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Isabelle Chapman (Traducteur)
EAN : 9782072996306
512 pages
Gallimard (04/04/2024)
4.12/5   119 notes
Résumé :
Un premier roman époustouflant sur la courageuse alliance entre deux frères noirs affranchis et un fermier géorgien blanc, au lendemain de la guerre de Sécession, dans une société violente et inégalitaire
À Old Ox, en Géorgie, sonnent les dernières heures de la guerre de Sécession : l'émancipation des esclaves est proclamée. À quelques kilomètres de leur ancienne plantation, Prentiss et son frère Landry savourent amèrement leur liberté dans un monde qui ne le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Que fait-on et où va-t-on lorsqu'on est soudain affranchi après une vie d'asservissement dans la même plantation ? Comment dispose-t-on de sa liberté quand il faut reconstruire jusqu'à son identité-même, dans une société aux mentalités sudistes encore intactes qui ne vous y reconnaît aucune place, aucun droit, et surtout pas celui d'y trouver un emploi ? Leur émancipation à peine proclamée en ces lendemains de guerre de Sécession, les deux frères Prentiss et Landry acceptent le travail que, plongé dans la douleur et le désarroi parce qu'il pense son fils mort à la guerre, le fermier voisin de leur ancienne plantation leur propose sur ses terres, au grand dam des habitants de la petite ville d'Old Ox, en Géorgie. Les esprits sont dans un tel état d'échauffement qu'un rien pourrait bientôt suffire à mettre le feu aux poudres...


Entre espoirs et désillusions alors que la défaite sudiste bouleverse leur vie et les entraîne vers un inconnu à l'évidence plus hostile qu'accueillant, c'est la peur au ventre que les anciens esclaves abordent ce qui, en fait de statut d'hommes libres, ressemble plutôt désormais à un grand vide. Les uns partent tenter leur chance dans le nord, amorçant un long périple vagabond pendant lequel il leur faudra trouver moyen de survivre. Les autres s'entassent encore dans des campements de fortune, désemparés et indécis. Les forces d'occupation nordistes ont beau commencer à occuper le terrain pour y asseoir la paix, l'atmosphère est explosive, alimentée par la colère et la rancoeur des planteurs qui, convaincus de n'avoir perdu qu'une bataille, ne pensent qu'au retour de l'ordre ancien. Qui ose s'entremettre entre blanc et noir se retrouve au ban de la ville entière, la peur aux tripes face à la menace de terribles représailles.


C'est de cet impossible rapprochement entre les deux bords que vont faire les frais la non-conformiste famille Walker et ses deux protégés, très vite exposés à la vindicte générale dans une dramatique escalade de violence dont personne ne sortira indemne. Allant crescendo dans un déchaînement de péripéties pleinement crédibles mêlant lynchage, incendie et chasse à l'homme dans la touffeur humide d'une nature luxuriante, la narration nous fait toucher du doigt les racines de la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Finement campés dans leurs plus infimes déchirements et contradictions, les personnages y prennent vie et épaisseur avec une parfaite justesse. Et c'est avec un immense plaisir que, subjugué par la maturité et la maîtrise de ce premier roman souvent très cinématographique, l'on s'accorde à son rythme soutenu, entrecoupé de beaux passages plus amples, empreints de réflexion et de nature-writing.


Un très beau et puissant roman, sur les prémices d'une liberté que l'on aurait tort de croire acquise par simple décret anti-esclavagiste… Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La Guerre de Sécession à peine terminée le Congrès américain ratifie un amendement (le 31 janvier 1865) qui abolit formellement l'esclavage. Une émancipation immédiate et sans indemnité dans les états du sud où vivent 80% des 4 millions d'esclaves noirs, qui sera progressive, négociée et indemnisée dans les États intermédiaires, esclavagistes et néanmoins fidèles à l'Union nordiste. Quelques mois après, un 14e amendement garantit aux Noirs le droit de vote et l'égalité avec les Blancs devant la loi (des principes qui resteront longtemps lettre morte, le Sud des États-Unis voyant même s'installer la ségrégation raciale),

L'état de Géorgie, dont l'économie repose sur d'immenses plantations de coton, a fait sécession en 1861 et rejoint la Confédération sudiste. Mais 1864, il est envahi et dévasté par l'armée de l'Union, commandée par le général William T. Sherman. La population d'Old Ox vit alors, comme partout en Géorgie, une période difficile, buttant contre les soldats de l'Union vainqueurs, les Sudistes défaits, et les affranchis qui errent à la recherche d'un travail rémunéré, d'un toit et de nourriture. Dans ce contexte, seuls les riches propriétaires gardent plus que jamais leur morgue. D'abord contre leurs anciens esclaves, ensuite contre ceux qui les soutiennent... Une ambiance délétère, de défiance et de violence, remarquablement restituée dans ce premier roman pétri d'humanité narrant l'histoire tragique de deux frères affranchis, aidés par une famille blanche.
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À Old Ox, en Géorgie, comme partout dans le pays, la guerre de Sécession vient de connaître ses dernières heures. Prentiss et son frère, Landry, deviennent alors, ainsi que les nombreux esclaves, affranchis. C'est non sans un certain soulagement qu'ils quittent la plantation de Ted Morton et comptent profiter de leur nouvelle liberté. Sans travail et sans argent, ils trouvent refuge au coeur d'une forêt mais, au bout de quelques jours, ils sont surpris par le propriétaire, George Walker, parti à la chasse d'une bête qui lui échappe depuis l'enfance...
Ce soir-là, George n'est pas pressé de rentrer chez lui. Voilà une journée entière qu'il n'a pas parlé à sa femme, Isabelle. Depuis qu'il lui a annoncé que leur fils, Caleb, est mort au combat. Une terrible nouvelle, apportée par August, le meilleur ami de leur fils, que la douleur et le chagrin laissent muets. Sa rencontre avec les deux frères allait, à tout jamais, bouleverser leurs vies...


Si la Géorgie a rejoint la Confédération sudiste en 1961 et a tenu un rôle très important durant la guerre de Sécession, la victoire des Confédérés n'en a été que plus amère. Nombre de blancs ont alors bien du mal à laisser partir leurs esclaves noirs, aussi de nombreux soldats ont occupé, pendant de longues années, certains états afin d'imposer la loi fédérale. C'est dans cette ambiance pour le moins tendue que Nathan Harris plante le décor, ô combien passionnant, de son premier roman. Et c'est à travers l'histoire de deux frères, nouvellement affranchis, dont l'un est un grand gaillard muet, et d'un propriétaire terrien, qui vient de perdre son fils, que l'auteur nous narre les tragédies à venir. Particulièrement touchante, la relation entre eux ne va, évidemment, pas plaire à tout le monde, mais George n'en a que faire des rumeurs et autres racontars. Portés par ces personnages inoubliables, profonds et finement dépeints, mais aussi par Caleb, dont le retour, inespéré et incroyable, va chambouler la vie de chacun, ce premier roman fait la part belle à la liberté, l'espoir, le courage, la solidarité...
Un premier roman fort, empreint de poésie et d'émotions... Prometteur !
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Printemps 1865 en Géorgie, la guerre est terminée. Enfin presque. Lee s'est rendu et ses soldats sudistes vaincus rentrent au pays. Mais pas tous, à l'image de Caleb, dont le meilleur ami vient annoncer la mort à ses parents, Georges et Isabelle, qui l'attendent dans la petite ville de Old Ox.

Pendant ce temps, les Yankees victorieux libèrent les esclaves nègres, exploitation après exploitation, qui deviennent instantanément des hommes de couleur enfin libres. Prentiss et Landry, deux frères, quittent ainsi le domaine de Ted Morton, le voisin de Georges.

Alors qu'Isabelle s'enfonce dans la douleur muette et la dépression, Georges décide de se remettre à exploiter sa propriété en souvenir de son fils, et pour l'aider à replanter de l'arachide, embauche Prentiss et Landry, ce qui ne plaît pas à tout le monde en ville. Jusqu'au jour où Caleb reparaît…

La douceur de l'eau de Nathan Harris – traduit par Isabelle Chapman – nous transporte dans le vieux Sud où les canons se sont tus, sans que les haines et rancoeurs ne soient éteintes, ni même apaisées. le monde a basculé certes, mais dans la belle société géorgienne, rien n'a encore changé : les propriétaires restent les maîtres et les affranchis sont bien loin de l'égalité.

Difficile d'en dire davantage sans divulgacher, mais Harris nous livre ici une grande saga, sans temps mort, où l'injustice et la violence jouent les premiers rôles. Avec un soin particulier apporté à ses personnages, travaillés, profonds, attachants.

Le style alterne parfaitement les séquences rythmées dont certaines très cinématographiques et dignes des grands classiques du genre (L'incendie de la plantation, le lynchage ou la chasse à l'homme), avec de longs et beaux passages plus lents, réfléchis et flirtant parfois avec le nature writing.

Pour un premier roman, Harris maîtrise parfaitement son sujet et réussit à rafraîchir un genre pourtant déjà beaucoup traité, le prix de la liberté : « Je ne vois pas l'intérêt de courir après la liberté si on ne la saisit pas quand elle se présente juste sous votre nez. »
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Nathan Harris signe avec La douceur de l'eau un tout premier roman très abouti. Voici indéniablement un jeune auteur à suivre...

On connaît bien la Guerre de Sécession, la victoire des Yankees sur un monde sudiste englué dans un système archaïque et profondément raciste.
Mais connaît-on la suite ? Que s'est-il passé pour ces 4 millions d'esclaves devenus soudainement libres ?
Ce sont les questions que s'est posé Nathan Harris et auxquelles il a tenté de répondre par ce roman fictif profond et douloureux.

Lorsque Prentiss et son frère Landry se retrouvent libérés du joug du propriétaire de la plantation où ils travaillaient, leur destinée semble s'ouvrir sur de nouveaux horizons. Mais, rien n'est simple dans la petite ville de Old Ox en Géorgie où trouver du travail pour d'anciens esclaves s'avère compliqué. Et sans argent, comment espérer gagner le Nord ?
Les deux frères trouveront sur leur pas, George Walker. Il est le propriétaire d'un grand domaine voisin de leur ancienne plantation. Affecté par la mort de son fils, et soudain désireux de faire prospérer son domaine, George engage les deux frères pour l'aider à cultiver des cacahuètes.
Une chance pour les deux frères !
Jusqu'au jour où Caleb, le fils présumé mort, réapparaîtra et avec lui...les ennuis.

La douceur de l'eau est un de ces romans puissants qui ne laissent pas indifférents. On s'attend, dès le début, à un enchaînement d'évènements tragiques et on ne s'y trompe pas. le mépris de la communauté des nantis de Old Ox y est évidemment pour quelque chose.

Mais, si la question du rejet de la communauté noire et de ceux qui adhèrent à leur nouvelle liberté se révèle essentielle dans ce roman, elle est loin d'être unique. Ce roman aborde également, et d'une très belle manière, la lâcheté et le sentiment de culpabilité qui en découle. On y découvre également de belles pages sur l'amitié, qu'elle soit fraternelle ou non.

C'est un roman, à la fois nostalgique et plein d'espoir, un roman dramatique et plein de douceur.
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
12 décembre 2022
De mémoire, on n’était encore jamais tombé sur un roman relatant cette période très sombre de l’histoire américaine. Période durant laquelle des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été émancipés et lâchés dans la nature sans pour autant avoir un peu de chance de s’en tirer. Un bijou.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
21 novembre 2022
Dans ce premier roman puissant, au terme de la guerre de Sécession, le Sud compte ses morts alors que les esclaves viennent d'être émancipés.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
En fait, cela aurait arrangé George que le trajet ne se termine jamais, car son retour signifiait qu’il devrait des explications à Isabelle. Bien sûr, il avait l’intention de prendre soin d’elle. Bien sûr, il voulait l’aider à faire face au malheur. Mais ce qu’ils avaient en commun avait ses limites. Réunis au départ par une passion partagée pour l’indépendance, la capacité de traverser une grande partie de la journée en silence, ils avaient, pour exprimer leurs sentiments, seulement l’échange de regards et d’effleurements. Ainsi le lien qui les unissait s’était solidifié au fil des années, mais si ce lien était peu enclin à plier, il présentait néanmoins un point de faiblesse, un seul, du fait que son existence même était pour eux une source d’embarras. Ils étaient deux à prétendre n’avoir besoin de personne et voilà à présent qu’ils avaient désespérément besoin l’un de l’autre. 
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 Il remonta de la cave et passa dans l’obscurité du dehors. Le temps que ses yeux s’habituent, la maison était déjà loin derrière lui. Ses pas n’étaient plus attachés à rien. Old Ox n’était plus chez lui. Il n’avait plus de foyer. Même la maison en rondins ne lui paraissait plus familière. Il aurait juré que sa chambre était plus petite, le couloir menant à l’escalier plus étroit. À croire que l’espace, en son absence, s’était adapté à l’usage qu’en faisaient ses parents, oubliant l’enfant qui en était parti. Pourtant, dans le tréfonds de son cœur, il savait que la maison n’avait pas rétréci. Il avait tout simplement appris combien le monde était grand. Et tout homme qui revisitait son enfance devait constater ce phénomène. 
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Finalement, aucun danger ne surgit sous les pas qu’il plaça l’un devant l’autre. Le grand inconnu déboucha seulement sur de nouvelles clairières, sur des échappées de soleil plus éblouissantes. Il comprit qu’il y avait moins à craindre qu’il ne l’avait imaginé et que, comme il le pensait depuis longtemps, tout danger comportait une dose de réconfort, toute injustice pointait vers une possible justice. Sinon comment expliquer que ce monde cruel ait recelé la joie immense qu’il avait éprouvée un dimanche après-midi en regardant sa mère danser, envoûtée par le crincrin de Little James, et que dire des délices d’une paillasse fraîche et de la douceur de l’eau après une journée de cueillette dans les champs de coton ? 
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La routine variait rarement et ce jour-là n’était pas différent des autres. Les hommes qui n’étaient pas en train de couper du bois allumèrent les feux sous les chaudières. Il y en avait quatre en tout, alignées en batterie. Lorsque la première était en ébullition, le jus de canne était transféré au moyen de cuillères dans la grande marmite suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce que le sirop réduit fût arrivé jusqu’à Caleb, qui surveillait son déversement dans le tonneau. Lorsque celui-ci était plein, il fixait dessus un plateau, le déplaçait dans un coin pour le laisser refroidir et le remplaçait par un tonneau vide.
La chaleur s’accumulait irrésistiblement et ils toussaient sans arrêt, une toux pareille à de longs aboiements qui trahissait la pénibilité de leur labeur. À la fin de la journée, afin de délasser leurs corps après avoir touillé sans fin debout pendant des heures, ils se ruaient à la rivière et se laissaient flotter sans bouger dans ses eaux glacées.
Caleb se rappelait que pendant sa première semaine, un garçon pas plus vieux que lui avait par inadvertance lâché sa cuillère. Le sirop avait coulé comme de la lave, et ils avaient assisté à son supplice muet : ses yeux qui lui sortaient de la tête, ses poings qui se serraient comme des boules de douleur. Un spectacle si fascinant que personne n’avait bougé : la vue du sirop dégoulinant à l’intérieur de sa botte et la perspective d’avoir à l’enlever, alors que le cuir avait déjà adhéré à sa peau. Plus tard, le garçon leur avait décrit la douleur quand le médecin s’y était appliqué : comme si on lui avait arraché la langue. Caleb n’avait pas oublié. Il aurait été étonné qu’un seul d’entre eux eût oublié.
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Peu d’hommes étaient dupes des onguents et des fards avec lesquels elle se blanchissait le visage, mais ils étaient en revanche nombreux, par une soirée solitaire, disposés à se satisfaire, et cela en dépit de son teint cuivré, des rumeurs sur son passé, de ses origines. Ils étaient désireux de découvrir ce qu’elle leur dévoilerait. Rares étaient ceux qui médisaient d’elle, car ils ne regrettaient sans doute pas l’expérience. La société fait des exceptions en matière de grande beauté. 
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Videos de Nathan Harris (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathan Harris
À l'occasion du festival "America" 2022, Nathan Harris vous présente son ouvrage "La douceur de l'eau" aux éditions P. Rey.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2642431/nathan-harris-la-douceur-de-l-eau
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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