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EAN : 9782354800956
93 pages
Editions Amsterdam (25/08/2011)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Que peut bien vouloir dire "droit à la ville" ? Cette interrogation est indissociable d'une multitude d'autres questions. Quelle ville voulons-nous ? Quel genre de personnes voulons-nous être ? A quelles relations sociales aspirons-nous ? Quelle vie quotidienne trouvons-nous désirable ? Quelles valeurs esthétiques défendons-nous ? Quel rapport à la nature souhaitons-nous promouvoir ? Quelles technologies jugeons-nous appropriées ? Le droit à la ville ne se réduit ai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le livre est composé de trois textes : « le droit à la ville » publié en novembre 2008 dans la Revue internationale des livres et des idées (RILI), « le droit à la ville d'Henri Lefebvre » et « Crises, urbanisation et luttes anticapitalistes pour le droit à la ville ».

L'auteur nous montre l'intérêt de combiner la géographie, ici l'urbanisation, et l'histoire du capitalisme « un lien interne apparaît entre le développement du capitalisme et l'urbanisation ». Il insiste particulièrement sur l'absorption du sur-produit par la construction, le développement des villes (voir le chapitre La ville lumière et New-York : les avaleuses de surproduit). Même en évoquant le secteur du bâtiment, l'auteur contourne, à mes yeux, les mécanismes d'allocation des capitaux, la recherche de taux de profit, qui ne saurait être simplement rabattu sur la ville comme construction sociale ou lieu de vie, ni par ailleurs sur la recherche et la captation de la rente foncière. « Mais à New-York comme à Paris, l'endiguement des expropriations brutales menées sous la houlette de l'État a entraîné un processus de transformation infiniment plus sournois, passant par la disciplinarisation financière des gouvernements urbains démocratiques, des marchés fonciers, de la spéculation immobilière, et par une exploitation permettant de générer le taux de retour le plus élevé possible sur l'usage supérieur et optimal des terrains. » C'est un débat qu'il serait nécessaire de prolonger.

Quoiqu'il en soit, son appréhension des processus urbains enrichit notre compréhension et permet de préciser les nouveaux droits à la ville, de mettre l'accent sur la place des mouvements sociaux urbains « La révolution sera urbaine ou ne sera pas ». Mais la place de la ville, des concentrations de population ne saurait dispenser de l'analyse des organisations socio-économiques, dont les entreprises au sens le plus large, dans ces espaces géographiques. L'auteur tord le bâton, en en faisant un potentiel de résistance, de révolte, détaché des luttes contre l'exploitation et les dominations, même s'il fait référence aux relations hiérarchiques de classe.

David Harvey considère que si le rôle de l'immobilier a été incompris dans les analyses de la crise de 2007/2009 « c'est parce qu'aucune tentative sérieuse n'a été entreprise pour intégrer l'étude des processus d'urbanisation et de formation de l'environnement bâti dans la théorie générale sur les lois de circulation du capital. » Il souligne aussi que « le système de crédit devient absolument nécessaire pour la circulation du capital et qu'il doit être pris en compte et incorporé dans les lois générales du mouvement du capital. » Si les processus d'urbanisation sont en effet négligés dans les analyses de la crise, ce n'est ni le cas pour l'immobilier ni pour le crédit (cf les livres sur la crise chroniqués ou les textes (re)publiés sur le blog, dont beaucoup d'auteurs partagent avec lui que « le capital fictif n'est pas un produit de l'imagination »).

L'apport de David Harvey est plus décisif dans l'intégration de la géographie, y compris l'urbaine, dans la saisie du monde « Il existe une spécificité géographique dans le fait que la production d'espace et les monopoles spatiaux font intégralement partie de la dynamique de l'accumulation, non seulement à cause de l'évolution des diagrammes de flux de marchandises dans l'espace, mais également en vertu de la nature même des espaces et des lieux créés et produits sur lesquels s'opèrent ces mouvements. »

Je partage les insistances de l'auteur à la fin de l'ouvrage sur les lieux de la politique, des luttes, de l'émancipation, sur les actrices et acteurs plus divers que les ouvriers d'usine, sur les lieux de l'agir, qui ne sauraient être rabattus sur les lieux de travail.

« le droit à la ville ne se réduit donc pas à un droit d'accès individuel aux ressources incarnées par la ville : c'est le droit à nous changer nous-mêmes en changeant la ville de façon à la rendre plus conforme à notre désir le plus cher. Mais c'est en outre un droit collectif plus qu'individuel, puisque, pour changer la ville, il faut nécessairement exercer un pouvoir collectif sur les processus d'urbanisation. »

Du même auteur :

Géographie et capital. Vers un matérialisme historico-géographique (Editions Syllepse, Paris 2010)

Géographie de la domination (Les prairies ordinaires, Paris 2008)

Le nouvel impérialisme(Les prairies ordinaires, Paris 2010)
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critiques presse (1)
NonFiction
11 octobre 2011
Un ouvrage éclairant sur la production capitaliste et inégalitaire des villes, mais dont la dimension critique masque certains aspects positifs des mutations à l’œuvre.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais à New-York comme à Paris, l’endiguement des expropriations brutales menées sous la houlette de l’État a entraîné un processus de transformation infiniment plus sournois, passant par la disciplinarisation financière des gouvernements urbains démocratiques, des marchés fonciers, de la spéculation immobilière, et par une exploitation permettant de générer le taux de retour le plus élevé possible sur l’usage supérieur et optimal des terrains.
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Le droit à la ville ne se réduit donc pas à un droit d’accès individuel aux ressources incarnées par la ville : c’est le droit à nous changer nous-mêmes en changeant la ville de façon à la rendre plus conforme à notre désir le plus cher. Mais c’est en outre un droit collectif plus qu’individuel, puisque, pour changer la ville, il faut nécessairement exercer un pouvoir collectif sur les processus d’urbanisation.
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Il existe une spécificité géographique dans le fait que la production d’espace et les monopoles spatiaux font intégralement partie de la dynamique de l’accumulation, non seulement à cause de l’évolution des diagrammes de flux de marchandises dans l’espace, mais également en vertu de la nature même des espaces et des lieux créés et produits sur lesquels s’opèrent ces mouvements.
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