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Citations sur Le désespoir des singes et autres bagatelles (31)

Force est de reconnaître que plus les amours sont impossibles, plus elles s'exacerbent et entretiennent l'illusion que l'être sur lequel nous avons cristallisé nos manques et nos espoirs est le seul aimable au monde, le seul qu'on aimera jamais. La souffrance qui en résulte est pourtant bien réelle et peut détruire autant que dynamiser. Bien qu'elle ait été de loin ma principale source d'inspiration, je me suis souvent demandé s'il n'aurait pas mieux valu que je sois assez équilibrée pour me porter au-devant de partenaires épanouissants, plutôt que passer ma vie à compenser des frustrations aussi dérisoires que les miennes en faisant des chansons. Il m'arrive de me dire aussi qu'il vallait mieux me morfondre seule avec ma guitare et des idéalisations sans aussi proches de moi qu'éloignées de leur objet, qu'aller au bout d'une attirance qui n'aurait pas résisté longtemps à l'épreuve de la réalité, au rpix parfois d'un terrible gâchis. Mais on ne peut pas lutter contre l'inconscient qui nous dirige obstinément, avec la précision du radar le plus sophistiqué, vers l'être dont les failles sont suffisamment complémentaires des nôtres afin d'actualiser la problématique dont nous sommes prisonniers, jusqu'à ce que, à force d'échecs et de douleurs, nous finissons par la percevoir avec assez de lucidité pour tenter de nous en dégager.
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Dans un premier temps, l'absence, l'infidélité, l'insaisissabilité de l'autre exacerbent sinon les sentiments que l'on croit éprouver à son égard, du moins le besoin qu'on a de lui. Durant nos trop rares moments d'intimité, Jacques me témoignait malgré tout tant de tendresse, de délicatesse, de possessivité et de jalousie aussi, qu'il me donnait l'impression de compter presque autant pour lui que pour moi. Peut-être ne voyais-je que ce que j'avais envie de voir, mais Jean-Marie, me confia, longtemps après, qu'à force de me savoir au plus mal, seule chez moi, pendant que Jacques "s'amusait"; il lui avait un jour posé carrément la question : "Et Françoise dans tout ça ?", ce à quoi l'intéressé aurait répondu : "Elle, c'est différent, je l'aime, et je ne veux pas faire comme tout le monde : ne voir qu'elle au début pour la tromper à la fin. Mieux vaut commencer par la fin et finir par le commencement". Jean-Marie avait été bluffé par cette façon originale d'envisager les rapports de couple, mais quand j'en eu la révélation sur le tard, je me sentis flouée. Changer les règles du jeu sans en informer sa partenaire mène autant à l'échec que les suivre, et revient à jouer délibérément sans elle. Je me rappelai toutes ces lettres, envoyées ou non, où je tentais stupidement de convaincre l'homme de ma vie que c'était une erreur de tabler sur un avenir, par définition incertain, et qu'il fallait vivre au présent. Mais sans doute vivait-il bien plus au présent que moi, simplement nous n'en avions pas la même notion : il vivait au jour le jour ce qui était sans lendemain, et restait parcimonieux pour ce qui lui semblait relever du long terme. Vu sous cet angle, il était beaucoup plus sage que moi
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La maladie ne frappe pas n'importe où, ni n'importe comment non plus : les organes ou les fonctions qu'elle affecte, renseignent sur la nature de notre souffrance psychique. C'est parce que nous ne sommes pas à même de percevoir cette souffrance dans sa globalité, avec ses enjeux contradictoires, qu'elle s'exprime dans le corps. Notre vision de la réalité est faussée par les jugements conditionnels partiaux et partiels que nous portons sur ce qui nous blesse et sur nous-mêmes. En diversifiant les angles de vision et en aidant ainsi à y voir plus clair, le langage métaphorique d'une somatisation peut contribuer à la guérison *. "Nous ne pouvons faire en sorte que les situations traumatisantes que nous avons vécues n'aient pas eu lieu, insiste le Dr. Dransart, mais nous pouvons changer le reagrd que nous portions sur elles jusque-là. "
*On en peut évoquer en quelques lignes la pensée aussi subtile que lumineuse du Dr Dransart, sans être très réducteur
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on n'est jamais totalement innocent de ce qui nous arrive
p 141
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tout donner, tout accepter revient à de l'égoïsme
et à du chantage affectif p 141
jouer l'abnégation est une avidité inavouée p 142
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Au cours de mes quarante-six années d'activité professionnelle, les deux tiers des journalistes auxquels j'ai eu affaire m'auront posé des questions insipides pour mettre ensuite mes réponses à leur sauce, dénaturant ainsi, consciemment ou non, mes propos. Trop souvent, lorsque je tombe sur l'une de mes interviews, je suis sidérée tant par la médiocrité de la mise en forme que par le décalage entre ce que j'ai dit et ce qui en a été fait : rien qu'un mot à la place d'un autre peut modifier le sens général d'une phrase ou la rendre triviale. La presse écrite abonde aussi en redoutables spécialistes de ce montage pernicieux consistant à coller ensemble quelque chose que vous avez dit en début d'entretien avec quelque chose que vous avez dit à la fin sur un tout autre sujet, ce qui, en général, rend le propos incohérent, du moins pour le lecteur attentif. Sans parler des phrases tronquées, mises en exergue et extraites de leur contexte... Même si les bonnes surprises ne sont jamais exclues, venant souvent de là où on les attend le moins, je me méfie donc des journalistes, le hic étant qu'une fois face à eux ma spontanéité prend vite le dessus : j'oublie avec qui je suis et je parle à bâtons rompus comme si je me trouvais avec de vieux amis.
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Force est de reconnaître que plus les amours sont impossibles, plus elles s'exacerbent et entretiennent l'illusion que l'être sur lequel nous avons cristallisé nos manques et nos espoirs est le seul aimable au monde, le seul qu'on aimera jamais.
La souffrance qui en résulte est pourtant bien réelle et peut détruire autant que dynamiser. Bien qu'elle ait été de loin ma principale source d'inspiration, je me suis souvent demandé s'il n'aurait pas mieux valu que je sois assez équilibrée pour me porter au-devant de partenaires épanouissants, plutôt que passer ma vie à compenser des frustrations aussi dérisoires que les miennes en faisant des chansons. Il m'arrive de me dire aussi qu'il valait mieux me morfondre seule avec ma guitare et des idéalisations sans doute aussi proches de moi qu'éloignées de leur objet, qu'aller au bout d'une attirance qui n'aurait pas résisté longtemps à l'épreuve de la réalité, au prix parfois d'un terrible gâchis. Mais on ne peut pas lutter contre l'inconscient qui nous dirige obstinément, avec la précision du radar le plus sophistiqué, vers l'être dont les failles sont suffisamment complémentaires des nôtres afin d'actualiser la problématique dont nous sommes prisonniers, jusqu'à ce que, à force d'échecs et de douleurs, nous finissions par la percevoir avec assez de lucidité pour tenter de nous en dégager.
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Piéger quelqu'un en jouant avec sa compassion et sa culpabilité à des fins où ce genre de pression est hors de propos dénote un manque de scrupules ou de discernement qui, tel le ver à l'intérieur du fruit, mine les objectifs autant que les rapports humains.
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La promiscuité et la cohabitation est rarement celle dont on a rêvé puisqu'elle relève davantage du domestique que de l'intime, et ne rend pas moins l'autre insaisissable si telle est sa nature profonde. Le sentir absent alors qu'il est physiquement présent est finalement plus éprouvant que vivre sans lui avec l'illusion qu'on lui manque autant qu'il nous manque.
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La libération sexuelle que l'on met, à tort je crois, dans le vaste fourre-tout de Mai 68 ne me concernait pas non plus. Je me sentais socialement libre sur ce plan, tout en déplorant la confusion trop fréquente entre ce genre de liberté et le débridement consistant à multiplier les partenaires. On a le droit de penser ou plutôt de fonctionner autrement mais, à mes yeux, la relation sexuelle sans amour réduit l'autre à l'état d'objet et vous avilit d'autant, comme le prouve le goût amer qu'elle laisse le plus souvent. Pour certains, ce type de relation constitue la première étape susceptible de mener à l'amour. Pour moi, elle est au contraire le couronnement de l'amour que quelqu'un m'inspire. On reproche parfois aux femmes de confondre amour et désir. Est-ce parce que je suis une femme ? J'ai en effet du mal à dissocier les deux. Si le désir à l'état brut est la pulsion déclenchée par quelque chose ou quelqu'un d'appétissant, alors je ne sais pas ce que c'est que désirer un homme uniquement parce qu'il aurait du sex-appeal. Disons que les quelques hommes à qui j'en ai trouvé étaient ceux chez qui un charme fait d'ambiguïté, de sensibilité et d'intelligence me touchait suffisamment pour m'inspirer une attirance allant beaucoup plus loin qu'un simple désir physique.
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