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EAN : 978B0046K4X94
Selection des Amis du Livre (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
4e de couverture :

" Voici un chapitre mouvementé de l'histoire de l'occupation en Norvège où la résistance a pris des dimensions insoupçonnées en France. Le gouvernement est parti pour Londres ; les traîtres, Quisling et les nationaux-socialistes, règnent en maîtres.
...
Un roman-vérité établi sur des documents authentiques et d'après le récit véridique de son héros qui a lui-même contrôlé le texte de l'auteur. "
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

C'est réellement dommage que la situation de la Norvège pendant la dernière guerre mondiale soit si mal connue dans nos contrées, parce qu'ils ont vécu de fières batailles navales contre la marine nazie, une résistance exemplaire contre l'occupant et un collaborateur au sommet, Vidkun Quisling (1887-1945), dont le nom de famille est passé dans le langage courant de plusieurs langues (Anglais, Italien, Néerlandais ...) comme synonyme de traître et collaborateur. Être considéré "un quisling" n'est donc certainement pas un compliment.

La Norvège a également connu, en ces temps mouvementés, un héros hors pair : Gunvald Jørg Tomstad (1918-1970) et c'est son histoire incroyable que le journaliste et reporter, Per Hansson (1922-1982), a patiemment reconstitué. Récit qui a été soigneusement vérifié par le héros lui-même.
Comme Per Hansson a écrit plusieurs ouvrages sur la guerre et la résistance dans le grand nord, je signale le titre tel qu'il a été publié en Norvège en 1963 : "Og tok de enn vårt liv".

Comme le note l'auteur dans un avant-propos très bref, jusqu'à l'invasion nazie de son pays, le 9 avril 1940, Gunvald Tomstad a mené la vie d'un simple paysan du Sud de la Norvège. Par la suite, sans la moindre formation, il est devenu un double agent pour servir son pays, en fait, à travers les services secrets britanniques SIS ("Secret Intelligence Service") et le SOE ("Special Operations Executive" ou la directions des opérations spéciales).

Au début de la deuxième année de guerre, en 1941, une cellule de résistance est formée dans l'extrême sud-ouest du pays, sous le commandement de Johannes Seland, un ancien journaliste et composée de Tor Njaa, l'épicier, l'aubergiste Starheim et Kaare Austad, courrier. Dans cette cellule, qui deviendra une des plus efficaces de Norvège, le rôle principal est réservé à Gunvald Tomstad, qui, dans sa ferme en haut de la vallée qui surplombe la petite ville de Flekkerfjord (à 420 kilomètres d'Oslo), stratégiquement situé au bord de la mer du nord face à l'Angleterre, recueille les informations importantes, les met en codes et les expédie sur son poste émetteur, en face.

Gunvald a été éduqué par son grand-père, après la mort de son père (lorsqu'il avait 3 mois) et le départ de sa mère, en 1927, avec ses 2 soeurs, Elly et Kitty en Amérique. Son grand-père était un original, qui a essayé pendant des années à construire son "perpetuum mobile", et a passé à Gunvald ses talents techniques et, à sa mort, sa ferme de 40 hectares. C'est dans une armoire au grenier de cette ferme que Gunvald a installé l'émetteur radio clandestin qu'il avait fabriqué lui-même.

Pour protéger leur réseau et émetteur de la Gestapo, de plus en plus fort en nombre et organisation, il fut convenu que Gunvald joue au quisling. La mort dans l'âme, notre homme allait s'inscrire, à la mairie, au Parti N.S. "Nasjonal Samling" ou Union nationale, seul parti légal, pro-nazi et créé par le Quisling (avec majuscule), qui depuis fin novembre 1940 était chef de gouvernement avec l'appui d'Adolf Hitler en personne.

Un mot sur Vidkun Quisling, un personnage étrange au parcours étrange. Enfant doué, il passa à 18 ans l'examen d'entrée à l'Académie militaire comme premier sur 250 candidats, ce qui lui a valu un entretien avec le roi Haakon.
En 1918, il est envoyé à Petrograd comme attaché à la légation norvégienne avec le rang de capitaine. Trois ans plus tard, il rejoint son grand compatriote, Fridtjof Nansen (1861-1930), explorateur polaire, ambassadeur, haut-commissaire des réfugiés et Prix Nobel de la Paix 1922, en Ukraine pour des actions humanitaires. Un homme admirable, qui a donné son nom aux papiers délivrés à quelque 450.000 réfugiés, les fameux passeports-Nansen.
J'ai présenté un billet sur la base de la biographie par le diplomate français, René Ristelhueber, "La Double aventure de Fridtjof Nansen" le 9 novembre 2017.

Dans la confusion qui régna en Ukraine, Quisling, 35 ans, a réussi à épouser 2 femmes, la même année 1922 : Alexandra Voronina, 17 ans, et Maria Passetchnikova, 25 ans. En 1923, les 3 ont déménagé à Pars, où il passa son temps à étudier la théorie politique. Alexandra partira s'installer à Nice et le mariage sera annulé. Avec Maria il rentra à Oslo et bientôt ce sera les années 30 avec la création de son Parti fasciste, la guerre et sa position à la tête du gouvernement. En mai 1945, Quisling est arrêté, en septembre reconnu coupable de haute trahison et autres crimes et fusillé, le 24 octobre de la même année.

Pendant ce temps Gunvald et sa cellule de résistance continuent avec beaucoup d'efforts et de courage leur action patriotique, en passant des renseignements aux Britanniques en provenance même du nord de la Norvège. Ainsi, Gunvald signala le passage du Bismarck, le plus grand cuirassé allemand et fierté du Führer, ce qui eut comme suite que Winston Churchill, anxieux de préserver les routes d'approvisionnement de son pays, de mobiliser 48 unités de la marine et un grand nombre d'avions. le 27 mai 1941, le Bismarck fut bombardé et coula. Des 2200 membres d'équipage, seuls 114 marins survécurent... et un chat. En 1989, l'épave fut localisée à 650 kilomètres de Brest et à 4.800 mètres de profondeur.

J'arrête ici mon résumé et vous laisse découvrir les exploits de cette cellule et de Gunvald, qui se lisent comme un thriller.

Après la guerre, Gunvald Tomstad a reçu une kyrielle de médailles et honneurs, entre autres la prestigieuse DSO ("Distinguished Service Order") britannique, mais triste à cause de la mort de tant d'amis, il cachait médailles et distinctions dans son jardin. Dans les années 1960 il a souffert de trouble de stress post-traumatique, et mal soigné, est mort d'un ulcère gastro-duodénal, le 12 mai 1970, 3 mois avant ses 52 ans.

À part ce livre-ci et un documentaire en son honneur, une statue fut érigée, en 1977, à Flekkerfjord.
Manifestement la tension du double jeu pour la bonne cause lui a été fatale.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A Noël 1944, Toralf Johansen fut condamné à mort, et il attendait sa fin dans la prison d’Oslo. Pendant la nuit, les pelotons d'exécution marchaient bruyanunent dans les corridors, il entendait tirer des verrous, ouvrir les portes des cellules, et chaque fois il croyait son tour venu.

Le réseau du Sud était maintenant très réduit. Tor Njaa était mort dans un camp de concentration, le corps d'Odd Starheim avait échoué quelque part sur la côte suédoise, Paul Eiken avait péri sous la torture dans sa cellule, Toralf Johansen était condamné à mort, Oscar Fjeld, Gudmund Seland et Esther étaient en prison, tandis qu'Ola Eide, Viggo Axelssen, Kaare Austad, Johamies Seland, Tor Hugo et Gunvald étaient en Angleterre, et que Fie avait gagné la Suède.
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Jamais Esther ne prononçait les mots de liberté et de patrie, jamais de phrases sur l'esprit de sacrifice ou l'idéalisme. Esther était comme tant d'autres Norvégiens — les paysans de la montagne, les pêcheurs des îles balayées par le vent, les ouvriers n'ayant jamais eu la possibilité d'approfondir la politique, et qui auraient eu du mal à expliquer des mots comme idéaliste et patriote. Et la plupart de ces gens, que le pays n'avait jamais beaucoup récompensés — qui avaient trimé dur pour vivre pauvrement au bord d'une mer capricieuse, sur une terre avare, qui pendant les hivers rigoureux étaient les victimes des tempêtes, des avalanches, des inondations et des expulsions — savaient mieux que beaucoup d'autres ce que représente la liberté et ce qu'entraînent l'oppression et la mise en tutelle de l'être humain. Leurs efforts continuels pour subsister les rendaient aptes à cette forme de lutte qu'exigeait la guerre, car ils avaient toujours eu le regard dirigé vers la terre, vers les montagnes, vers la mer et le ciel, et savaient que la mort est aussi naturelle que la naissance et la vie.
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