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4,25

sur 3718 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un essai qui a eu un succès phénoménal, qui suscite de nombreuses critiques dithyrambiques, est adapté en BD mais qui voit aussi de nombreux scientifiques vents debout contre la méthode et certaines idées tirées du livre.
Qu'en ai-je donc retiré à ma lecture ?
D'abord, effectivement cet essai de vulgarisation scientifique réussi son pari. Celle de faire de la vulgarisation scientifique.
De très nombreux lecteurs se sont confrontés à des théories historiques nouvelles remettant en cause des préjugés ou des supposées certitudes anciennes. Alors, oui, Yuval Noah Harari ne cite pas ses sources, ne met pas la tonne de notes que l'on attend dans un vrai ouvrage scientifique mais si la cible est le grand public pour qui cette façon de procéder décourage la lecture, cela peut se comprendre.
Encore faut-il, évidemment, que ce qui est écrit soit réellement de la vulgarisation scientifique !
L'auteur vulgarise une vision de l'histoire qui existe chez de nombreux historiens, en fait une synthèse très agréable à lire, ce qui explique son succès et qui remet en cause de nombreuses autres théories plus anciennes. C'est un fait. C'est séduisant et c'est bien écrit.
Toutefois, l'inconvénient de cet essai, quand on est un peu formé aux études historiques, c'est que l'on sait que sur certains sujets abordés (un certain nombre en fait), il y a encore aujourd'hui, débat. Or l'auteur ne nous préviens pas que ce qu'il écrit ne sont que des hypothèses de ces débats.
On peut se pose la question : est-ce si grave ? Oui et non. Oui, si on lit le livre comme une somme scientifique et que l'on prend pour argent comptant tout ce qui est écrit. Non, si on prend le livre comme une base pour réfléchir, pour mettre un coup de pied dans la fourmilière des idées reçus.
Harari nous présente l'histoire de l'humanité, de l'une des espèces humaines, la notre, homo sapiens comme issue de révolutions successives. Une révolution cognitive d'abord après des centaines de milliers d'années d'existence, il y a 70 000 ans, environ, une évolution dans le cerveau humain aurait permis à cette espèce d'appréhender la fiction, les mythes, de se raconter des histoires de se créer donc aussi des liens communs, de fonder des sociétés d'entraide, d'avoir la conscience de son existence. Bref de se hisser par ce biais évolutionniste au-dessus des autres espèces animales. Cette supériorité nouvelle, homo sapiens s'en sert pour assurer sa survie, mais aussi pour écraser les autres, peut-être en les éliminant de la surface du globe.
La deuxième révolution serait celle de l'agriculture. Liée à la sédentarisation, homo sapiens devient en quelque sorte l'esclave des céréales, perdant sa liberté de chasseurs-cueilleurs nomades pour créer des civilisations basées sur les inégalités et l'exploitation.
La troisième évolution est celle de l'unification de l'humanité par des mythes que sont l'argent, la guerre (les empires) et la religion en conflit les uns avec les autres.
Enfin la dernière révolution, encore en cours, serait celle de la science, associée au mythe du capitalisme.
Un mythe est pour l'auteur une croyance en quelque chose qui n'existe pas concrètement mais dont l'existence fictionnelle est accepté par (presque) tout le monde : les dieux, l'argent, les nations, etc.
Cette très brève histoire de l'humanité est passionnante à lire car le style de l'auteur est simple, vif et non dénué d'humour. Sa vision transversale basée sur les fictions (mythes, croyances) est originale dans un ouvrage de vulgarisation scientifique et remet en cause de nombreuses idées reçues, ce qui est toujours intéressant pour notre réflexion.
Certes, ces idées ne sont elles aussi que des idées, des hypothèses, séduisantes, mais qui font toujours l'objet de débats pour nombre d'entre elles. Un point de départ pour aller plus loin dans sa réflexion.
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Il y va carrément Yuval Noah Harari : une histoire de l'humanité, rien de moins ! Vous ne serez pas étonné qu'avec un sujet pareil le livre fasse 500 pages en grand format, mais j'ajoute immédiatement que la lecture, elle, est on ne peut plus facile.

La question qui se pose immédiatement c'est comment traiter un sujet aussi vaste et rester d'une lecture aisée ? le talent !
Mettez dans un même sac l'histoire de l'homo sapiens, la naissance de l'agriculture, le moment de la naissance de l'écriture, le lien entre sexe et guerre, le pourquoi des sociétés majoritairement dominées par les hommes, la place de l'argent dans l'évolution des sociétés, le capitalisme et la génétique, et j'en oublie !

Quelques exemples ?
« Si vous fourrez 10 000 chimpanzés dans le stade de Wembley ou les Chambres du Parlement, vous aurez le chaos. Mais si vous prenez 10 000 personnes qui ne se sont jamais rencontrées auparavant, elles peuvent coopérer et créer des choses étonnantes. » je sais pas vous mais moi ça me met en joie ...

J'ai été absolument sidérée par l'idée que l'invention de l'agriculture fut un mauvais virage dans le développement de l'humanité, il nous dit que hélas hélas nos cerveaux n'étaient pas du tout adaptés à ça « ils étaient adaptés à des tâches telles que grimper dans un arbre, cueillir des pommes, chasser un lapin ou chercher des champignons dans la forêt, Ils n'étaient pas adaptés à la pénibilité qu'implique le travail des champs, le fait de labourer, de récolter, d'apporter de l'eau, d'arracher les mauvaises herbes, ou d'autres choses de ce genre. »

Il affirme parfois des choses qui font sursauter : « Pendant des millénaires, les trois principaux problèmes de l'humanité ont toujours été les mêmes : la famine, le manque de nourriture, les épidémies, les fléaux et les guerres, dit-il. Bien sûr, nous ne les avons pas complètement éliminés ces 60 dernières années, mais dans ces trois catégories nous sommes maintenant dans la meilleure position depuis des années. »
Comment dire j'ai été à la fois bluffée, parfois agacée mais toujours intéressée, je vous recommande le chapitre sur la religion, sur le capitalisme, et les derniers qui font froid dans le dos sur la génétique ou le développement de la biotechnologie ( si si rappelez vous un vieux feuilleton télé qui devient réalité) et qui annonceraient la fin de Homo sapiens rien de moins à moins que la recherche de l'éternité soit couronnée de succès.
Notez que l'auteur est à la fois un vulgarisateur magnifique et un provocateur éclatant. Qu'il manie avec habileté les grands concepts, souvent pour s'en moquer avec un humour ravageur, il vous promène dans l'espace et le temps avec brio.
Le plaisir de lecture est fortement augmenté par la traduction d'un maître du genre : Pierre-Emmanuel Dauzat.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Un voyage au travers des siècles qui commence il y a 13,5 milliards d'années jusqu'à ce jour, avant le coronavirus. Fini il y a quelques jours, je n'arrive pas à le chroniquer. Un programme vaste qui, selon les sujets, est passionnant comme l'arrivée de l'homo sapiens ou ennuyeux comme l'économie. Une base solide référencée et agrémentée d'anecdotes croustillantes. Un gros travail de l'auteur qui permet de mieux comprendre comment le monde a évolué ou dévolué.
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J'ai bien du mal à critiquer ce gros bouquin qui a eu un énorme succès.

La première partie m'a enchantée : où sont apparus les sapiens, comment vivaient les chasseurs-cueilleurs, comment se sont-ils répandus dans le monde, que s'est-il passé avec les Neandertal qui vivaient au même moment en Europe, pourquoi l'extinction des grands mammifères après l'arrivée des sapiens ?etc…Plein de questions sans réponse que je ne me posais pas avant de lire cet ouvrage ! Mais des questions passionnantes ! Je me suis aperçue que j'étais nullissime sur la préhistoire, que j'ai envie d'en savoir plus et je suis preneuse de tout autre livre accessible sur le sujet.

Deuxième partie sur la révolution agricole : sapiens s'est sédentarisé. Apparition de l'agriculture des grands empires, de l'écriture etc…Les développements que fait l'auteur sur la force de l'imagination de Sapiens sont très intéressants et offrent un angle d'approche assez inédit. Car finalement, ce qui nous lie, ce sont de purs produits de notre imagination, tel l'argent, l'état, la religion.

L'auteur nous explique ensuite que ces trois constructions de l'imagination (argent, empire et religion) tendent vers une unification du monde. Puis il enchaîne sur la révolution scientifique avec les grandes découvertes, l'industrialisation, le capitalisme etc.. Et c'est là que je l'ai un peu perdu !
Après un début qui me semblait présenter une cohérence, j'avoue que la deuxième partie du livre m'est apparue un peu comme un grand fourre-tout partant dans tous les sens, avec des idées vraiment originales et d'autres qui enfoncent des portes ouvertes….et mon intérêt s'est étiolé.

Ce gros bouquin se lit toutefois très facilement et il est accessible au plus grand nombre. Il ouvre des horizons, offre des pistes de réflexion, brasse une tonne de sujets passionnants et rien que pour cela, je le conseille vivement. Il m'a donné envie de poursuivre la réflexion et je vais enchaîner sur Jared Diamond.
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Les sujets et propos abordés par ce livre :

A partir des interprétations de découvertes archéologiques désormais aussi assises sur l'analyse de restes d'ADN, l'auteur décrit comment l' "homo sapiens" est apparu.
Il rappelle que l' "homo sapiens" qui serait apparu il y a environ 300 000 ans a vécu en même temps que d'autres lignées humaines : "homo soloensis" (disparu il y a 50 000 ans environ), "homo denisova" (disparu il y a 40 000 ans environ), et l'homme de Néandertal (disparu il y a environ 30 000 ans, dont nous partageons quelques gènes attestant de croisements). Pourquoi l' "homo sapiens" est-il le seul à avoir survécu ? L'hypothèse génocidaire reste la plus probable. Nous avons d'ailleurs conservé cette habitude de massacrer les autres, entre nous mais souvent sous couvert de "différences", de couleur, de race, de culture, de religion, … (en réalité presque toujours par convoitise).

L'auteur s'interroge aussi sur ce qui caractérise l'Homme. Il ne s'agit pas de l'agriculture ni l'élevage (des fourmis les pratiquent aussi), ni de l'usage d'outils (les chimpanzés en fabriquent et en utilisent aussi).
L'usage du feu (qui serait devenu quotidien il y a environ 300 000 ans) et celui de la monnaie sont propres à l'homme. le premier a notamment permis : la cuisson d'aliments (éliminant des parasites et/ou facilitant la digestibilité de certains d'entre eux et par suite une meilleure alimentation du cerveau), de dégager des espaces plus propices à la chasse, de durcir des pointes d'armes, d'éloigner des prédateurs, et de rassembler des communautés autour de lui pour raconter des histoires (y compris imaginaires…).
Selon l'auteur c'est principalement la capacité de l' "homo sapiens" à créer des mythes qui le caractérise, permettant notamment des collaborations élargies entre des membres partageant une même vision (fictive) du monde. de fait un billet de banque, fut-il vert, n'a pas de valeur intrinsèque, n'en acquérant que par celle que chacun lui confère. Et les religions ou les idéologies - à l'instar du feu - rassemblent des communautés autour d'elles - mais contre les autres le plus souvent….
L'auteur assimile certaines idéologies à des religions (le nazisme, et le communiste soviétique).
Il analyse les moteurs du progrès technique et des révolutions cognitive, industrielle, et agricole.
Il présente aussi ses réflexions sur les impérialismes et sur le capitalisme.
Sa brève explication simplifiée des mécanismes du crédit et de la création monétaire est claire. L'effondrement en 1720, du système financier institué par John Law, censé financer le développement des activités de la Compagnie du Mississipi, illustre les risques encourus par un système qui repose sur la seule confiance en un développement économique futur. Les propos d'Hariri permettent de mieux comprendre les difficultés de nos économies à s'adapter aux enjeux environnementaux et climatiques actuels. le crédit - qui repose sur la confiance en l'avenir et donc sur la croissance - agit en effet comme un dopant dont nos économies ne savent pas se passer. de nombreux écologistes nous expliquent depuis des années que les pays développés occidentaux doivent changer de logiciel dans la définition et la mise en oeuvre de leurs politiques économique. Un tel changement n'implique-t-il pas aussi un changement de l'ordinateur associé ?

"Bipède à station verticale", chanson de Thiéfaine (notamment la version de l'excellent album live "Route 88") résume le début de ce livre (de manière très simplifiée…) :
« Quinze milliards d'années sont passées / depuis cette affaire de big-bang / Vieux singe au coeur fossilisé / j'ai des rhumatismes à ma gangue / Avec mon parachute en torche / et ma gueule de Caterpilar / paraît que je viens d'une catastrophe / et les dieux sont pas très bavards // Refrain : Bipède à station verticale / Toujours faut se tenir debout / Bipède à station verticale / Parfois, parfois / j'ai la nostalgie de la gadoue // Malgré le computeur central / qui veille sur la zoo-clinique / j'suis l'animal bluesymental / aux vieux relents d'amour gothique / j'tombe amoureux des éprouvettes / avec lesquelles je dois flirter / pour l'usine de stupre en paillettes / qui garantit mon pedigree // Refrain // La nuit je fouille les no man's lands / comme un hibou décérébré / cherchant le message d'un Atlante / ou la formule d'un initié / câblé sur X moins zéro / à l'heure des infos galactiques / je mets mon badge ecce homo / et j'suis fier d'être un con cosmique // Refrain. »…
Désolé pour ceux qui auront désormais leurs pensées de la journée "polluées" par l'air de cette chanson…

Mon avis sur cet ouvrage :

L'auteur présente parfois les choses de manière volontairement provocatrice, par exemple lorsqu'il souligne les effets moteurs des impérialismes sur le progrès.
Son exposé - peu étayé - des effets négatifs de l'invention de l'agriculture et de l'élevage sur la qualité de vie et de l'alimentation des "homo sapiens" de l'époque m'a paru relever d'appréciation subjectives voir philosophiques de l'auteur, qui semble ainsi vouloir recycler le mythe du "bon sauvage" de Jean-Jacques Rousseau ("Chaque invention nouvelle nous éloigne un peu plus du jardin d'Eden" – page 443). Cela n'empêche pas Harari d'exprimer son admiration pour les progrès de la connaissance.
Il se contredit parfois. Ainsi, quand il énonce que l'Histoire ne suit pas de schéma prédéterminé, puis expose que les sociétés tendant inéluctablement à s'unifier ("Nous assistons à la formation d'un empire mondial." – page 438).
Harari considère que l'historien doit s'interroger sur la notion de bonheur dans l'histoire. Pourquoi pas ? - comme dirait le Commandant Charcot - mais le chapitre consacré à cette notion relève selon moi plus de la réflexion philosophique que du champ historique. Toutes ces pages pour démontrer le bien-fondé de l'adage populaire selon lequel "l'argent ne fait pas le bonheur" ! Je me serais volontiers passé de ce chapitre, dont la présence n'ôte rien à la qualité du reste de l'ouvrage.

Ce livre est en effet à la fois instructif et très agréable à lire.
La mise en question de nos grilles d'analyse - qui reposent sur des valeurs non universelles issues de notre propre histoire (individuelle, et des sociétés dans lesquelles nous évoluons) - est un exercice salutaire.
Les explications souvent claires nous amènent à réfléchir sur le passé et sur l'avenir de l'humanité, avec la nature humaine en toile de fond...

Je vous recommande vivement cette lecture.
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L'histoire de l'humanité, commencée il y a 70 000 ans, est toujours en cours même si, et plus que jamais, des questions se posent. Organisé en chapitre autour de révolutions qui ont changé chaque fois la vie des Homo Sapiens, le livre va de la Révolution cognitive à la Révolution scientifique. Vous y apprendrez en quoi la Révolution agricole a été une erreur de calcul, qu'Homo Sapiens a probablement été la cause d'extinctions animales et que beaucoup de choses, le droit par exemple, n'existent que dans notre imagination.
Passionnant, mais au fur et à mesure que le livre avançait, je trouvais que l'auteur manquait de nuances.

Lien : https://dequoilire.com/sapie..
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Ce qui est troublant avec ce livre c'est le quasi unanime emballement qu'il suscite. C'est vrai qu'il présente de façon claire et compréhensible par tout un chacun l'histoire de l'humanité et toutes sortes de théories relatives à ce sujet. Il est donc tout à la fois plaisant et valorisant. Est-ce à dire que tout ce qui est avancé dans cet ouvrage est avéré ? Je n'en sais rien. Si j'ai déjà lu que la Révolution agricole n'avait pas vraiment été un progrès du point de vue de la santé des humains dans un premier temps, il y a beaucoup de connaissances que je découvre. Et si d'autres de ces conceptions me semblent de bon sens, pour d'autres je n'ai pas les connaissances pour en juger. Et les références sont toutes en Anglais. J'ai quand même vaguement l'impression que tout ce qu'il déclare n'est pas forcément vérité révélée.
En particulier son chapitre sur le genre et la domination des femmes m'a paru curieux et sa conclusion plus encore : ”Si, comme la démonstration en a été faite de manière si éclatante, le patriarcat reposait sur des mythes infondés plutôt que sur des faits biologiques, comment expliquer l'universalité et la stabilité de ce système ?" Je ne sais pas pour vous,mais moi je comprends que le patriarcat repose sur des bases biologiques ; donc il est parfaitement fondé.
Alors que le même déclare que si l'homosexualité existe c'est qu'elle est naturelle. Elle n'a pourtant aucune valeur du point de vue de la biologie, puisqu'elle ne saurait transmettre des gènes.
Or il me semble qu'ailleurs il justifie certains comportements par la transmission des gènes. Que ce soit clair, l'homosexualité ne me dérange aucunement mais je ne suis pas absolument sûre qu'il soit tout à fait neutre dans ses démonstrations.

Je dois dire qu'après avoir commencé à mettre en doute ses explications j'ai eu moins de plaisir.

Cela n'empêche nullement que le livre soit passionnant mais il est indispensable de garder en éveil son esprit critique pour ne pas mettre d'office toutes ces conceptions sur le même plan. Il faudrait pouvoir le confronter à d'autres livres de même ambition. Il donne en tout cas à réfléchir.

Il reste que la thèse selon laquelle notre espèce a pu dominer les autres parce qu'elle est la seule à pouvoir coopérer en grandes troupes est très intéressante et somme toute encourageante. Et que nous pouvons coopérer en grand nombre parce que nous sommes unis par des fictions, qu'elles s'appellent religions, droits de l'homme ou autres, l'est également.

Donc une lecture que je ne regrette pas mais que je refuse de prendre pour argent comptant.
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Faut-il s'enorgueillir d'appartenir à l'espèce Homo sapiens ? Espèce qui, depuis la révolution cognitive voici quelques 70000 ans, est sortie de son Afrique natale pour gagner le reste du monde et par là-même supplanter toute autre forme de vie, à commencer homo neanderthalis son concurrent le mieux placé dans la course à l'intelligence.

L'arrivée d'Homo sapiens dans les coins les plus reculés de la planète a correspondu avec l'extinction de toutes les espèces animales qui y prospéraient déjà. Au point qu'au XXIème siècle naissant, Homo Sapiens se retrouve face à lui-même. Les espèces animales résiduelles étant soit en voie d'extinction, soit domestiquées, élevées en batterie, bourrées d'antibiotiques et destinées à nourrir Homo sapiens, soit tonsurées comme des boules de buis pour s'exhiber dans des concours de beauté canine.

La question étant désormais de savoir si Homo sapiens résistera à lui-même quand sa soif de toujours plus en quête d'un bonheur dont il n'a toujours pas trouvé la consistance lui fait mépriser le monde qui l'a vu naître.

Cet ouvrage de Yuval Noah Harari est absolument passionnant. Cette brève histoire de l'humanité, jalonnée par les révolutions cognitive, agricole, scientifique puis industrielle, jusqu'à la construction de tours qui se perdent aujourd'hui dans les nuages, n'a rien d'un fastidieux traité d'histoire. Il 'agit bien d'une formidable ouverture à la réflexion sur notre nature humaine, seule survivante au milieu de ses concurrentes au fil des millénaires, et sur son devenir, entre optimisme et pessimisme.

Ecrit dans un style, avec un vocabulaire à la portée de tous les représentants de l'espèce, ces derniers réfléchiront avec profit à nombre d'allégations dont la suivante n'est pas des moindres : "D'un point de vue scientifique, pour autant qu'on puisse le dire, la vie n'a absolument aucun sens". C'est donc dans d'autres directions qu'il faut chercher ce sens à la vie. Car si l'intelligence a été le gage de réussite d'Homo sapiens, elle est aussi la cause de son supplice par les questions fondamentales restées sans réponse avec lesquelles elle se harcèle elle-même.

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Lecture de Yuval Noha Harari, Sapiens. Une brève histoire de l'humanité
« L'histoire est une chose que fort peu de gens ont faite pendant que tous les autres labouraient les champs et portaient des seaux d'eau. »
Extraordinaire ouvrage mettant en perspective notre histoire dans le temps long et son incroyable accélération. Si connaître mieux ce Sapiens capable d'imaginer la monnaie et la religion, de ces mythes qui nous font coopérer au-delà de nos tribus intimes, déstabilisera certains, tous tireront de la connaissance de soi rafraichie par la lecture de cet ouvrage utile une meilleure perspective de notre finitude.
« Pourtant aucune de ces choses n'existent hors des histoires que les gens inventent et se racontent les uns aux autres. Il n'y a pas de dieux dans l'univers, pas de nations, pas d'argent, pas de droits de l'homme, ni lois ni justice hors de l'imagination commune des êtres humains. »
Il y a 70 000 ans survint la Révolution cognitive, la première et la grande oubliée des révolutions. Yuval Noha Harari l'a replace dans son contexte et en tire toutes ses conséquences. le ferez-vous ?
«L'ordre imaginaire est intersubjectif. Même si au prix d'un effort surhumain je réussis à me libérer mes désirs personnels de l'emprise de l'ordre imaginaire, je ne suis qu'un parmi d'autres. Pour changer l'ordre imaginaire, je dois persuader des millions d'hommes de coopérer avec moi. Car l'ordre imaginaire n'est pas un ordre subjectif qui existe dans mon imagination, mai plutôt un ordre intersubjectif qui existe dans l'imagination partagée de milliers et de millions de gens. »
Le monde n'est pas parfait et c'est tant mieux !
« de même que la culture médiévale ne parvint jamais à concilier chevalerie et christianisme, de même le monde moderne ne réussit pas à faire cadrer liberté et égalité. Mais ce n'est ni un défaut ni une faute. La discorde de nos pensées, la dissonance cognitive, est un atout vital expliquant la créativité et le dynamisme de notre espèce. La cohérence est le terrain de jeu des esprits bornés. »
Et n'oublions pas que « Savoir c'est pouvoir. » Francis Bacon in Novum Organum, 1620.
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On ne présente plus Sapiens, bible moderne de ceux qui cherchent à comprendre comment l'humanité en est arrivée où elle en est aujourd'hui, des millions d'années après l'apparition de notre espèce, les Homo sapiens. Dans cet essai, Yuval Noah Harari relève le défi de nous présenter une vision globale de l'histoire de l'Homme, alliant recul et esprit critique pour nous faire réfléchir sur les différentes évolutions et ce qu'elles nous ont, ou pas, apporté. C'est là que réside l'intérêt premier de ce livre, un des rares à s'essayer à un tel exercice, sans tomber dès les premières pages dans la démagogie.
J'avoue avoir été plus fascinée par les premières parties du livre, sur les révolutions cognitives et agricoles et l'unification de l'humanité, que la suite, sur la révolution scientifique, probablement parce que ces périodes m'étaient moins familières et qu'elles se prêtent mieux à l'exercice d'analyse proposé par l'auteur. En se basant sur de nombreux faits et anecdotes, Yuval Noah Harari montre comment se sont créées l'ensemble des croyances actuelles, comment tout ce que nous prenons aujourd'hui pour acquis s'est construit au fil du temps, produit d'une évolution humaine non linéaire et certainement pas prévisible.
Il nous offre une vision nuancée de l'évolution des Homo Sapiens et des sociétés qu'ils ont construites, en nous montrant que le sens de l'histoire n'est pas forcément au bénéfice des individus, biologiquement plus adaptés à la vie de chasseurs-cueilleurs que de paysans ou de comptables. Malgré sa vision dogmatique de l'avenir et quelques opinions présentées comme vérités dans le texte, c'est sans contexte une lecture très enrichissante, où l'on apprend beaucoup tout en se questionnant sans cesse sur ce qui nous est présenté de l'Histoire du monde.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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