Lu en quatrième vitesse, malgré un intérêt initial fort. J'ai beaucoup de mal avec les ouvrages qui se présentent comme des encyclopédies, des romans et des essais à la fois : tout y est mélangé, on ne fait pas la différence entre ce qu'apportent les auteurs et ce qu'ils reprennent, on évolue dans un marasme gigantesque d'où l'on ne trouve rien à extraire. Cette manie contemporaine de mettre des "interludes" (intermezzo ici) et des fins de chapitres sous forme de petites histoires comme des pages de publicité est particulièrement agaçante et contre-productive, du fait que, loin de mettre en lumière le reste du texte, elle ajoute au contraire toujours à sa confusion. C'est sans doute pourquoi les ouvrages sérieux n'en comportent pas : ils ont pris le parti de la clarté plutôt que celui du faux agrément ou de la fausse connaissance ludique. Témoignage encore du désordre de l'ouvrage, les auteurs, toujours les mêmes, réapparaissent à intervalles réguliers : Marx, Foucault,
Polybe... Une citation par-ci, une citation par-là, ce faisant on fait dire à peu près n'importe quoi à n'importe qui, et l'on se base sur
Saint-Augustin pour justifier la création d'un syndicat mondial ou sur
Polybe pour légitimer l'évidence de la forme impériale capitalistique à venir. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas se baser sur Dieu pour dire ce qu'on a à dire, ou, soyons fous, sur soi-même ? Ca irait sans doute plus vite. En résumé, la notion d'
Empire ressemble après cette lecture en diagonale à une sorte de justification prédictive d'une société entraînée par les échanges économiques dans une sorte à la fois de constat d'évidence et de délire que la raison ne vient pas brider, où la notion de lien social n'est jamais abordée et où toute forme d'individualité a disparu. C'est très dans l'air du temps façon "les cadres du passé n'ont plus lieu d'être", "les cartes sont redistribuées", "admirons l'époque formidable que nous vivons et empêchons-nous surtout de réfléchir sérieusement". Si quelqu'un a compris autre chose, ça m'intéresse.