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EAN : 9782369149071
352 pages
Libretto (16/05/2024)
3.62/5   13 notes
Résumé :
Un roman d'amour, de guerre et de tragédie familiale, qui aborde des questions métaphysiques à travers une histoire forte. Une exploration sans concession de toutes les formes de dévastations provoquées par les conflits - ceux que se livrent les peuples comme les individus, au sein de la famille ou du couple.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est grâce au soutien du Goethe-Institut d'Allemagne que Dominique Venard a pu traduire cette oeuvre de l'Allemand en Français en 2015.

L'auteure est entretemps passée d'élément prometteur à valeur sûre en littérature. À 20 ans, Nino Haratischwili a quitté Tbilissi et sa Géorgie natale, pour aller faire des études de mise en scène et de dramaturgie à Hambourg en Allemagne. À seulement 36 ans, aujourd'hui, la jeune artiste peut se vanter d'avoir réalisé 13 pièces de théâtre et écrit plusieurs romans. Un autre ouvrage d'elle qui a été traduit en Français "La huitième vie (pour Brilka)" a eu un bon accueil chez nous et j'espère que son oeuvre ambitieuse "Die Katze und der General" ou 'Le chat et le général' soit également traduit prochainement en notre langue.

L'héroïne principale de ce récit, Stella, a 36 ans et vit paisiblement avec son mari Mark, un réalisateur de films documentaires, et leur fils Theo à Hambourg, lorsque tout à coup "out of the blue" (sorti de nulle part), au bout de 7 ans, apparaît Ivo, son demi-frère et ex-amoureux.

Leur histoire commune est peu banale. le père de Stella, Frank, a eu une liaison avec la mère d'Ivo et lorsque son père est décédé en prison après avoir tué son épouse et mère d'Ivo, Frank a assumé la garde d'Ivo, devenu donc orphelin. La mère de Stella, Gesi, est partie aux États-Unis, à Newark, dans le New Jersey, où elle a refait sa vie avec James. Les 2 enfants et Leni, la soeur de Stella ont été éduqués, en fait, ensemble par Tulja, une tante de Frank, à Niendorf, sur la mer Baltique au nord de Lübeck en Allemagne. Stella avait 9 ans à ce moment, mais n'en avait que 6 lorsque Frank a commencé une affaire avec Emma, la mère d'Ivo, dont le mari était à Berne, en Suisse, pour son travail.

Il est évident que cette situation irrégulière avec ses tensions a rapproché les 2 gosses. Mais la sympathie réciproque a évolué en un amour interdit, ambigu et précaire, et malgré le fait que sa soeur, Leni (de 4 ans son aînée et auteure de livres pour enfants), voyait en Ivo l'incarnation du malheur de la famille, pour Stella son amour pour Ivo était "comme une blessure qui refusait de guérir". Maintenant, qu'il s'est pointé chez elle, elle vit dans "une sorte de brume".

Au cours de leur première rencontre après le retour inattendu d'Ivo, les 2 se chamaillent et se disputent, manifestement mal à l'aise. Cependant à peine une semaine plus tard, Stella succombe au charme d'Ivo.

Son mari Mark sent que leur union est menacée depuis l'arrivée d'Ivo, et pose des questions auxquelles son épouse n'a évidemment pas de réponses. Stella se retrouve dans une situation des plus pénibles, parce qu'elle ne veut pas perdre un bon mari et surtout pas son fils qu'elle adore. La première sonnette d'alarme est l'incapacité de Stella de fournir un travail satisfaisant à la rédaction du magazine régional, où elle est responsable du secteur culturel.

Toujours est-il que Stella décide d'accompagner Ivo en Géorgie pour un reportage sur le conflit en Abkhazie, qui s'est déclaré indépendant de la Géorgie en 1992, mais une indépendance reconnue par seulement 5 États :
la Russie bien entendu (n'est-ce pas monsieur Poutine ?), le Nicaragua, le Venezuela, Nauru (en Océanie, avec ses 14.000 habitants) et la Syrie !

L'ouvrage de Nino Haratischwili constitue donc une vaste fresque d'amour et de guerre. Un amour que Stella qualifie elle-même à la page 80 de "couturé, torturant, torturé, rapiécé" , mais surtout un amour très fort, dont la reconstitution s'inscrit dans la grande tradition des maîtres littéraires russes. Et ce n'est sûrement pas un hasard si elle a commencé son oeuvre par une citation de la poétesse Marina Tsvetaïeva (que j'ai posté hier sous la rubrique Citations), car "Mon doux jumeau" est un bel exemple de prose poétique.
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" Ce jour-là, tu m'as sauvé la vie, et en même temps tu l'as détruite. C'est aussi simple que ça Stella. Voilà ce qui est arrivé. Sans toi, je n'aurais pas été forcé de me décider, sans toi je serais resté muet. Mais sans toi, je n'aurais peut-être pas été... C'est comme si nous nous étions mélangés. Comme si il y avait eu un gros bang. Toutes nos chances futures, toutes nos possibilités, les éventualités, les détours, l'avenir tout entier a été emporté dans un tourbillon, puis plaqué au sol. Et maintenant, reste à trouver quelles qualités, quelles possibilités, quels projets d'avenir sont à toi, et lesquels sont à moi "

Stella et Ivo se sont connus à 6 ans, alors que leurs parents entretenaient une liaison secrète. Après la mort brutale de sa mère, Ivo a été adopté par la famille de Stella et ils ont vécu ensemble comme frère et soeur. Mais leur relation a toujours été complexe : intense mais torturée, forte et fragile, hantée par une terrible culpabilité.
Nino Haratischwili joue avec habileté de cette tension. Plongeant dans le passé et le présent de cette famille atypique, alternant les points de vue, elle insuffle un suspense digne des meilleurs polars.
Que s'est-il passé ce jour du fameux bang, ce jour qui a redistribué les cartes et rendu cette relation aussi nécessaire que nocive ?
Cette gemellite fantasmée, empoisonnée par un drame jamais affronté, semble en tous cas les condamner à ne jamais être heureux, même si la maternité a pu apaiser provisoirement les douleurs de Stella.

L'auteure prend alors le parti de quitter l'intimité des sentiments pour confronter ce couple " maudit" à d'autres drames. de ceux qui se vivent durant les guerres, et plus particulièrement en Géorgie. C'est d'ailleurs ce thème qui sera décliné dans ses romans suivants.
L'histoire de Lado et Salomé, qui se déroule à Tbilissi, va ainsi comme une histoire jumelle, mettre en perspective les relations entre amour et violence, culpabilité et rédemption, perte d'identité et abandon de soi.
Si ce premier roman n'a pas le souffle épique des suivants, il possède déjà un sens de la narration très prometteur.

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Drôle de roman que je n'aurais pas tellement dû apprécier, beaucoup d'allers et retours passé/présent, beaucoup de circonvolutions pour la narratrice autour du sens de sa vie, beaucoup de drames et pourtant...

La fougue de l'écriture transmet à merveille la fureur d'une passion dévastatrice pour les deux héros, d'autant plus violente qu'elle prend naissance dans l'enfance, moment qui ne connait pas bien le compromis.

Une histoire d'adultère comme tant d'autres, où l'on croit cacher aux enfants ce qui se passent, alors que tous leurs pores captent les sensations, les émotions, sans avoir les mots pour donner du sens, et puis le drame, la mort d'une femme et un gamin qui intègre la famille de l'amant de sa mère. Une famille bringuebalante qui cahote encore un peu avant d'imploser avec des gamins qui grandissent et ne sont plus des enfants.

Que fait-on de ce que la vie nous laisse, où mène-t-on ses pas , que fait-on de l'oubli, la faute est-elle soluble ... le coeur, le corps et la tête de ces deux là sont lourds mais comment s'affranchir d'un tel passé!

Un roman séduisant
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Stella n'avait que sept ans lorsqu'un drame brisa sa tranquille petite enfance à Hambourg. Son père (Frank) – un incorrigible coureur de jupons – fut indirectement la cause de la mort de sa maitresse (Emma) tuée par un mari jaloux (qui mourut lui-même en prison …) Gesi, la mère de Stella, quitta alors son père et partit vivre à New-York avec un certain James …

Stella et sa soeur Leni (de quatre ans son ainée) décidèrent de rester vivre avec leur père, pourtant responsable de ce chaos … Celui-ci, rongé par la culpabilité, adopta Ivo, le fils de sa défunte maitresse. Deux ans plus tard, instable et alcoolique, il dût confier l'éducation des trois enfants à sa grande-tante (Tulja) basée à Niendorf et – accessoirement – à son ex-femme (installée à Newark) pour la période des vacances …

Âgée de trente-six ans, mariée à Mark et maman de Théo (sept ans) Stella, qui pensait avoir tourné définitivement le dos à son douloureux passé, va devoir affronter une épreuve de taille : les retrouvailles avec son « frère » (et « mauvais génie » …)

Un beau roman qui nous emporte vers le passé et nous conduit (hors Allemagne) au coeur d'un présent inattendu (expliquant ainsi bien des choses au lecteur …) C'est fluide, bien écrit et percutant ! Un intrigue d'une rare violence et d'une grande sensibilité, ingrédients chers à l'auteure (d'origine géorgienne …)

« Chronique d'une tragédie annoncée » : un très grand plaisir de lecture, même si elle ne m'a pas autant bouleversée que la célèbre « huitième vie ». Une écrivaine dont le talent n'est pas à remettre en question.
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Le dernier – et premier – roman de Nino Haratischwili, autrice géorgienne exilée en Allemagne, que j'ai pu lire, a été un véritable coup de coeur, il s'agit de le Chat, le colonel et la corneille. C'est vraiment grâce à ce titre que j'ai pu découvrir son pays natal pour la première fois, un pays passé trop longtemps à l'ombre de feue l'URSS, et encore aujourd'hui, de la Russie belliqueuse. Dans ce roman paru en format poche chez Libretto, la Géorgie est plus en retrait, elle joue ce rôle de personnage secondaire mais essentiel, un pays qui va jouer le rôle de décor d'une situation devenue explosive, du dénouement épiphanique du roman, celui de la vie de son personnage principal, Stella et de son frère adoptif, Ivo.

Stella est une femme d'une trentaine d'années, journaliste pigiste, elle est mariée à Mark et elle est la mère d'un garçon de huit ans, Théo. Elle mène une vie tranquille à Hambourg jusqu'à ce qu'elle apprenne le retour d'Ivo, son frère adoptif. On pressent dès le départ que les relations de Stella et d'Ivo sont complexes, les réactions de la femme donnent lieu à de multiples suppositions. Dans ce roman en deux parties, nous allons suivre les confidences de Stella sur cette histoire commune qui lie les deux personnages, dont la parenté n'est constituée que par le fait d'avoir grandi ensemble, tout lien de sang étant inexistant. Et un drame à l'origine de cela, le père de Stella ayant entretenu une liaison avec Emma, la mère d'Ivo, le mari trompé a mis fin brutalement à cette relation adultère en assassinant Emma de plusieurs coups de fusils. Ivo, devenu orphelin, s'est retrouvé contraint à aller vivre chez Tulja, la grand-mère paternelle de Stella, dont la famille a également été anéantie après la révélation au grand jour de la tromperie, et après le drame qui a mis une triste fin à tout cela.

L'ambiguïté des relations d'Ivo et de Stella, qui de frère et soeurs sont devenus amants, constitue l'épaisseur de ce récit et c'est sur cela que joue l'autrice. D'une relation adultère, les deux enfants ont été contraints de grandir ensemble malgré une attirance et une entente mutuelle qui les a liés depuis le début, l'entente bâtie sur la tromperie de chacun de leur parent respectif. Deux vies basées sur des mensonges et des tromperies que l'un et l'autre vont tenter de mettre à jour afin de sortir de cette impasse face à laquelle leur vie est placée, de réordonner leur existence, qui a pris la forme du chaos depuis leur rencontre, et que les ingérences familiales n'ont pas contribué à arranger, loin de là. Stella est une femme confrontée à un choix à faire, arrivée à un carrefour de sa vie où elle ne peut plus détourner la tête devant cette relation gangrenée qui la tourmente depuis des années, qui tourmente Ivo.

Je le disais, la Géorgie a un rôle très secondaire, il ne faut pas lire ce roman avec la certitude de découvrir le pays, c'est un roman très intimiste, davantage axé sur les fonctionnements, et plutôt dysfonctionnements intrafamiliaux, et leurs conséquences. La première partie est plutôt fondée sur l'exploration du passé, de la famille recomposée de Stella, et de la dynamique de cette relation entre et Ivo qui chamboule le fragile équilibre qu'elle s'est construit. Cette première partie est plutôt longue, un peu trop à mon goût, il y a quelques redondances, la seconde est consacrée à la tentative de l'un et de l'autre de dénouer le noeud du problème qui les étreint depuis trop longtemps. Une seconde partie qui remet à leur place les choses, les gens, les situations et sentiments depuis des années déplacés au sein de leur propre existence.

J'ai été sensible au fait que l'autrice a tenu à se détacher de sa Géorgie natale, pour laisser la place cette fois à l'ambiguïté des relations des deux personnages amoureux, dans cette ambiguïté d'une relation fraternelle depuis l'enfance. À la psychologie d'une famille montée sens dessus dessous, et les dénis qui mènent indirectement mais fatalement au drame. Elle a tout de même réservé une place au pays caucasien. L'autrice sera a à l'honneur de la rentrée littéraire de Gallimard, avec la sortie de la lumière vacillante le 05 septembre qui replace le pays et Tbilissi en décor principal. Et j'ai hâte !
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
" Le corps de l'autre, qui empêche de voir son âme.
Oh, ce mur, comme je le hais ! "

Marina Tsvetaïeva

(page 7).
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Parce que mon passé ne m’avait guère menée en ligne droite dans ce salon meublé avec beaucoup de goût en style minimaliste. Moi qui venais de baiser douloureusement dans une chambre d’hôtel miteuse avec un homme dont on aurait pu dire qu’il était mon frère ; qui me sentais soudain prise d’une infinie nostalgie de mer tandis que quelque chose d’obscur grandissait en moi et se diffusait dans toutes les fibres de mon corps. Tout devenait noir, alors qu’autour de moi tout paraissait si clair, si blanc, si pur. Et au beau milieu, moi, une tache. Noire
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Comment vivre sans égratignure ? Comment vivre sans s’entailler perpétuellement, à soi, à ses propres désirs et à ses propres angles ?
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Videos de Nino Haratischwili (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nino Haratischwili
https://www.laprocure.com/product/1613960/haratischwili-nino-la-lumiere-vacillante
La Lumière vacillante Nino Haratischwili Éditions Gallimard
« « La Lumière vacillante » va raconter le destin de quatre femmes, quatre amies dans la tourmente de l'histoire, dans les remous de l'histoire. Avec la chute de l'Union soviétique. Elles vont vivre dans les larmes et le sang. C'est un livre assez extraordinaire. Je vous conseille vraiment cet auteur, Si vous n'avez jamais lu. Peu importe lequel vous prendrez, vous passerez un moment de lecture extraordinaire. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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