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EAN : 9782075080583
512 pages
Gallimard Jeunesse (24/01/2019)
3.79/5   152 notes
Résumé :
Dans l'Angleterre du XVIIe siècle, l'esprit des morts se réfugie parfois dans le corps des vivants. La jeune Makepeace est envahie par l'un de ces fantômes, et s'aperçoit que la colère qu'il transporte avec lui lui permet d'affronter la famille de son père.
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Parfois , en lecture, j' essaie de sortir de ma zone de confort , de découvrir de nouveaux genres, d' être surprise... Parfois , ça marche, et parfois pas !
Pourtant tout avait superbement commencé avec une jolie couverture d'une grande élégance ( typographie vert brillant et tranche du livre verte également).
Un plaisir des yeux.
Dés les premières lignes, on rentre dans un univers unique, une écriture qui claque, poëtique , presque onirique . Frances Hardinge a un style très personnel qui peut envoûter le lecteur.
Mais l'histoire qui s'adresse à un lectorat adolescent, est sombre, âpre et j'ai du mal, je ne m'y sens pas bien. cela met du temps à s'installer...
Dans une Angleterre du XVII e siècle, une gamine sent qu'elle n'est pas normale, des fantômes essaient de prendre possession de son corps.
Alors qu'elle habite chez une tante , dans une position précaire avec sa mère, cette dernière décède la laissant orpheline et sans appui, mais elle sera recueillie comme domestique par la famille de son père. Dans quel but ?
Les débuts sont extrêmement violents pour un jeune public (et pour moi aussi ...): la mère ( pour l'endurcir ), l'enferme dans un caveau au cimetière certaines nuits... / Un domestique veut faire rôtir sa tête pour éliminer la folie qui est en elle , d'après lui......
Oups ! La coupe est pleine.
♫Et ça continue , encore et encore, c'est que le début d'accord , d'accord... ♫
Un roman pour les courageux qui ne craignent ni le sombre, ni le glaçant , servi par une très belle plume.
Des fois un livre ne rencontre pas une lectrice , cela ne remet en aucune façon , en cause, la qualité du travail de l'auteur, ce n'est juste pas ma tasse de thé ... Mauvaise pioche ..

Challenge Mauvais genres
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Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman qui avait tout pour me plaire : écrit par l'autrice Frances Hardinge, véritable petit génie de la littérature jeunesse britannique actuelle, avec un titre qui me promettait une histoire tourmentée, mystérieuse et magnifiquement ténébreuse et enfin paré d'une couverture absolument magistrale, tout bonnement exquise, La Voix des Ombres s'annonçait d'ores et déjà comme une valeur sûre de ma bibliothèque avant même que je ne me plonge entre ses pages. Je remercie du fond du coeur les éditions Gallimard jeunesse pour cet envoi résolument gothique et juste irrésistible et sans plus attendre, place à ma critique livresque sur cette petite pépite !

Ce que j'ai tout d'abord énormément aimé avec ce livre, c'est le fait que, tout comme avec le précédent roman de l'autrice, L'île aux mensonges, l'intrigue prend le temps de nous dévoiler ses divers atouts au fil des pages afin de mieux nous séduire. Comme je vous le disais précédemment, j'ai senti immédiatement que ce livre était fait pour moi, mais il a tout de même fallu que je le laisse m'embarquer, me prendre par la main et me mener à la baguette afin que j'en ressorte véritablement satisfaite. A mon sens, le pouvoir magique et indescriptible de Frances Hardinge, c'est celui de parvenir à inventer des histoires qui viennent à notre rencontre et qui se soucient de nous apprivoiser en nous délivrant leurs secrets un par un, telle une fleur qui se fanerait pétale par pétale pour finir à nue avec toute sa vulnérabilité visible au grand jour. C'est comme lorsque l'on fait la connaissance d'une personne nouvelle au sein de notre microcosme intime dans la vraie vie : on ne lui déballe pas le pot-aux-roses instantanément, il faut s'armer de patience et de compréhensions afin de construire un lien tenace et aussi évident que l'air que l'on respire qui résistera aux affres du temps et des changements qui peuvent s'opérer dans nos vies et en nous même. Eh bien, avec les deux titres de Frances Hardinge que j'ai lus jusqu'à présent, c'est exactement la même chose : il s'agit là d'un livre qui se savoure et qui ne s'en laisse pas conter. Il faut prendre la peine d'emprunter le sentier sinueux et semé d'embûches qu'il nous demande d'arpenter afin de véritablement en saisir toute la subtilité et la beauté. Et puis, très honnêtement, cela n'en rend la destination finale que plus épatante et éblouissante, croyez-moi. En clair, ce livre ne vous fera pas de cadeaux tout au long de la route que vous suivrez avec lui ; comme le personnage principal du récit qu'il vous propose de vivre, vous aurez l'impression étouffante, insoutenable que vous ne retrouverez jamais plus le chemin qui mène à la lumière et à la liberté. Vous aurez également la sensation très désagréable et angoissante d'évoluer au sein d'un univers extrêmement hostile et sombre semblable à une purée de pois indigeste et aveuglante. Rien ne vous facilitera la tâche de la lecture, qui s'en retrouvera dans un premier temps ralentie et fastidieuse et par la suite, votre tête vous paraîtra abriter de nombreux fantômes elle aussi, ce qui vous procurera un sentiment de panique et d'emprisonnement au sein de votre propre corps et esprit. le titre V.O. traduit entre outre sublimement cet état d'ébriété et de trop-plein avec le terme "skinful" qui désigne une conséquente dose d'alcool ingurgité. A mon sens, c'est exactement l'effet que La Voix des Ombres produit sur nous le temps que nous restons entre ses pages : celui d'être constamment groggy, brinquebalé d'un événement marquant à un autre, et de perdre pour une période qui nous semble interminable nos repères. Difficile alors d'en trouver ce roman sympathique et d'y voir un énième ami d'encre et de papier à chérir de tout notre être. Et pourtant, c'est ainsi que j'ai fini par le considérer : comme une nouvelle âme soeur indispensable au bon cours de mon existence, qui a su me faire capituler face à la puissance magnétique de son essence.

Qui plus est, notre association avec Makepeace, l'héroïne de cette grande et mémorable histoire, est purement et simplement inévitable : sa lutte contre les nombreux oppresseurs du libre-arbitre et de la vérité qui peuplent les bourgades anglaises de ce récit devient la nôtre. Selon moi, c'est cette jeune femme fictive mais aux motivations profondément palpables et solides qui fait la force de ce roman avant toute chose. Makepeace est en effet une protagoniste remarquable, qui grandit et apprend à faire ses armes au sein d'un monde dangereux, sans pitié et d'une famille tout ce qu'il y a de plus toxique et malsaine. Cette fillette de prime abord craintive (et il y a de quoi) mais résolue également dès le départ à se faire entendre va aiguiser son immense intelligence telle la plus fine des lames ou encore... le plus pointu des bâtons. Tout au long de l'intrigue, elle porte un regard extrêmement lucide et avisé sur son environnement direct comme plus large et ce que j'ai particulièrement apprécié dans sa façon d'agir, c'est le fait qu'elle ne fonce jamais tête baissée comme la plupart des héros et héroïnes des romans adolescents/young adult ont tendance à inévitablement le faire. Certes, notre héroïne va devoir prendre une pléthore de risques car les enjeux sont entre autres de taille mais elle va faire preuve d'une ingéniosité sans failles en considérant justement d'abord les défauts que ses divers plans peuvent avoir avant leur éventuelle réussite. Quand je vous parlais de patience et également de persévérance à mots couverts, car c'est en effet clairement la manière dont ce livre parvient à conquérir notre coeur éprouvé, en persévérant de toutes ses forces sans jamais rechigner à l'effort, je peux vous affirmer sans me tromper que Makepeace est la championne dans ce domaine. Sa technique, c'est de courber l'échine devant l'ennemi dans un premier temps pour mieux triompher de lui par la suite, le tout sans malice ni malveillance aucune. Je vais éviter d'aller plus loin à ce sujet afin de ne pas vous gâcher la ravissante surprise que fut pour moi le caractère et la robustesse stupéfiante de Makepeace mais je dirais simplement que cette dernière m'a à proprement parler juste BLUFFÉE. S'ajoute à cela que sa grande sensibilité et générosité n'entrave en rien sa puissance féminine et qu'au passage, ce personnage est tout bonnement une allégorie de la force brute de la femme résolument DINGUE. Il faut le lire et le découvrir par soi-même pour le comprendre, je n'irai pas plus avant sur la question du féminisme flagrant et tout à fait inattendu de ce bouquin, plus que L'île aux mensonges en tout cas ; ça, c'est certain.

Pour ce qui est du reste des personnages, je n'ai pas grand chose à en dire car c'est véritablement Makepeace qui porte le récit et qui en est l'incontestable vedette. Cependant, pour ne pas trop vous en dévoiler, attendez-vous à ce qu'eux aussi vous surprennent et vous émeuvent intensément. Pour ma part, je suis tout simplement allée de surprise en surprise avec cette lecture et je ne vous cache pas que j'ai refermé le roman le coeur serré avec l'envie que cela continue, que je ne quitte jamais Makepeace, son demi-frère aussi agaçant qu'attendrissant et attachant (si, si, c'est possible - mon esprit de contradiction, bonjour) James et l'ensemble des fantômes qui habitent les différentes boîtes crâniennes de membres de leur illustre et abominable famille. Je soulignerai par ailleurs que la note d'humour apportée par les personnages spectres est franchement bienvenue au vu de toute la tension qui pèse sur les épaules de l'héroïne et par extension de ce roman au cours du déroulement de l'intrigue. C'est simple : ces personnages qui ont tous leur importance au sein de la quête fondamentale de Makepeace pour le choix d'une vie insurgée et peu convenable pour une fille de son siècle, le dix-septième, sauront tour à tour vous faire rire, pleurer et vous exaspérer aussi par moments mais cela pour mieux vous faire prendre conscience de leur superbe évolution à chacun à la fin. L'alliance improbable entre Makepeace et les revenants qu'abrite son esprit permet également de mettre en avant l'extraordinaire humanité de la plume de Frances Hardinge, qui s'est révélée être une nouvelle fois un véritable régal : poétique, empreinte d'une saisissante et somptueuse mélancolie et toute en justesse et en sensibilité. Il n'y a rien à ajouter, c'est du grand art à l'état pur. Personnellement, j'aime à comparer (je me fatigue avec mes comparaisons à tout va mais je trouve quand même cela plus éloquent qu'une flopée de mots) son écriture à un bijou finement ciselé : impossible de ne pas rester bouche bée face à une telle merveille.

Pour conclure, je dirais qu'avec ce nouveau roman, Frances Hardinge nous prouve une fois de plus à quel point son apport à la littérature jeunesse actuelle est conséquent : ses généralement jeunes personnages apprennent à faire face à la monstruosité épouvantable du monde et à se frayer leur propre voie au milieu de toutes ces immondices, cette hypocrisie et de ce manque flagrant de décence et de bonté. Qui plus est, les figures centrales de ses récits sont féminines et savent se montrer redoutables et ingénieuses, sans avoir besoin d'un homme ou d'une quelconque romance superflue au bon enchaînement des événements pour les sauver, les faire vibrer ou les rendre dignes d'intérêt, et pour ça, je dis ALLÉLUIA, ENFIN ! le seul petit regret que je peux avoir concernant La Voix des Ombres et dont j'ai sciemment évité de traiter au cours de ma chronique car ce point-là du roman me laisse encore sincèrement et assurément confuse, c'est le fait que la période historique durant laquelle il se déroule, à savoir le règne de Charles Ier et l'éclatement de la première révolution en Angleterre, qui en mènera à une deuxième et à l'avènement du fameux Cromwell (ce qui n'est tout de même pas rien, vous le concèderez), sert plus de toile de fond au récit qu'autre chose. Certes, Frances Hardinge nous appelle à émettre une réflexion éminemment passionnante et essentielle sur les thèmes particulièrement complexes de la religion et des machinations politiques ; cependant, je ne saurais vous expliquer pourquoi mais je reste convaincue que le roman aurait pu se passer à n'importe quelle époque que cela n'en aurait pas changé la substantifique moelle. Je ne sais si cela est une bonne chose ou non mais pour ma part, j'aurais voulu que le côté historique de l'ouvrage ait plus de poids dans l'intrigue, qu'on en apprenne plus sur le fonctionnement de la vie politique et sociale de cette période bien spécifique de l'Histoire de l'Angleterre. Mais il s'agit là de l'unique point noir que j'ai pu soulever, et encore, il s'en retrouve bien vite oublié face aux innombrables qualités de cette trame extrêmement bien ficelée et prenante, vous verrez. de mon côté, je ne suis absolument pas déçue de l'aventure ahurissante que ce roman m'a vivre et cela m'a résolument donné envie de découvrir le tout premier livre de cette remarquable autrice, le Voyage de Mosca, même si la suite de ce dernier n'a jamais été traduite en français (coucou Gallimard jeunesse, c'est à vous que je m'adresse). Je remercie une fois de plus infiniment la maison d'édition pour cet envoi d'exception et j'espère sincèrement vous avoir persuadés de laisser leur chance aux romans de Frances Hardinge, ce sont là des expériences inoubliables de lecture à ne pas louper ! COUP DE COeUR ♥
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
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Coup de coeur. Tout bonnement un plaisir de lecture. Les rennes du récit sont tenus de mains de maîtresse. J'ai tout bonnement plongé dans ce 17 e siècle fantastique britannique. Il est là question de mémoire familiale, de transbordements de fantômes, d'héritage en quelque sorte, mais également de servitude et de liberté. C'est profond. Voilà une littérature jeunesse qui ne peut laisser indifférent.e.s, les nouveaux ancien.ne.s que nous sommes.
Qui et que recèlent les âmes ?...A vous de le découvrir.

Astrid Shriqui Garain

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Makepeace et sa mère vivent dans le village reculé de Poplar en pleine Angleterre du XVIIe siècle. Tous les soirs, les voix reviennent la hanter et elle hurle dans la nuit noire. Lasse de tous ses cris et bien décidée à apprendre à sa fille à se défendre contre ses démons, sa mère l'enferme dans un caveau pour qu'elle « se taille un bâton pointu ». Commence alors pour Makepeace un combat inévitable et effroyable contre toutes les âmes perdues qu'elle croisera sur son chemin. Lorsque sa mère meurt, elle est envoyée vers sa famille paternelle, les Fellmote, une famille dont Margaret a toujours souhaité la tenir éloignée. Parce qu'entre les quatre murs de Grizehayes se cachent des ombres bien plus terribles encore…

Mon avis

La Voix des Ombres est un roman qui prend son temps, un roman lent, comme hanté, qui nous entraîne doucement vers son apothéose et que l'on ne peut s'empêcher de lire, soir après soir, comme si on ouvrait un peu plus la boîte de Pandore, le coeur rivé au destin de Makepeace. On suit avec délice ses aventures dans ce monde au bord du gouffre entre les protestants et les catholiques, le Parlement et le Roi d'Angleterre, Charles Ier, ce tournant que prend la vie de tous les anglais au cours du XVIIe siècle. C'est une période qui est peu décrite en Histoire, encore moins utilisée comme décor dans les romans. Sans nous donner l'impression de dépeindre une fresque historique, Frances Hardinge nous place judicieusement dans un pan historique dont on a finalement peu de connaissances en tant que lecteurs et qui reste donc propice à l'imagination. L'ombre de la guerre s'ajoutent aux ténèbres de Makepeace et forment un ensemble parfaitement coordonné l'une n'évoluant pas sans les autres et vice et versa. Ce parallèle, entre l'Histoire et l'adolescence de notre jeune héroïne est maîtrisé et on a autant plaisir à comprendre ce qui se passe autour d'elle qu'à l'intérieur.

Dans ce monde sur le point de tomber en ruines évolue la jeune Makepeace. Cette héroïne n'est pas sans faille, terriblement indépendante et naïve, solitaire, elle préfère ne pas se mêler aux autres de peur d'être trahie de la pire des manières. D'une certaine façon pourtant, elle reste presque trop « parfaite », avec un caractère tellement humain, bon, avec tout sa candeur malgré les épreuves, qu'elle m'a souvent fait l'effet d'un ange traversant les ténèbres. C'est un personnage très ambivalent, étrange, que j'ai beaucoup aimé suivre. Habitée par des fantômes, certains qu'elle a choisi, d'autres non, elle reste toujours égale à elle-même mais elle évolue aussi, à leur contact, au fil de leurs conversations, s'imprégnant d'eux tout comme eux s'imprègnent d'elle. Arrivée dans un manoir qu'elle connaît à peine, avec une bête furieuse à l'intérieur de la tête qui grogne, gémit et griffe, Makepeace se rend utile par tous les moyens. Jusqu'à ce qu'elle comprenne, qu'elle arrive à deviner entre les lignes ce qui se déroule sous ses yeux. Avec l'aide de James, un demi-frère orgueilleux mais attachant, un peu bête aussi, elle tente par tous les moyens de s'échapper de Grizehayes. Mais la famille Fellmote semble avoir plus d'un tour dans son sac, notamment grâce à la charte qui la relie au Roi et il est bien difficile de leur échapper.

On croise au fil de notre lecture une foule de personnages, des bons, des gentils, des égoïstes, des fous, des opportunistes. On y voit un Ours de cirque, un chien tournebroche, des molosses, une Lady sombre et orageuse, les fantômes d'un autre temps, des âmes perdues, un médecin, des soldats, des espions, une ribambelle de destins qui s'entremêlent à celui de Makepeace et James, dans leur fuite, dans leur vie, dans leur poursuite ou dans leur salut.

Ce roman je l'ai lu de bout en bout. J'ai adoré son personnage, son décor, cette guerre personnelle et historique, les combats qu'elle mène aussi contre le passé, les ancêtres, pour se défaire de ses fantômes. Frances Hardinge traite d'une manière tout à fait originale les questions de fantômes et de possession et arrive à nous emmener dans un monde étrange, sombre et dérangeant sans que cela ne soit jamais trop. Au delà des fantômes, l'autrice traite avec brio le passage de l'enfance à l'âge adulte dans une allégorie glaçante mais aussi pleine de tendresse.

En résumé

La Voix des Ombres est un roman que j'ai adoré. A la fois glaçant et enchanteur, tendre et solitaire, froid et sensible, il nous entraîne avec brio dans le sillage de Makepeace dans une Angleterre ravagée par la guerre. Avec un rythme lent, l'écriture de Frances Hardinge s'insinue en nous et nous hante la rendant à la fois fantôme…et conteuse.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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J'avais découvert l'autrice avec l'excellent l'Île aux mensonges et j'étais très curieuse de découvrir ce nouveau titre. Si son précédent ouvrage restera à l'heure actuelle mon préféré des deux, ce roman est clairement atypique et marquant, éprouvant à lire et il ne plaira pas à tout le monde. L'autrice possède une manière très personnelle de composer des récits grinçants, glaçants, morbides, sombres, angoissants où peu de lumière et d'espoir puissent percer. Vous êtes prévenus d'emblée, ce roman n'est pas une petite promenade paisible, mais un texte fort qui prend aux tripes.

Ce récit est par ailleurs bien plus sombre et violent que l'Île aux mensonges, par conséquent, si vous souhaitez découvrir l'autrice, je pense qu'il est plus intéressant de ne pas s'attaquer à La voix des ombres tout de suite. L'ambiance est clairement percutante. C'est une atmosphère pesante, faite de sombres secrets, d'affaires de familles louches, de manipulations, de sang et d'angoisse. Nous sommes dans un récit fantastique aux allures dramatiques et violentes, au coeur d'un pays plongé dans une guerre civile. Comme je l'ai dit, le récit est glaçant et grinçant, et c'est un sacré pavé à découvrir, même si les chapitres sont plutôt courts.

La lecture s'avère surprenante parce que l'univers tissé par l'autrice est captivant. le roman nous parle de la mort avec ces âmes plus ou moins tourmentées que certaines personnes peuvent accueillir en leur sein. Toute la mythologie construite pour expliquer ces âmes, pour expliquer comment fonctionnent les esprits, comment s'en défaire, comment les exploiter… tout est précis, cohérent en soi, tout est très bien expliqué et distillé au fil de l'histoire de Makepeace. Si bien que la surprise est constante, que les rebondissements sont nombreux et que jusqu'aux dernières lignes, j'ai été embarquée, ne sachant pas comment le récit allait s'achever. L'incertitude règne en maître, le doute est parfaitement maîtrisé de la part de l'autrice qui use d'une plume fouillée, prenante avec un rythme lent qui rend la tension palpable.

L'histoire nous présente une jeune adolescente du nom de Makepeace, vivant avec sa mère et en proie à des terreurs nocturnes violentes. Un événement vient alors tout changer dans la vie de l'héroïne, elle accueille un esprit sauvage et elle se retrouve à vivre auprès de sa famille paternelle. Une famille pour le moins étrange, limite oppressante avec des secrets obscurs. Makepeace doit trouver sa place, s'apaiser, se libérer, trouver sa route, se faire discrète, s'aventurer loin, appréhender la vérité… Elle va vivre de multiples péripéties éprouvantes et marquantes, ce qui fait de Makepeace une héroïne vraiment intéressante à comprendre.

J'ai eu du mal avec Makepeace, je l'ai parfois trouvé un peu immature et pas très futée – comprenez que je l'ai parfois jugée trop crédule. J'avais bien envie de la secouer pour lui faire comprendre que tel ou tel truc n'était pas normal, de courir très loin. Tantôt j'aimais sa bonté, sa ténacité, sa force de caractère et j'étais très compatissante devant les horreurs qu'elle vivait… tantôt, je ne la comprenais pas et elle m'agaçait. du coup, même si j'ai l'air d'être en demi-teinte sur ce personnage, le ressenti est positif. J'ai beaucoup aimé ses compagnons de route, je n'en dirais pas plus, mais ils valent le détour, j'ai eu beaucoup d'affection pour James, il était très intéressant à comprendre. Quant à la famille Fellmott, ils sont terrifiants et odieux, tous à leur manière, excepté l'un d'entre eux pour qui j'avais beaucoup de sympathie.
Lien : https://la-citadelle-d-ewyly..
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critiques presse (2)
Ricochet
26 avril 2019
L'écriture envoûtante de Frances Hardinge agit dès les premières lignes pour nous plonger dans un univers sombre et rude au milieu duquel se bat Makepeace, une héroïne déterminée au nom prédestiné [...] Un incroyable roman fantastique au pouvoir ensorcelant sur la mort et les fantômes...
Lire la critique sur le site : Ricochet
Elbakin.net
05 mars 2019
Une nouvelle fois, Hardinge fait mouche en premier lieu grâce à ses personnages, ici avec une héroïne en lutte contre les carcans de son temps et au cœur d’une vraie évolution personnelle [...] Frances Hardinge fait en tout cas preuve d’une grande justesse dans la peinture de ses sentiments [...] Pas de quoi toutefois faire la fine bouche en refermant ce livre affichant tout de même 500 pages, car au moment de conclure, Hardinge est parvenue depuis longtemps à nous captiver.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
- Tout le monde n'a-t-il pas un nom de ce genre, là d'où vous venez ? demanda James. J'ai entendu dire qu'ils s'appelaient tous Mène-le-juste-Combat, Affronte-le-Diable, Désolé-d'avoir-Péché, Nous-sommes-Tous-de-Misérables-Pêcheurs et ainsi de suite.
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Il suffit de vingt- sept mois pour s'imprégner totalement d'un endroit. Ses couleurs deviennent la palette de votre esprit, ses bruits votre musique intime. Vos rêves se déroulent à l'ombre de ses falaises ou de ses clochers, vos pensées sont encadrées par ses murs.
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Les humains sont des animaux étranges, capable de s'adapter et finalement de s'habituer à tout, même à l'impossible ou à l'insupportable. Lorsqu'elle vivait au château de la Bête, la Belle avait certainement ses habitudes, ses instants d'irritation et ses longues heures d'ennui. La terreur est fatigante. Il est difficile de vivre indéfiniment dans son atmosphère, si bien qu'il faut tôt ou tard la remplacer par une attitude plus pragmatique. Un beau jour, on se réveille dans sa prison et on se rend compte qu'elle est le seul endroit réel. La fuite n'est qu'un rêve, une prière machinale en laquelle on ne croit plus. Toutefois, Makepeace était accoutumé à combattre le poison lent de l'habitude. Sa vie avec sa mère lui avait appris à ne jamais prendre racine.
P.125
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A cet instant, Makepeace et l'Ours comprirent tous deux quelque chose. Parfois, il fallait endurer la douleur avec patience, autrement les gens vous faisaient encore plus souffrir. Parfois, il fallait survivre à tout prix et accepter les blessures. Avec un peu de chance, et si tout le monde croyait que le dressage vous avait maté... le moment viendrait peut-être de frapper à votre tour.
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On ne pouvait se fier aux humains. Les chiens grondaient avant de vous mordre, mais souvent les humains souriaient.
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Videos de Frances Hardinge (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frances Hardinge
Libraire au Rayon Jeunesse, Jérémy vous présente trois idées de romans pour les jeunes lecteurs !
Voici les livres qu'il vous invite à découvrir :
À partir de 8 ans : "Les Lapins de la Couronne d'Angleterre" de Santa et Simon S. Montefiore, illustrations de Kate Hindley, aux éditions Little Urban : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16845342-les-lapins-de-la-couronne-d-angleterre-le-complot-santa-montefiore-little-urban À partir de 10 ans : "N.É.O." de Michel Bussi, aux éditions Pocket Jeunesse : https://www.librairiedialogues.fr/livre/17421391-n-e-o-t1-la-chute-du-soleil-de-fer-michel-bussi-pocket-jeunesse À partir de 12 ans : "L'Île aux mensonges" de Frances Hardinge, aux éditions Folio Junior : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16716722-l-ile-aux-mensonges-hardinge-frances-gallimard-jeunesse
Et pour nous suivre, c'est là : INSTA : https://www.instagram.com/librairiedialogues FACEBOOK : https://www.facebook.com/librairie.dialogues/ TWITTER : https://twitter.com/Dialogues
À bientôt !
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