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Critique de Amakir


Cari Mora, protagoniste féminin au potentiel digne des plus grands noms de la littérature américaine méritait une parade plus aboutie.

Cari, jeune femme au sombre passé dramatique mène le jeu des saveurs dans ce roman.
Elle nous ensorcelle à demi-mots, par petites teintes,
Elle veille sur le lecteur avec indulgence et persévérance,
Elle est belle, d'une joliesse à la fois angélique et déterminée,
Elle est jeune, d'une jeunesse d'un autre temps, d'un temps déjà lointain, d'un temps que les douleurs ne sauront effacer,
Elle porte les traces sublimées sur son corps à jamais meurtri.

Elle est forte, d'une énergie que seule la maturité de l'âge pourrait nous convaincre. Pourtant, elle est encore une enfant. Cette enfant arrachée de ses racines, éventrée de sa famille et de ses sources. Cette enfant sauvage isolée parmi les violeurs, les barbares et les êtres maléfiques. Loin de sa meute.
Cette enfant sans enfance qui vient vers nous pour crier son désespoir, sa rage et sa colère.

Cari, au-delà du réel et pourtant si vraie.
Une jeune femme dont la beauté ne semble pas trouver d'égale.
Cari, intelligente, obstinée et si fragile.

Créature délicieuse au parfum mentholé qui fait succomber la pire des horreurs. Animée par l'admiration et l'amour des siens, elle glisse vers l'aboutissement.

Superbe plume enveloppée par la tendresse de bihoreaux, Grands-Ducs d'Amérique et autres oiseaux.
Le regard plongé dans les eaux noires, elle se souvient et ravale ses larmes. Les corps lacérés et fuyants, sombrant dans les abysses. Elle entend les cris stridents des spectres éteints.
Elle se libère en pleurant et garde ses secrets dans son coeur.

Elle s'approche. Elle vous observe.
Vous sentez la délicieuse odeur de la jeune femme autant que celle de la menthe lorsqu'elle vient vers vous... Les yeux d'un jaune orangé, comme ceux de certaines espèces de tortues, vous vous tenez, à présent, beaucoup trop près d'elle. Vous la dévorez du regard.

Cari aurait dû naître un peu plus à chaque page.

"Elle ne veut penser à rien d'autre. Tout en écoutant la respiration calme du nourrisson, Elle sombre dans le sommeil."

Juste la moyenne pour ce roman. Cari ne prend pas assez de place. Je me languis de son absence, j'attends son entrée, son retour, son apparition. J'hume son parfum, comme un animal. Un animal qu'elle protège et réconforte sous ses ailes.

"Il déploie ses ailes et part rejoindre les autres bihoreaux telle une fusée. En esprit, Cari s'est envolée avec lui et son ravissement dure jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus distinguer les rescapé de ses congénères."

Pourquoi tant de digressions autour d'Elle ? Elle crève le décor. Nul besoin de fioriturer maladroitement et d'inventer des stratagèmes, pour créer une inutile histoire de malfrats absolument dispensable.
Si le but était d'inventer une complicité aussi puissante que celle de Clarice Starling et Hannibal Lecter, alors je ne suis pas conquise.

Thomas Harris est capable de sublimer le sexe profond. L'Orchidée de tous les désirs et la fine feuille de l'intellect. Maestra !
J'attendais une légende à la matière forte et tenace.
J'ai à peine été divertie. La graine est plantée sans être suffisamment arrosée et exploitée.

J'ajoute que l'interprétation lue par Antoine Tomé est d'une grande qualité. Le conteur illustre tous les personnages, avec humour, élégance et créativité. J'aurais préféré que Cari soit mise en lumière par une femme, bien que Monsieur Tomé n'en fasse pas des caisses. Ça glisse, c'est soigné et réussi.

Écouté en octobre 2019, dans le cadre d'une masse critique mauvais genres : pieds sur le bitume, tête dans les étoiles.
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