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Anouk Neuhoff (Traducteur)
EAN : 9782221107768
280 pages
Robert Laffont (31/08/2006)
3.88/5   73 notes
Résumé :

Ce matin de novembre 1985, à Holt, petite ville imaginaire du Colorado, une Cadillac s’arrête dans la rue principale. Son conducteur, un homme chauve et obèse, ne bouge plus de sa place de toute la journée, sous l’oeil indifférent des passants. Finalement, il est reconnu par un commerçant, qui prévient aussitôt le shérif. Jack Burdette, enfant du pays, est de retour. 1972 : Jack Burdette est l’e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Jours paisibles émaillés de quelques drames dans le comté de Holt…

Il suffit que Jack Burdette réapparaisse en ville après huit années d'absence pour que les équilibres et l'apparente quiétude de Holt s'en trouvent bouleversés. Car dans cette bourgade traditionnelle et relativement paisible du Colorado, personne n'a oublié les raisons et conséquences de sa fuite soudaine, laissant la ville meurtrie, et sa femme et son fils abandonnés.

Et s'il est un témoin vigilant de ce passé, c'est bien Pat Arbuckle, rédacteur en chef du Holt Mercury le journal local. Mais aussi ami d'enfance de Jack Burdette et aujourd'hui rival à plus d'un titre. Les ingrédients du drame sont en place. Mais n'est-ce pas finalement la scène finale d'une histoire qui se trame depuis très longtemps ?

Après Nos âmes la nuit et le chant des plaines, c'est avec le même plaisir que j'ai dévoré Colorado blues de Kent Haruf, traduit par Anouk Nauhoff. Cette chronique quasi-contemporaine d'une bourgade de l'Amérique profonde et authentique est un régal. Haruf sait mieux que quiconque décrire les petits incidents du quotidien qui en font le sel, mais qui cumulés, finissent par devenir les ingrédients du drame. Dans un livre qu'il a conçu comme un long flashback, il conte l'histoire simple de gens simples, dont les vies basculent. Et c'est délicieux…

Une fois de plus, Haruf soigne ses personnages, Pat, Jessie, Wanda et même le shérif Sealy, sans jamais masquer leur part de faiblesses, mais en faisant toujours éclater leur profonde humanité, constante de son oeuvre. J'en redemande !
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Je vous recommande chaudement ce magnifique roman. S'il vous tente, sautez vite au deuxième paragraphe de cet avis et ne lisez surtout pas la quatrième de couverture !!! Pat Arbuckle, narrateur à la première personne, a repris la suite de son père comme propriétaire du journal local dans lequel il continue à écrire. Il est aussi l'ami d'enfance de Jack Burdette, l'enfant terrible du pays. Grand, baraqué, beau mec, charmeur, beau parleur, footballeur de talent (à l'aune locale), Jack collectionne les conquêtes et met tout le monde dans sa poche. Jusqu'au jour où… Quand commence le roman, il a disparu depuis huit ans et, comme le révèle bien inopportunément la quatrième de couverture, il a fui en emportant la caisse de la coopérative agricole dont il était le patron et a laissé derrière lui sa femme enceinte et ses deux enfants.

Sur la carte du Colorado, j'ai trouvé une Holt Montain, j'ai constaté que le nom de famille Holt semblait assez répandu, mais je n'ai repéré aucune petite ville de ce nom. Il s'agit sans doute d'une bourgade imaginaire, comme un modèle générique de tant d'autres de ces petites villes où tout le monde connaît tout le monde, où les rumeurs vont bon train et où il est impossible de garder bien longtemps un secret ; le genre de petite ville dont l'on ne part jamais vraiment et auquel on appartient toujours. le titre original de Colorado Blues « Where you once belonged », qui cite un vers de la chanson des Beatles « Get Back » se révèle vraiment plus pertinent que le titre « français » : Colorado Blues. Je ne connaissais pas du tout Kent Haruf, mais je vais lire ses autres romans ! Avec une écriture d'une grande simplicité, il réussit à aller au plus profond des choses et des êtres, et à recréer très précisément les ambiances : les gars qui jouent au billard au fond d'un bar pendant que la petite amie de Jack attend seule à une table, par exemple, ou encore l'incrédulité du commerçant spolié par Jack quand il aperçoit celui-ci dans sa voiture, attendant tranquillement on ne sait trop quoi. le narrateur nous parle de Jack d'abord avec une sorte d'indulgence, mais la personnalité toxique de ce garçon égoïste et manipulateur finit par lui ôter toute bienveillance. Et encore ne se méfiait-il pas assez. La fin est d'une infinie tristesse, mais je n'ai pu m'empêcher de l'espérer ouverte. Un style épuré, une belle histoire, un superbe roman !
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Le retour de Jack Burdette, huit ans après avoir disparu va provoquer un vrai électrochoc dans la communauté de la petite ville de Holt - Colorado ...il faut dire qu'il s'est enfui à l'époque avec la caisse de la coopérative en abandonnant femme et enfant...Le narrateur, ami d'enfance de Jack va alors faire revivre le passé et dévoiler peu à peu les relations, rancœurs et frustrations qui vont ressurgir avec le retour de Jack. Enfant arrivé tardivement et orphelin de père trop jeune, tire-aux flancs, qui après un court passage à l'université s'engage deux ans dans l'armée, flirtant avec Wanda Jo, une jeune fille aveuglée d'amour, qui va jusqu'à laver le linge de Jack une fois par semaine en espérant le mariage, puis le mariage surprise de Jack, les commentaires dans la communauté, et la mise à l'écart de la jeune épouse et au final une fuite qui laisse la ville dans la détresse.
Colorado Blues est l'évocation du retour d'un fils prodigue dans la petite ville qui l'a vu naître mais qui l'a vu également trahir la communauté, l'émoi est réel et impacte également le narrateur qui comme bon nombre de ses concitoyens avait fini par penser qu'il ne reviendrait jamais.
Dans un style sobre et très cinématographique, Kent Haruf, décrit des êtres humains simples, pris dans des évènements qui les bouleversent et les obligent à agir, ou à prendre parti, fissurant ainsi la cohésion sociale de la communauté. Les personnages sont justes et les rapports qui se dégradent sont décrits avec beaucoup de finesse et sont crédibles.
Je découvre cet auteur avec beaucoup de plaisir, avec en réserve
Le Chant des plaines et Nos âmes la nuit, du bonheur en perspective...
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Véritable symphonie pastorale dont les différents mouvements s'enchaînent en rythme et en intensité au fur et à mesure des pages pour terminer dans un climat irrespirable. Les acteurs de ce drame, tels des instruments de musique jouent une partition parfaitement orchestrée par l'auteur qui réussit un livre d'une beauté rare dans un climat où la poussière et le soleil se disputent la primauté et où le lecteur succombe à la léthargie de cette ville paumée du Colorado.
Holt, dans le comté de Holt, Mainstreet, la voie ferrée qui traverse la ville sans passage à niveau, juste le bruit pour reconnaître un train passant, pas même une barrière ou un feu, rien ! C'est là que Burdette père un soir de buverie trouvera la mort coincé par un train de marchandise. Devant la bidoche éparpillée, c'est sûr que le gamin, Jack, devra se forger un sacré caractère pour avancer dans la vie et arriver à un parcours dans une mouvance de normalité.
Les gens s'ennuient, car à part la coopérative et les bistrots qui qui peut intéresser si ce n'est les commérages ? Jack se pointe avec une étrangère, taiseuse de surcroît, les langues se mettent à fonctionner allégrement et pas forcément dans la gentillesse. Baver sur les uns, baver sur les autres sûr que ce n'est pas une spécialité de Holt, mais ici dans le fin fond du Colorado c'est un art.
Ce n'est ni un polar ni un thriller, juste une chronique d'une petite ville, un fait divers banal raconté par un géant et vingtdiou que c'est bon. J'ai écrit symphonie ci-dessus on pourrait comparer au Boléro de Ravel, le même thème avec, au départ un seul instrument pour finir avec tout l'orchestre dans un final d'un invraisemblance épouvantable, incroyable, à des lieux de mon attente et de ce que je pensais, mais d'une infinie gravité et intensité où le désarroi s'empare du corps pour le laisser pantelant et désabusé.
De la très grande littérature. A ne pas manquer.
Haruf comme Tapply sont des auteurs rares et de ce fait méconnus, dommage...
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Quelle belle découverte que ce roman. Je l'avais acheté avant tout car il se passait dans le Colorado et qu'il me permettrait alors de valider cet état pour le challenge USA auquel je participe. Et cela aurait été dommage de passer à côté.

Le narrateur raconte son histoire à travers celle d'un copain d'enfance, Jack Burdette, enfant chéri du pays avant de devenir, beaucoup plus tard, ennemi public numéro 1 lorsqu'il a escroqué les commerçants de la ville (imaginaire) de Holt avant de prendre la poudre d'escampette, non sans avoir détourné auparavant les fonds de la coopérative agricole, l'entreprise la plus importante de la ville, dont on lui avait confié la gestion. À son retour, 8 ans plus tard, il n'est plus le bienvenu mais lui est déterminé à retrouver sa place, notamment auprès de sa femme et de ses enfants qu'il avait laissés derrière lui.

La plume de Kent Haruf est fluide, agréable et on lit ce roman comme la chronique d'un salaud ordinaire dans une petite bourgade ordinaire. Car là se trouve l'essentiel selon moi, donner la parole aux habitants, que beaucoup nommeraient péquenauds, de ces petites communes rurales de l'Amérique. Et il y arrive formidablement bien. Je me suis imaginé assise sur une de ces balancelles que l'on trouve à l'avant de ces maisons, un verre d'orangeade à la main, contemplant la beauté des paysages et écoutant les commérages des voisins. Je m'y suis vue et j'y ai cru.

Un livre que je recommande.

Challenge USA
Challenge jeu de l'oie littéraire (4ème partie)
Challenge Trivial Reading III


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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Dehors, sur le trottoir, Jack dit quelque chose qui la fit rire, mais son rire était trop sonore et il se répercuta le long des vitrines, flottant dans l'air comme un brouillard.
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"Fiston, je me demandais un truc.
- Quoi donc ?
- Fiston, est-ce que tu comptes un jour faire quelque chose de toi ?
- Je l'espère.
- C"est vrai. Cela me fait chaud au cœur. Mais, excuse-moi, je suis curieux : quand est-ce que tu envisages de t'y mettre.
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- Que puis-je faire pour vous Jessie ?
- Je ne veux rien. Si c'est ce que vous pensez.
- Non, protesta-t-il. Je ne pense pas ça. On ne me paie pas assez pour que je m'inquiète de ce que pensent les autres.
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Wanda Jo est bel et bien morte ce jeudi matin d’avril. Je ne veux pas dire qu’elle se soit tranché les veines avec un rasoir pour filles qu’elle trimballait par hasard dans son sac, ni qu’elle ait fait quoi que ce soit d’aussi suicidaire que de se poignarder avec une lime à ongles. Je veux seulement dire qu’elle cessa de s’intéresser à ce qui pouvait lui arriver
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Non, en réalité, le conseil d’administration avait offert à Doyle un bon gros hamac d’extérieur pour qu’il s’y allonge – assorti d’un abonnement de cinq ans à Playboy pour qu’il feuillette la revue allongé dans son hamac. Doyle eut un immense sourire. Puis il prit la parole.
« Les enfants, vous me flattez, j’en ai peur. La triste vérité, c’est que je suis trop gros pour l’un et trop vieux pour l’autre. »
Tout le monde rit. Puis un des membres du conseil s’écria : « Ouais, mais Doyle… ce qu’on veut savoir, c’est pour lequel des deux tu es trop gros ? » Alors les gens rirent à gorge déployée. » p 105 a - 12
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Videos de Kent Haruf (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kent Haruf
Kent Haruf speaks about his novel "Plainsong".
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