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Critique de palamede


Nura vit avec sa famille dans la vallée tchétchène de l'Argoun. Nura aime ses montagnes mais rêve de liberté, aussi en cette année 1994 pour financer son voyage vers d'autres cieux, elle vend ses poulets à deux jeunes militaires russes. Des soldats et leur colonel qui après l'enfer des combats de Grozny ont été transférés dans cette zone hors combats. Mais si le calme du lieu apaise les soldats Malich et Aliocha, il n'a aucune incidence sur la paranoïa de leur colonel alcoolique Chouïev et de l'officier Petruchov, qui les conduit à perpétrer un crime aussi gratuit que terrible sur Nura. Un crime resté impuni que Malich n'aura de cesse d'expier, même quand il sera devenu un oligarque riche et puissant.

Pour la géorgienne auteure et metteur en scène de théâtre Nino Haratischwili un drame antique qu'on pourrait penser sorti de son imaginaire. Or il n'en est rien puisque l'histoire du colonel est bien réelle — l'auteure a raconté sur RFI l'avoir lue dans un livre d'Anna Politkovskaïa, la journaliste russe, chroniqueuse pour le journal Novaya Gazeta, qui a beaucoup écrit sur le conflit armé en Tchétchénie, assassinée à Moscou, le 7 octobre 2006 — c'est celle de l'ancien colonel Yuri Boudanov, un participant à l'opération militaire en Tchétchénie, condamné en 2003 en Russie à 10 ans de prison pour l'enlèvement et le meurtre d'Elza Koungaeva, une Tchétchène de 18 ans.

Inspiré de ce fait réel, un roman marquant pas toujours aisé à lire, où l'on se perd parfois parmi les époques, les lieux et les personnages, qui mérite qu'on s'y attelle. D'abord pour ce qu'il dit de ce qu'il advint dans cette partie du monde après la fin de l'URSS, et pour évidemment ses résonances avec la guerre actuelle initiée par le chef du Kremlin en Ukraine. Mais pas seulement. Nino Haratischwili montre à quel point pour les hommes la culpabilité ne s'efface pas avec le temps, rendant la rédemption presqu'impossible. Elle montre aussi, et cela me paraît essentiel, comment les conflits armés les façonnent en bien comme en mal, et qu'on aurait tort de penser que d'un côté il y a les bons et de l'autre les méchants...
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