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3,58

sur 92 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De lourdes portes de bois ferment un antre où maris, frères et pères mettent à l'isolement épouses, soeurs et filles coupables, ou soupçonnées, d'avoir failli à la loi patriarcale.
Une enfant observe cet univers d'où les hommes sont absents, elle grandit avec une mère qui sombre peu à peu dans la folie, et rêve de rejoindre un père inconnu mais sacralisé. Seize ans que l'enfant est là, avec sa mère, et que leur lien qui fut fusionnel ne cesse de se distendre. Seize ans que l'enfant idolâtre l'image d'un père rendu définitivement absent par le poids de la tradition.
Des murmures résignés et des cris révoltés tissent cette fable magnifique et tragique qui interroge la violence du corps dans un monde dominé par le poids des traditions.
Ce livre est un pur joyau, j'en suis ressortie bouleversée.
L'écriture simple et élégante de Kaoutar Harchi, jeune auteure de 28 ans seulement, laisse présager du meilleur.



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A la lecture des premières pages de ce très beau récit, j'ai plutôt situé le cadre de cette maison-prison en Afrique du Nord. Cela en raison des origines de l'auteure très certainement, de par la représentation de la vie des femmes que je peux avoir, de par ces traditions de communautés de mères et de soeurs qui se retrouvent autour de leurs enfants, des repas à préparer... leur façon de vivre...
Mais petit à petit, j'ai compris que le propos de l'auteure n'était pas de nous parler de la condition féminine au Maroc ou ailleurs. Jamais cette maison n'est située géographiquement. Les villes ne sont souvent que des initiales. L'histoire n'est pas non plus datée. Elle pourrait avoir lieu aujourd'hui, hier, ou au siècle dernier. Car finalement, ce dont parle Kaoutar Harchi, c'est des femmes, de leur place dans la société des hommes, et ce depuis que le monde est monde. Isolées, punies de crimes qu'elles n'ont pas commis, tel l'adultère, rejetées par leur belle-famille, ces femmes sont enfermées dans cette maison qu'elles doivent partager dans une certaine promiscuité.

La narratrice est la fille d'une de ces femmes, La Mère, enfermée avec elle sans doute parce qu'elle est fille. C'est elle qui nous parle de cette maison où les femmes, malgré leurs cris et leurs pleurs, sont résignées et attendent le jour où leur époux daignera venir les chercher. La narratrice nous fait partager sa colère devant cette résignation de la Mère, sa peine devant les pleurs de celle-ci, son amour inconditionnel pour elle alors que La Mère ne la regarde plus, ne l'embrasse plus, ne la caresse plus.

La suite sur mon blog...
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Il y a 4 ans dans le salon du livre à Paris, j'ai découvert la romancière Kaoutar Harchi, une très belle longue dame brune.


Je venais de finir un ses meilleurs romans ; « A l'origine notre père obscur »
Et là, je suis entré dans de la belle littérature, écrite avec finesse et élégance, une écriture très léchée et où il se dégage surtout une grande sensibilité et émotion.


L'histoire de cette jeune fille, cloîtrée avec La mère dans cette maison de femmes. En quête continuelle de réponses, à toutes ses questions existentielles, en quête de la Mère qui parait tant oppressée, répudiée et accusée des pires maux. En quête du Père, absent, qui ne daigne jamais la regarder, les rares fois où il vient dans cette maison de femmes.
En quête du Demi-frère, dont leur rencontre sera une énorme, d'une immense blessure pour cette jeune fille.
Ce n'est qu'à la fin du roman, très austère et sombre, à l'ambiance oppressante, comme je les aime, car elle me ravage férocement le coeur, que cette jeune fille se délivrera de tout ce mal-être dont elle avait accumulé depuis beaucoup trop d'années.
Une délivrance où elle y paiera le prix fort. de la désillusion.


Aucun pays est nommé, aucune ville non plus, ni le nom des femmes, ni celui du père, ni celui de cette jeune fille.
Et cette habilité et subtilité dans l'écriture de Kaoutar, font que nous devinons très vite que c'est un lieu où l'homme règne et décide en maître absolu, et où les femmes se soumettent jusqu'à l'humiliation.


Le roman est déchirant, bouleversant, beau à lire et c'est aussi émulant dans les dialogues, qu'on les imagine sans qu'ils soient écrits.
La romancière est arrivée à me faire confondre sa fiction, pour une histoire vraie et vécue.
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Scandé par des citations bibliques, le roman de Kaoutar Harchi est le récit à la première personne d'une "enfermée". Enfermée physiquement, mais surtout affectivement, parmi d'autres femmes accusées d'adultère. le récit de l'enfance et du début de l'adolescence s'inscrit dans une quête d'amour et d'attention d'une fille envers sa mère.

L'écriture à la fois sensorielle et glaçante nous fait ressentir cette absence au monde qui est aussi une absence à soi-même et la lutte menée pour réintégrer sa propre vie. L'imbrication des temporalités nous fait perdre nos repères et nous fait ressentir cette sensation d'enfermement que vivent ces femmes que le temps semble avoir oubliées.

La narratrice laisse entendre une longue plainte faite de larmes, de peurs mais aussi d'une forme de jouissance dans le sacrifice. Elle interroge subtilement cette aliénation consentie, acceptée, transmise de femme en femme, de mère en fille.
Dans ce lieu clos, dans la famille paternelle qu'elle découvrira plus tard, dans l'histoire de sa mère, toutes les formes que l'amour peut prendre sont esquissées, toutes ses souffrances et toute sa lumière. C'est cette lumière et l'espoir splendide qu'elle fait naître qui clôt le roman. L'amour transmis, l'amour enfin exprimé dans un geste d'abandon et de foi absolue, donne une force inaltérable quelles que soient les épreuves qui restent à surmonter.
Le tissage de l'histoire de la mère à celle de sa fille et aux autres vies "empêchées" forme un réseau si dense que l'on perçoit la confusiion qui guette sans cesse la jeune héroïne.
Se construire au milieu des autres, sans se confondre, est le combat qu'elle doit mener. le père "à l'origine" de tout projette une ombre dont on ne sait jamais si elle sera néfaste ou bénéfique.
Voilà un roman de déchirure des corps et des âmes, un roman initiatique, un roman d'amour, écrit dans une langue superbe, d'une poésie puissante. Vraiment magnifique ! Ne le manquez pas !
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Quelle claque ! J'en suis restée abasourdie, étourdie ! Une prose magnifique, des phrases qui tour à tour glissent puis frappent, un texte charnel, éblouissant !
Et pourtant le sujet est violent, dur, et ça demande un sacré talent que d'en traiter sans tomber dans le pathos, dans la caricature sociétale, en laissant filtrer des brides de poésie dans la douleur.
Le livre se lit comme une respiration, tout à coup angoissée, étouffée, et tout à coup libre au loin...
Aucun prénom ("le Père" et "la Mère"), aucun lieu, aucune date...
Une histoire de femmes, fortes et fragiles, d'une femme si belle, amoureuse, dans l'attente... Une histoire de résignation, d'aliénation, une histoire où l'homme emprisonne ou délivre..avec en exergue, avant chaque chapitre, un extrait de la Bible, pour montrer peut-être que tout ça n'est pas qu'une histoire de religion ou de culture.
Je crois que, pour la première fois depuis bien longtemps, je pourrais manquer de superlatifs, de vocabulaire, pour ce roman qui m'a laissée sur le flanc et qui pourtant m'a transportée, tant appris, qui montre l'amour et le désamour, la « prison » morale et la liberté, le poids de la tradition et de la rumeur.
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Dans une grande maison, hors de la ville, des femmes sont enfermées. Elles sont des soeurs, des mères, des épouses cloîtrées en ce lieu depuis qu'un homme de leur famille a décidé qu'elles n'étaient plus dignes de partager leur vie. C'est là qu'une enfant naît et grandit auprès de sa mère à qui la réclusion fait perdre peu à peu la raison. Il serait facile de sortir puisque la porte n'est pas fermée à clé. Un pas seulement, et la liberté... Pourtant, toutes ces femmes sont résignées. On leur dit : « vous ne devez pas sortir, vous êtes le mal ». Alors elles restent et portent sur leurs épaules le poids de la culpabilité, mais surtout celui des traditions.

La magnifique plume de l'auteure nous envoûte, nous bouleverse, nous emplit d'une émotion rare et précieuse. C'est le récit intense d'un espoir porté par la voix, qu'on imagine douce et forte, de cette jeune femme nostalgique du monde extérieur et d'un père qu'elle n'a jamais connus. C'est aussi le journal d'un besoin viscéral de révolte et d'indépendance.


Un roman empli de poésie, de rage, d'amour... Un récit intime et sensuel qui ne laisse pas indemne!
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Cette autrice particulière fait preuve de d'une grande originalité. J'ai beaucoup aimé ce livre.
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La mère
« Face à elle, je suis face à mile mystères. »

« Par peur, surtout, de revivre une énième expérience du désamour dont je sortirais, encore blessée, abattue, car la Mère a ce pouvoir, le pouvoir de tuer la petite fille qui survit en moi. »

Kaoutar Harchi, dont j'avais fait connaissance avec l'ampleur du saccage, parle au coeur, mais qu'il est difficile de parler de ses livres tant ils sont intenses .On ne sait trop par quel bout les aborder !!

La narratrice vit enfermée avec sa mère au milieu des infidèles, des fautives et des transgressives.

La cellule familiale est une trame constante dans l'oeuvre de Kaoutar Harchi. Elle y dénonce une société prisonnière des us et coutumes qui se transmettent, aliènent, et abîment au coeur les êtres. Elle crie la tragédie des femmes, des corps, la féminité étouffée. La souffrance est nous frôle presque les doigts tant elle est imbibe chaque mot, chaque phrase.

Une écriture acérée, des phrases qui claquent ; tantôt longues, tantôt lapidaires, sans verve. Des ruptures de narration par des extrais de carnets intimes… Tout porte à mettre le lecteur en tension, comme à l'affut, en apnée.

On ressort de cette lecture de ce livre comme abasourdi, conscient d'avoir lu quelque chose de différent, de fort, et quasiment dans l'incapacité de lui rendre l'hommage qu'il mérite. Si ses contours sont difficiles à cerner, c'est qu'il n'est pas dans le registre du faire, mais de l'être. L'intimité, et le vase clos donne peu de latitude au lecteur pour s'exprimer à son tour.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Mon avis : Saddhu

J'ai beaucoup aimé ce livre ou les femmes sont tour à tour bourreaux et victimes. Victimes de médisances chuchotées d‘abord entre elles, puis propagées en rumeur par d'autres femmes prisonnières de l'ennui et de la frustration des hommes. Hommes tiraillés eux-mêmes par des désirs intenses au point d'en devenir pervers, soumis à une tradition d'un autre âge que les uns et les autres perpétuent de peur de voir leur faible pouvoir leur échapper, voir disparaître.

Dans ce livre, il est question
Lien : http://adighee.canalblog.com..
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Les murs et les portes de ce lieu d'enfermement sont moins hauts moins lourds et presque moins terrifiants que la jalousie, la haine et le désir de vengeance de la tribu familiale.
L'auteur parle avec beaucoup de finesse et de subtilité des rapports complexes entre les personnages surtout entre la mère et la fille, avec beaucoup de justesse de la quête du père.
Un livre incroyablement mature pour une si jeune écrivaine.
Un livre émouvant parfois terrifiant mais finalement qui garde l'espoir.
Un livre dont le sujet est servi par une très belle écriture.
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