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EAN : 9782264059567
288 pages
10-18 (04/04/2013)
4.24/5   191 notes
Résumé :
Un document exceptionnel : la vie de Shin Dong-huyk, 26 ans, né dans un des redoutables camps de travail de Corée du Nord, seul auteur connu d'une incroyable évasion qui le conduira en Chine, puis aux États-Unis. Un témoignage unique et hallucinant sur le pays le plus secret du monde, et notamment sur ces camps où sont enfermés à vie tous les opposants à la dynastie stalinienne. Un récit terrible, captivant et nécessaire.

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Il faut bien avouer que les livres concernant la Corée du Nord ne sont pas légion (et pour cause...). On sait très bien qu'il est difficile d'avoir quelque chose de fiable puisque rien ou presque ne filtre de ce pays fermé. Aussi, lorsque j'ai pris connaissance de ce livre, je me suis dit que cela serait une bonne façon, toute proportion gardée, de savoir un peu ce qu'il se passe dans ces goulags. Si je mets quand même un bémol, c'est parce qu'un témoignage n'est pas non plus une preuve absolue, quelque chose de fiable à 100%, soit parce que la mémoire peut faire défaut, soit parce que la personne peut mentir délibérément. On en a déjà eu l'expérience. Quoi qu'il en soit, cela permet quand même d'apprendre des choses.

Le journaliste Blaine Harden a été touché par l'histoire de Shin Dong-hyuk, rescapé du camp 14... ou 18 (on y reviendra). Shin est un enfant né à l'intérieur du camp. Il explique que certains prisonniers reçoivent comme récompense le fait de pouvoir se mettre en couple et avoir des relations pendant cinq jours consécutifs après le "mariage". Ils peuvent se voir, par la suite, de temps en temps. Sans le précieux sésame, toute relation est interdite. Inutile de préciser qu'il n'y a pas d'amour dans ces couples factices, arrangés comme il convient par les gardiens. Les enfants nés de ces couples sont considérés comme impurs et traités comme tels. Shin a donc vécu en considérant ses parents comme des étrangers, des parias qui lui volaient sa nourriture. Ceci peut nous choquer mais il ne faut pas perdre de vue que les sentiments n'ont pas leur place. Les prisonniers sont conditionnés. Leur esprit est martelé par des messages de propagande et par l'encouragement à la délation. Aussi, Shin n'hésitera pas une seule seconde à dénoncer le projet de fuite de sa génitrice et de son frère. Cela lui vaudra de multiples tortures, tant physiques que psychologiques, et engendrera la mort - punition suprême - des deux "rebelles". Pour autant, le remords ne s'insère pas chez Shin qui, d'ailleurs, ne comprend pas vraiment ce qu'il lui arrive puisqu'il n'a fait que suivre "les règles". Effrayant, n'est-ce pas ? Et ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres...

Je le disais au début, un témoignage reste un témoignage, avec ses qualités et ses défauts. Et celui-ci a déjà montré ses limites. En effet, des polémiques ont eu lieu car il s'avère que certaines choses sont inexactes selon l'aveu récent du rescapé lui-même. Les dates, les lieux ne sont pas forcément réels. Ainsi, Shin n'aurait pas vécu dans le camp 14 (il y serait né cependant), réputé pour être le pire, mais dans le 18, aux conditions un peu moins difficiles. Il n'aurait pas vécu dans un dortoir de garçons mais avec son père. Il n'aurait pas été torturé à 13 ans mais à 20... Pour autant, cela change-t-il vraiment quelque chose ? Certes, on pourra alors se demander si toute l'histoire racontée n'est pas sortie de l'imagination de l'auteur mais il y a quand même des choses qui ne trompent pas : les médecins ont déclaré que toutes les cicatrices, blessures et traumatismes sur son corps étaient bien dus aux tortures subies. de plus, la Corée du Nord a confirmé la mort de la mère et du frère (mais pour assassinat et non pour projet de fuite... Qui croire ?) Les spécialistes disent que lorsqu'on a vécu de telles horreurs, la mémoire est morcelée. Shin, lui, dit avoir menti pour ne pas avoir à revivre ces moments douloureux mais aussi par honte. Cependant, l'on sait que la Corée du Nord a tenté de le faire taire. Il serait donc fort possible qu'il soit revenu sur ses aveux sous la pression. Au final, s'il est bien libre physiquement, on peut noter qu'il est toujours tiraillé psychologiquement.

Quoi qu'il en soit, ce livre reste intéressant pour se faire une petite idée de ce qu'il se passe au-delà de ces murs.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Ayant réalisé il y a peu que mes connaissances sur la Corée du Nord relevaient davantage des médias, de la presse politique que de la littérature... à part quelques témoignages, dont celui de Claude Lanzmann dans - le lièvre de Patagonie -, j'avoue ne pas avoir gardé d'autres traces littéraires concernant cet énigmatique pays que celles offertes par le père de - Shoah -, je suis donc parti en quête d'écrivains "locaux", sachant que dans le pays le plus fermé du monde et au monde, trouver une plume libre relevait davantage de la gageure, du biais cognitif, que d'une démarche réaliste.

Il m'est vite apparu que ce qu'il y avait d'accessible en terme de livres - je veux dire de livres témoignage ... tels ceux de Soljenitsyne au temps de l'URSS, de Varlam Chalamov, de Vassili Grossman, de Liao Yiwu, de Yu Hua dans la Chine communiste... n'existait et cela va de soi, n'existe pour ce qui est de la Corée des Kim que grâce à des plumes étrangères, comme celle de Pierre Haski, grâce auquel le "monde libre" a pu avoir connaissance du triste sort que Pékin a infligé au malheureux Liu Xiaobo, dans l'excellent livre qu'il lui a consacré : - Liu Xiaobo, L'homme qui a défié Pékin -.

C'est ainsi qu'après recherches, je suis tombé sur le journaliste américain Blaine Harden, lequel a pu rencontrer et gagner la confiance de Shin Dong-Hyuk, seul et unique évadé du camp 14, un des six camps de concentration ( kwanlisos ) du "Pays du matin frais", dans lesquels sont internés 150 à 200 000 prisonniers, hommes, femmes, enfants ; le camp 14 étant considéré de l'avis unanime comme celui où le régime, les conditions d'enfermement et de survie sont les plus "extrêmes", les plus dures.

J'ai choisi de ne pas divulgâcher celle qui sera peut-être une de vos prochaines lectures et vraisemblablement une de vos découvertes sur le goulag nord-coréen.
Autant il peut apparaître cohérent, compréhensible que l'on résume un roman, que l'on se réfère à quelques citations de l'oeuvre, autant éparpiller façon puzzle quelques bribes de la rencontre entre Blaine Harden et Shin Dong-Hyuk et surtout le témoignage qui s'ensuit, m'apparaît contre-productif tant cette rencontre et cette découverte relèvent à mon sens d'un processus, d'une initiation, d'une révélation... Plus que jamais j'ai le sentiment que le lecteur doit y aller seul et pas précédé d'informations prémâchées, d'explications et d'impressions "tierces"...

Sachez seulement qu'au "pays des grands leaders", au "pays des grands secrets" où règne en maître absolu "le grand soleil du XXIème siècle", celui auquel un "canard orangé" a, de l'autre côté de l'Atlantique, donné le surnom de "rocket man" ( vous avez raison, on est bien chez les barjots ), il existe un système concentrationnaire pire que le goulag...
Ce système mis en place par les Kim est au-delà du réel, au-delà de l'entendement, au-delà de ce que nos écrivains de science-fiction ont pu imaginer...

Ce système au-delà des mots, Blaine Harden et Shin Dong-Hyuk vous en ouvrent les portes dans ce livre où l'effroi frappe à chaque page et où, pour la première fois, il est possible d'appréhender intellectuellement l'incroyable mécanique de déshumanisation mise en oeuvre par un régime totalitaire... dont hélas Blaine Harden prédit imprudemment dans cet ouvrage la fin prochaine...
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Existe-il pour vous un livre ou un ouvrage qui ait changé votre vie ? Votre façon de penser ?

S'il y en a un pour moi qui m'a ébranlée au point de tout remettre en question, c'est bien "Rescapé du Camp 14". En 2012, j'ai rencontré un jeune homme de la Corée du Sud, ce qui m'a fait me rendre compte que je ne connaissais absolument rien de l'autre côté, celui du Nord. À cette époque, j'ai emprunté plusieurs faits vécus sur le sujet et bien que tous soient extrêmement touchants et sensibles, celui-là m'a encore plus secouée.

C'est l'histoire de Shin Dong-hyuk. Un homme qui est né dans un camp de travail et qui n'en est jamais sorti jusqu'à son évasion, en 2005, à l'âge de 23 ans. Shin n'a jamais connu autre chose que ce camp et ses barbelés. Ses parents ne se sont pas unis dans des conditions d'amour mais parce qu'eux aussi étaient emprisonnés dans ce camp et c'est la direction du fichu camp qui décide une fois par année qui couche avec qui. Shin ne sait pas ce qu'est la Corée, il ne sait pas qu'elle est divisée en deux et il ne sait même pas qu'il existe un monde en dehors de la clôture. Pour lui, le Camp 14 est le seul monde qui soit. Même la question du "leader" est floue et peu présente dans sa vie tellement ils vivent en dehors de tout.

Exécutions, maltraitances, tortures, manipulations, mensonges, famine, esclavage, rien ne lui a été épargné, de même qu'aux autres prisonniers du camp. C'est jeune enfant qu'il a assisté à sa première exécution, en représailles à quelque acte commis par quelqu'un pour quelconque raison absurde. Ses souvenirs, personne ne voudrait les avoir. C'est l'horreur qui se passe en ces murs. Des ouvriers sont envoyés aux mines et ne ressortent jamais voir la lueur du jour car emprisonnés à l'intérieur. Et pourtant, personne ne connaît l'existence de ces camps, de ses dizaines de milliers de travailleurs assignés à des travaux forcés 18-20 heures par jour pour une cuillerée de soupe ou de maïs chaque jour seulement pour nourriture. Ça ne fait jamais les manchettes. Ça ne se passe pas en 1930. Ça se passe maintenant. Aujourd'hui même. Et on le sait parce que quelqu'un a réussi à en sortir...C'est par miracle que Shin a pu s'en sortir vivant et cela lui a pris deux ans par la suite à rejoindre la Corée du Sud.

Des récits d'histoire, il y en a beaucoup. Souvent, c'était le passé. Cela ne rend pas les choses moins graves mais peut-être ressent-on plus l'espace temps entre nous, donc une certaine distance entre passé et présent. Comme si ce qui était arrivé autrefois était impensable et non-applicable aujourd'hui.

Ce qui m'a ébranlée dans "Rescapé du Camp 14", c'est qu'en prenant conscience de tout ce que cet être humain avait pu subir (ainsi que tellement d'autres), ça se produisait PENDANT que moi j'étais encore aux études. Pendant que dans mon petit monde tout ce qui importait était d'aller à mes cours, travailler, faire mes devoirs et avoir des loisirs, ce jeune d'environ mon âge rampait entre des barbelés électrifiés pour sauver sa peau ! Ça remet beaucoup de choses en perspective ! Comment peut-on rester vautrés dans nos divans et nos salons alors que tellement de gens souffrent ? Cette histoire, elle m'a empêchée de dormir, elle m'a tourné dans la tête pendant des mois, à essayer de comprendre comment et pourquoi nos pays ne tentaient pas d'aider tous ces gens qui vivent l'enfer depuis tellement longtemps. Comment pourrions-nous faire pour qu'ils soient tout simplement "libres" en Corée du Nord ? Quelqu'un peut-il arrêter ce fou au pouvoir ? Des fous qui se succèdent depuis les années 50.

Ce livre a changé ma vie. Il m'a fait changer mes habitudes de vie. Plus jamais je n'ai considéré l'alimentation de la même manière. Honte à moi, je gaspillais beaucoup trop de nourriture à l'époque, j'achetais trop, plus que ce que j'avais besoin. du jour au lendemain, cela a changé. Je n'ai plus jamais consommé de la même façon et aujourd'hui j'achète uniquement selon les besoins, rien en surplus pour ne pas avoir à jeter. J'y pense toujours à deux fois.

Shin a déjà mentionné qu'un des plus beaux jours de sa vie avait été de pouvoir voter pour la première fois. Son premier vote après son arrivée en Corée du Sud. Imaginons un peu...Nous on fait cela mécaniquement, machinalement presque...même que cela nous irrite, parfois ! Élections fédérales, provinciales, municipales...on a l'impression de voter une fois par année ! Mais tout ce que voter peut représenter pour quelqu'un comme lui, qui n'a jamais eu même la chance de dire ce qu'il pense sous peine d'être pendu ! Incroyable. La liberté, c'est la plus grande richesse en ce monde. Et c'est vraiment quelque chose qu'il ne faut jamais, jamais perdre...Cela m'a fait apprécier la chance que nous avions. de façon générale, je suis moins négative et chaque fois que j'ai l'impression d'avoir une mauvaise journée ou d'avoir envie de me plaindre, je pense à lui et je me dis que ma journée ne peut pas être pire que la sienne. Cela me fait prendre conscience de la chance que nous avons, encore.

Cette année-là, j'avais offert ce livre à toutes mes connaissances pour Noël, même ceux qui n'aiment pas lire, car je trouve cela tellement important de partager. Trop de faits vécus restent dans l'ombre et pour que les communautés réagissent, peut-il faut-il commencer par les faire entendre ? Prendre conscience de ce qui se passe plus loin et partager l'information, peut-être un jour cela fera-t-il avancer les choses...

"C'est l'histoire d'un homme brisé par un pays où l'absurde le dispute à l'horreur, mais aujourd'hui bien décidé à éveiller le monde à une réalité d'autant plus révoltante qu'elle demeure délibérément ignorée."

Si vous avez envie de découvrir l'histoire de Shin, plongez ! Je vous avertis, ce ne sera pas plaisant. C'est révoltant. Ça vous fera pleurer. Mais son histoire est le copié-collé de toutes les autres qui sont toujours, à ce jour, emprisonnées dans ces camps.
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Le journaliste Blaine Harden qui dirige le bureau du Washington Post à Tokyo, a recueilli le témoignage de l'effroyable existence de Shin Dong-hyuk. Ce dernier est né et a survécu jusqu'à l'âge de 23 ans, dans l'un des camps de concentration de l'État Totalitaire Communiste de la dynastie des Kim : le Camp 14.
Shin assista à sa première exécution publique à l'âge de 4 ans seulement, puis par la suite, il assistera régulièrement à de nombreuses autres exécutions…
Dans l'école du camp, les gardes-maîtres armés répètent inlassablement aux élèves, que coule dans leurs veines, un sang impropre. En classe, en juin 1989, Shin alors encore tout petit enfant, vit le maître, pistolet à la ceinture, accuser de « vol » de cinq grains de maïs, une petite fille (page 49) :
« Espèce de pute ! Tu as volé ce maïs ? Tu veux qu'on te coupe les mains ?. »
Furieux, alors que la petite fille n'avait que 6 ans, le maître-bourreau la battit à mort !
Ce camp est le camp de l'enfer. En effet, l'Etat Totalitaire Communiste se sert par exemple, des exécutions publiques, comme « outil pédagogique » pour faire régner la Terreur permanente, non seulement dans les camps, mais également dans tout le pays.
L'infâme rituel est toujours le même : les gardes plantent un poteau, attachent le détenu au poteau, puis les tortionnaires emplissent la bouche du condamné de cailloux, afin qu'il ne puisse pas insulter le Régime avant d'être fusillé. Puis, des gardes fusillent de plusieurs balles la victime. L'autre immonde mode d'exécution est la pendaison.
Shin découvrira que bien plus tard : les noms, l'existence et l'histoire des bourreaux du Peuple Nord-Coréen : le « Grand Leader » Kim Il-sung (le grand-père) décédé en 1994 et fondateur de ce Régime Totalitaire Communiste en 1948 et le fils, le « Dirigeant bien-aimé » Kim-Jong-il mort le 17 décembre 2011. Aujourd'hui, le pays est sous la domination Totalitaire du petit-fils : Kim Jong-eun.
Shin a tellement souffert toute sa jeunesse, que son corps est couvert de stigmates de tortures, et ses bras son déformés par les travaux forcés. Comme beaucoup de Nord-Coréens son développement physique (et notamment sa taille : 1,68 mètre) a été bridé a cause de la malnutrition permanente dans les camps et dans le pays ; surtout suite à la Famine généralisée de la décennie des années 1990, conduisant à la mort de plus de 1 000 000 de Nord-Coréens sur une population totale de 23 millions d'habitants. A cette époque, les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud envoyèrent une importante aide alimentaire permettant de juguler cette immense famine qui, sinon, aurait été encore beaucoup plus dramatique. Mais les bureaucrates, les cadres du Parti, les officiers de l'Armée et les membres de l'élite détournèrent et volèrent ignominieusement : environ 30 % de l'aide totale, pour la revendre.
Un jour on a coupé, à Shin, la phalange de son majeur droit, pour le punir d'avoir laissé tomber une machine à coudre dans l'escalier d'un atelier de confection du camp.
Lorsqu'il était adolescent, il a également été pendu par les poignets, les chevilles et par…, le pubis à l'aide d'un crochet, le tout maintenu au dessus d'un brasier qui lui a brûlé le dos.
Ses chevilles gardent les marques des liens qui lui ont cisaillé la peau, lorsqu'il fut pendu la tête en bas durant des heures, au cachot…
Son corps est jonché de brûlures, de cicatrices, et ses tibias ont été lacérés et brûlés par les barbelés électrifiés, lors de son évasion.
Constamment tenaillé par la faim, Shin avait comme obligation, pour compléter sa misérable ration de nourriture et pouvoir survivre : de chasser les rats, les grenouilles, les serpents et les insectes.
Né dans le Camp 14, Shin a été élevé sans presque aucune éducation, sans sentiments humains comme : l'amour, la compassion, le partage, l'amitié, la dignité, etc.. Bref, sans principes moraux, ne sachant même pas faire la distinction entre le Bien et le Mal. Il ne possédait donc aucun sentiment altruiste ; il errait dans le camp comme les autres prisonniers, en tant que « non-être » et comme l'écrit fort justement Blaine Harden, finalement pour survivre, Shin devait se nier « en tant qu'être humain civilisé ». C'est comme cela qu'il dénonça son frère et sa mère qui projetaient de s'évader et qui furent exécutés arbitrairement et sommairement. En effet, l'un des seuls enseignements qu'il ait reçu au camp, consistait dans l'obligation de moucharder et de dénoncer tout le monde : famille, amis, voisins, copains de classe, etc..
Tragiquement donc, à l'âge de 14 ans Shin dut assister à l'exécution de son frère, Shin He Geun, qui fut fusillé ; et de sa mère, Jang Hye Gyung, qui fut, quant à elle, pendue en même temps que son fils !
Dans le camp la déshumanisation est totale, d'ailleurs, An, un ancien garde qui s'est échappé de Corée du Nord en 1994, déclare (page 63) :
« On nous a appris à ne pas les voir comme des êtres humains, ajoute-t-il. Les instructeurs nous ont ordonné de ne jamais montrer de pitié. Ils nous ont dit : « Dans le cas contraire, vous deviendrez des prisonniers ». »
Si la pitié est interdite, il n'y a guère d'autres règles pour le traitement des prisonniers. En conséquence, selon An, les gardes peuvent laisser libre cours à leurs pulsions et à leurs excentricités, et s'en prendre souvent aux jeunes et jolies détenues, qui consentent dans la plupart des cas à des relations sexuelles dans l'espoir d'être mieux traitées.
Si la femme tombe enceinte, son bébé et elle sont tués, dit An en notant qu'il a personnellement vu des nouveau-nés frappés à mort avec des barres de fer. La théorie justifiant les camps est qu'il faut nettoyer jusqu'à trois générations les familles de ceux qui n'ont pas une pensée correcte. Il serait donc illogique de permettre à une nouvelle génération de voir le jour. »
Malheureusement, Shin ne réussit à décrypter les terribles et définitives conséquences de ses actes, que lorsqu'il pût prendre suffisamment de recul sur sa jeune existence, une fois qu'il fût libre en Corée du Sud, puis aux Etats-Unis.
En Corée du Nord, alors que de nombreux Nord-Coréens tentent de mettre fin à leurs jours pour échapper à l'enfer, aussi délirant que cela puisse paraître, même le suicide est condamné par ce fanatique régime Totalitaire Communiste. Ici, Blaine Harden reprend le témoignage d'un autre rescapé, Kang Chol Hwan, issu de son formidable récit : « Les Aquariums de Pyongyang », (page 105) :
« le suicide n'est pas rare dans les camps, a écrit Kang Chol Hwan dans ses souvenirs de la décennie qu'il a passée dans le Camp 15. Nombre de nos voisins ont choisi cette voie (…). En général, ils laissent une lettre critiquant le régime, ou au minimum sa Force de sécurité (…). A dire vrai, des représailles, sous une forme ou sous une autre, attendent toujours la famille, qu'il y ait ou non une lettre critique. C'est une règle qui ne souffre aucune exception. le Parti considère le suicide comme une tentative pour échapper à son emprise et, si le coupable n'est plus là pour payer sa faute, il faut bien qu'on la rejette sur quelqu'un d'autre. »
Il existe encore de nos jours, entre 150 000 et 200 000 prisonniers dans les camps de concentration Nord-Coréens (pages 23 et 24) :
Selon les services de renseignements sud-coréens, on dénombre six camps. le plus grand mesure cinquante kilomètres de long sur quarante kilomètres de large, une superficie supérieure à la ville de Los Angeles. Cinq sont entourés de clôtures électrifiées ponctuées de miradors. Deux des camps, les numéros 15 et 18, recèlent des zones de rééducation où quelques détenus ont la chance de bénéficier des enseignements salutaires de Kim Jong Il et de Kim Il Sung. Si les prisonniers retiennent suffisamment ces enseignements et convainquent les gardes de leur loyauté, ils peuvent être libérés, mais, toute leur vie, ils seront surveillés par les forces de sécurité de l'État.
Le reste des camps constitue des « districts de contrôle total », où les prisonniers, dits « irrécupérables », se tuent au travail. »
Le Camp 14 séquestre environ 50 000 prisonniers et couvre 280 kilomètres carrés, comprenant des fermes, des mines, et des usines.
Dans le camp, ceux qui y sont nés sont séparés des nouveaux arrivants. En effet, le Régime ne veut surtout pas que ces nouveaux prisonniers informent et « contaminent socialement » les « autochtones », totalement ignorant que la tragédie qu'ils vivent est également appliquée à tous les citoyens Nord-Coréens. Car effectivement, la Corée du Nord n'est qu'un gigantesque camp-prison à ciel ouvert, à l'intérieur duquel existent des camps de concentration, de travaux forcés et de rééducation.
Shin a travaillé dans une mine à partir de l'âge de 10 ans, devant charger deux tonnes de minerai dans des wagonnets et les pousser en haut d'une pente. Son quota était de quatre wagonnets par jour à charrier. Un jour, une autre enfant, Moon Sung Sim, trébuchant sur l'un des rails du wagonnet eut le gros orteil écrasé et dut être amputée…, sans anesthésie.
Après des journées de travail éreintantes et interminables, les enfants devaient subir en plus, des séances d'autocritique, après un frugale dîner. Chacun devant avouer des fautes imaginaires, comme c'est la « grande tradition » dans l'absurde univers Totalitaire Communiste.
Au moins 26 autres survivants de camps vivent actuellement en liberté, dont 15 qui ont été emprisonnés dans les quartiers de rééducation du Camp 15. Mais Shin est le seul évadé qui soit né et ait vécu uniquement dans un camp de concentration jusqu'à son évasion, en 2005.
Dans ces camps, ceux qui survivent au manque d'hygiène, à la famine permanente, aux travaux forcés, au froid ou aux exécutions sommaires.., ne dépassent guère l'âge de 50 ans.
Les gouvernements Occidentaux et les organisations des Droits de l'Homme estiment à plusieurs centaines de milliers, les prisonniers morts en détention !
Dans le système Totalitaire Communiste Nord-Coréen, la condamnation d'un membre de la famille, « contamine » tous les autres membres, comme l'a inscrit Kim Il-sung dans la loi de 1972 (page 26) :
« La semence des ennemis de classe, quels qu'ils soient, doit être éliminée sur trois générations. »
Bien que le pays regorge de rivières et de torrents, la dynastie des Kim a été incapable de construire ou de maintenir en bon état, des barrages hydroélectriques. Alors, lorsque l'Union Soviétique a disparu subitement en 1991, cela coupa tout aussi promptement l'alimentation en pétrole bon marché, en Corée du Nord. Depuis cette époque, il n'y a quasiment plus d'éclairage électrique dans le pays, sauf évidemment dans une petite partie de la Capitale, Pyongyang, chasse gardée des oligarques du Parti Communiste, ou seulement quelques heures par jour dans le reste du pays. D'ailleurs, les photographies par satellite de la péninsule Nord-Coréenne, de nuit, montrent un trou noir entre la Corée du Sud et la Chine, illuminées.
Justement en 1998, Shin participa à la construction d'un barrage hydroélectrique sur le fleuve Taedong. Des milliers de prisonniers-esclaves furent mobilisés pour la construction de cette gigantesque infrastructure. Les enfants des écoles furent eux aussi « embauchés » pour ces travaux forcés. Ce chantier se déroula à une dizaine de kilomètres du Camp 14. le barrage fut construit à l'aide de moyens extrêmement rudimentaires, sans machines, avec seulement des pelles, des sceaux et leurs mains nues. Un véritable travail d'esclaves !
(Cela me rappelle immédiatement et immanquablement, entre autres, la construction monumentale du canal de la mer Blanche ou « Belomorkanal » sous Staline, qui coûta la vie à environ 25 000 zeks (prisonniers) entre 1931 et 1933 ; confer Anne Applebaum : « Goulag : Une histoire »).
Qui plus est, en juillet 1998, lors de la saison des pluies, des centaines d'adultes et d'élèves enrôlés dans la construction du barrage furent emportés et noyés dans les eaux du Taedong ! Shin et ses camardes durent extraire et récupérer les cadavres pour les enterrer (page 115) :
« Trois jours après la décrue, il se souvient d'avoir évacué sur son dos le corps boursouflé d'une fille. Au début, celui-ci était souple, mais il s'est bientôt raidi, les bras et les jambes écartés. Pour faire entrer le cadavre dans la tombe étroite creusée à la main, il a dû briser les membres. »
La Corée du Nord est incapable de se subvenir à elle-même économiquement, à commencer par l'essentiel : la nourriture !
Alors pour pallier à l'aide que fournissait l'U.R.S.S., la Corée du Sud a aidé généreusement son voisin Nord-Coréen, entre 2000 et 2008, principalement : en nourriture évidemment, en engrais et en investissements divers… Depuis 2008, c'est la Chine qui fournie en grande partie l'aide alimentaire et le pétrole.
Un jour les autorités exigèrent une nouvelle fois de Shin, qu'il dénonce et cafarde, à l'encontre d'un certain Park Yong Chul, comme il avait été « dressé » à le faire, dans l'espoir d'obtenir une ration alimentaire supplémentaire. Park distingué et très instruit, décrivit à Shin, la vie dans le monde extérieur et son fonctionnement, en dehors du Camp 14 et de la Corée du Nord. Shin émerveillé, subjugué par ces belles explications, décida pour la première fois de sa vie de ne pas dénoncer et trahir cet homme si cultivé.
Ne supportant plus la persécution qu'il subissait depuis sa naissance, Shin décida à la mi-décembre 2004 de s'échapper, non seulement du Camp 14, mais également de la Corée du Nord. Park et Shin décidèrent ensemble de tenter cette aventure éminemment risquée pour leur vie. Les deux prisonniers se complétaient merveilleusement bien : Shin connaissait par coeur le Camp 14 et Park maîtrisait parfaitement la géographie hors du camp, afin de regagner la Chine, puis la Corée du Sud. C'était décidé, ils programmèrent leur évasion pour le 2 janvier 2005.
Travaillant à proximité des limites du camp, le hasard voulu que ce soit Park qui tenta de traverser l'infranchissable barrière de barbelés électrifiés. Touchant le barbelé du bas, Park fut foudroyé, paralysé par le courant à haute tension et mourut instantanément. le corps de Park affaissant le barbelé du bas, ce léger entrebâillement entre les barbelés permit à Shin de se glisser sur le corps mort de Park, en faisant attention de ne pas toucher le barbelé juste au dessus. Mais malgré tous ses efforts, ses tibias touchèrent le barbelé et ses jambes furent alors brûlées des genoux jusqu'aux chevilles. Par la suite, ses jambes brûlées saignèrent durant plusieurs semaines… Shin eut une chance incroyable de pouvoir franchir ce mur électrique, mais malheureusement…, pas Park…
Depuis 1995, le nombre d'exilés Nord-Coréens en destination de la Corée du Sud a augmenté de manière exponentielle (page 171) :
« Une tendance est pourtant claire : le nombre de Nord-Coréens qui demandent l'asile en Corée du Sud a augmenté presque chaque année depuis 1995. Il y en a eu quarante et un en 1995 et, en 2009, leur nombre avait bondi à près de trois mille. Plus de transfuges nord-coréens sont arrivés dans le Sud entre 2005 et 2011 que pendant toute la période qui précède, depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.
Il semble que lorsque Shin a entrepris sa marche vers la frontière, en janvier 2005, les conditions d'évasion étaient assez bonnes. On en a la preuve avec le grand nombre de migrants – environ quatre mille cinq cents – qui sont parvenus à atteindre la Corée du Sud en 2006 et 2007. (Cela prend en général un ou deux ans aux transfuges pour passer de Chine en Corée du Sud).
La perméabilité de la frontière nord-coréenne s'améliore quand les gardes-frontières et les fonctionnaires locaux peuvent accepter des pots-de-vin sans punitions draconiennes de la part de leurs supérieurs. »
Fin janvier 2005, Shin parvint enfin, après un mois d'errance à travers la Corée du Nord, à traverser le fleuve Tumen qui est gelé en hiver et qui sépare la frontière Nord-Coréenne de celle de la Chine.
En Chine, Shin devait être extrêmement vigilant car il existe des accords à caractères répressifs, entre les deux pays (pages 203 et 204) :
« Durant le demi-siècle qui vient de s'écouler, les gouvernements de Chine et de Corée du Nord ont fait coopérer leurs forces de sécurité pour s'assurer que le passage intermittent de Coréens à travers la frontière ne se transforme jamais en flot continu. Selon le gouvernement sud-coréen, un accord secret sur la sécurité à la bordure a été signé entre les deux pays au début des années 1960. Un second accord, en 1986, a engagé la Chine à renvoyer les transfuges nord-coréens chez eux, où ils risquent le plus souvent d'être arrêtés, torturés et incarcérés pendant des mois ou des années dans un camp de travail.
En emprisonnant ses citoyens dans leur propre pays, la Corée du Nord défie l'accord international qu'elle s'est obligée à respecter. L'accord de 1966 stipule : « Toute personne est libre de quitter n'importe quel pays, y compris le sien. »
En qualifiant tous les transfuges nord-coréens de « réfugiés économiques » et en les renvoyant chez eux où les attendent des persécutions, la Chine trahit ses obligations en tant que signataire de la Convention internationale sur les réfugiés de 1951. Beijing refuse d'autoriser ces gens à réclamer l'asile et empêche le bureau de la Haute Commission pour les réfugiés des Nations unies de travailler sur la frontière avec la Corée du Nord. »
Après un parcours périlleux en Chine, Shin arriva enfin au consulat de Corée du Sud en Chine, grâce à l'aide d'un journaliste. Puis, encore six mois plus tard, il s'envola pour Séoul (la Capitale de la Corée du Sud). Il fut alors recueilli dans le Centre de réinsertion d'Hanawon qui signifie « maison de l'unité ». Ce Centre fut construit en 1999 par le ministère de l'Unification, dans le but d'héberger les transfuges de Corée du Nord, afin de les nourrir et pour qu'ils puissent s'adapter à la culture Capitaliste. Car ils ont énormément de choses à apprendre de la vie d'un pays Libre, Démocratique et Moderne (pages 219 et 220) :
« Dans ce but, le centre emploie des psychologues, des conseillers professionnels et des enseignants de tout ce qu'on peut imaginer, depuis l'histoire du monde jusqu'à la conduite automobile. Il y a aussi des médecins, des infirmières et des dentistes. En trois mois de séjour dans les lieux, les transfuges apprennent quels sont leurs droits selon la loi sud-coréenne, et on les emmène sur le terrain, faire des achats dans une galerie marchande, ouvrir un compte en banque, utiliser le métro. »

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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Ce livre éprouvant retrace l'histoire d'un jeune Coréen du Nord, qui a réussi à s'enfuir d'un camp de concentration dans lequel il a vécu depuis sa naissance. La fuite de Shin Dong-Hyuk, qui a traversé la Corée du Nord, puis une partie de la Chine, son essai d'adaptation en Corée du Sud et son établissement aux Etats-Unis, sont décrites par le menu.
La complexité du héros, sa force de caractère exceptionnelle et sa culpabilité s'expliquent par les épreuves qu'il a subies (torture, famine, pression psychologique) mais aussi par les belles rencontres qu'il a faites durant son adolescence et sa jeunesse.
En effet, presque personne n'est en mesure de s'échapper de ces camps bien cachés dans un pays fermé et dont les autres nations ont peur.
Ce récit m'a donné envie d'en savoir plus à ce sujet, mais que faire ... ?
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critiques presse (3)
NonFiction
28 novembre 2012
Tout le récit de Shin Dong-hyuk est instructif car il dépeint l'économie en voie de sous-développement rapide autant que les pratiques du Bowibu.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Lexpress
16 mai 2012
A l'histoire inouïe de Shin, qui se lit comme un roman d'aventure où le rêve se mêlerait au cauchemar, Harden ajoute de nombreuses précisions sur la Corée du Nord et son épouvantable régime.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
26 avril 2012
Ce récit est étayé par des témoignages d'anciens gardes, enrichi d'enquêtes que Blaine Harden, qui a recueilli le témoignage de Shin et écrit le livre, a menées sur la Corée du Nord dont la population ne survit que grâce à l'aide alimentaire des États-Unis et de la Corée du Sud.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Quand la mère de Shin réalise son quota de travail du jour, elle peut rapporter à manger chez elle pour le dîner et pour le lendemain. À quatre heures du matin, elle prépare le petit déjeuner et le déjeuner pour son fils et elle. Les repas sont tous identiques : bouillie de maïs, chou au vinaigre et soupe de chou. Shin devra se contenter de ce même menu presque chaque jour pendant vingt-trois ans, sauf quand on le privera de nourriture pour le punir.
À l'époque où il est trop jeune pour aller à l'école, sa mère le laisse souvent seul à la maison, le matin, et rentre des champs à midi pour déjeuner. Shin, rongé par la faim en permanence, dévore sa portion de la mi-journée dès le départ de sa mère au travail.
Il mange aussi le repas de sa mère.
À son retour, ne trouvant rien pour se nourrir, elle se met en colère au point de frapper son fils à coups de houe, de pelle, de tout ce qui lui tombe sous la main. Il se retrouve le nez en sang et le crâne couvert de bosses. Il arrive que ces corrections soient d'une violence comparable à celles qu'il subira de ses gardes quand il sera plus grand.
Shin continue pourtant à prendre à sa mère autant de nourriture qu'il le peut, aussi souvent qu'il le peut. Il n'a pas conscience qu'elle aura faim s'il mange son repas. Des années plus tard - elle déjà morte et lui vivant aux États-Unis -, il me dira qu'il aimait sa mère, mais il s'agira d'une construction rétrospective, après avoir appris que les enfants civilisés doivent aimer leur mère. À l'époque du camp, dépendant d'elle pour tous ses repas, lui volant de la nourriture, subissant ses coups, il la considère comme une rivale dans sa lutte pour survivre.
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Les dix lois du Camp 14.

1. Ne tentez pas de vous évader.
2. Le rassemblement de plus de deux prisonniers est interdits.
3. Ne volez pas.
4. Il faut obéir inconditionnellement aux gardes.
5.Toute personne qui voit un fugitif ou une personne suspecte doit la dénoncer au plus vite.
6. Les prisonniers doivent se surveiller les uns les autres et dénoncer immédiatement tout comportement suspect.
7.Les prisonniers doivent faire davantage que réaliser le travail qui leur est assigné chaque jour.
8. Hors du lieu de travail, il ne doit pas y avoir d'échanges entre les sexes pour des raisons personnelles.
9. Les prisonniers doivent se repentir sincèrement de leurs erreurs.
10. Les prisonniers qui violent les lois et le règlement du camp seront abattus sur-le-champ.
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Un des avantages pervers d'une naissance au camp est un manque total d'attentes. Si misérable que se soit senti Shin, il n'a donc jamais glissé vers un désespoir total. Il n'a aucun espoir auquel renoncer, puisqu'il n'en a jamais eu; il n'a connu aucun passé dont il devrait faire le deuil; il n'a pas de fierté à défendre. Il ne trouve pas dégradant de lécher de la soupe à terre. Il n'a pas honte de supplier un garde de lui pardonner. Ça ne trouble pas sa conscience de trahir un ami pour obtenir de la nourriture. Ce ne sont là que des astuces pour survivre, pas des motifs de suicide.
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[...] ils symbolisent les antipodes où se situent les privilèges et les privations en Corée du Nord, une société officiellement sans classes sociales mais où, en fait, le sang et la naissance déterminent tout.
Kim Jong Eun est né prince communiste, élève derrière les murs du palais. Il a fait ses études en Suisse sous un faux nom avant de regagner sa patrie pour suivre les cours d'une université d'élite portant le nom de son grand-père. En 2010, il a été promu général quatre étoiles de l'Armée du peuple nord-coréen, malgré son manque total d'expérience militaire de terrain. pour lui, tout est possible en Corée du Nord. [...]
Shin, né esclave, élevé derrière une clôture, n'a appris à l'école qu'à lire et à compter. Comme son sang est perverti par les crimes présumés des frères de son père, aucune loi ne le protège. Pour lui, rien n'est possible. La carrière que l’État lui a prescrite ne lui propose que des travaux forcés et une mort prématurée, causée par la maladie et la faim chroniques - le tout sans mise en accusation, sans procès, sans appel envisageable, et dans le plus grand secret.
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Je ne savais rien de l'empathie ou de la tristesse. On nous formait dès la naissance à ne pas être capables d'éprouver des émotions humaines normales. Maintenant que je suis sorti, j'apprends ce que sont les émotions. J'ai pu pleurer. Je sens que je deviens humain.
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