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EAN : 9782330117795
400 pages
Actes Sud (02/01/2019)
4.11/5   18 notes
Résumé :
Quelles sont les causes de l?épidémie de dépression qui frappe nos sociétés occidentales ? Johann Hari a lui-même été diagnostiqué dépressif, et il a pris des antidépresseurs pendant quinze ans en constatant que son mal n?avait pas disparu pour autant. Combinant les résultats scientifiques de la médecine mais aussi des sciences sociales, de l?anthropologie et même de la primatologie, son livre s?appuie également sur les récits poignants des nombreux interlocuteurs q... >Voir plus
Que lire après Chaque dépression a un sens Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Johann Hari est un journaliste et essayiste anglais, jusque là connu pour un ouvrage sur l'histoire des drogues traduit en français sous le titre de « La Brimade des stups ». Dans ce nouveau livre, « Chaque dépression a un sens », au sous-titre de « causes méconnues et soins novateurs », il s'attaque à un sujet différent, quoi qu'en partie connexe : l'épidémie de dépression qui fait de plus en plus de ravages dans le monde, et dont il souffre lui-même.
Il y a tout de même un lien avec son précédent livre : l'auteur démontre tout d'abord en quoi les anti-dépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ne sont pas la panacée que l'on croyait être il y a vingt ans et que leur prescription massive est surtout due à l'influence des laboratoires qui les produisent et qui leur ont permis d'empocher 100 milliards de dollars…
Johann Hari s'applique à démontrer ensuite, en neuf points, quelles sont les causes de cette épidémie de dépression, qui lui semblent avoir pour caractéristique commune une perte de lien, avec soi, mais aussi avec les autres et même dans la société tout entière. J'ai particulièrement été intéressé par ses chapitres consacrés à l'enfermement dans un travail privé de sens, la perte du lien avec les autres et le mode de vie imposé de la consommation à tout crin comme remède illusoire à notre sentiment d'insuffisance.
La grande seconde partie, et c'est courageux de sa part, propose des pistes pour des solutions non médicamenteuses, toutes liées par une volonté de reconnexion. Certaines peuvent paraître naïves, voire difficilement généralisables, mais elles ont le mérite d'ouvrir vers de l'espoir.
Je voudrais surtout souligner que ce livre est une enquête très sérieuse sur le sujet, argumentée et appuyée par de nombreuses références. Néanmoins il est extrêmement lisible, relate de nombreux entretiens et témoignages personnels. L'auteur ne se place pas au premier plan, même s'il aborde aussi son passé de dépressif. A noter enfin que le prologue, « La Pomme » qui peut paraître incongru, trouvera son explication à la toute fin.

Est-ce que j'ai été convaincu par ce livre ? En partie seulement, car si j'ai trouvé l'analyse des causes de la dépression très fouillée, avec beaucoup de pistes peu explorées, la dernière séquence, relative à des tentatives de solutions, m'a parue plus faible.

Lu dans le cadre de Masse Critique. Merci aux éditions Actes Sud et à Babelio
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Etant un dépressif chronique, j'aime beaucoup lire sur le sujet et notamment sur les dernières avancées en matière de soins. Cet essai ne m'a pas échappé donc, mais quid de son contenu ?
On passe rapidement sur l'histoire de l'auteur qui a bien connu les longues périodes dépressives, les médicaments et les états profondément anxieux. Viennent ensuite des chiffres pour mieux comprendre le phénomène à travers le monde, dont la France qui détient quelques médailles malheureusement, mais on ne croule pas sous les statistiques non plus. Ensuite un chapitre intéressant sur la sérotonine, cessé être une des « hormone du bonheur », l'auteur révèle quelques fausses pistes souvent trop prises par les patients ayant des a priori. Mais la meilleure partie selon moi est celle sur les causes de la dépression que Johann Hari compte au nombre de neuf, cela va de l'enfermement dans un travail privé de sens (aujourd'hui on parle de bullshit jobs), de la perte du lien avec les autres, au déni des traumatismes infantiles, il inclus aussi la séparation d'avec la nature, ce que je trouve un peu moins viable que les autres mais dans l'ensemble c'est un excellent chapitre pour se remettre sur les rails de la vie, pour mieux se comprendre et chercher les points qui peuvent poser problème.
La partie sur recréer du lien, avec les autres, avec la nature, avec soi, m'a aussi semblé importante dans le sens où je sais que la dépression isole et on cherche cet isolement quand on ne va pas bien, en plus d'être souvent désagréable avec les autres. Donc oui, garder le lien ou le recréer est indispensable pour sa santé mentale, dépressif ou non, je pense que cela s'applique à toutes et tous sans distinction.

Par contre là où je ne suis pas d'accord c'est que très régulièrement l'auteur nous parle de son cas comme si c'était un cas général, notamment quand il parle de déséquilibre chimique comme d'une fausse information créée par les labos pharmaceutiques pour vendre des pilules, alors que des études existent bien et bien sur la corrélation entre ce déséquilibre chimique et la dépression, même si ce n'est pas général, j'aurais aimé le voir aborder certains chapitres différemment, plus objectivement. A en croire ce qui est écrit, il suffit de recréer différents liens pour sortir de sa dépression alors que c'est en partie vrai mais on ne peut pas exclure les traitements pour autant.

Au final il y a d'intéressantes pistes pour se soigner mais rien ne vaudra une thérapie avec un professionnel, c'est très bien documenté même si l'auteur omet la piste des médicaments pour se soigner en attendant d'avoir la capacité à recréer des liens de diverses façons.
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Le mal du 20ème siècle était le mal du dos, celui du 21ème est la dépression… de pire en pire.

L'auteur fustige le peu d'efficacité des antidépresseurs, administrés à tout va par des médecins qui considèrent la dépression comme une maladie mentale et non principalement comme un mal être généré par une société de plus en plus individualiste alors que l'être humain est avant tout un être social.
L'appartenance à un groupe était fondamentale pour nos ancêtres préhistoriques : ils se sentaient alors en sécurité au milieu des leurs et chacun avait sa place dans le groupe. Aujourd'hui, de nombreuses personnes sont isolées, deviennent craintives et ne savent plus communiquer. Cela sans compter sur notre belle technologie qui nous laisse croire que nous avons des centaines d'amis contenus dans notre seul téléphone. Il est tellement plus simple d'échanger des SMS depuis chez soi que de passer un moment ensemble devant un café, en plein air.

Ce livre s'appuie sur des études anthropologiques, sociales et scientifiques suite à l'observation de la population dans différents cas de figure. Des femmes et hommes victimes de dépression ont été interrogés et de cela résulte des études expliquant que bien souvent la dépression est liée à un environnement social et/ou affectif défaillant. A cela viennent s'ajouter le stress inhérent à notre façon de vivre et la frustration liée à la croyance que plus nous possédons, mieux nous existons. Les exemples de vie cités pour illustrations sont assez frappants.

La seule utilité des antidépresseurs est d'enrichir toujours plus les laboratoires qui les produisent et en vantent leurs mérites. Leurs effets secondaires sont eux désastreux. C'est un point de vue radical mais que J.HARI défend bien. Cela a le mérite de se poser des questions et d'essayer de faire bouger les lignes.
Il ne s'adresse pas aux seuls dépressifs mais à tous ceux qui veulent savoir ce qui provoque tant de mal-être dans notre société, dont la dépression.

Très instructif, il m'a parfois ouvert les yeux, même si je ne suis pas entièrement en accord avec lui, notamment sur l'inefficacité quasi-totale des antidépresseurs. Pour pondérer ses propos, je dirai qu'à l'antidépresseur doit être impérativement adjoints une prise en charge psychologique et un questionnement sur notre façon de vivre.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour l'envoi de ce document dans le cadre de l'opération Masse critique. La dépression... véritable "épidémie" de notre siècle, il a souvent étudié par les spécialistes. C'est pour cela que ce livre est intéressant : il n'est pas l'oeuvre d'un psychiatre ou autre psychanalyste. Mais celle de Johann Hari un auteur, un journaliste qui a lui même fait l'expérience de la dépression et de l'anxiété pendant 13 longues années. Et donc l'expérience de la prise d'antidépresseurs. Qui n'a pas été la hauteur de ses espérances.
Cela l'a alors décidé à approfondir le sujet, à chercher à comprendre le pourquoi du comment de la dépression en écartant le postulat de départ qui était de prétendre que la dépression est le fruit d'un déséquilibre chimique dans le cerveau et seulement de ce déséquilibre. Il a cherché à comprendre les causes sociétales, personnelles... du déclenchement de cette "pathologie". Il a interrogé un grand nombre de chercheurs qui essayaient de prouver cette théorie face à l'omnipotence des laboratoires pharmaceutiques (mais le sujet n'est pas le combat contre ces laboratoires) pour argumenter et enfin trouver des causes autres que physiologiques. Mais également et c'est là un point important, il essaie de donner des "solutions" pour se retrouver et retrouver un état "non-dépressif".
Un ouvrage simple d'accès qui donne une nouvelle dimension au sujet complexe et très étudié de la dépression.
A recommander !
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Un livre novateur et critique sur la manière dont la dépression est traitée depuis des décennies. Un livre remarquable et intelligent, qui explore, raconte, analyse, développe... Avec sérieux et humour l'auteur (lui même fut concerné par le trouble) nous éclaire sur le sujet, il dresse le tableau général et nous convie à réfléchir sur un trouble qui a sans doute de multiples origines. Pour moi ce livre aussi "impertinent" que savoureusement érudit ouvre des portes, il nous invite à juger, ou du moins à se faire une idée sur un problème de santé publique que l'on a longtemps traité par la seule médication. D'autres pistes de compréhension existent en l'occurrence, et ce livre est un véritable éclairage sur la sphère dépressive, à lire !
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Your brain is constantly changing to meet your needs. It does this mainly in two ways: by pruning the synapses you don’t use, and by growing the synapses you do use. So, for example, if you raise a baby in total darkness, 5 the baby will shed the synapses that relate to eyesight—the brain has figured out he won’t need them and that it’s better to deploy that brainpower somewhere else. For as long as you live, this neuroplasticity never stops, and the brain “is always changing,”[...] Because you are feeling intense pain for a long period, your brain will assume this is the state in which you are going to have to survive from now on—so it might start to shed the synapses that relate to the things that give you joy and pleasure, and strengthen the synapses that relate to fear and despair. That’s one reason why you can often start to feel you have become somehow fixed in a state of depression or anxiety even if the original causes of the pain seem to have passed.
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Depuis des décennies les scientifiques connaissent la véritable histoire de la dépression et de l'anxiété. Les causes de ces maladies sont de trois types : biologiques, psychologiques et sociales. Toutes ont un effet réel et aucune ne se résume à un simple déséquilibre chimique. Les causes sociales et psychologiques ont été passées sous silence pendant une longue période, alors que, sans elles, les causes biologiques n'auraient sans doute aucune influence..
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Lonely people are scanning for threats because they unconsciously know that nobody is looking out for them, so no one will help them if they are hurt. This snowball effect, he learned, can be reversed—but to help a depressed or severely anxious person out of it, they need more love, and more reassurance, than they would have needed in the first place. The tragedy, John realized, is that many depressed and anxious people receive less love, as they become harder to be around. Indeed, they receive judgment, and criticism, and this accelerates their retreat from the world. They snowball into an ever colder place.
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J'avais dix-huit ans quand j'ai avalé mon premier antidépresseur.
La scène se déroulait sous un pâle soleil anglais, devant la pharmacie d'un centre commercial de Londres. Le cachet était petit et blanc, et quand je l'ai avalé, il m'a fait l'effet d'un baiser chimique.
Ce matin-là, j'étais allé chez mon médecin. Je lui avais expliqué que je ne me souvenais plus d'avoir passé une journée sans crise de larmes. Depuis ma plus tendre enfance, à l'école, au collège, à la maison, avec des amis, je devais souvent m'isoler et m'enfermer pour pleurer. Il ne s'agissait pas seulement de quelques larmes. C'étaient de vrais sanglots. Et même quand les larmes ne venaient pas, un monologue presque ininterrompu bourdonnait dans mon esprit. Ensuite, je me faisais des réprimandes : C'est dans ta tête tout ça. Reprends-toi, arrête d'être aussi faible.
J'avais honte d'en parler à l'époque ; j'ai honte de l'écrire aujourd'hui.
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Baboons are locked in their hierarchy. They need somebody at the bottom to beat up and humiliate. [...] But humans do have a choice. We can find practical ways to dismantle hierarchies and create a more equal place, where everybody feels they have a measure of respect and status. Or we can build up hierarchies and ramp up the humiliation—as we are doing today. When we do that, many of us will feel we are being pushed down, almost physically, and many of us will show signs of submission. We’ll lower our heads and our bodies and silently say: Leave me alone. You beat me. I can’t take this any more.
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Vidéo de Johann Hari
Le professeur Dautzenberg, préfacier de "La Brimade des stups" et Johann Hari, son auteur. Vidéo réalisée par Florian di Maria
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