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Critique de pleasantf


J’ai eu du mal à rentrer dans ce livre et pourtant une fois la lecture achevée, j’ai trouvé ce récit plein de subtilité. Certes il n’y a pas vraiment d’intrigue et l’histoire de la femme gauchère se résume finalement à peu de choses : lorsque son mari revient d’un long voyage d’affaires, sa femme Marianne lui annonce qu’elle souhaite vivre seule avec son fils. Elle apprend à vivre seule et reprend son activité de traductrice. Elle change la disposition des meubles dans son appartement, voit régulièrement son amie Franziska , reçoit la visite de son éditeur et un jour celle de son père , garde contact avec son ancien mari avec qui les relations sont soit tendues, soit cordiales. Elle rencontre un acteur qui tombe amoureux d’elle. Le livre se termine sur une citation des Affinités électives de Goethe et cette dernière phrase : ‘tout semble suivre son cours habituel comme dans des cas extrêmes où tout est remis en jeu : on continue à vivre encore comme si de rien n’était’.

A l’image de cette citation de Goethe venant donner un éclairage final au récit, des évènements ou des dialogues un peu plus profonds affleurent ici et là à la surface de ce cours d’eau que constitue le déroulement assez insignifiant de la vie de Marianne.

L’écriture de Handke délaisse l’analyse psychologique et le dévoilement d’un sens. Les sentiments s’expriment peu, malgré la tension née d’une situation de crise qu’est la séparation. Ils émergent en de rares occasions, denses. Les raisons qui poussent Marianne à se séparer de son mari ne sont pas explicitées clairement. Au détour d’une phrase, la pensée de Marianne livre un indice : elle se dit qu’elle ne connaîtra plus d’humiliations. Seul l’acteur qu’elle rencontre par hasard dit d’elle qu’elle est libre.

Le passage où apparaît le père est assez mystérieux. Il apparaît presque comme un bouffon venu perturber le quotidien. Il est écrivain. C’est peut-être un double de Handke et symbolise peut-être la liberté.

Handke se concentre sur une description des situations, des gestes et on a l’impression qu’il écrit comme s’il décrivait une image photographique.
Le récit s’achève sur un final qui n’en est pas un. Comme si Handke avait ôté la clôture d’un espace clos et ouvert son récit sur une quelque chose de nouveau et d’inexploré. Le récit est tiraillé entre deux faces d’une même pièce : du côté sombre, la fin d’un cycle et la solitude ; du côté lumineux, le désir de recommencer quelque chose de nouveau. La scène finale rassemble de manière quasi impromptue la plupart des personnages du livre : Marianne, son mari, l’acteur, l’éditeur et son chauffeur, une vendeuse de vêtements, l’amie Franziska. Ils se retrouvent chez Marianne et ils boivent, ils dansent. Cette scène gentiment dionysiaque montre une disponibilité généreuse à l’Autre et une issue possible à la solitude.
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