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Critique de PascalOlivier


Publié en 1971 aux États-Unis (et en 1991 par Robert Laffont en France), Wolf est le premier roman de Jim Harrison (qui nous a quitté le 26 Mars 2016) et une belle porte d'entrée pour qui veut découvrir l'oeuvre de cet immense romancier qui préférait vivre au fin fond de la campagne plutôt qu'arpenter les trottoirs de mégapoles inhumaines. Espiègle, le romancier nous explique en préambule que son roman est un vrai-faux journal relatant quatre années de sa vie. C'est donc à l'âge canonique de 33 ans que Jim Harrison publie ses mémoires ! le récit va donc se scinder en deux parties, l'une va décrire l'écrivain (ou du moins son personnage) empêtré dans une virée en pleine nature sauvage, ce qui donnera lieu à des scènes croustillantes où les amateurs d'une beauté naturaliste et contemplative en auront pour leur frais, et l'autre où les souvenirs urbains affluent et nous promènent de bars miteux en zones d'ombres peu fréquentables. Et au milieu de ce chaos littéraire surnage un être cramé par l'alcool et les mauvais choix, qui préfère écumer les bas-fonds de la société et les forêts sauvages pour y trouver une vérité, aussi crue soit-elle. « Il n'y a aucun romantisme dans les bois, malgré ce que prétendent les imbéciles. le romantisme est dans le progrès, le changement, la disparition d'une face de la terre au profit d'une autre. Nos indiens étaient, et sont encore, de grands anti-romantiques. Quiconque le conteste devrait être largué en parachute ou amené en hydravion dans le territoire du Nord-Ouest, histoire de voir si il trouve sa dose de romantisme. » Jim Harisson plonge le lecteur dans les méandres de son histoire où pleuvent les relations sexuelles plutôt glauques, où la violence des mots côtoie celle des gestes, où un pays ne veut plus se regarder en face, mais préfère cacher sa misère sous son paillasson. L'auteur gratte là où ça fait mal, submerge son auditoire de détails sordides parfois hilarants souvent tristes. Jim Harrison est un révolté, un coeur d'or caché sous l'apparence d'un ours mal léché qui ne prends pas de gants pour dire ce qu'il a à dire. « J'ai toujours pensé qu'on aurait dû appeler les hommes de cinquante ans en premier sous les drapeaux, puis ceux de la tranche d'âge immédiatement inférieure et ainsi de suite. Laisser aux jeunes la chance de pouvoir vivre un peu, de goûter les choses, avant d'aller se faire descendre au fin fond de la jungle. Et on devrait aussi recruter systématiquement 25% du congrès. » Jim Harrison renvoie dos à dos la nature impitoyable et la société des hommes, qui dans sa grande folie mégalomaniaque, se croit supérieure au monde des végétaux et des animaux. Et derrière l'amertume et le cynisme, derrière l'épaisseur de la peau, se cache une blessure grave et profonde, que l'écrivain a su peut-être guérir grâce à son travail qui marque à tout jamais l'histoire de la littérature américaine.
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