Comme je l'ai dit dans une précédente critique, je crains parfois les romans de tueurs en série que pourtant j'affectionne. Je pense souvent que tout a été dit et fait. le genre a été exploité au maximum de ses capacités, de sorte que 99% des nouvelles histoires qui en sortent sont une réplique de quelque chose qui existe déjà et dans le pire des cas, est déjà très populaire.
C'est dans cet esprit que j'ai commencé à lire
DRAGON ROUGE, qui est plus ou moins le "patient zéro" de cette épidémie. Car c'est le roman de 1981qui a introduit le personnage de
Hannibal Lecter, aujourd'hui encore le psychopathe de référence de la culture pop.
C'est donc après avoir lu
le Silence des Agneaux et
Hannibal, que j'ai parcouru
Dragon Rouge. Et bien qu'on y évoquait le brillant Docteur Lecter, je ne m'attendais pas à beaucoup aimer
Dragon Rouge. Que j'avais tort.
On ignore souvent l'ordre de parution des oeuvres de
Thomas Harris: lu après
le silence des Agneaux,
Dragon Rouge en est pourtant le préquel.
Le protagoniste est Will Graham, un profileur du FBI, spécialisé dans la capture des tueurs en série les plus tordus. Après avoir attrapé le plus célèbre d'entre eux,
Hannibal Lecter, surnommé par la presse "
Hannibal le Cannibale" et avoir failli en mourir, il se retire pour devenir mécanicien de moteurs diesel en Floride. Mais Graham est rappelé par son vieil ami du Bureau,
Jack Crawford (oui oui, le même que dans
le Silence des Agneaux), pour arrêter un nouveau tueur surnommé "La Petite Souris" pour sa vilaine habitude de mordre ses victimes. Graham accepte le travail, mais l'esprit de ce tueur est particulièrement chaotique et se retrouve rapidement dans une impasse. Pour mieux cerner "la Petite Souris" (ou la Mâchoire), il aura besoin de l'aide du psychiatre avec lequel il a travaillé sur son dernier cas :
Hannibal Lecter.
Me voilà à nouveau embarquée dans une histoire incroyable de mon plein gré :
Thomas Harris est un écrivain magnifique. Sa prose est bonne, pas excellente, mais sa compréhension de la mécanique de la narration est sans égale. Ses écrits coulent presque mieux que les images d'un film et c'est sans aucun doute l'attention que l'auteur porte aux détails qui rend
Dragon Rouge si remarquable. Ils sont rares et jamais inutiles. Lorsqu'ils ne font pas avancer l'intrigue, ils soulignent le personnage, approfondissent le récit ou aident simplement à rendre les chapitres plus serrés et mieux exploités.
Un autre aspect fou de
Dragon Rouge est la profondeur avec laquelle
Thomas Harris s'intéresse à la psychologie des personnages. Après deux cents pages, vous vous dites "wow, c'est assez profond", mais vous n'avez rien vu. le roman fonctionne avec l'effet boule de neige. Plus vous lisez, plus vous pénétrez profondément l'esprit des personnages et plus cela devient effrayant. Harris passe près d'une centaine de pages à parcourir l'histoire fascinante de Francis Dolarhyde avant de mettre en place les derniers instants. le parcours de Will Graham est également étoffé et vous amènera dans des endroits inattendus. Quant à
Hannibal Lecter, on peut d'abord pensé qu'il n'était qu'un tueur en série cannibale, mais il est beaucoup plus complexe et impénétrable que cela et son intelligence supérieure n'est pas encore complètement dévoilée : son esprit est réellement terrifiant.
En fin de compte,
Dragon Rouge est un autre roman de tueur en série. Mais c'est aussi un formidable thriller psychologique et une enquête policière qui ne vous ennuieront pas un instant.