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Aline, est une jeune femme apparemment heureuse, elle est professeur de littérature et mène une vie sereine bien que sans passion.
Lucien, lui est un jeune journaliste, sans grandes ambitions, célibataire, il partage sa vie entre sa mère, sa soeur et sa petite amie.
Alors qu'ils s'ennuient, chacun à une table, dans un café Parisien, la jeune femme décide « d'envoyer » la part masculine de sa personnalité à l'intérieur du corps du jeune homme.

Ainsi naîtra Orlanda et à travers lui Aline vivra ses fantasmes toujours refoulés.
Mais pour combien de temps ?
Est-il possible de vivre en étant amputé d'une partie de soi-même ?
Jacqueline Harpman signe là un roman complexe et très original et me donne envie de poursuivre ma découverte de l'oeuvre de cette grande dame de la littérature Belge.
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Orlanda est bien sûr la réponse de Jacqueline Harpmann à ORLANDO de Virginia Woolfs .
Orlanda c'est un peu le rêve que l'on a tous , d'être dans la peau du sexe opposé et pouvoir ressentir des sensations auxquelles on aura jamais accès .
Jacqueline Harpmann est psychanalyste et ses livres sont bien sûr fort axé sur la psychologie .
Ce livre se lit néanmoins facilement car cette romancière a beaucoup de talent
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Déroutant et perturbant, dans le style comme dans le fond !
Ça m'arrive rarement, mais j'avoue que j'ai eu du mal à avoir un avis pertinent sur ce roman et à savoir si je l'avais apprécié. C'est très étrange comme sensation...

En explorant à sa façon la dualité homme-femme qui existe en chacun de nous, l'autrice met à profit sa formation de psychanalyste pour nous embarquer dans une histoire totalement "perchée", qui m'a carrément retourné le cerveau, au sens propre comme au figuré !

Déjà, le concept : il faut s'accrocher, du moins pour un esprit psycho-rigide et cartésien comme le mien, car on part très loin, aux confins des fantasmes les plus fous, entre science-fiction et voyage introspectif et psychanalytique.
Partons donc du postulat qu'une partie de notre âme, se trouvant à l'étroit, refoulée et bridée dans notre propre corps, migre pour squatter celle d'un autre individu, de sexe différent pour corser l'affaire ! ... Quelles en seront les conséquences ? Cela sera-t-il viable ?
Il y a du Freud là-dedans, on est à la limite de la schizophrénie, justifiée par les traumatismes de l'enfance, sous l'éducation d'une mère "castratrice".

Et nous voilà partis à réfléchir à "Qui suis-je ?", "Suis-je un ou multiple ?", "Suis-je seule détentrice de mon âme ?" , "Puis-je me délester d'une portion de moi-même sur un autrui pour lui permettre de s'épanouir ?", "Pourquoi se construit-on en fonction des attentes de ceux qui nous élèvent, et refoulons-nous la part de nous-mêmes qu'ils ne souhaitent pas voir ?"...

Tout cela doublé d'une narration très particulière qui a contribué à me perdre plus d'une fois, tant il était difficile de savoir qui s'exprimait.
Quand un seul esprit cohabite dans deux corps, et plusieurs esprits dans un même corps, le tout vu de l'intérieur, puis de l'extérieur... Quand "je" est aussi "il", mais en même temps "elle", tout en étant "moi", puis que la narratrice externe s'en mêle... Vous la sentez monter vous aussi, la céphalée ??

Ajoutons à cela que l'autrice est très érudite et nous le fait savoir en usant de nombreuses et très pointues références littéraires, importantes pour la compréhension du texte, mais dont certaines subtilités ont malheureusement manqué à ma culture... Mieux vaut donc maîtriser entre autres, Virginia Woolf et son Orlando, ainsi que Proust et sa Recherche pour bien suivre.

Ensuite, un point m'a un peu dérangée : c'est l'aspect réducteur, caricatural et grossier conféré à l'âme masculine, en la résumant quasiment à une obsession permanente pour l'activité sexuelle, présentée comme libératrice. J'y ai trouvé un certain manque de finesse, comparativement au reste de l'analyse qui est bien plus poussée, et je n'ai pas compris l'intérêt d'une insistance si redondante.

Cela dit, j'ai apprécié la découverte de cette autrice, d'un style et d'un scénario original et inattendu. J'ai été curieuse de voir jusqu'où J. Harpman allait pousser la folie du concept de son roman. Je me suis enrichie des réflexions qu'elle a fait naître au fil des pages.
Mais j'ai quand-même été assez perturbée par l'aspect si loufoque de l'histoire et de la narration. Où a-t-elle été chercher tout ça ?? Et après mes efforts pour pénétrer cet univers si particulier, j'ai finalement été plutôt déçue par la toute fin, que j'ai trouvée un peu abrupte et trop facile, au regard de l'aspect tortueux du reste du roman.

Je retiendrai donc une lecture exigeante, riche, complexe et marquante, qui, si elle m'a intéressée, instruite et amenée à réfléchir, m'a apporté plus de noeuds au cerveau que la détente et le plaisir escomptés.

(Challenge Solidaire Babelio 2022 - 5/30)


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Aline Berger est professeur de littérature, elle a écrit une thèse sur La Recherche du Temps Perdu de Proust, et est actuellement occupée à la rédaction d'un article sur Orlando, de Virginia Woolf. Ces éléments sont importants car le roman comporte d'innombrables références aux oeuvres de ces deux auteurs. C'est lors d'un voyage à Paris que la chose se produit : la partie masculine d'Aline, Orlanda, celle qu'elle a toujours refoulée, décide de sortir de son corps pour intégrer le corps d'un homme et pouvoir donner libre cours à ses envies et pulsions. J'avais lu Proust, mais pas Virginia Woolf. Je pense donc n'avoir pas pu apprécier toute la richesse du texte de Jacqueline Harpman. Néanmoins, je me suis régalée et je mets même une 5ème étoile pour l'originalité de ce roman.
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Un peu consternant : Etant "en cours" sur un autre livre de cet auteure, je réfléchissais à mes précédentes lectures et cherchais dans la bibliographie de Harpman. Puis, je vois "Orlanda", et ça me dit quelque chose. Mais pas grand chose. La certitude pourtant de l'avoir lu, il y a quelque temps. Je cherche dans ma bibliothèque et, en effet, je le trouve. Je le feuillette en cherchant des indices attestant de sa lecture : feuilles écornées, traits au crayon ou au bic signalant des passages marquants... Pas grand chose, voire rien. Mais, en (re-)lisant quelques passages, le tilt se fait et je dois reconnaître que je l'ai lu.

Conclusion : Un titre oubliable. Pas mauvais, sans quoi je m'en serais souvenu ; mais pas excellent, sinon je m'en serais souvenu.
Deuxième conclusion : A choisir, lisez plutôt La Dormition des amants.
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Aline, trentenaire à la vie bien rangée, attend un train dans un café, à quelques mètres de Lucien, un jeune homme séduisant lassé par la vie. Alors que la belle universitaire essaie de percer à jour les secrets de Virginia Woolf, sans qu'elle s'en rende compte, une partie de son âme se détache d'elle et va se loger dans le corps du beau Lucien.

Comme je l'ai expliqué dans mes précédents articles, j'ai, au cours de ces derniers mois, développé une grande admiration pour Jacqueline Harpman. Par conséquent, une fois remise de ma lecture de Moi qui n'ai pas connu les hommes, je me suis attaquée à mon troisième roman d'Harpman, Orlanda, l'oeil sans doute attiré par ce titre qui n'était pas sans me rappeler un certain Orlando. Il s'agit en effet, comme vous l'aurez sans doute compris, d'un hommage au célèbre roman de Virginia Woolf, dont la poésie m'avait bouleversée. Malheureusement, je n'avais pas poussé ma lecture plus loin, ne m'était pas documentée sur ce roman et n'avait pas cherché à « trouver le sens derrière les mots », ce à quoi ma chère compatriote belge s'est empressée de remédier.

Et c'est indubitablement ce qui m'a le plus séduite dans ce livre : Jacqueline Harpman y développe une interprétation tout bonnement fascinante de l'Orlando de Virginia Woolf. Je vous laisse juge :

"Mais il n'a jamais été un garçon ! s'écria-t-elle. Les sept jours au lit, ma mère m'en a assez bassiné les oreilles, c'est la puberté ! Tout n'est qu'allégorie et c'est elle-même que Virginia raconte ! […] C'est dans l'enfance que les années passent sans qu'on vieillisse ! Et puis le moment du grand changement est venu, il a fallu d'enfant asexué passer à la femme. "

​Ainsi, la plus grande révélation fut pour moi qu'Orlando avait toujours été femme, figurant Virginia Woolf elle-même qui, en passant à l'âge adulte, se voit contrainte de renoncer à sa liberté, car la condition de la femme est emprisonnée de convenances et de règles. Jacqueline Harpman parvient, par cette interprétation, à faire ressortir de ce livre au style alambiqué une vision féministe.

Je trouve aussi admirable qu'elle ait trouvé un moyen d'aborder le sujet à sa manière, en lui donnant une signification bien plus limpide que la version originale et une moralité clairement exprimée. Ainsi, chacun de nous devrait s'écouter, ne pas se restreindre à ce que son entourage attend de lui, et tout simplement se laisser être lui-même. A cet égard, cet extrait est très représentatif :
On détruit sa vie sans le savoir, pour complaire à des gens qui vous ennuient, mais auxquels on n'arrive pas à résister. ​
En effet, il aura fallu que le pauvre Lucien se retrouve possédé par un inconnu sans attaches aucune à sa famille pour qu'il parvienne à dire non aux attentes illégitimes de sa famille. Car contrairement aux idées reçues, on ne doit pas forcément l'obligeance à sa famille, à partir du moment où elle nous rend malheureux. Cette idée est très peu courante, et encore plus rarement exprimée, alors que ces notions de devoir et d'appartenance familiale empoisonnent la vie de tant de gens.

Aussi, tout comme dans le Bonheur dans le crime, l'auteur glisse toute une série d'allusions à son rôle de romancière, tenant entre ses mains le destin de ses personnages, qui semblent pourtant lui échapper. J'aime beaucoup ce genre d'effets littéraires, par lesquels un écrivain se joue de son lecteur.

Enfin, la confrontation matérialisée des deux parties opposées d'une seule âme est tout bonnement fascinante. Effectivement, l'étrangeté et l'originalité de la situation m'a subjuguée.

En conclusion, alors que les premières pages m'avaient fait craindre une déception (les personnages ne prennent de relief qu'au fil du récit. Au début, ils sont très stéréotypés : Orlando est immature et imbu de sa personne, Aline est vide et sans intérêt), pour toutes les raisons que je viens d'énumérer, j'ai beaucoup aimé une grande partie du roman. Malheureusement, une fois les deux âmes retrouvées, le temps m'a semblé long, il s'écoule de nombreuses pages sans qu'il ne se passe rien de remarquable. Cependant, la fin est conforme à mes attentes, c'est-à-dire spectaculaire et diablement immorale.

Avant de vous quitter, toutefois, un avertissement : de longs passages sont consacrés à des supputations sur le livre de Virginia Woolf, qu'il vaut donc mieux avoir lu avant, sans quoi le roman perdrait de sa saveur. de la même manière, il y est également beaucoup question de la Recherche du temps perdu de Proust, que je n'ai pas lu. Il faudra bien sûr y remédier un jour, mais en attendant, une partie de ce livre m'a totalement échappé, ce que je regrette.
Lien : https://elise-et-rapha.weebl..
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Que peut resentir une fille dans le corps d'un garçon ? C'est ce qui arrive à Aline quand sa moitié masculine 'entre' dans le corps de Lucien. Aline et Lucien sont alors une personne, ainsi Aline connaitra les sensations, les envies, les désirs de la vie d'un garçon. Passionnant que cette transformation de personalités.
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Coup de coeur pour cette auteure belge à l'écriture remarquable ! Orlanda, en hommage à Orlando de Virginia Woolf, décrit la part féminine et la part masculine en chacun de nous. Et il apparaît clairement que ces deux parties sont largement fondées sur l'éducation et les stéréotypes. Aline, presque par hasard, donne naissance à un autre"elle" qui se révèle être un "lui". Parce qu'il se constitue de cette part masculine qui a été brimée en elle ! Mais peut-on vivre sans cette moitié de soi que Platon évoquait dans le mythe de l'androgyne.
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L'histoire est sympa, se rapproche d'une quête du "moi" dans laquelle elle dissocie les faces positive et négative d'un individu via un narrateur extra-diégétique. C'est comme un petit jeu sur comment parler de soi quand on n'est plus soi et qu'on a changé de sexe. Que reste-il du "moi"? Ça me fait penser à Si j'étais vous de J. Greene, mais en mieux, en plus vivant. Je devrais lire Orlando de Woolf, je comprendrais sans doute plus d'allusions. Certains passages sont peut-être très axés sur le pan psychologique, mais l'écriture pardonne beaucoup.
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Aline a 35 ans, jeune femme sage et littéraire (non je vous jure je ne parle pas de moi en ces termes, d'ailleurs moi j'aime pas Proust), elle attend son train à la gare du Nord. Son regard croise celui de Lucien, la vingtaine candide et blond. A ce moment-là une partie d'elle, cachée, impertinente, libre ou masculine dirait sa mère, s'échappe et se loge dans le corps du Bruxellois. La très présente narratrice l'appellera dès lors Orlanda en référence à l'Orlando de Virginia Woolf (soyez rassurés même si comme moi vous n'avez jamais lu la fameuse autrice, vous ne serez pas perdus en chemin). Aline et Orlanda vivront séparés, prenant pleine conscience de leurs souhaits dans la vie jusqu'à inévitablement se retrouver dans les rues si bien décrites de la capitale belge.
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"Orlanda" est de la dentelle par la finesse de l'écriture et la nuance de son propos. Dans ce roman, Jacqueline Harpman interroge le corps, son appropriation, mais aussi la capacité de l'esprit humain à se réinventer. Malgré quelques remarques d'un autre temps envers les trans et les homosexuels (le prix est écrit en francs français, c'est dire), l'autrice, psychanalyste, décortique les rapports sociaux. Elle en profite aussi pour parler de la création romanesque et pour, au final, signer un roman total et chamboulant qui risque de me hanter longtemps.
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