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Critique de Sharon


Sharon
29 septembre 2019
Le mot « ténèbres » est pour moi un des plus beaux, parce que la lumière ne se voit jamais mieux que lorsqu'elle perce les ténèbres, quels qu'ils soient.
Charlie Resnik est le héros de John Harvey, il lui a consacré douze enquêtes, en vingt-cinq années d'écriture – dans la postface, John Harvey explique comment il a choisi le dénouement pour son personnage, après en avoir écrit un autre. A mes yeux, son choix définitif est bien meilleur que le premier.
Charlie Resnik est officiellement à la retraite, mais il a pu rempiler dans un travail administratif qui l'occupe, et surtout, l'empêche de trop penser, lui qui rentre presque seul chez lui, avec un chat et ses disques de jazz. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que l'on retrouverait le corps d'une femme disparue depuis trente ans – et morte depuis trente ans. Les cold case, dans les séries télévisées, c'est bien, c'est facile. Dans un roman qui se veut crédible, cela l'est nettement moins, rares sont les personnes qui n'ont pas déménagées en trente ans, qui n'ont pas changé de métiers, surtout vu le contexte. Trente ans plus tôt, se déroulaient les grandes grèves des mineurs. Resnik était un jeune policier, confronté aux ordres de ses supérieurs et au méthode de certains collègues, sur lesquelles les supérieurs fermaient les yeux – tant que les événements allaient dans le sens qui convenait à la police, tout était bon à prendre.
Resnik jeune, et Jenny, la victime, vivante, voilà les morceaux de passé qui nous sont livrés dans le récit rétrospectif. Jenny, bien vivante, soutenant la grève, participant à des meetings, se débrouillant pour faire garder ses trois enfants, ou pour être revenue à temps pour les chercher à l'école. Un mari, Barry, non gréviste qui ne comprend pas sa femme, qui sort trop du rôle traditionnel des épouses soumises, cantonnées à leur maison, qui ne comprend pas non plus ses grévistes venus d'on ne sait où et qui le traitent de « jaune », lui qui veut seulement continuer à travailler pour que sa famille ait de quoi se nourrir.
Dans le présent, le travail est minutieux, long, fastidieux, surtout que Resnik et Catherine, assignés à cette mission avec deux autres agents, n'ont qu'une semaine pour trouver une piste valable – il est tant d'autres affaires qui attendent, surtout que Picard, le charmant supérieur imbuvable, est assez fataliste, ou réaliste, comme on voudra : le coupable est peut-être mort depuis longtemps !
Petite précision : Catherine Njoroge est noire, pas noire Beyoncé, non, noire noire comme elle le dit elle-même, et j'entends déjà le commentaire (j'en ai déjà eu) précisant que de nos jours, on s'en fout. Ce serait bien, effectivement. Catherine est cependant très consciente que tous ne s'en moquent pas, et qu'elle, son avancement, dérange, certains pensant qu'elle ne l'a obtenu qu'à cause de sa couleur de peau, au nom de la discrimination positive et n'attendant qu'une chose, un bel échec. Ajoutez à cela des parents qui ne comprennent ni son choix professionnel, ni sa rupture avec son compagnon dont, selon eux, elle n'était pas à la hauteur. Ou comment introduire dans un roman, sans jamais utiliser le terme, un personnage de pervers narcissique. Catherine a été suffisamment fine pour s'en rendre compte, de là à dire qu'elle est suffisamment forte pour lui résister constamment, c'est une intrigue qui sous-tend le récit principal.
J'espère que vous apprécierez autant que moi ce roman.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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