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EAN : 9782246862703
192 pages
Grasset (15/02/2017)
3.54/5   12 notes
Résumé :
Début des années soixante : les Rosenblatt ont posé leurs valises au Texas. Juifs au milieu de la plus importante population évangélique du pays ; russes d’origine à une époque où l’on se prépare à vitrifier les « ruskoffs » ; gauchistes dix ans après que les époux Rosenberg ont grillé sur la chaise : l’intégration ne va pas aller de soi…
Julius, le père de famille, est un avocat raté. Sa femme Rose rêve d’adaptation et entreprend à cette fin de burlesques te... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dallas, 22 novembre 1963. C'est là-bas, aux alentours de cette date, que se situent les événements racontés dans L'affaire Rosenblatt. Une date qui aura aussi compté dans la destinée d'un certain John F. Kennedy, bien que lui-même n'ait pas la possibilité de s'en souvenir... Vous trouvez ce mot d'esprit déplacé ? Alors ne lisez pas ce livre, un presque chef d'oeuvre d'humour noir et de mauvais goût, écrit par un presque inconnu nommé Joël Haroche.

Le titre fait bien évidemment penser à l'affaire Rosenberg, ce couple de New-Yorkais juifs communistes, accusés d'espionnage au profit de l'Union Soviétique, et qui, malgré leurs protestations d'innocence, furent exécutés sur la chaise électrique. le 19 juin 1953.

19 juin 1953, c'est aussi la date de naissance du fils aîné des époux Rosenblatt. Il a donc dix ans au moment des faits dont il est le narrateur. La concordance de date, c'est pour lui comme si ses parents étaient la réincarnation spirituelle des Rosenberg... En complètement louftingues !

A l'instar de leurs presque homonymes, les Rosenblatt sont juifs, athées, d'origine russe, engagés dans les mouvements des droits civiques, sympathisants communistes et carrément admirateurs de Fidel Castro. Tout pour plaire dans le quartier chic de Dallas, Texas, où ils occupent la seule maison délabrée et où les résidents se situent plutôt dans la continuité des convictions sudistes les plus radicales. Une confrontation culturelle frontale. Ajoutons que les finances des Rosenblatt sont à sec alors que celles de leur voisinage nagent dans le pétrole… Une intégration locale difficile !

Papa, Julius Rosenblatt, est un avocat raté. Quelque peu parano, il a tendance à attribuer ses échecs à des complots d'anticastristes. En réalité, il a l'habitude de dormir quatorze heures par jour, ce qui ne facilite guère le développement de son cabinet. Il doit se contenter d'une clientèle de petits délinquants mexicains minables, incapables de payer ses honoraires, si ce n'est en nature : une portée de chihuahuas, par exemple, ou une palette de boîtes de corned-beef !… Un jour, il entreverra l'opportunité de défendre le plus grand criminel de l'époque, mais il s'y prendra comme un manche. Un coup à finir derrière les barreaux…. le comble pour un as du barreau !

Dans la famille, ils sont tous cintrés. Maman, une intellectuelle darwinienne, est phobique au dernier degré et pourchasse microbes, bactéries et autres amibes. Grand'Pa, presque centenaire, aphasique, est toujours à la recherche – en mobilité réduite – de sa femme, la mère de Julius, une jeune danseuse qui s'est tirée il y a quarante ans. L'autre grand-père – famille Katzenellenbogen – vient de publier Les splendeurs de l'intestin, un ouvrage scientifique à la gloire d'un organe injustement déprécié alors qu'il pourrait être la preuve ultime de la non-existence de Dieu !...

Mais le plus délirant, c'est Nathan, le fils cadet, huit ans, un QI qui frôle les 180, hypermnésique et caractériel. Il est aussi atteint du symptôme de Gilles de la Tourette, ce qui l'amène à déclencher toutes sortes de catastrophes absurdes, comme en gueulant brusquement « bandes d'enculés ! » en plein dîner de shabbat.

Des scènes loufoques. Un nez rouge de clown en carton bouilli atterrissant avec sang et morve dans la soupe à la recette immuable depuis une arrière-arrière-grand-mère Katzenellenbogen. Une dinde de Thanksgiving, peut-être casher, peut-être laïque, qui finit par disparaître en passant à travers la fenêtre. Un pique-nique familial où Julius fait venir son meilleur pote et meilleur client, un freluquet nerveux qui répond au petit nom d'Ozzie, que les enfants surnomment Lucky Rabbit, et que sa femme Marina, une russe qu'il a ramenée d'Union Soviétique, appelle tendrement Lee-Lee-Darling. Un pote qui leur réserve bien des surprises !...

Car comme dans le poème récité à l'occasion de nombreuses obsèques et qui commence par « je suis juste passé dans la pièce d'à côté… », on vient juste de passer un mort dans la pièce d'à côté de celle où Nathan est en consultation de neurologie au Parland Memorial Hospital…

Avant de commencer la lecture, j'avais vu qu'il était mentionné après la dernière ligne : « New-York, novembre 1969 ». Inconsciemment, j'en avais déduit que le livre était l'adaptation française d'une oeuvre américaine déjà ancienne. Je trouvais le texte remarquablement traduit… avant de prendre conscience de mon erreur d'interprétation. L'affaire Rosenblatt est le presque premier roman d'un Français et c'est presque génial. Presque ! Un peu compliqué d'appréhender du premier coup la chronologie des événements. Pas facile de prendre note de tous les détails… et pourtant ils comptent tous. Et le narrateur aurait pu dire... bien d'autres choses, en somme…

En prenant le temps qu'il faut, c'est un moment de lecture savoureux, inattendu, par moment hilarant.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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1963, Dallas, Texas, ça vous dit vaguement quelque chose? Et bien, l'action de ce court roman à l'humour ravageur se passe exactement à ce moment, à cet endroit, à cette époque-charnière de l'histoire des États-Unis.
Julius Rosenblatt, avocat de clients désargentés et sa famille, Rose, sa femme et ses trois enfants, Elias, Nathan, Jessie, ainsi que le grand-père Nahum s'intègrent difficilement à l'ambiance générale qui prévaut dans cet état du Sud américain. Julius, aux tendances gauchistes et Rose avec ses théories darwinistes cadrent mal avec leur milieu plutôt conservateur et créationniste. Tous seront mêlés malgré eux à l'attentat du 22 novembre 1963.
L'écriture est délicieuse, le ton joyeux malgré les événements tragiques. le narrateur, Elias, nous restitue les faits six ans après dans toute sa verve d'adolescent et ses souvenirs d'enfant de dix ans.
Une autre vision joliment originale de cette affaire qui continue à faire couler beaucoup d'encre.
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La famille Rosenblatt s'est installée à Dallas au Texas au début des années soixante. Ce sont des juifs d'origine russe partisans de Castro. Leur intégration dans cet état profondément réactionnaire est un souci constant pour Mme Rosenblatt, une darwinienne obsédée par les microbes. le père Julius, quant à lui est obsédé par les complots, c'est un avocat raté parfois rémunéré en chihuahuas volés par certains de ses clients mexicains.

C'est donc une famille de bras cassés au sein de laquelle vit Elias, le narrateur de 10 ans. Il est assailli de prémonitions, d'idées morbides et tient un journal intime où il recense la météo des cinq dernières années. Son frère Nathan est un petit génie de huit ans atteint du syndrôme de Gilles de la Tourette, il lance à certains moments imprévisibles des flots de propos orduriers.

Elias, le narrateur, commence son récit le 16 novembre 1963. Il nous parle d'un couple d'amis de ses parents Lee et Marina, un couple aussi marginalisé qu'eux avec qui ils organisent parfois des pique-niques.

Le 22 novembre 1963 la famille ne peut pas assister au défilé de Kennedy car Elias est avec sa mère à l'hôpital où Nathan consulte un neurologue, le jeune garçon est très déçu de ne pas pouvoir agiter son drapeau comme tous les autres enfants au passage de Kennedy. Mais rapidement ils sont témoins de l'agitation indescriptible qui se produit dans l'hôpital quand Kennedy est conduit en salle d'opération. Rentrés chez eux, rivés à leur poste de télévision, ils apprennent la mort du Président et découvrent que l'assassin est leur ami Lee... "C'est difficile d'aimer à la fois la victime et l'assassin", "Un président peut se balader en Lincoln décapotable le matin et en cercueil plombé le soir, quand on avait vu ça, on avait tout vu."
Au passage Elias ne manque pas de remarquer l'influence du climat sur les destinées humaines car le ciel qui s'est dégagé ce jour là sur Dallas a abouti à la décision de décapoter la limousine présidentielle...

Je suis restée sur ma faim avec ce livre pourtant agréable à lire. Je n'ai pas trop adhéré à cette histoire au ton décalé plein d'humour qui, selon moi, aurait mieux correspondu à un format de BD. J'ai cependant aimé le style un brin déjanté de l'auteur et lirai certainement ses prochains romans.

Ce roman a été sélectionné pour le Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2017.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Bande d’enculés », il a dit. Sauf que personne n’a entendu. À moins de cent décibels, on ne vous entendait pas chez les Rosenblatt, il y avait toujours une discussion sur le feu ou quelque chose. Maman qui râlait contre Papa qui était un presque rien. Jessie qui braillait pour son biberon. Ou Grand’Pa pour qu’on le sorte des cabinets où il passait une bonne partie du temps qu’il lui restait à vivre.
« Bande d’enculés », a gueulé Nathan. De toutes ses forces cette fois. Et là on a bien entendu et ça a jeté un froid, je ne vous dis pas. C’est pas qu’on n’était pas ce qu’il disait – ni l’inverse d’ailleurs –, mais d’entendre Nathan qui n’avait pas plus de huit ans tout compris nous traiter comme ça, c’était dur, vu qu’on était sa famille, qu’il n’en avait pas de rechange, que jusque-là – de toute sa vie –, il n’avait jamais tenu un propos si terrible, qu’on était samedi soir tous réunis autour de la table pour le final du Shabbat et que ce ne sont pas les mots que d’habitude on entend en ces occasions même dans les familles les moins orthodoxes. Papa a viré tout blême, déjà qu’il n’avait pas bonne mine, le pauvre, à cause de tous ces Mexicains foireux qui ne le payaient jamais ; et puis d’un coup il a balancé à Nathan une énorme baffe en pleine face, sans aucun égard pour les organes qu’il y avait dessus. On a entendu un sale bruit de carton bouilli. Et le nez de Nathan, son lamentable blair de clown, s’est fait la malle, direct dans sa soupe. Putain de nez ! je me suis dit. Le voir comme ça tournoyer dans le potage, en deux ou trois morceaux, avec du sang, de la morve et tout, ça m’a franchement désolé, d’autant que la soupe de Maman, servie tous les vendredis et samedis soir, c’était une recette immuable qu’elle tenait de sa grand-mère Katzenellenbogen, qui elle-même la tenait d’arrière-Bonne-Maman Finkelstein, et que depuis deux cent cinquante ans personne n’avait osé y apporter la moindre innovation. On était là, tous pétrifiés, on se disait que plus rien ne serait comme avant, ni la soupe de Maman, ni le nez de Nathan, ni rien de ce à quoi on avait fini par s’habituer, à force. Et puis Maman a rompu le silence et le pain du Shabbat : « Faut arrêter le sang », elle a dit et elle a entrepris de fourrer la mie de notre pain sacré dans les trous de nez de mon petit frère. Elle était comme ça, Maman, côté pratique on pouvait compter sur elle.
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Papa a senti qu'il fallait de toute urgence détendre l'atmosphère . Il a rebondi sur un truc philosophique : "Cette idée que l'Homme a été conçu à l'image de Dieu , ça ne tient pas . Car ça supposerait que Dieu est pourvu d'intestin et qu'il va au moins de temps en temps aux toilettes ."
Irving a trouvé cette réflexion plutôt subtile , surtout de la part d'un presque-rien : "Vous n'avez pas tout à fait tort , Julius , il a dit , l'intestin pourrait être la preuve ultime de l'inexistence de Dieu . Du reste , les théologiens avaient tellement bien vu le problème qu'ils affirmaient mordicus que "Jésus mangeait , buvait , mais ne déféquait pas".
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Quand elle souriait , on voyait qu'il lui manquait deux ou trois dents , mais elle ne souriait pas souvent et de toutes les façons il n'y a rien de plus beau que la beauté quand elle est un peu abîmée , un beau visage , c'est bien mais avec deux dents en moins , ça parle encore beaucoup plus des fois . Prenez les statues grecques rajoutez-leur les bras et les bouts de nez qui leur manquent , vous n'aurez plus envie de les regarder , moi je dis .
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Un Président pouvait se balader en Lincoln décapotable le matin et en cercueil plombé le soir, quand on avait vu ça, on avait tout vu.
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Il n'y a rien de plus poétique qu'une météo marine, au plus profond des ténèbres, sur un transistor ondes courtes, quand on est bien enfoui sous une pile de couvertures.
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