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Il faut bien avouer que les livres concernant la Corée du Nord ne sont pas légion (et pour cause...). On sait très bien qu'il est difficile d'avoir quelque chose de fiable puisque rien ou presque ne filtre de ce pays fermé. Aussi, lorsque j'ai pris connaissance de ce livre, je me suis dit que cela serait une bonne façon, toute proportion gardée, de savoir un peu ce qu'il se passe dans ces goulags. Si je mets quand même un bémol, c'est parce qu'un témoignage n'est pas non plus une preuve absolue, quelque chose de fiable à 100%, soit parce que la mémoire peut faire défaut, soit parce que la personne peut mentir délibérément. On en a déjà eu l'expérience. Quoi qu'il en soit, cela permet quand même d'apprendre des choses.

Le journaliste Blaine Harden a été touché par l'histoire de Shin Dong-hyuk, rescapé du camp 14... ou 18 (on y reviendra). Shin est un enfant né à l'intérieur du camp. Il explique que certains prisonniers reçoivent comme récompense le fait de pouvoir se mettre en couple et avoir des relations pendant cinq jours consécutifs après le "mariage". Ils peuvent se voir, par la suite, de temps en temps. Sans le précieux sésame, toute relation est interdite. Inutile de préciser qu'il n'y a pas d'amour dans ces couples factices, arrangés comme il convient par les gardiens. Les enfants nés de ces couples sont considérés comme impurs et traités comme tels. Shin a donc vécu en considérant ses parents comme des étrangers, des parias qui lui volaient sa nourriture. Ceci peut nous choquer mais il ne faut pas perdre de vue que les sentiments n'ont pas leur place. Les prisonniers sont conditionnés. Leur esprit est martelé par des messages de propagande et par l'encouragement à la délation. Aussi, Shin n'hésitera pas une seule seconde à dénoncer le projet de fuite de sa génitrice et de son frère. Cela lui vaudra de multiples tortures, tant physiques que psychologiques, et engendrera la mort - punition suprême - des deux "rebelles". Pour autant, le remords ne s'insère pas chez Shin qui, d'ailleurs, ne comprend pas vraiment ce qu'il lui arrive puisqu'il n'a fait que suivre "les règles". Effrayant, n'est-ce pas ? Et ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres...

Je le disais au début, un témoignage reste un témoignage, avec ses qualités et ses défauts. Et celui-ci a déjà montré ses limites. En effet, des polémiques ont eu lieu car il s'avère que certaines choses sont inexactes selon l'aveu récent du rescapé lui-même. Les dates, les lieux ne sont pas forcément réels. Ainsi, Shin n'aurait pas vécu dans le camp 14 (il y serait né cependant), réputé pour être le pire, mais dans le 18, aux conditions un peu moins difficiles. Il n'aurait pas vécu dans un dortoir de garçons mais avec son père. Il n'aurait pas été torturé à 13 ans mais à 20... Pour autant, cela change-t-il vraiment quelque chose ? Certes, on pourra alors se demander si toute l'histoire racontée n'est pas sortie de l'imagination de l'auteur mais il y a quand même des choses qui ne trompent pas : les médecins ont déclaré que toutes les cicatrices, blessures et traumatismes sur son corps étaient bien dus aux tortures subies. de plus, la Corée du Nord a confirmé la mort de la mère et du frère (mais pour assassinat et non pour projet de fuite... Qui croire ?) Les spécialistes disent que lorsqu'on a vécu de telles horreurs, la mémoire est morcelée. Shin, lui, dit avoir menti pour ne pas avoir à revivre ces moments douloureux mais aussi par honte. Cependant, l'on sait que la Corée du Nord a tenté de le faire taire. Il serait donc fort possible qu'il soit revenu sur ses aveux sous la pression. Au final, s'il est bien libre physiquement, on peut noter qu'il est toujours tiraillé psychologiquement.

Quoi qu'il en soit, ce livre reste intéressant pour se faire une petite idée de ce qu'il se passe au-delà de ces murs.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Ayant réalisé il y a peu que mes connaissances sur la Corée du Nord relevaient davantage des médias, de la presse politique que de la littérature... à part quelques témoignages, dont celui de Claude Lanzmann dans - le lièvre de Patagonie -, j'avoue ne pas avoir gardé d'autres traces littéraires concernant cet énigmatique pays que celles offertes par le père de - Shoah -, je suis donc parti en quête d'écrivains "locaux", sachant que dans le pays le plus fermé du monde et au monde, trouver une plume libre relevait davantage de la gageure, du biais cognitif, que d'une démarche réaliste.

Il m'est vite apparu que ce qu'il y avait d'accessible en terme de livres - je veux dire de livres témoignage ... tels ceux de Soljenitsyne au temps de l'URSS, de Varlam Chalamov, de Vassili Grossman, de Liao Yiwu, de Yu Hua dans la Chine communiste... n'existait et cela va de soi, n'existe pour ce qui est de la Corée des Kim que grâce à des plumes étrangères, comme celle de Pierre Haski, grâce auquel le "monde libre" a pu avoir connaissance du triste sort que Pékin a infligé au malheureux Liu Xiaobo, dans l'excellent livre qu'il lui a consacré : - Liu Xiaobo, L'homme qui a défié Pékin -.

C'est ainsi qu'après recherches, je suis tombé sur le journaliste américain Blaine Harden, lequel a pu rencontrer et gagner la confiance de Shin Dong-Hyuk, seul et unique évadé du camp 14, un des six camps de concentration ( kwanlisos ) du "Pays du matin frais", dans lesquels sont internés 150 à 200 000 prisonniers, hommes, femmes, enfants ; le camp 14 étant considéré de l'avis unanime comme celui où le régime, les conditions d'enfermement et de survie sont les plus "extrêmes", les plus dures.

J'ai choisi de ne pas divulgâcher celle qui sera peut-être une de vos prochaines lectures et vraisemblablement une de vos découvertes sur le goulag nord-coréen.
Autant il peut apparaître cohérent, compréhensible que l'on résume un roman, que l'on se réfère à quelques citations de l'oeuvre, autant éparpiller façon puzzle quelques bribes de la rencontre entre Blaine Harden et Shin Dong-Hyuk et surtout le témoignage qui s'ensuit, m'apparaît contre-productif tant cette rencontre et cette découverte relèvent à mon sens d'un processus, d'une initiation, d'une révélation... Plus que jamais j'ai le sentiment que le lecteur doit y aller seul et pas précédé d'informations prémâchées, d'explications et d'impressions "tierces"...

Sachez seulement qu'au "pays des grands leaders", au "pays des grands secrets" où règne en maître absolu "le grand soleil du XXIème siècle", celui auquel un "canard orangé" a, de l'autre côté de l'Atlantique, donné le surnom de "rocket man" ( vous avez raison, on est bien chez les barjots ), il existe un système concentrationnaire pire que le goulag...
Ce système mis en place par les Kim est au-delà du réel, au-delà de l'entendement, au-delà de ce que nos écrivains de science-fiction ont pu imaginer...

Ce système au-delà des mots, Blaine Harden et Shin Dong-Hyuk vous en ouvrent les portes dans ce livre où l'effroi frappe à chaque page et où, pour la première fois, il est possible d'appréhender intellectuellement l'incroyable mécanique de déshumanisation mise en oeuvre par un régime totalitaire... dont hélas Blaine Harden prédit imprudemment dans cet ouvrage la fin prochaine...
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Ce livre éprouvant retrace l'histoire d'un jeune Coréen du Nord, qui a réussi à s'enfuir d'un camp de concentration dans lequel il a vécu depuis sa naissance. La fuite de Shin Dong-Hyuk, qui a traversé la Corée du Nord, puis une partie de la Chine, son essai d'adaptation en Corée du Sud et son établissement aux Etats-Unis, sont décrites par le menu.
La complexité du héros, sa force de caractère exceptionnelle et sa culpabilité s'expliquent par les épreuves qu'il a subies (torture, famine, pression psychologique) mais aussi par les belles rencontres qu'il a faites durant son adolescence et sa jeunesse.
En effet, presque personne n'est en mesure de s'échapper de ces camps bien cachés dans un pays fermé et dont les autres nations ont peur.
Ce récit m'a donné envie d'en savoir plus à ce sujet, mais que faire ... ?
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Existe-il pour vous un livre ou un ouvrage qui ait changé votre vie ? Votre façon de penser ?

S'il y en a un pour moi qui m'a ébranlée au point de tout remettre en question, c'est bien "Rescapé du Camp 14". En 2012, j'ai rencontré un jeune homme de la Corée du Sud, ce qui m'a fait me rendre compte que je ne connaissais absolument rien de l'autre côté, celui du Nord. À cette époque, j'ai emprunté plusieurs faits vécus sur le sujet et bien que tous soient extrêmement touchants et sensibles, celui-là m'a encore plus secouée.

C'est l'histoire de Shin Dong-hyuk. Un homme qui est né dans un camp de travail et qui n'en est jamais sorti jusqu'à son évasion, en 2005, à l'âge de 23 ans. Shin n'a jamais connu autre chose que ce camp et ses barbelés. Ses parents ne se sont pas unis dans des conditions d'amour mais parce qu'eux aussi étaient emprisonnés dans ce camp et c'est la direction du fichu camp qui décide une fois par année qui couche avec qui. Shin ne sait pas ce qu'est la Corée, il ne sait pas qu'elle est divisée en deux et il ne sait même pas qu'il existe un monde en dehors de la clôture. Pour lui, le Camp 14 est le seul monde qui soit. Même la question du "leader" est floue et peu présente dans sa vie tellement ils vivent en dehors de tout.

Exécutions, maltraitances, tortures, manipulations, mensonges, famine, esclavage, rien ne lui a été épargné, de même qu'aux autres prisonniers du camp. C'est jeune enfant qu'il a assisté à sa première exécution, en représailles à quelque acte commis par quelqu'un pour quelconque raison absurde. Ses souvenirs, personne ne voudrait les avoir. C'est l'horreur qui se passe en ces murs. Des ouvriers sont envoyés aux mines et ne ressortent jamais voir la lueur du jour car emprisonnés à l'intérieur. Et pourtant, personne ne connaît l'existence de ces camps, de ses dizaines de milliers de travailleurs assignés à des travaux forcés 18-20 heures par jour pour une cuillerée de soupe ou de maïs chaque jour seulement pour nourriture. Ça ne fait jamais les manchettes. Ça ne se passe pas en 1930. Ça se passe maintenant. Aujourd'hui même. Et on le sait parce que quelqu'un a réussi à en sortir...C'est par miracle que Shin a pu s'en sortir vivant et cela lui a pris deux ans par la suite à rejoindre la Corée du Sud.

Des récits d'histoire, il y en a beaucoup. Souvent, c'était le passé. Cela ne rend pas les choses moins graves mais peut-être ressent-on plus l'espace temps entre nous, donc une certaine distance entre passé et présent. Comme si ce qui était arrivé autrefois était impensable et non-applicable aujourd'hui.

Ce qui m'a ébranlée dans "Rescapé du Camp 14", c'est qu'en prenant conscience de tout ce que cet être humain avait pu subir (ainsi que tellement d'autres), ça se produisait PENDANT que moi j'étais encore aux études. Pendant que dans mon petit monde tout ce qui importait était d'aller à mes cours, travailler, faire mes devoirs et avoir des loisirs, ce jeune d'environ mon âge rampait entre des barbelés électrifiés pour sauver sa peau ! Ça remet beaucoup de choses en perspective ! Comment peut-on rester vautrés dans nos divans et nos salons alors que tellement de gens souffrent ? Cette histoire, elle m'a empêchée de dormir, elle m'a tourné dans la tête pendant des mois, à essayer de comprendre comment et pourquoi nos pays ne tentaient pas d'aider tous ces gens qui vivent l'enfer depuis tellement longtemps. Comment pourrions-nous faire pour qu'ils soient tout simplement "libres" en Corée du Nord ? Quelqu'un peut-il arrêter ce fou au pouvoir ? Des fous qui se succèdent depuis les années 50.

Ce livre a changé ma vie. Il m'a fait changer mes habitudes de vie. Plus jamais je n'ai considéré l'alimentation de la même manière. Honte à moi, je gaspillais beaucoup trop de nourriture à l'époque, j'achetais trop, plus que ce que j'avais besoin. du jour au lendemain, cela a changé. Je n'ai plus jamais consommé de la même façon et aujourd'hui j'achète uniquement selon les besoins, rien en surplus pour ne pas avoir à jeter. J'y pense toujours à deux fois.

Shin a déjà mentionné qu'un des plus beaux jours de sa vie avait été de pouvoir voter pour la première fois. Son premier vote après son arrivée en Corée du Sud. Imaginons un peu...Nous on fait cela mécaniquement, machinalement presque...même que cela nous irrite, parfois ! Élections fédérales, provinciales, municipales...on a l'impression de voter une fois par année ! Mais tout ce que voter peut représenter pour quelqu'un comme lui, qui n'a jamais eu même la chance de dire ce qu'il pense sous peine d'être pendu ! Incroyable. La liberté, c'est la plus grande richesse en ce monde. Et c'est vraiment quelque chose qu'il ne faut jamais, jamais perdre...Cela m'a fait apprécier la chance que nous avions. de façon générale, je suis moins négative et chaque fois que j'ai l'impression d'avoir une mauvaise journée ou d'avoir envie de me plaindre, je pense à lui et je me dis que ma journée ne peut pas être pire que la sienne. Cela me fait prendre conscience de la chance que nous avons, encore.

Cette année-là, j'avais offert ce livre à toutes mes connaissances pour Noël, même ceux qui n'aiment pas lire, car je trouve cela tellement important de partager. Trop de faits vécus restent dans l'ombre et pour que les communautés réagissent, peut-il faut-il commencer par les faire entendre ? Prendre conscience de ce qui se passe plus loin et partager l'information, peut-être un jour cela fera-t-il avancer les choses...

"C'est l'histoire d'un homme brisé par un pays où l'absurde le dispute à l'horreur, mais aujourd'hui bien décidé à éveiller le monde à une réalité d'autant plus révoltante qu'elle demeure délibérément ignorée."

Si vous avez envie de découvrir l'histoire de Shin, plongez ! Je vous avertis, ce ne sera pas plaisant. C'est révoltant. Ça vous fera pleurer. Mais son histoire est le copié-collé de toutes les autres qui sont toujours, à ce jour, emprisonnées dans ces camps.
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Que la Corée du Nord soit sous un régime de dictature et l'un des pays les plus fermés au monde, nous le savons tous plus ou moins.
Mais la lecture de ce livre est édifiante, et ce qu'on y apprend dépasse l'entendement.
Blaine Harden nous livre l'histoire de Shin, rescapé miraculeux d'un camp. Ce témoignage a d'autant plus de force que tout y est vrai : des spécialistes de la Corée du Nord, d'anciens gardes de camps, d'anciens prisonniers ont authentifié tout ce qui est écrit.
Le récit de la « vie » dans le camp me hante encore : la barbarie la plus complète et la déshumanisation la plus totale fondent le quotidien.

Shin, né dans le camp, n'a rien connu d'autre, ne sait pas, n'imagine même pas qu'un autre monde, qu'une autre vie puissent exister.
Ce qui explique ses difficultés à s'adapter à sa nouvelle vie d'homme libre. Shin ne connaît pas l'amour, l'empathie, la confiance : pour survivre dans le camp, il fallait ne penser qu'à soi, n'éprouver aucun sentiment, dénoncer ses codétenus et se méfier de tout et de tous. Comment retrouver une psychologie « normale » après plus de vingt ans d'un tel conditionnement ?
Et là, j'ai trouvé que la dernière partie du livre (l'arrivée puis la vie de Shin aux États-Unis), bien que dépourvue de toutes les horreurs de la première était presque plus dure : on peut penser que Shin ne se remettra jamais de ce qu'il a subi, et qu'il ne pourra jamais avoir une vraie vie d'homme libre.
Pire : sera-t-il un jour véritablement un Homme ?

Tout le long du livre l'auteur étaye le récit d'explications et la lecture est passionnante, bien que difficile, voire insupportable par moments.
Une lecture indispensable pour prendre conscience de ce qui se passe, de nos jours encore, en Corée du Nord.
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Qui de mieux pour raconter l'histoire d'un pays qu'un enfant du peuple, ici c'est un rescapé qui va, après avoir réussi l'impensable: s'évader, raconter l'histoire de sa famille, de sa vie en Corée du Nord, les privations, les réprimandes, les internements, les tortures, les assassinats dans le pays le plus fermé au monde.
Fort, troublant, ce témoignage est poignant.
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La Corée du Nord est mondialement connue pour violer impunément les droits de l'homme. A la lecture de Rescapé du camp 14, cette idée que l'on a de ce pays lointain se trouve tout à coup matérialisée par l'ignoble entreprise de déshumanisation menée par le régime totalitaire. On croit savoir des choses en ouvrant le livre mais ce qu'on y découvre dépasse l'imagination. Ainsi que le souligne cet extrait de l'article Never again du journal The Economist du 21 avril 2012, "On peut penser que l'envergure des atrocités paralyse notre capacité à nous indigner (...). Il est certainement plus facile de brocarder le régime en qualifiant ses dirigeants de monstres extraterrestres que d'aborder les souffrances qu'il inflige. Qu'il s'agisse de meurtre, d'esclavage, de transferts forcés de population, de torture ou de viol, la Corée du Nord commet toutes les atrocités considérées comme des crimes contre l'humanité." (p.270). Et c'est vrai que nous avons un peu tendance à réagir de cette façon. La lecture de ce témoignage de Shin Dong-huyk qui est pétri d'une souffrance inimaginable, remédie donc quelque part à cette espèce de lâcheté. de ces crimes contre l'humanité perpétués par Kim Il Sung et par ses descendants Kim Jong Il et Kim Jong-un sur leurs propres concitoyens, les traumatismes provoqués sont irrémédiables. Accompagné et encouragé par Blaine Harden dans ce travail sur soi extrêmement difficile (raconter son expérience et combattre ses propres démons), Shin Dong-hyuk tente bien que mal de recouvrer son humanité. Espérant que cette douloureuse démarche serve à d'autres transfuges nord-coréens, le duo Shin Dong-hyuk/Blaine Harden dévoile des faits dont l'exposé même surpasse de loin tous les pires scénarios de films d'horreur...

Lire la suite sur les Embuscades d'Alcapone
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Ce témoignage hallucinant nous mène aux confins d'une entreprise de déhumanisation.
Shin est né dans le camp 14. Un camp pour prisonniers politiques auquel ses parents ont été condamnés pour expier les mauvaises intentions de leurs proches.
Autorisés à se marier dans le camp, c'est-à-dire à passer ensemble 5 nuits par an, ils ont réussi à avoir deux fils. Deux esclaves. Dans le contexte du camp 14, être père ou mère n'a pas de signification. Shin ne sait pas ce que veut dire l'amour d'un père ou d'une mère, ce qu'est une famille, ce qu'est l'amour tout court. Il ne peut ressentir d'émotions. Il ne connait ni relation amicale ni relation amoureuse. Au camp 14 on dresse les prisonniers les uns contre les autres, la délation est érigée en mode de survie, la violence et la brutalité sont les seuls rapports humains. Shin ignore la solidarité, la compassion, l'altruisme.
L'hostilité du décor et du climat et la malnutrition aident au maintien de la terreur. Pour ne pas mourir de faim, Shin réussit parfois à attraper un rat qu'il fait cuire - ou pas.

On est en Corée du Nord, début des années 2000.

Shin est né dans le camp. Il ne sait pas ou à peine qu'il existe un monde extérieur. Il sait tout juste lire et compter. La notion même de connaissance, de savoir, lui est étrangère. Il ne soupçonne pas l'existence du moindre des objets qui font notre quotidien. Un oreiller. Un grille-pain. Un manteau. Un autocuiseur. Une carte de crédit. Un téléphone. Un train. Un ordinateur. Une savonnette.

Et le plus hallucinant de tout est que les prisonniers vivent dans l'ignorance de leur propre pays et du culte du Grand Leader.

Un jour, un prisonnier révèle à Shin qu'il existe un monde extérieur, un pays qui s'appelle la Chine, un autre qui s'appelle la Corée du Sud.

En 2005, Shin s'évade. Il a 23 ans et n'a jamais connu que le camp 14. Il ne sait pas où il est, ni dans quelle direction aller. Il n'a jamais vu une carte. Et pourtant il réussit au terme d'un périple incroyable et porté par une chance inouïe, à parvenir en Chine.

Puis toujours avec la même chance incroyable, ce sera la Corée du Sud. Puis les Etats-Unis. Commence une très lente, très progressive, incroyablement difficile, entreprise d'adaptation à notre mode de vie. Celui que nous considérons comme normal, en tous cas plus normal que la vie au camp 14.
Mais comment vivre, après avoir connu le camp 14, après n'avoir jamais rien connu d'autre que le camp ? Comment apprendre à parler, à pleurer ? Et comment Shin peut-il faire partager ce qu'il a vécu, trouver les mots, susciter l'intérêt ?

Shin est le seul prisonnier né dans un camp nord-coréen à avoir réussi une évasion. Alors la dernière question est elle-ci : combien de temps encore ce régime tiendra-t-il ?



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Indispensable autant qu'hallucinant !
Un voyage dans la Corée du nord, un voyage contemporain, actuel, dans les camps de travail, de punition, de désespoir, d'inhumanité.
C'est maintenant, c'est en ce moment, et c'est incroyable. Pourtant vrai.
On ne ressort pas indemne de cette lecture, malgré le style journalistique parfois un peu lourd, mais qu'on oublie très vite devant l'immensité de ce qui est dit.
Un livre nécessaire, indispensable pour qui veut ouvrir les yeux sur le monde d'aujourd'hui. Même si c'est douloureux.
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Avant d'entendre parler de ce livre, je ne savais pas qu'il existait des camps de concentration en Corée du Nord. Un récit poignant, cru, dur, réel, indicible et intolérable pour nos mentalités européennes.

Cela fait froid dans le dos et fait réfléchir sur la lâcheté des dirigeants qui persistent à fermer les yeux face à une telle horreur.


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