doute là une figure de la résistance. Mais on éprouve toute sorte de motifs de résister. Et il faut savoir qu'elles sont de toute nature: elles ne se limitent pas à la dissidence. L'essentiel est d'écrire des choses de qualité. Moi, par exemple, je ne m'inscris pas dans la veine réaliste ou néoréaliste des écrivains comme Chi Li ou Fang Fang. Dans le genre, les documentaires ou les journaux sont nettement plus efficaces et plus directs. La voie de la littérature est ailleurs: décrire une chose pour parler d'autre chose ou poser le problème de la métaphore, voilà qui est intéressant.
Dans la préface de Femme, femme, femme, vous dites que chaque métaphore s'oppose ou résiste à la science.
La littérature permet d'établir des relations entre des choses d'ordre et de nature différents, ce que la science ne peut pas faire. Ainsi, lorsqu'on dit qu'une femme est une fleur, on jette un pont entre deux mondes: l'animal et le végétal. Seule la littérature est capable de créer des réalités nouvelles, tout en donnant une intuition de la raison profonde des choses. Dans «Cendres», par exemple, il y a des collusions de temps, le personnage évolue dans deux moments différents. Dans le quotidien, c'est pareil: il se produit souvent des raccourcis, tel événement qui date d'il y a vingt ans resurgit tout à coup. Ce n'est même pas une question de technique littéraire, ça se passe comme cela dans la vie.
Dans votre dernier roman, qui n'est pas encore traduit, le Dictionnaire de Maqiao, ce sont précisément ces différents niveaux de temps comme de langue que vous exploitez.
C'est un ouvrage qui mène une réflexion sur le langage et l'existence. Il y a plein d'anecdotes qui s'entremêlent, mais peu d'intrigue. J'essaie à travers les mots (c'est un dictionnaire) de voir comment l'expression peut influer sur la vie des gens et inversement. La langue chinoise, avec sa grammaire qui ne possède ni temps ni modes, permet de faire partager une autre dimension du monde. Une écriture «au fil de la plume» et une lecture à plusieurs entrées. A la parution de ce livre, une polémique s'est engagée: on a dit que ce n'était pas une oeuvre romanesque. Mais cela m'est égal. Le but était pour moi d'exploiter toutes les possibilités de la forme. Car la forme est un contenu.
(1) Nouvelle traduite par Annie Curien, Saint-Nazaire, M.E.E.T. (1992).
(2) Les actes du colloque feront prochainement l'objet d'une publication.
(3) Place Tian Anmen, 4 juin 1989: révolte des étudiants de Pékin, violemment réprimée par les autorités.
(4) Han, nom par lequel se désignent les Chinois.


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