La Sage-femme des Appalaches de
Patricia Harman est un roman émouvant et enivrant. Et s'il m'a semblé un brin désincarné dans sa première moitié, c'est en continuant à en tourner les pages que j'ai perçu sa grandeur et sa sensibilité.
C'est très naïvement, sans plus d'attente que cela, que je l'ai fait mien, il y a quelques jours : il y était question du métier de sage-femme (profession qui m'intrigue et me passionne) dans les États-Unis du début du XXème siècle, et il s'agissait d'un premier roman, écrit par une sage-femme expérimentée devenue enseignante en obstétrique en Virginie.
Il ne m'en fallait pas plus pour y plonger. Je savais que je pourrai y glaner quelques précieuses informations. (Autant vous dire que je ne voyais pas ce roman comme un objet littéraire à part entière mais bien comme un support à mon désir de connaissances).
Le résumé est des plus convenus, je suis d'accord. Assez mal-fichu aussi, un peu mièvre, un rien vieillot – il ne rend pas franchement hommage au texte qu'il présente, il faut l'avouer. On pense avoir affaire à un récit un peu fleur bleu et faussement tragique.
Croyez-moi, il n'en est rien.
J'ai d'abord été extrêmement intéressée pas son contenu, tant sur le plan scientifique qu'historique. J'ai trouvé le contexte social et politique intelligemment mis en valeur, couvrant le roman d'un voile de véracité des plus agréables. La réalité du métier de sage-femme, dans les conditions qu'elles étaient à l'époque, est rendue avec finesse et naturalisme, sans misérabilisme aucun.
J'ai, à ce sujet, appris beaucoup.
S'il m'a fallu un peu de temps pour m'attacher à ses personnages – je trouvais le récit morcelé, trop construit autour d'une accumulation d'expériences et d'évènements distincts les uns des autres – je me suis surprise à avoir de la peine à refermer le livre une fois la deuxième moitié entamée.
Patience et Bitsy, les deux héroïnes – indépendantes, intelligentes et solides – m'ont énormément touchée. Leur courage et leur trempe m'ont plu : elles n'avaient rien des jeunes premières encore effleurées par l'enfance que l'on trouve souvent dans les romans pseudo-historiques.
« Les sages-femmes ne sont pas douces dit la Patience à la fin du roman, ce sont des guerrières ».
David Hester, le vétérinaire, a fait résonner en moi une corde joliment sensible. Voilà un beau personnage masculin, loin des poncifs et des clichés, ai-je pensé.
La langue de
Patricia Harman enfin, sobre et sans chichi sert parfaitement le propos. Sans originalité particulière, elle n'est nullement à voir comme un faire-valoir, se contentant de faire exister une histoire riche et passionnante. Je ne suis, en revanche, pas certaine que la traduction, elle, soit d'une qualité exceptionnelle.
Et si
La Sage-femme des Appalaches n'a pas fait battre mon coeur comme certains livres ont l'art de le faire, il a eu le mérite de m'apprendre beaucoup, de m'émouvoir et de me conforter dans l'idée que le métier de sage-femme est bien plus qu'une profession : c'est un phare, une lumière et un sacerdoce.
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