Cannonball et la musique s'élève !
Sylvia Hansel, c'est elle la narratrice qui dévoile subrepticement, gamme après gamme l'idiosyncrasie de son existence. « L'adolescence n'est pas une chanson douce » et pourtant ce livre rayonne d'espérance et d'envergure. Sylvie est une adolescente qui cherche sa place dans une famille où elle vit avec sa maman et son beau-père. Elle ne voit que très peu son père. Elle est dans un chemin de traverse, bousculée à l'école, le vilain petit canard. Son refuge : la musique. Plus qu'une passion, Sylvia pense ses jours en chansons. Soupape de sécurité, l'émancipation, et plus que tout sa raison d'être. A contre-courant ses choix musicaux sont rebelles, impensables pour une jeune fille qui doit rester dans les clous et affronter les aléas et les turbulences d'un âge grandissant. Elle s'isole dans le rock, les rythmes endiablés, fougueux. Une échappatoire indispensable, cruciale. Un appel d'appel incommensurable, une bouffée d'oxygène. Elle aime les chansons, mimétisme, carapace et identification. le récit est une déambulation, des ricochets dans la rivière changeante au gré des mutations de cette jeune fille entière, brillante et volontaire. Mais triste, si triste, incomprise des siens, même si sa maman lui glisse un peu d'argent pour un CD comme une caresse pudique et maladroite.
« le problème avec le fait d'avoir une vie sociale, c'est qu'on est désespérément influençable. »
Le livre n'est plus. L'histoire cède la place à la musicologie, aux groupes dans lesquels Sylvia puise force et courage. «
Cannonball », entre deux rives est apprenant. D'un côté la biographie de
Sylvia Hansel et de l'autre un essai fabuleux. L'époque est à la musique et à son exactitude.
« Voilà une nouvelle illustration de ma théorie selon laquelle, pour apprécier un disque, il faut être prêt pour lui. Lorsque j'avais découvert « Tommy », trois ans et demi plus tôt, ce n'était pas ce que j'avais envie d'entendre. A présent, j'étais psychologiquement mûre pour ça. »
« A chaque chose, malheur est bon. Autre dicton de mon cru : se faire une compil est toujours utile. »
Les notes s'envolent. Sylvia se métamorphose. Elle puise dans sa passion, les ressources mentales, les points communs avec son coté cynique tel Diogène. Passe-muraille, elle s'échappe des diktats sociétaux et ne pense et ne vit que pour la musique. Elle se sent redevable des ambiances qui la maintiennent d'équerre.
« Quel instrument mieux que le banjo, peut évoquer le train ? »
«
Cannonball » est initiatique. Sylvia va renaitre, funambule sur le fil rouge des sensations. 50 chansons ornent ce roman original et érudit.
« Lorsque, on ne sait pourquoi, la musique semble nous prendre et nous élever, qu'il se passe quelque chose de merveilleux, qui nous dépasse. C'est la meilleure chose au monde. »
«
Cannonball » est un macrocosme artistique. Brillant.
En lice pour le prix Hors Concours 2021. Publié par les majeures Éditions Intervalles.