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Eustache et Hilda tome 1 sur 2
EAN : 9791037105752
336 pages
La Table ronde (13/02/2020)
3.74/5   21 notes
Résumé :
Au début du siècle dans une petite ville anglaise bourgeoise et puritaine du bord de mer, Eustache et Hilda s'abandonnent aux plaisirs des jeux de plage. Eustache, délicat et sensible, est totalement dominé par sa soeur aînée Hilda, maternelle et passionnée. L'autorité dont elle fait preuve à son égard et à laquelle il se soumet sans rechigner est aussi la marque de l'amour qu'elle éprouve pour lui. Car les deux enfants s'aiment au point qu'Eustache puisse envisager... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Epigraphe :

"J'ai connu cent sortes d'amour, toutes causaient souffrance à l'être aimé"

Emily Brontë

Oui il y a toutes sortes d'amour et celui qui lie Eustache, 9 ans à sa soeur Hilda, 13 ans est profond, sensible, presque aveugle, peut-être parce Hilda s'est appropriée la place laissée par sa mère, morte lors de la naissance de la dernière enfant Barbara. Ils forment un duo très attachant par leurs personnalités si différentes : Hilda est assez directive, parfois autoritaire, Eustache est fragile, sensible et surtout Eustache pense, réfléchit, imagine et se pose mille questions sur les êtres mais aussi sur tout ce qui l'entoure. Autant Hilda est sûre d'elle, autant Eustache doute, s'interroge et est en demande d'attentions et de sentiments. Dès la première page, avec toute la finesse et la délicatesse de la littérature anglaise, LP Harthley use d'une métaphore pour définir la relation entre les deux enfants :

"L'anémone était plus belle que la crevette, plus intéressante et beaucoup plus rare. C'était une anémone "plumeuse" ; il avait vu l'image dans son livre d'histoire naturelle, et l'épithète duveteux effleurait son esprit comme une caresse. S'il prenait la crevette, l'anémone n'en attraperait peut-être jamais d'autre et mourrait de faim. (p13)"

Leur enfance est faite de complicités, d'expériences et de jeux dans la maison "Cambo", qu'ils habitent auprès d'un père attentif, Alfred Cherrington et leur tante Sarah, plus stricte, propriété en bord de mer,  menant une vie simple où la plage et ses rochers sont autant de terrains de jeux que de défis lancés.

Suite à l'un de ces défis lancé par Hilda, Eustache va faire la connaissance de Miss Janet Fothergill, vieille femme au visage effrayant, en fauteuil roulant, qui passe aux yeux de tous pour une sorcière et qui vit isolée dans sa grande et luxueuse maison. Entre eux va se nouer une jolie relation qui va bouleverser le destin du garçon.

Nous découvrons le quotidien des deux enfants et de leur famille mais aussi la vie du village d'Anchorstone avec les différences de classes sociales, les relations parfois hautaines des plus nantis mais le moment où Eustache, petit garçon très attachant, se pose mille questions et à trop s'en poser, parfois les interprète mal. Tout est important pour lui : le sens des mots, les symboles de ce qui l'entoure que ce soit la nature, la peinture écaillée d'une baignoire et surtout, oui surtout ce que pense, veut Hilda et pour mériter son amour il est près à tous les sacrifices.

"A mesure que leur terrible signification s'évaporait, les mots semblèrent rétrécir, s'amenuiser, telles les majuscules d'une phrase en capitales ramenées au type le plus commun de minuscules. Totalement insignifiantes, elles ne voulaient presque plus rien dire du tout, et la chose qui s'était enflée en Eustache comme une tumeur s'étrécit et s'amenuisa avec elles. (p239)"

Il y a beaucoup d'amour, de douceur et de justesse dans ce roman d'apprentissage et grâce à une écriture très fine, très poétique, très "anglaise" nous revivons ces moments de jeunesse où rien n'est important mais où tout est décisif. J'ai trouvé que les caractères des différents personnages étaient très bien définis, exprimés, les relations entre eux se mettant en place avec ce qu'il faut parfois de jalousie, de perfidie et d'attirance.

Qu'il est difficile pour Eustache, de santé fragile et malgré une intelligence vive, d'exprimer tout ce monde intérieur dans lequel il vit et dont il n'a pas toujours les mots.

"Il trouva peu convaincante l'éloquence de son fils, principalement parce que Eustache était embarrassé par la difficulté de rendre intelligibles aux facultés limitées de l'esprit adulte les forces régissant sa vie intérieure. (p148)"

Alors qu'Eustache est le narrateur principal de ces mois d'enfance, le récit se termine par la Lettre d'Hilda, moment charnière où Hilda est prête à tous les sacrifices pour l'amour de ce frère.

Premier volet d'une trilogie qui s'étale de l'enfance à la maturité, j'ai laissé Eustache et Hilda à l'aube d'un tournant dans leurs vies respectives et j'aimerai les suivre pour découvrir leurs devenirs et si le lien qui les unit se poursuivra avec la même tendresse dans le temps, même si on pressent que d'autres facteurs ou personnages vont jouer un rôle dans celui-ci.

Leslie Pole Hartley (1895-1972) est surtout connu comme l'auteur de The Go-Between adapté au cinéma par Joseph Losey en 1971 sous le titre le Messager et qui remporta la palme d'or à Cannes la même année.
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Quai Voltaire continue à nous faire découvrir des auteurs anglais peu ou pas connus, tout au moins en dehors des frontières britanniques. Après Elizabeth Jane Howard, j'ai ainsi plongé dans le premier roman d'une trilogie d'un auteur plus que confidentiel jusqu'à présent, tout au moins en France, surtout cité pour avoir écrit le roman à l'origine du beau film de Joseph Losey, le messager, L. P. Hartley.

Comme dans le messager (je précise que j'ai juste vu le film), un jeune garçon est au centre du récit. Nous voyons les choses par les yeux d'Eustache, qui n'a pas encore tout à fait dix ans. Son langage, ses rêveries, son interprétation du monde qui l'entoure, des motivations et réactions des adultes, forment la trame du récit. Celui-ci semble fait des petites choses : les jeux sur la plage avec sa soeur Hilda, les leçons dispensées par sa tante, les échanges en famille, les cours de danse, la fascination pour Nancy, une voisine de son âge. Eustache est un enfant rêveur, soumis à la volonté de sa famille, et en premier lieu à celle d'Hilda, qui a quatre ans de plus que lui, et un caractère volontaire et bien trempé. Elle pense devoir l'éduquer, et le pousse à faire connaissance avec une vieille dame handicapée et laide, dont Eustache a très peur. Mais un étrange attachement va naître entre le petit garçon et Miss Forthergill qui va modifier la vie d'Eustache et par ricochets aussi celle des autres membres de sa famille.

Il y a une grande sensibilité et finesse dans ce roman, dans l'écriture et dans la manière de mener le récit, l'air de rien, en suivant le rythme du personnage principal. le monde vu par les yeux d'un enfant, une sorte d'innocent, prêt à écouter et à croire, sans juger. Mais cela n'empêche pas l'auteur de mettre en évidence toute la cruauté du monde. Les adultes, par exemple le père d'Eustache, peuvent se montrer égoïstes et imprévisibles, pas toujours fiables. Nancy et Hilda se livrent une sorte de guerre, dont Eustache est l'enjeu. L'adolescent dont il rêve de faire son ami, Dick, l'utilise pour essayer de se rapprocher de la jolie Hilda. Et l'argent entre à un moment donné en jeu et modifie situation et les rapports entre les personnages d'une manière impitoyable. Eustache va se retrouver devant un dilemme qui n'est pas de son âge, et que le monde lui impose. Va-t-il pouvoir prendre son envol, ou juste perdre son innocence et verser dans une forme de pragmatisme cynique ? Au-delà d'une analyse psychologique, c'est aussi un tableau social, les rapports de classe, une hiérarchie implicite, une façon d'être à l'autre, sont rendus avec justesse, et non sans une réelle férocité, malgré le charme apparent des beaux moments de l'enfance et des rêveries sans fin d'Eustache.

Un beau moment de lecture, une belle découverte, que je compte poursuivre avec le deuxième tome de la trilogie, en espérant une parution prochaine du troisième volume.
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‘Quel malheur que nous ayons dû grandir…' (Richmond Valentine)

Vous tombez sur une anémone en train de manger une crevette. Vous pouvez peut-être sauver la crevette. Mais pour cela il faudra abimer l'anémone, au point peut-être de la tuer. Et il est possible que la crevette soit déjà morte. Que faites-vous ?

C'est sur cet intéressant dilemme, celui de l'homme face au caractère implacable de la chaine alimentaire, que s'ouvre cette histoire de deux enfants. Pourquoi les Anglais sont-ils aussi doués pour produire des livres destinés aux adultes sur les enfants ? En France, les écrivains n'ont l'air de considérer l'enfance que comme l'origine de tous leurs traumatismes ou au contraire un paradis perdu.

L'histoire suit le petit Eustache, neuf ans, et sa soeur Hilda, treize ans, dont il est indissociable. Comme tous les enfants le duo a ses petits rituelles, ses petites règles absurdes dont ils ont le sentiment profond que le ciel s'effondrera sur leur tête s'ils les enfreignent, son petit univers où le moindre objet est un ami, le moindre détail de la maison minutieusement connu. Mais un certain nombre de petites choses les démarque cependant de la masse des enfants ordinaires. le fait d'avoir perdu leur mère et de vivre avec leur père et leur tante, tout d'abord. Mais aussi le lien profond qui les unit, le gigantesque bassin qu'ils ont construit sur la plage et qu'ils entretiennent religieusement, l'emprise presque totale d'Hilda sur son frère sur lequel elle veille comme la prunelle de ses yeux, les discrètes et rares velléités de ce dernier pour secouer légèrement cette tutelle.

J'ai gouté le charme doux-amer de cette histoire, de cette enfance où l'été semble devoir durer indéfiniment, entre sandales, jouets de plages et petits riens qui font les grandes joies. Merci à Nathalie pour ce joli cadeau.
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La crevette et l'anémone est le premier volume de la série consacrée à Eustache et Hilda, écrite par Leslie Poles Hartley. Ce tome, complété de la Lettre d'Hilda, met en scène les principaux protagonistes d'une trilogie romanesque qui conduit Eustache et Hilda de l'enfance à la maturité.

C'est un récit qui m'attendait bien sagement dans ma pile à lire depuis près de quatre ans, je l'ai commencé avec la crainte de ne pas l'apprécier et ce fut tout le contraire ! J'ai dévoré ce roman que j'ai trouvé absolument charmant, séduite par le personnage d'Eustache auquel je me suis, d'emblée, attaché.

L'histoire est toute simple, le style de l'auteur légèrement suranné et pourtant, j'ai été embarquée dès les premières lignes dans ce récit de l'enfance, à un temps où tout semble au ralenti, dans cette station balnéaire de la gentry anglaise.

J'ai suivi avec plaisir l'été d'Eustache et de sa soeur ainée Hilda qui ont chacun des personnalités bien marquées. Eustache, le cadet, est totalement inféodé à Hila qui le mène à la baguette et j'ai été pleine de compassion pour ce petit garçon bien sage qui veut faire plaisir à tout le monde.

Le jeune garçon nous raconte leur quotidien fait de jeux, d'expériences dans la maison mais aussi sur la plage, leurs rencontres et son amitié naissante avec Mrs Featherhill. Malgré leurs différences de caractère, frère et soeur s'aiment infiniment et se révèlent très complices. Ils grandissent auprès de leur nourrice Minney qui les adore, de leur père, Alfred Cherrington, de leur tante Sarah, plus stricte.

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La crevette et l'anémone en 3 étapes :
1- Ohhhh cette couverture !!! 😍
2- Ohhhh ce papier !!! 😍
3- Ohhhh ce texte !!! 😍
J'ai craqué sur ce roman de la collection Petit Quai Voltaire dès ma première sortie en librairie post-confinement.
Au-delà de la beauté du livre-objet (je suis fan, la douceur du papier, les touches de couleur dans les pages intérieures, de vrais petits bijoux), le texte est délicieux, une friandise.
Comme un berlingot, vous voyez ? Un berlingot, avec ce côté désuet qui ravit nos papilles et ravive nos souvenirs... Eustache et Hilda sont frère et soeur, leur mère est morte et ils vivent avec leur père et la soeur de ce dernier. Hilda a un fort ascendant sur son petit frère, elle le domine et lui se plie avec plaisir à ses volontés.
Le jour où elle lui demande d'aller saluer Mrs Fothergill, la vieille infirme qui se promène sur le bord de mer, et où il accepte malgré ses peurs d'enfant, marquera un tournant dans leur vie à tous deux.
J'ai aimé le style délicat et sensible de Leslie Poles Hartley. N'ayant pas lu le messager, c'était pour moi une découverte de sa plume et j'ai été rapidement sous le charme.
La finesse dans l'analyse des caractères des personnages m'a conquise. On n'a aucun mal à imaginer Eustache, petit garçon à la grande sensibilité, à l'imagination débordante, qui sort doucement de l'enfance.
Hilda, maman de substitution, n'est pas moins savoureuse, avec son caractère ombrageux et sa possessivité vis à vis de son frère.
Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous conseille largement cette petite pépite.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il trouva peu convaincante l'éloquence de son fils, principalement parce que Eustache était embarrassé par la difficulté de rendre intelligibles aux facultés limitées de l'esprit adulte les forces régissant sa vie intérieure. (p148)
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A mesure que leur terrible signification s'évaporait, les mots semblèrent rétrécir, s'amenuiser, telles les majuscules d'une phrase en capitales ramenées au type le plus commun de minuscules. Totalement insignifiantes, elles ne voulaient presque plus rien dire du tout, et la chose qui s'était enflée en Eustache comme une tumeur s'étrécit et s'amenuisa avec elles. (p239)
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L'anémone était plus belle que la crevette, plus intéressante et beaucoup plus rare. C'était une anémone "plumeuse" ; il avait vu l'image dans son livre d'histoire naturelle, et l'épithète duveteux effleurait son esprit comme une caresse. S'il prenait la crevette, l'anémone n'en attraperait peut-être jamais d'autre et mourrait de faim. (p13)
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Vidéo de Leslie Poles Hartley
Video Essay for The Go Between (1971, dir. Joseph Losey) in the Shooting Down Pictures Project. Featuring commentary by Dan Callahan of The House Next Door, Slant Magazine and Bright Lights Film Journal
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