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Critique de Laurence64


Le héros de roman ne vieillit pas. le lecteur, oui. L'écrivain aussi. Et pendant cet irrémédiable processus les temps changent.

Il y a presque 30 ans, Thomas Harris était non le célèbre papa d'Hannibal mais "un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles". Pas vraiment vendeur. La 4° de couverture se vengeait sur le roman: " Dragon rouge est d'ores et déjà considéré dans les pays anglo-saxons comme le chef-d'oeuvre du roman de terreur psychologique".
Chef-d'oeuvre donc (impensable le nombre de chefs-d'oeuvre qui fleurissent), alors que le silence des agneaux errait dans les limbes ou gigotait dans l'inconscient de Thomas Harris. Hannibal Lecter n'est ici qu'un petit figurant dans la trame romanesque tissée.
J'ai découvert Dragon rouge avant Hannibal. J'avais dévoré cette histoire de psychopathe avec un certain plaisir (ou un plaisir certain) sans pour autant m'extasier. Novateur, le dragon. Les thrillers ne s'abatttaient pas alors dans les librairies comme des nuées d'étourneaux, les séries télévisées n'inondaient pas le PAF (pas le piaf) de sociopathes, psychopathes, télépathes et mille-pattes affublés d'experts en tous genres.

Aujourd'hui, la mâchoire mastique du déjà lu et déjà vu. Ce qui est fort dommage. le profiler pullule tellement qu'à force d'à force, je me lasse.
Pourtant, Will Graham a le bon goût de l'intuition réaliste. Contrairement au racolage éditorial qui le fait se mettre dans la peau des psychopathes, son talent policier relève davantage de l'insight. Ce qui lui a permis de démasquer le charmant Lecter. Et qui lui permettra de débusquer le vilain Dolarhyde avec, en supplément, quelques déductions dignes d'un Hercule Poirot moins belge et moins suffisant.

Pourtant Harris n'hésite pas à nous plonger dans le passé peu enviable du tueur. le dentier de grand-mère crache ses méchancetés au fond d'un verre vide. Un dessin de Blake bavarde trop. Les souffrances de l'enfance mordent le présent qui n'en finit pas de saigner.

Mais deux grosses dizaines d'années plus tard, le goût de la nouveauté s'en est allé. Reste un thriller solide.

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