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Jean Amsler (Traducteur)Pascal Quignard (Préfacier, etc.)
EAN : 9782213024325
458 pages
Fayard (01/02/1990)
4.19/5   27 notes
Résumé :
Simplicissimus, dont la première édition date de 1669, occupe dans la littérature et l'image de l'identité allemande la même place que le don Quichotte en Espagne, le théâtre de Shakespeare en Angleterre, la Divine Comédie en Italie : celle du premier texte majeur où une " nation " naissante se reconnaît. Le livre conte les aventures d'un jeune Allemand qui, ayant échappé au massacre de sa famille par la soldatesque, grandit dans la forêt sous la surveillance d'un e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Au temps où Louis XIV imposait sa pompe en France, Grimmelshausen publiait en 1668, de l'autre côté du Rhin, un chef-d'oeuvre du roman picaresque, satirique, à la fois sombre et hautement comique, extravagant, par moment même bouffon ou fantastique, bien plus proche de l'univers de Rabelais et du Don Quichotte que de celui du sérieux parfois ampoulé des pièces de Corneille ou Racine.

Ici pas de beaux discours en alexandrins : les premiers nobles que rencontre le narrateur ne sont que des tyranneaux vulgaires qui jurent, bâfrent, boivent puis vomissent avant de remettre ça, tranquillement, le lendemain. Les rois se font une guerre absurde et interminable. La société entière est plongée dans le chaos généralisé, les malins en profitent, les paysans subissent, courbent l'échine et fuient dans la forêt des mousquetaires qui ne sont pas glorieux mais pouilleux, dans tous les sens du terme. C'est moins beau ? C'est plus vrai.

Simplicissimus, le héros, nous raconte sa vie. Recueilli par un ermite après le massacre de sa famille, il découvre après la mort de ce dernier le spectacle du monde, un monde qu'il n'a encore jamais vu. Sa candeur, source de situations drôlatiques, pour qui ne craint pas une certaine crudité, ne fera pas long feu. L'Allemagne est alors en pleine guerre de 30 ans — guerre qui vit passer la population allemande de 23 à 11 millions d'habitants — , le tableau est édifiant : violence, oppression, malheur et misère, de partout ça triche et trompe, vole et viole, pille et tue. Rares sont ceux qui échappent à cet effondrement moral. Dans ce joyeux bordel, Simplex, vite affranchi, est bringuebalé au gré d'un destin qui lui échappe, toujours changeant, servant tantôt un camp, tantôt l'autre, un temps riche puis pauvre à nouveau, bouffon, soldat, brigand, joueur de luth et chanteur, etc., pour finir à la fin, ayant abjuré ses erreurs et retiré d'un monde qu'il réprouve, ermite.

Je n'ai pas de comparaison mais la traduction me paraît excellente. le traducteur a rendu ce texte du XVIIe siècle dans un français de la même époque en utilisant quasi exclusivement, pour trouver le ton, L'histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin. C'est une réussite et pourtant, en commençant, j'ai eu une petite appréhension en lisant la première phrase, tortueuse, qui approche la demi page. Mais dès la deuxième ou troisième page, j'étais rentré dedans. Et cette prose imagée et gaie, malicieuse, pleine de santé, apporte énormément au plaisir de lecture. En français moderne, les aventures de Simplex eussent été nettement moins savoureuses.

Quelques longueurs, des facilités et des invraisemblances ne font pas moins de ce classique un régal et je ne comprends pas pourquoi, si connu en Allemagne, il l'est si peu en France.
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Eclairant et drôlatique. On s'amuse beaucoup en compagnie de ce Simplicius, innocent qui ne le reste pas longtemps, fin observateur du monde qui l'entoure et amusant chroniqueur des incroyables rebondissements et péripéties de son destin à travers les soubresauts de la guerre de Trente ans. C'est drôle, sombre et délectable et on apprend beaucoup de choses sur le monde et la guerre au 17eme siècle.
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Si l'on veut avoir une idée de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) et ses effets sur les gens simples il vaut la peine de lire ce livre. Un grand roman.

Bonne information dans fr.wikipedia.
Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tandis qu’une assiette à la main je faisais ainsi mon service à table et que mon âme était hantée de mille oiseaux noirs et pensées folles, mon ventre ne me laissait pas en paix et bouillait et gargouillait sans arrêt et donnait à entendre par là qu’il y avait des flâneurs qui aspiraient à l’air libre ; je comptais profiter du vacarme énorme pour ouvrir la passe et, ce faisant, d’user de l’artifice que mon camarade m’avait enseigné pas plus tard que la nuit précédente [pour péter en toute discrétion] ; appliquant cette doctrine, je levai la jambe gauche à partir de la cuisse le plus haut que je pus, poussai de toutes mes forces et voulus prononcer aussitôt trois fois à voix basse ma formule « Je pète » ; mais l’énorme attelage qui m’échappait du séant, contrairement à mon espérance, retentit si effroyablement que d’effroi je ne sus plus que faire ; je fus tout à coup pris d’inquiétude telle que si j’avais été sur l’échelle de la potence et que le bourreau eût déjà voulu me mettre la corde au cou, et si confus en cette brusque angoisse que je ne pouvais plus commander à mes membres, si bien que ma bouche en ce vacarme inopiné se rebella aussi et ne voulut pas accorder à mon derrière le privilège de parler ni permettre qu’il eût seul la parole, mais qu’elle dût, bien qu’elle fût créée pour parler et crier, grommeler ses discours à voix basses. C’est pourquoi je la laissai, quand j’aurai voulu parler bas, entendre au point de couvrir le bruit de mon derrière, et ce de façon aussi éclatante que si l’on avait voulu me couper la gorge ; plus effroyable était le vent du bas, et plus cruellement je lançais par le haut mon « Je pète », comme si pour ainsi dire l’entrée et la sortie de mon estomac avaient voulu entrer en compétition entre elles pour savoir laquelle des deux avait la voix la plus tonnante.
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Ainsi je pris congé de l’ecclésiastique qui par son saint zèle spirituel n'avait rien mérité de moi si ce n'est qu'un jour je lui refusai un lapin qu'il me réclamait instamment, sous prétexte qu'il s'était pris tout seul à un collet et donc lui-même occis, que par conséquent il n'était pas séant qu'en sa qualité de suicidé il fût enseveli dans un sol béni.
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... je veux susciter un Héros Allemand qui achève tout par le fil de l’épée ; il occira tous êtres infâmes et conservera les hommes pieux en les exaltant. Je dis :  « Alors il faut qu’un tel Héros ait des soldats, et là où il faut des soldats c’est la guerre, et là où est la guerre, l’innocent y passe aussi bien que le coupable ! »
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Je tiens l'arrogance pour une sorte de rêverie qui a sa source dans l'ignorance ; car lorsqu'on se connaît, et sait d'où l'on sort, et enfin où l'on arrive, il est impossible d'être encore un fou présomptueux.
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Quant au valet de ferme qu'ils avaient garrotté, ils l'étendirent par terre, lui mirent en travers de la bouche un morceau de bois et lui entonnèrent dans le corps un plein seau d'un affreux purin ; c'est ce qu'ils appelaient " boire une rasade à la suédoise" ; mais lui ne la trouvait point de son goût !
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