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Citations sur Rescapé du camp 14 (26)

Quand la mère de Shin réalise son quota de travail du jour, elle peut rapporter à manger chez elle pour le dîner et pour le lendemain. À quatre heures du matin, elle prépare le petit déjeuner et le déjeuner pour son fils et elle. Les repas sont tous identiques : bouillie de maïs, chou au vinaigre et soupe de chou. Shin devra se contenter de ce même menu presque chaque jour pendant vingt-trois ans, sauf quand on le privera de nourriture pour le punir.
À l'époque où il est trop jeune pour aller à l'école, sa mère le laisse souvent seul à la maison, le matin, et rentre des champs à midi pour déjeuner. Shin, rongé par la faim en permanence, dévore sa portion de la mi-journée dès le départ de sa mère au travail.
Il mange aussi le repas de sa mère.
À son retour, ne trouvant rien pour se nourrir, elle se met en colère au point de frapper son fils à coups de houe, de pelle, de tout ce qui lui tombe sous la main. Il se retrouve le nez en sang et le crâne couvert de bosses. Il arrive que ces corrections soient d'une violence comparable à celles qu'il subira de ses gardes quand il sera plus grand.
Shin continue pourtant à prendre à sa mère autant de nourriture qu'il le peut, aussi souvent qu'il le peut. Il n'a pas conscience qu'elle aura faim s'il mange son repas. Des années plus tard - elle déjà morte et lui vivant aux États-Unis -, il me dira qu'il aimait sa mère, mais il s'agira d'une construction rétrospective, après avoir appris que les enfants civilisés doivent aimer leur mère. À l'époque du camp, dépendant d'elle pour tous ses repas, lui volant de la nourriture, subissant ses coups, il la considère comme une rivale dans sa lutte pour survivre.
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Les dix lois du Camp 14.

1. Ne tentez pas de vous évader.
2. Le rassemblement de plus de deux prisonniers est interdits.
3. Ne volez pas.
4. Il faut obéir inconditionnellement aux gardes.
5.Toute personne qui voit un fugitif ou une personne suspecte doit la dénoncer au plus vite.
6. Les prisonniers doivent se surveiller les uns les autres et dénoncer immédiatement tout comportement suspect.
7.Les prisonniers doivent faire davantage que réaliser le travail qui leur est assigné chaque jour.
8. Hors du lieu de travail, il ne doit pas y avoir d'échanges entre les sexes pour des raisons personnelles.
9. Les prisonniers doivent se repentir sincèrement de leurs erreurs.
10. Les prisonniers qui violent les lois et le règlement du camp seront abattus sur-le-champ.
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Je me suis échappé physiquement, mais je ne me suis pas échappé psychologiquement.
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Je ne savais rien de l'empathie ou de la tristesse. On nous formait dès la naissance à ne pas être capables d'éprouver des émotions humaines normales. Maintenant que je suis sorti, j'apprends ce que sont les émotions. J'ai pu pleurer. Je sens que je deviens humain.
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Un des avantages pervers d'une naissance au camp est un manque total d'attentes. Si misérable que se soit senti Shin, il n'a donc jamais glissé vers un désespoir total. Il n'a aucun espoir auquel renoncer, puisqu'il n'en a jamais eu; il n'a connu aucun passé dont il devrait faire le deuil; il n'a pas de fierté à défendre. Il ne trouve pas dégradant de lécher de la soupe à terre. Il n'a pas honte de supplier un garde de lui pardonner. Ça ne trouble pas sa conscience de trahir un ami pour obtenir de la nourriture. Ce ne sont là que des astuces pour survivre, pas des motifs de suicide.
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Dans le Camp 14, une prison pour les ennemis politiques de la Corée du Nord, on interdit le rassemblement de plus de deux détenus, sauf à l'occasion des mises à mort, où tout le monde doit être présent. Le camp de travail utilise les exécutions publiques - et la peur qu'elles engendrent - comme outil pédagogique.

(Préambule)
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En cours, on n'a pas le droit de poser de questions. Elles mettent les enseignants en colère et déclenchent des bastonnades. Les maîtres parlent, les élèves écoutent. À force d'entendre répéter les mêmes choses, Shin apprend l’alphabet, les bases de la grammaire et la prononciation de mots dont il ne connaît pas la signification. Ses maîtres lui font craindre, à un niveau instinctif, de tenter d'obtenir des informations.
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Les gardes de Shin sont ses enseignants - et ses géniteurs, puisqu'ils ont choisi sa mère et son père. Ils lui apprennent que les prisonniers qui violent les règles du camp méritent la mort. Au flanc d'une colline, près de son école, on a apposé un slogan: "Tout selon les règles et le règlement." Le petit garçon a mémorisé les dix règles, "les dix commandements", comme il les appellera plus tard. Il sait encore les réciter par coeur. La première stipule: "Toute personne qui tenterait de s'évader sera abattue sur-le-champ."
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Pierre Rigoulot nous dit dans la postface qu'il faut lire absolument :
............ Que Shin va revenir au monde des vivants. Au monde où le Bien et le Mal sont des points de repère pour des choix responsables, au monde où l'on éprouve des sentiments de honte, où l'on a parfois besoin de demander pardon, où l'on se repent, où l'on peut avoir confiance en autrui et où l'on est capable aussi d'oubli, même si les cauchemars vous taraudent encore souvent la nuit ...... Puisse la Corée du Nord tout entière revenir bientôt dans le giron de l'humanité.
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[...] ils symbolisent les antipodes où se situent les privilèges et les privations en Corée du Nord, une société officiellement sans classes sociales mais où, en fait, le sang et la naissance déterminent tout.
Kim Jong Eun est né prince communiste, élève derrière les murs du palais. Il a fait ses études en Suisse sous un faux nom avant de regagner sa patrie pour suivre les cours d'une université d'élite portant le nom de son grand-père. En 2010, il a été promu général quatre étoiles de l'Armée du peuple nord-coréen, malgré son manque total d'expérience militaire de terrain. pour lui, tout est possible en Corée du Nord. [...]
Shin, né esclave, élevé derrière une clôture, n'a appris à l'école qu'à lire et à compter. Comme son sang est perverti par les crimes présumés des frères de son père, aucune loi ne le protège. Pour lui, rien n'est possible. La carrière que l’État lui a prescrite ne lui propose que des travaux forcés et une mort prématurée, causée par la maladie et la faim chroniques - le tout sans mise en accusation, sans procès, sans appel envisageable, et dans le plus grand secret.
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