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Critique de Milllie


Le paradis blanc c'est l'histoire d'une famille américaine qui pourrait être comme les autres sauf que le papa, Ernt, n'est plus le même homme quand il rentre du Vietnam où il a été prisonnier de guerre. Quand il hérite d'un terrain en Alaska d'un camarade mort au combat, sa femme se dit que cette opportunité de tout quitter pour reconstruire une vie nouvelle là bas est peut être ce dont son mari a besoin pour se reconstruire et échapper aux cauchemars et au désespoir qui le hantent. Ni une ni deux, le couple embarque leur fille Leni, adolescente de 14 ans, dans cette grande aventure et débarque en Alaska sans rien savoir de cette contrée sauvage qui peut se montrer aussi généreuse que sans pitié. Mais les hivers sans fin de l'Alaska vont révéler les failles de Ernt et faire basculer irrémédiablement la vie de Leni.

J'ai traversé toute la première partie de ce livre sans reprendre ma respiration, le souffle coupé par l'atmosphère glaçante que l'auteur excelle à construire. On sent monter la tension au fil de l'installation de Cora et Ernt en Alaska et on vit avec eux la course sans fin menée pendant le court été pour préparer maison et provisions en vue du terrible hiver qui arrive. Kristin Hannah trouve les mots justes pour décrire les failles de Ernt et la colère qui monte en lui, favorisée par cet environnement rude et hostile où tout semble permis et où les barrières habituelles de la société sont absentes. A cet aspect psychologique se mêle une magnifique description de la nature, de l'immensité et de la sauvagerie de l'Alaska, le Grand Seul (the Great Alone, titre du livre en V.O.). le personnage de Leni, cette adolescente qui essaie de trouver sa place parachutée dans un monde qu'elle ne connaît pas, ballotée d'une émotion à l'autre au milieu du couple dysfonctionnel que forment ses parents et se raccrochant à ses photos et ses livres pour s'en sortir est magnifique de justesse et poignant.

Ce livre brasse plusieurs thèmes sans jamais s'y perdre et nous offre de très belles pistes de réflexion sur l'amour, l'éducation, la manière de se construire par rapport à ses parents et au cadre qu'ils nous donnent mais aussi des aspects plus sociétaux avec la description des Etats-Unis du début des années 70 et la dernière frontière que représente alors l'Alaska pour ceux qui ne trouvent pas leur place ailleurs. On y croise de magnifiques personnages, de Large Marge la bouleversante épicière au grand coeur qui tentera d'aider Leni et sa mère, à un clan de survivalistes mené par Mad Earl le patriarche, compagnon de beuverie de Ernt. L'auteur nous emporte par sa plume, on tremble, on vibre, on frissonne avec Leni, on sait d'instinct que tout ça va mal se terminer mais on espère quand même. J'ai rarement lu un livre en étant aussi immergée dans l'histoire au point parfois d'avoir envie d'aller voir quelques pages plus loin comment les personnages s'en sortaient tellement j'étais angoissée pour eux.

Petit bémol, j'ai trouvé que l'angoisse retombait légèrement avant la dernière partie du roman, l'auteur perdant la justesse de ton et la pudeur dont elle faisait preuve jusque là pour soumettre ses personnages à des épreuves que j'ai trouvées assez peu vraisemblables. On bascule un peu trop dans le mélo à mon goût avec des rebondissements qui n'apportent pas grand chose et qui semblent là juste pour appuyer le drame vécu par les personnages. J'ai eu l'impression de sortir du roman et d'être catapultée dans un autre univers, beaucoup plus cliché, et cela a empêché ce livre d'être le coup de coeur absolu que je pressentais. Heureusement l'auteur rattrape le coup et nous offre une magnifique fin, ode à l'amour de cette région sauvage et belle qu'est l'Alaska, qui marque à jamais ceux qui l'ont rencontrée.
Malgré cette (toute) petit réserve, le paradis blanc est un grand livre, un de ceux dont on se souvient longtemps et qu'on est content d'avoir rencontrés : à découvrir d'urgence !
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