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Critique de berni_29


Il se passe toujours quelque chose de merveilleux lorsque j'entre dans un roman de Thomas Hardy. Tess d'Urberville fait partie de ces lectures que je n'oublierai jamais. Je l'ai lu il y a très longtemps, je l'ai relu tout récemment. Je ne sais pas si c'est celui que je préfère car il est très sombre. Loin de la foule déchaînée est forcément plus solaire et m'avait emporté dans l'ivresse de l'odeur de la campagne anglaise et les braises mêlées à la lumière des personnages.
Tess d'Urberville aurait sans doute rêvé de goûter à cette lumière. Cela ne faisait sans doute pas partie de son chemin.
Jeune paysanne innocente placée dans une famille, Tess Durbeyfield est séduite puis abandonnée par Alec d'Urberville, un de ses jeunes maîtres. L'enfant qu'elle met au monde meurt en naissant.
Dans la puritaine société anglaise de la fin du XIXe siècle, c'est là une faute irrémissible, que la jeune fille aura le tort de ne pas vouloir dissimuler. Dès lors, son destin est une descente aux enfers de la honte et de la déchéance...
Thomas Hardy possède cet art subtil de savoir poser un sujet, construire une histoire, déployer une narration. Ici le récit se met en place pas à pas, comme si c'était un puzzle que l'auteur nous invite à construire en nous délivrant au gré des pages quelques-unes des pièces. Thomas Hardy est un incroyable peintre des beaux personnages de ce livre et de leurs sentiments parfois complexes.
La manière de dérouler le rythme des saisons enchante l'écriture du récit.
Tess d'Urberville est cette femme dont le destin m'a touché au coeur. À cette seconde lecture, je me surprends encore naïvement à vouloir imaginer qu'elle finira par être heureuse, qu'elle s'en sortira bien de tout cela. Mais une petite voix en moi me dit que je me trompe et me ramène au texte.
Pourquoi ?
Tess demeure tout au long de l'histoire cette femme simple, digne, étonnée par ce qui lui arrive. Il me semblait qu'elle était née cependant pour être heureuse.
Le malheur vint plus tard.
Le malheur né des hommes.
J'aurais voulu qu'elle soit heureuse comme cela, sans le malheur qui venait sur elle, malgré elle. J'aurais tant voulu qu'elle se rebelle devant le sort qui s'acharnait contre elle... Mais à quel endroit aurait-elle pu trouver la force de se révolter ? Et contre qui ? Contre quoi ? Tout était écrit peut-être déjà, malheureusement...
J'aurais tant voulu inverser le cours des choses pour cette femme.
Je ne saurai dire pourquoi, la première fois que j'ai lu ce roman, la naïveté de cette jeune fille m'avait presque laissé indifférent comme de l'eau glissant sur les plumes d'un colvert, tandis que cette fois-ci je crois bien avoir réussi à traverser les pages du livre et lui saisir la main afin de la réconforter...
C'est un très beau roman, sombre et cruel. Un véritable chef-d'oeuvre de la littérature anglaise.
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