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Critique de zorazur


Ce témoignage hallucinant nous mène aux confins d'une entreprise de déhumanisation.
Shin est né dans le camp 14. Un camp pour prisonniers politiques auquel ses parents ont été condamnés pour expier les mauvaises intentions de leurs proches.
Autorisés à se marier dans le camp, c'est-à-dire à passer ensemble 5 nuits par an, ils ont réussi à avoir deux fils. Deux esclaves. Dans le contexte du camp 14, être père ou mère n'a pas de signification. Shin ne sait pas ce que veut dire l'amour d'un père ou d'une mère, ce qu'est une famille, ce qu'est l'amour tout court. Il ne peut ressentir d'émotions. Il ne connait ni relation amicale ni relation amoureuse. Au camp 14 on dresse les prisonniers les uns contre les autres, la délation est érigée en mode de survie, la violence et la brutalité sont les seuls rapports humains. Shin ignore la solidarité, la compassion, l'altruisme.
L'hostilité du décor et du climat et la malnutrition aident au maintien de la terreur. Pour ne pas mourir de faim, Shin réussit parfois à attraper un rat qu'il fait cuire - ou pas.

On est en Corée du Nord, début des années 2000.

Shin est né dans le camp. Il ne sait pas ou à peine qu'il existe un monde extérieur. Il sait tout juste lire et compter. La notion même de connaissance, de savoir, lui est étrangère. Il ne soupçonne pas l'existence du moindre des objets qui font notre quotidien. Un oreiller. Un grille-pain. Un manteau. Un autocuiseur. Une carte de crédit. Un téléphone. Un train. Un ordinateur. Une savonnette.

Et le plus hallucinant de tout est que les prisonniers vivent dans l'ignorance de leur propre pays et du culte du Grand Leader.

Un jour, un prisonnier révèle à Shin qu'il existe un monde extérieur, un pays qui s'appelle la Chine, un autre qui s'appelle la Corée du Sud.

En 2005, Shin s'évade. Il a 23 ans et n'a jamais connu que le camp 14. Il ne sait pas où il est, ni dans quelle direction aller. Il n'a jamais vu une carte. Et pourtant il réussit au terme d'un périple incroyable et porté par une chance inouïe, à parvenir en Chine.

Puis toujours avec la même chance incroyable, ce sera la Corée du Sud. Puis les Etats-Unis. Commence une très lente, très progressive, incroyablement difficile, entreprise d'adaptation à notre mode de vie. Celui que nous considérons comme normal, en tous cas plus normal que la vie au camp 14.
Mais comment vivre, après avoir connu le camp 14, après n'avoir jamais rien connu d'autre que le camp ? Comment apprendre à parler, à pleurer ? Et comment Shin peut-il faire partager ce qu'il a vécu, trouver les mots, susciter l'intérêt ?

Shin est le seul prisonnier né dans un camp nord-coréen à avoir réussi une évasion. Alors la dernière question est elle-ci : combien de temps encore ce régime tiendra-t-il ?



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