AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 461 notes
5
21 avis
4
17 avis
3
11 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Réputé être, avec "Tess d'Urberville", son roman le plus sombre, "Jude l'obscur" permet une fois de plus à Thomas Hardy d'explorer à fond la psychologie sociale de ses personnages, dans un contexte de mutation des idées plus rapide que celle des institutions.

Portrait aussi émouvant qu'éprouvant d'une ambition avortée, "Jude l'obscur" trace la biographie fictive d'un héros qui a sans doute dû s'incarner dans un grand nombre d'individus désireux de s'extraire de leur milieu natal pour s'élever dans la société en tablant sur leurs facultés et leur espérance en un monde plus égalitaire, plus libre et plus juste.

Obscur, Jude l'est dès sa naissance.
Orphelin, enfant recueilli malmené, employé à faire fuir les corneilles dans les champs, cet émule de Gavroche et d'Oliver Twist s'accroche très jeune à une illusion brillante comme une étoile : l'idée qu'adulte il pourra étudier à l'Université et exercer une profession intellectuelle. Acharné au travail, apprenant le grec et le latin en autodidacte, il fera tout ce qu'il est humainement possible de faire pour parvenir à son but. Hélas, c'est sans compter sur la ruse et la médiocrité de son entourage. Piégé dans un mariage malheureux, Jude - homme intègre et honorable s'il en est - verra petit à petit son étoile décliner et l'atavisme social le rattraper. Devenu tailleur de pierre, Jude attache désormais tout espoir de bonheur à l'amour profond qu'il voue à sa cousine Suzanne, jeune femme moderne aux idées indépendantes et qui se rit du scandale.

"Jude l'obscur" le bien-nommé, celui qui parti de rien a tout désiré, qui de l'ombre a cheminé vers le soleil jusqu'à s'y brûler, est un personnage littéraire hors du commun qui suscite chez le lecteur une très forte empathie, voire une réelle affection. Délicat de terminer l'oeuvre sans larme à l'oeil ! La fin du 19ème siècle livre une fois encore son contexte social charnière hautement intéressant, entre traditions et idées nouvelles. L'écriture de Thomas Hardy - dois-je encore en chanter les louanges ? - donne enfin à ce récit une densité dramatique exceptionnelle, aussi riche que la philosophie et aussi profonde que la religion, une atmosphère à rapprocher définitivement de l'univers shakespearien.

Si je préfère ses romans moins noirs, je ne peux que reconnaître à Thomas Hardy une maîtrise parfaite de son métier d'écrivain, sublimée par sa grande sensibilité de poète et son inaltérable intérêt pour l'homme et sa destinée.


Challenge BBC
Challenge 19ème siècle 2016
Commenter  J’apprécie          7012
Sombre et tourmenté, mais aussi résolument moderne, ce roman nous emmène dans les pas et les pensées de Jude, obscur orphelin dans un obscur village anglais qui ne peut se résigner à ce qu'il perçoit comme la médiocrité de sa vie...

C'est d'abord les études qui le font rêver, et il s'acharne bravement à apprendre les rudiments de latin et de grec après ses journées de travail éreintantes. Puis, quand il comprend que les études ne veulent pas de lui comme il voudrait d'elles, c'est sa fantasque et brillante cousine Suzanne qui prend le relais dans ses rêves et ses idéaux...

Tout est compliqué pour un être aussi tourmenté et déchiré que Jude, le métier, l'amour, les institutions, la santé... de même d'ailleurs que pour sa cousine, bien plus intelligente et libre de pensées que lui, mais tout aussi tourmentée et déchirée.

Si j'ai infiniment apprécié la modernité de la critique sociale et le quasi-féminisme de l'ouvrage, ainsi que le style de Thomas Hardy, j'avoue que les tergiversations et les atermoiements sans fin des héros m'ont quelque peu agacée. Difficile de croire qu'ils veulent sortir de l'obscurité quand on voit comme ils s'y complaisent, la décortiquent et s'arrangent pour y rester ! Un peu à la façon de Solal et Ariane dans Belle du Seigneur, même si leurs histoires n'ont rien de commun.

A lire donc à la fois pour la critique sociale et l'ouverture d'esprit de Thomas Hardy, mais aussi peut-être pour se mettre en colère contre ces personnages caractérisés uniquement par leurs doutes et leurs hésitations, et du coup pouvoir avancer dans ses propres réflexions !

Challenge XIX 7/xx
Commenter  J’apprécie          640
Jude l'Obscur, ce roman de Thomas Hardy m'a touché à plus d'un titre.
Jude Fawley est un enfant orphelin, recueilli par une vieille tante acariâtre vivant dans un milieu pauvre. Nous sommes dans la campagne du Sud-Ouest de l'Angleterre, au dix-neuvième siècle. Admirant l'érudition de son maître d'école, Mrs Phillotson parti à la ville, Jude grandit dans la passion du latin et du grec, avec l'espoir d'échapper à sa condition modeste, d'entrer un jour à l'université et peut-être de retrouver celui pour lequel il voue encore une admiration effrénée.
Jude grandit donc et les premières désillusions viennent comme des coups au ventre : un mariage raté avec une jeune paysanne délurée et vénale, les portes de l'université qui demeurent fermées et voilà Jude devenu maçon, tailleur de pierres à Christminster, ville qu'il admirait dans le paysage lointain, en se hissant sur la pointe des pieds lorsqu'il était encore gamin... À défaut, il restaure les balustrades et chapes des collèges où il espère encore entrer un jour.
Jude Fawley rêve d'une vie meilleure, il sait aussi qu'une cousine, Sue Bridehead, habite désormais dans la même ville que lui, cette cousine dont sa vieille tante lui a dit de se méfier, car elle était issue d'une branche familiale indigne... Mais Jude entrevoit dans ce rêve fébrile l'horizon de jours meilleurs...
J'ai aimé ce roman de Thomas Hardy, traversé, éclairé d'une écriture poétique, tout comme j'ai aimé ce que j'ai lu de lui jusqu'à présent. Il est vrai que Jude l'Obscur est un roman sombre et sans doute pessimiste. Ici l'enfance est un territoire d'une désillusion infinie, marquée par la fatalité, la quasi-impossibilité de s'extraire d'une existence de pauvreté, malgré le savoir et la culture.
Pourtant sur ce paysage austère, quelques rais de lumière viennent se poser et on s'en saisit à bras-le corps tant ils font du bien. Ainsi, je veux évoquer les trois personnages qui forment l'ossature du texte et qui sont magnifiques : Jude Fawley, sa cousine Sue Bridehead et Richard Phillotson, le maître d'école. Ce sont des personnages qui inspirent l'empathie et la compassion, le propos de Thomas Hardy nous y invite. Déchirés ils le sont aussi terriblement, comme Jude Fawley entre ambition et faiblesse, comme Sue Bridehead, dans ses inlassables contradictions, comme tous deux bousculés dans les forces qui s'opposent à eux, les façonnent, comme s'ils avançaient à contre-courant de vents contraires... C'est comme une barque en perdition, une tragédie inscrite par avance...
Et puis, Jude l'Obscur est une belle et douloureuse histoire d'amour entre Jude et Sue. On voudrait croire cet amour indestructible, malgré les conventions, les lois morales, malgré le jugement des autres, celui des femmes dévotes, celui des hommes rustres qui méprisent la beauté de l'art, ces gens qui voient de travers...
Leur franchise, leur candeur à tous deux, peut-être les desservent, mais leur histoire m'a touché. La morale des autres fait d'eux des malheureux. Parce qu'ils ne sont pas comme les autres, ne vivent pas comme les autres, ne pensent pas comme les autres...
Jude l'Obscur est sans doute l'un des romans les plus sombres qu'ait écrit Thomas Hardy. Mais, au fond, qui est obscur, Jude l'innocent dans ses espoirs universitaires, ses désirs d'amour, ou bien cette société victorienne qui juge et condamne sans comprendre ?
J'ai aimé le regard moderne et lucide que pose Thomas Hardy sur la société dans laquelle évoluent les personnages entiers et démunis de ce récit, pamphlet virulent contre le mariage, les croyances religieuses, l'opinion publique. Ce livre était-il si dérangeant, avait-il une longueur d'avance, quand on sait qu'à sa publication en 1895, l'évêque d'Exeter le fit brûler publiquement ?
Peut-être pour cela, cette histoire tient-elle encore une portée universelle ?
Commenter  J’apprécie          527
Tu m’étonnes que la bonne société victorienne a reçu cet obscur de Jude avec dédain, toute hoquetante de stupeur outrée dans ses corsets bien serrés au vu de ce scandaleux opus qui met à mal toutes ses certitudes immémoriales en questionnant avec vigueur le bien fondé des conventions sociales de l’époque : la place des sachants bien nés dans les lieux d’instruction, la bienséance du clergé , le rôle de la famille et surtout, surtout, l’institution du mariage, au cœur de ce roman noir et subversif.

C’est en effet bien habile de la part de Thomas Hardy d’en avoir orchestré la lourde remise en question par le biais de la romance tragique, car il faudrait être de pierre pour ne pas être touché au cœur par la destinée tragique de Jude, le simple campagnard qui se rêva clerc, puis moine et qui, ayant échoué à s’élever au-dessus de sa condition par la science et la religion, se perdra dans l’exercice d’un amour noble et pur qu’il eut voulu affranchi des lois séculières.

Si Hardy excelle autant que dans « Tess d’Urberville » à dépeindre les lieux, plus urbains que ruraux cette fois-ci, c’est surtout par la densité des personnages qu’il nous tient au collet de cette sombre histoire :
Jude a beau être d’une naïveté confondante (j’avoue au passage avoir été désarçonnée de voir un homme tenir le rôle de l’innocence habituellement dévolu aux jeunes filles dans les romans du 19ème), c’est un personnage d’une intégrité telle que l’on ne peut s’empêcher de frémir d’empathie et d’indignation aux injustices qui lui sont faites.
J’admire la subtilité de l’auteur quand il en fait le jouet des manipulations contradictoires de ses femmes : Sue, être de conviction solaire, vibrant, versatile, tout en esprit, à l’opposé d’Arabella la tellurique, faite d’une glaise grossière, vénale et pauvre d’âme.
Un dernier mot pour le personnage de Phillotson, l’autre mari de Sue (quand je vous dis que le mariage passe un mauvais quart d’heure dans ce roman !) qui fait preuve, au moins un temps, d’une ouverture d’esprit dans l’adversité conjugale tout à fait stupéfiante pour l’époque.

Un sombre roman qui, s’il m’a un tout petit peu moins transportée que « Tess », m’a donné le même plaisir des mots tant la prose de Thomas Hardy est belle et passionnée.
Commenter  J’apprécie          502
Désillusion, Désenchantement, Dépression, Dépit, Désappointement, Décadence sont les maîtres mots de cette histoire.
Mais attention le grand Thomas Hardy a su nous concocter un chef d'oeuvre qui se tient là où l'amour ne peut triompher. le destin des personnages est bien existant et ceux ci doivent y faire face malgré tout, malgré eux.
J'ai trouvé ce roman noir magnifique, assez dur à lire et tellement peu réjouissant que l'on se demande quand la lueur de la joie pourrait surgir mais non...attention à la chute finale qui promet un moment de lecture soutenu...en gros Thomas Hardy aurait pu l intituler aussi "tristesse et désolation".
Mais cet auteur est simplement excellentissime dans son écriture...je ne le dirai jamais assez!
Commenter  J’apprécie          435
J'ai découvert le talent de Thomas Hardy grâce à la lecture de « Loin de la foule déchainée ». Suite à cette lecture, je me suis juré de continuer à découvrir son oeuvre. Depuis, j'ai certes plusieurs titres de cet auteur dans ma PAL, mais hélas, je suis une lectrice très dispersée. Et les journées sont bien trop courtes, il faut le dire. Bon, c'est vous dire qu'il était plus que temps que je me lance dans la découverte de Jude l'Obscur.

J'ai lu ce livre très rapidement, car j'avoue avoir profité du mauvais temps pour cocooner et me consacrer à cette lecture fort prenante. J'ai eu beaucoup de peine à lâcher mon livre tant cette lecture était addictive.
J'en ressors assez marquée, car l'histoire m'a touchée par son côté sombre et tourmenté. Il m'a fallu toute la soirée de hier pour m'en remettre. Je savais que ce livre ne serait pas aussi pétillant que « Loin de la foule déchainée », mais je ne pensais pas être autant happée par le récit. Je crois bien que ce livre n'est pas à lire les jours de grande déprime…

J'ai retrouvé avec plaisir la plume plus que talentueuse de Thomas Hardy. Ses descriptions de l'Angleterre de la fin du 19eme siècle nous font plonger dans le passé. Que ce soit dans le monde rural, (avec son cher Wessex , une région imaginaire ), ou dans celui plus citadin comme la ville de Christminter (Oxford en réalité)
On retrouve dans ce roman une critique sociale très fine, qui a d'ailleurs valu à l'auteur un manque de reconnaissance de ses contemporains. Sa vision du mariage, et de la condition féminine est résolument moderne, bien trop pour l'époque où il vivait.

Ses personnages tourmentés, si attachants, mais qui semblent ne pas pouvoir échapper à leur destin m'ont vraiment émue. Que ce soit Jude ou sa cousine Sue, je pense que leur histoire va me poursuivre encore un bon moment.

En tout cas, une chose est sure. le prochain livre de Thomas Hardy que je lirais ne sera pas Tess car j'ai besoin d'alterner. Je sais que ce livre est au moins aussi sombre que Jude … Je vais d'abord me laisser tenter par le maire de Casterbridge par exemple.



Challenge ABC 2017/2018
Challenge BBC
Challenge Pavés 2018
Commenter  J’apprécie          257
Après mon coup de coeur pour Tess d'Urberville et avant d'aller visiter le sud de l'Angleterre d'ici quelques jours, j'ai voulu lire le dernier roman de l'auteur, considéré comme l'ultime chef d'oeuvre de Thomas Hardy : Jude l'obscur, roman à ne pas mettre en des mains tristounettes sans prendre le risque de les rendre encore plus désespérées.

Je ne vous raconterai pas toute l'histoire de Jude, tout d'abord le roman perdrait de son intérêt et je ne suis pas certaine de lui rendre justice. (Mieux vaut ne pas lire la quatrième de couverture du Livre de poche.)

Nous pouvons juste esquisser les premières fondations du roman qui sont si importantes pour la suite. Jude, un jeune orphelin, vit chez sa tante et travaille pour ne pas être considéré comme une bouche inutile à nourrir par sa parente. Lorsque son maître d'école quitte le village au début du roman, il lui fait promettre de ne jamais abandonner ses études et de toujours chercher à se cultiver. Jude fait cette promesse qui va orienter son destin. Dès lors, Jude n'a qu'une obsession: aller à Christminster, ville universitaire et pieuse, pour devenir quelqu'un : un homme cultivé, intelligent, affranchi de la terre et de la misère. Il n'aura de cesse de tendre vers cet objectif mais de nombreuses barrières se dresseront devant lui.

Ces obstacles seront extérieurs: la société telle qu'elle est au XIXe siècle ne permet pas à un petit jeune homme obscur de devenir un grand homme, ne donne ni temps ni forces à un travailleur manuel usé par ses journées de labeur pour s'instruire. de plus, cette société est est composée d'hommes et de femmes rongés par les préjugés, le fanatisme religieux, l'hypocrisie, nourris de scandales, de ragots et qui aiment plus que tout juger leur prochain. Les difficultés rencontrées par Jude seront également liées à sa propre personnalité: sa faiblesse pour l'alcool, sa sensualité qui le pousse dans les bras d'Arabella, sa passion pour Sue, ses propres préjugés et croyances religieuses joueront également contre lui et contre son idéal. Enfin, la pensée de Jude se trouvera confrontée à celle de Sue, sa cousine. Les idées de Jude en seront chamboulées: Jude est croyant, considère les cérémonies et lois religieuses comme sacrées. Sue, plus libre et indépendante que son cousin, est cultivée et possède un esprit critique aiguisé. Sans jamais le dire, ses faits et gestes montrent qu'elle ne croit pas en Dieu et elle rejette les institutions religieuses.

Jude l'obscur est une tragédie moderne : comme chez les Grecs, le "fatum", le destin se joue des personnages. Ils sont quatre: Jude, Sue sa cousine, Arabella une jeune paysanne et Richard un instituteur. Il seront désespérément liés, séparés et amenés à se rencontrer sans cesse au fil du roman. Ils subiront chacun leur tour les choix des autres personnages, le regard et les jugements de leurs contemporains et les nombreux pièges que la société du XIXe siècle tend à l'homme tout au long de sa vie pour le contraindre, le soumettre et anéantir sa liberté: le mariage et la religion. Sue et Jude, couple maudit, ont "cinquante ans d'avance sur leur monde". Influencé par Sue, Jude rejettera les lois sociales et religieuses auxquelles il se soumettait. Ils n'auront de cesse de chercher leur propre bonheur. Petits voiliers pris dans une tempête, ils se battront contre vents et marées pour vivre selon leur bon vouloir et selon leurs propres lois édictées contre celles imposées par la société.

Jude l'obscur a causé tant d'ennuis à Thomas Hardy qu'il n'a plus écrit un seul roman jusqu'à la fin de sa vie. Les thèmes et les propos tenus par les personnages sont résolument modernes. le roman est une vive critique des lois et de l'institution du mariage. le mariage n'est qu'une question d'hypocrisie: deux personnes ne peuvent pas ressentir exactement les mêmes sentiments tout au long de leur vie et lorsque ces sentiments sont contraints ils se délitent fatalement. Dieu et les hommes ne devraient pas forcer un couple à se marier.

Pour conclure, parce que si je ne m'arrête pas maintenant, cet avis sera beaucoup trop long, Jude l'obscur est un roman complexe et dense qui s'empare de nombreux sujets qui sont toujours d'actualité. Me mariant moi-même cette année, je n'ai pu rester insensible à toutes les réflexions des personnages concernant cette institution. Cette tragédie est souvent bouleversante même si elle connaît quelques longueurs. Jude l'obscur m'a moins touché que Tess d'Urberville, je dois bien l'admettre. L'écriture de Thomas Hardy est toujours aussi belle et la construction de ses intrigues et leurs rebondissements restent incroyables. Je reste sans voix devant l'audace et la modernité des idées et des critiques de Thomas Hardy qui a toujours des années d'avance pour certains esprits obscurs de 2016.
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
Commenter  J’apprécie          110
J'ai longtemps décrété que je ne lirais jamais Jude l'Obscur malgré mon amour pour Thomas Hardy car la tristesse et la noirceur de l'adaptation m'avaient déprimée ! Et j'ai finalement bien fait de changer d'avis car j'ai adoré (malgré le fait qu'il est vraiment déprimant par moments)

Je me suis assez rapidement prise d'affection pour le personnage de Jude, sa volonté de respecter son rêve d'enfant, de ne jamais se laisser abattre est touchante. Et ça ne rend les épreuves qu'il subit que plus affreuses : je trouve ça vraiment terrible de me dire que ce roman c'est finalement une démonstration de la fatalité, que malgré tous les efforts et la volonté du héros, la vie trouvera toujours le moyen de lui rappeler (de la façon la plus cruelle qui soit) qu'au final il est né pauvre et le restera.
C'est par ailleurs le premier roman de Thomas Hardy que je lis où le héros est un homme et les femmes ont le mauvais rôle : Arabella est plutôt agaçante pour son côté capricieux et sa constance à vouloir manipuler Jude et le faire revenir à elle juste par qu'elle est jalouse de son "bonheur". Mais c'est véritablement Sue que j'ai trouvé horripilante : sous ses airs innocents, c'est une affreuse manipulatrice du coeur des hommes (et leur donne toujours le mauvais rôle), elle se plaint constamment et se pose à la fin en victime. Elle m'a vraiment exaspérée du début à la fin !

Comme on est chez Thomas Hardy, on retrouve dans Jude l'Obscur sa plume superbe et ses thèmes de prédilection : le mode de vie rural et ses traditions, l'opposition ville/village... Mais la nouveauté réside dans des discours très novateurs et critiques sur les institutions sacrées du XIXe siècle que sont le mariage et la religion : on comprend sans peine en lisant Jude l'Obscur pourquoi il a choqué à sa sortie et provoqué le scandale, au point de faire renoncer Thomas Hardy à écrire d'autres romans.

Pour terminer, je dirais que Jude l'Obscur fait partie de ces romans qui marquent longtemps le lecteur.
Commenter  J’apprécie          100
Jude a été élevé par une grand-tante boulangère, qui a su lui répéter qu'il aurait mieux fait de disparaître avec ses parents. Voyant l'instituteur de son village partir étudier dans la "grande" ville universitaire de Christminster, le jeune Jude rêve de suivre son exemple et s'y prépare en autodidacte tout en exerçant son métier de tailleur de pierre. Mais la chair est faible...
S'il existe un livre imprévisible, c'est bien celui-ci ! On a beau s'attendre à une histoire sombre, on ne cesse d'être surpris par les tristes rebondissements dans l'existence de Jude. Il semblerait que l'homme soit maudit - ou tout simplement faible et peu avisé sur ses choix ? Quoi qu'il en soit, rien ne lui réussit. Ses rêves précoces de carrière universitaire et/ou cléricale sont vite déçus, ses amours s'avèrent malheureuses, complexes, torturées, sa destinée est cruelle et digne d'une tragédie antique…
A travers ce personnage, Thomas Hardy dresse le portrait d'une société de la fin du XIXème siècle où les classes sont figées, où le libre-arbitre est bien restreint, et où les "pulsions" humaines (passion amoureuse, alcool) entravent encore davantage l'individu. L'auteur semble tenir le mariage en piètre estime, considérant que le pacte officiel signe la fin certaine des sentiments entre époux. L'image des femmes est tout aussi négative : manipulatrices, fourbes, capricieuses, elles sont dotées de défauts propices à nuire aux hommes, à courir à leur perte, même lorsqu'elles sont amoureuses. Mais il suffit de penser à "Tess d'Urberville" - où c'est une femme qui est victime - pour se garder de taxer l'auteur de misogynie.
Peu de choses à ajouter pour ne pas dévoiler l'intrigue. Une lecture extrêmement plaisante sur la première moitié, puis lassante, voire agaçante, en raison des atermoiements de certains protagonistes, de l'inertie de Jude, de sa patience inébranlable. Impossible de ressentir la moindre empathie pour Sue - question d'époque et de moeurs, bien sûr, mais surtout de manque d'habitude de ce genre littéraire... La plume très agréable me donne cependant envie de continuer à découvrir l'auteur avec "Le maire de Casterbridge".
Commenter  J’apprécie          91
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Thomas Hardy mais que l'histoire est sombre et pessimiste... Désespoir, rancoeur, orgueil, colère, exil...
Ce n'est pas mon roman préféré de cet auteur !
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (1812) Voir plus



Quiz Voir plus

Jude l'Obscur

Quel est le rêve de Jude Fawley ?

Devenir médecin
Entrer dans les ordres
Etudier à l'univeristé
Faire carrière à Londres

10 questions
30 lecteurs ont répondu
Thème : Jude l'obscur de Thomas HardyCréer un quiz sur ce livre

{* *}