Roman étonnant qui convoque
Virginia Wolf,
Proust,
Shakespeare et tant d'autres. L'histoire : Aline, trentenaire, professeur de littérature, attend son train dans une brasserie parisienne. Elle est plongée dans
Orlando de
Virginia Wolf qu'elle relit pour la dixième fois, ne parvenant pas à saisir le sens de sa transformation.
En face d'
elle, se tient un jeune journaliste sans ambition, ni a priori grand talent, Lucien.
Une partie de l'âme d'Aline qui s'ennuyait ferme décide, à son insu, de se faire la malle et d'aller se nicher dans le corps de Lucien qui n'a rien demandé.
Commence alors ce que beaucoup ont probablement imaginé un jour, vivre dans le corps du sexe opposé. Nous partons donc à l'exploration du corps masculin en compagnie d'
Orlanda, le version « desinhibée » d'Aline.
Jacqueline Harpman est psychanalyste et cela s'en ressent dans l'exploration du corps et de l'esprit de cet
Orlanda. Elle a un talent fou à décrire les tourments d'Aline liés a une éducation stricte pleine de contraintes et de règles édictées par sa mère, en opposition aux provocations d'
Orlanda qui vit sa vie sans contrainte aucune et envoie valser les conventions avec une joie non dissimulée.
Ce roman est étonnant. Sous un aspect un peu fantaisiste, il nous interp
elle sur le corps, ce qu'on en fait, sur les carcans qui nous entourent, sur les énigmes de la personnalité et notre aptitude à nous réinventer. J'ai aimé cette réflexion sur les conventions qui nous enferment, nous entravent (d'où la référence à
Proust) et la libération par celle qui s'est rédupliquée.
Ce fut une lecture exigeante (j'avoue avoir eu un peu de mal à comprendre qui était qui), parfois complexe, mais au final profonde, subtile et parfois drôle.