On ne comprend pas toujours ce qui se passe chez les universitaires. Les ramifications se développent sans cesse plus finement et des êtres hybrides apparaissent. A la confluence de la psychologie et de l'ethnologie se développe ainsi l'ethnopsychologie. Christine Hardy la définit de la façon suivante : discipline se proposant d'étudier les états de conscience dans leur vécu subjectif ainsi que leurs effets sur la personnalité, en fonction de leur contexte culturel d'émergence. Si nous en doutions, l'ethnopsychologie nous apprend que la conscience n'est pas un phénomène uniforme et statique.
Dans cet ouvrage en particulier, Christine Hardy poursuit l'objectif de mettre en évidence la façon dont un initié vit et exprime sa transe, quelle vision du monde il en découle, et comment celle-ci colore son vécu subjectif.
Christine Hardy postule l'existence de deux états de transe : le type chamanique ou le type possessionnel. La transe chamanique se propose d'explorer activement l'autre territoire, tandis que la transe possessionnelle se vit passivement en laissant venir à soi ceux de l'autre monde. Les modalités d'exécution de ces transes révèlent les croyances et le système de pensée dans lesquels évolue l'initié et les participants. Ce qui semble irrationnel à nos yeux d'occidentaux révèle une logique qui n'a rien à nous envier. En reconstituant les pièces du système de pensée possessionnel, une figure cohérente s'établit peu à peu, aussi consistante que nos systèmes scientifiques.
Christine Hardy nous propose ainsi de réfléchir à l'apparente complétude de ces sociétés qui intègrent la transe de façon légitim eà leur culture. Ici se trouve peut-être l'élément manquant de notre culture occidentale. Quand nous autoriserons-nous enfin à faire revivre ce qu'il y avait d'enfantin en nous ? Il faudrait réapprendre à danser la macumba comme s'il en allait de notre vie.
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Si la notion de réalité peut varier dans ses fondements d’une culture à l’autre, elle n’est pas pour autant stable à l’intérieur d’une culture, ni même chez un individu particulier.
La psychologie transpersonnelle s’est attaquée à une facette de ce problème en mettant en lumière de larges variations dans notre appréhension de la réalité lorsque nous changeons d’état. S’étant donné pour objectif la compréhension des états de conscience dans leur vécu subjectif ainsi que dans leurs effets sur la personnalité, elle décèle que la conscience n’est pas uniforme et statique comme les définitions classiques tendaient à le laisser supposer.
[…] Dans cette nouvelle optique transpersonnelle, certains ethnologues commencèrent à s’intéresser aux transes dans leurs fonctions psychologiques et leurs effets sur la personne et sur le groupe. Ainsi naissait l’ethnopsychologie (psychological anthropology).
La méditation est une voie d’épanouissement psychique et spirituel qui s’est développée en Orient, principalement au sein des trois grandes religions : l’hindouisme, le taoïsme et le bouddhisme (tibétain, indien et zen japonais). On peut la définir comme un processus d’intériorisation permettant la maîtrise progressive du mental (et incidemment du corps) et dont le but est d’accéder à un état de conscience transcendant, caractérisé par le calme intérieur, l’harmonisation avec l’univers, et la non-pensée.
Dans toutes les voies yogiques hindoues (de même que tibétaines et taoïstes) la progression spirituelle est en relation avec l’éveil des centres d’énergie psychique appelés chakras. Il existe sept chakras qui sont situés le long de la colonne vertébrale aux emplacements suivants : la base de la colonne, la base des organes génitaux, le nombril, la région du cœur, la gorge, le centre du front et le sommet de la tête.
[…] Le centre ajna (au milieu du front) permet l’éveil de facultés de clairvoyance. Il est d’ailleurs souvent représenté par un troisième œil au milieu du front.
Lorsque le centre du sommet de la tête est éveillé, le yogi réalise l’union avec le Brahman –le Tout, la conscience cosmique- et il obtient entre autres la faculté de se déplacer dans son corps subtil.
Ce n’est pas le groupe ou le devin qui, a posteriori, décide que telle maladie est un signe d’élection, mais c’est dans le cadre de la maladie elle-même que cette information est donnée. Que ce soit les sangoma ou les chamanes kabyles, la personne « élue » subit la maladie initiatique jusqu’à ce qu’elle accepte de se faire initier, et toute opposition à ces injonctions des esprits se solde par un surcroît de souffrance. L’initiation mène immédiatement, de façon spectaculaire, une rémission des symptômes de la maladie, comme l’information en avait été donnée en rêve ou lors de visions.
L’état parfait de non-pensée est souvent appelé l’état de « vide », l’état où l’esprit est vide de pensées, comme une étendue infinie de conscience pure.
Alors se révèle un autre mode d’être : une conscience sans pensée, une conscience uniquement consciente d’elle-même-qui-est-le-tout. C’est un mode d’être qui est exprimé comme un Tout vibrant, l’Un vivant ; un état sans caractéristiques, sans attributs. Mais ce vide est loin d’être un néant, c’est un vide plein, c’est l’union avec la Conscience cosmique.