Les nouvelles nous plongent sans détours dans l'intimité des personnes qui font l'histoire. Qu'il s'agisse du vigile d'une salle de concert et une strip-teaseuse, de l'employé d'un abattoir et son veau qu'il sauvera, jusqu'à sa femme qui surgit à la fin de la narration pour lever l'intrigue, de trois adolescents témoins d'une scène dont on se demande s'il ne s'agit pas d'un rêve, d'un homme sortant de l'hôpital accompagné de sa vieille maman ou de cet homme fou amoureux de la plus belle femme du monde…
Il y a dans chacune des histoires une accroche forte, qui nous pousse à connaître l'issue qui souvent parfait l'humour qui s'en dégage par un décalage de ton, une réalité un peu triste ou une interrogation sur la suite de l'action. Chaque nouvelle amorce quelque chose qui semble banal mais en réalité, un détail vient toujours relever l'intrigue que ce soit le regard de « Yuri », la particularité de « la plus belle fille du monde » ( je ne vais pas vous la révéler, mais c'est vraiment une nouvelle très drôle ), le déni de la strip-teaseuse sur la réalité de sa prestation…
J'ai vraiment aimé le style de l'écrivain, assez minutieux dans les descriptifs, un vocabulaire accessible, quelques mots nouveaux pour ma part, j'ai par exemple appris qu'on écrit le mot « saynète » ainsi, car scènette n'existe pas.
Il y a une forte empreinte religieuse chez plusieurs personnages, entre ce juif qui attend de mettre son amoureuse dans son lit, ces ados qui se demandent si le bruit entendu n'est pas « une météorite qui allait tomber du ciel pour anéantir tous (leurs) péchés ». J'imagine que les origines familiales propres à l'auteur ont inspiré ce détail qui ne fait que poser une confidence supplémentaire. Les personnages sont terriblement touchants, ce père alcoolique dans « le dernier père » nous invite à l'empathie, ces deux vieux qui s'opposent dans cette dualité entre la vie et la mort, nous interpellent sur le sens de la vie dans ses derniers instants, cet insomniaque dans « rester au lit » qui pousse l'introspection sur l'écueil de la vie de couple et cette solitude dont il souffre. le drame n'est jamais loin, mais en soi, ces nouvelles sont pétillantes, décapantes, justes dans le sens de ces instants de vie et retracent une belle sensibilité de la part de l'auteur.
Evidemment vous l'aurez deviné, j'ai vraiment adoré cet ouvrage. Son authenticité, sa folie, sa justesse de ton, sa minutie, et sa poésie m'ont séduite. J'aime être dans cette émotion, et
Raphaël Haroche nous kidnappe tout entier à chaque nouvelle histoire. Il est presque frustrant de finir les quelques pages tant cela est bien conté. J'ai hâte de le savoir dans la publication d'un roman.
Indéniablement, cet écrivain sait passionner et embarquer le lecteur dans son univers.
Une belle découverte et un talent certain.
#CelloMuse
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