- Voulez-vous me dire comment cela est arrivé ? demandai-je. Pour autant que je sache, votre tradition revendique la reine de Saba : celle-ci aurait été la souveraine de l'Éthiopie et, à la suite de son voyage à Jérusalem, se serait retrouvé enceinte des oeuvres du roi Salomon et lui aurait donné un fils, un prince royal, qui plus tard aurait dérobé l'Arche.
Le moine soupira :
- Le noble prince dont vous parlez s'appelait Ménélik - nom qui, dans notre langue, signifie "fils du sage". Bien qu'il eût été conçu à Jérusalem, il naquit en Éthiopie où la reine était retournée, une fois convaincue de sa grossesse. À l'âge de vingt ans, Ménélik se rendit à Jérusalem et se présenta à la cour de son père qui le reconnut et l'accueillit avec grand honneur. Au bout d'une année, cependant, les Anciens du pays, dévorés de jalousie, se plaignirent des faveurs insignes dont il était l'objet et insistèrent pour qu'il retournât dans son pays. Le roi s'inclina, sous condition toutefois que les fils aînés de tous les anciens servissent d'escorte. Parmi ceux-ci se trouvait Azarias, fils de Zadok, grand prêtre du Temple. Ce fut lui et non Ménélik qui déroba l'Arche d'Alliance dans le Saint des Saints. Mais les jeunes gens ne révélèrent leur forfait qu'à bonne distance de Jérusalem. D'abord horrifié, Ménélik finit par admettre qu'une telle prouesse eût été impossible sans la volonté expresse de Dieu. Il consentit donc que l'Arche restât parmi eux, et c'est ainsi qu'elle parvint en Éthiopie, dans la ville sacrée qu'elle n'a depuis jamais quittée.
- Et vous ajoutez foi, vous, à cette légende ?
- Ce n'est pas une légende, c'est un fait historique.
- Comment pouvez-vous en être si sûr ?
- Étant son gardien, je connais la nature exacte de l'objet placé sous ma protection.
... Une lecture attentive de l'Ancien Testament révèle plus de deux cents références à l'Arche d'Alliance avant le temps du roi Salomon (970-931). Après le règne de ce grand roi, elle n'est presque jamais mentionnée, et là résident le mystère et la véritable énigme historique. Il est impossible qu'un coffret d'une telle valeur religieuse ait pu disparaître sans soulever le moindre commentaire, tel un trou noir dans l'espace ou le négatif d'une photographie. La caractéristique la plus remarquable de l'Arche dans les derniers livres de l'Ancien testament est son absence.
Graham Hancock-La Civilisation Perdue. Quatrième épisode