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EAN : 9782081310384
366 pages
Flammarion (05/02/2014)
4.17/5   89 notes
Résumé :
Pendant un an, jour après jour, David Haskell a observé un mètre carré de verdure, niché au beau milieu d'une forêt des Appalaches.

Au fil des saisons, le voilà qui scrute le sol à la loupe et, patiemment, ausculte le vivant : les tritons, les mousses, les lucioles... Une pluie diluvienne, le passage d'un cerf... Et l'espace restreint de sa contemplation, son «mandala», se révèle un monde à part entière, plein de mystères insoupçonnés.

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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la 100 ! C'est donc que ce n'est pas lassant d'écrire. Pourtant, je la sens
qui rechigne, cette centième critique. Dire que certain(e)s sont arrivé(e)s à
1000, de quoi faire un billet sur « L'Emile ». Défi qui m'est inaccessible, j'ai
commencé trop tard.
Je souhaitais qu'elle soit originale, en dehors des sentiers battus, pas un
roman mais un récit, de nature bien sûr, un voyage sur une année, puisque la centième arrive en décembre. Une odeur de sapin, tradition oblige, avec
différentes fragrances, mais aussi plein de couleurs, et d'infinies espèces, pour terminer l'année, en beauté. Ne serait-ce point la magie de Noël qui se dessine dans mes envies ?
Oui, c'est ça, envie, en vie, la vie que je vis, et qui se bat contre la mort qui
mord. Celle qui dévie, pour échapper à celle qui dévore.
Il me faut un milieu apaisant, un endroit pour méditer, mais pas un désert,
touffeur et sécheresse ne sont pas mes amis, non, j'ai besoin de fraîcheur et
de protection, à l'ombre des jeunes fûts en pleurs. Quand les feuilles tombent et que la lumière filtre, laissant découvrir la charpente squelettique, à la recherche de mes racines. Un arbre gêné, ah, logique !
Oui, bloqué dans le sol, avec ses confrères tout autour, qui comme lui
cherchent à se faire une place, dans cette classe, unique, composée d'individus de tous âges, qui apprennent les uns des autres, qui se soutiennent du plus jeune au plus âgé, frêle rameau ou vieille branche, et qui communiquent par le sol, invisible pour nos yeux fatigués, mais richesse insoupçonnée.
Loin de la fugue en sol mineur, c'est un concert tôt en sol majeur, dans une
forêt primaire, peuplée d'oiseaux aux chants mélodieux, qui se régénère d'elle - même, auto-fertile, le cycle de la vie, éternelle.

Alors voici « Un an dans la vie d'une forêt », de David Haskell, qui a tracé un
mandala dans un coin de forêt près de chez lui, les Appalaches, juste un mètre carré en forme de cercle, observer le contenant pour étudier le contenu.
Mandala, Appalaches, 3 A, comme la BD policière mettant à l'honneur trois
jeunes scouts dont les prénoms commencent par A. Parue dans le journal
Tintin des années soixante, les héros partaient à l'aventure en scrutant le sol à la recherche d'indices. C'est ce qu'a fait le scientifique pendant un an, au fil
des saisons, en décrivant ses observations du monde de l'infiniment petit, du sol que nous piétinons sans en voir toutes les richesses.

« Y venir aussi souvent que possible, observer le déroulement d'un cycle
annuel, garder le silence, déranger le moins possible, ne pas tuer d'animaux ni en évincer, ne pas y creuser ni y pénétrer, ne m'autoriser qu'un simple
effleurement des doigts. »

C'est parti, direction le Tennessee, tu sais où ça mène, fils ? Sur un roc !

« J'ai choisi l'emplacement en marchant au hasard jusqu'à trouver un rocher
où m'asseoir. L'espace devant moi est devenu mon mandala. »

Un thème précis par chapitre et par jour d'observation.
Impossible de tout détailler, ça grouille d'informations, scientifiques, mais à la portée de tout lecteur, car il sait prendre des notes et nous les faire revivre avec la musique de ses mots, un concert forestier en plusieurs morceaux d'anthologie.

« La science approfondit notre intimité avec le monde ».

« Ce matin la tige a la forme d'un élégant point d'interrogation, toujours
recouvert de duvet, la fleur bien close suspendue à l'extrémité de sa courbe ».

« Je vis entouré d'érables, de caryers et de chênes, pourtant je ne me suis
jamais attablé devant une salade de feuilles d'arbres ».

« Quand nous regardons un rocher, nous voyons la roche nue; un escargot, lui, y voit du beurre et de la confiture nappés à la surface ».

« Une boule de fourrure grise grosse comme ma paume est sortie du sol
comme une flèche, puis a plongé dans un autre trou en une brusque
accélération comme un mouton de poussière happé par un aspirateur ».

Je ne sais pas, vous, mais moi, ça me parle ! Il y a du Fabre dans sa prose,
faire réfléchir sans oublier de divertir, un sacré cocktail, tous les sens en
alerte !
Je vous parlais de la musicalité de son vocabulaire, mais il sait également
expliquer le chant des oiseaux en le comparant avec le son des instruments de musique, chapeau l'artiste !

« le chant de la grive sort de la syrinx enfouie dans les profondeurs de sa
poitrine. A l'intérieur, des membranes vibrent et augmentent la pression de
l'air qui s'échappe des poumons. Ces membranes entourent la confluence des bronches, transformant une exhalation sans timbre en une douce musique qui monte dans la trachée et jaillit du bec. Seuls les oiseaux produisent un son de cette manière, se servant d'un hybride biologique entre la colonne d'air tournoyante de la flûte et les membranes vibrantes du hautbois. Les oiseaux modifient la texture et le ton de leurs chants en variant la tension des muscles qui enveloppent la syrinx ; le chant de la grive est sculpté par dix de ces muscles au moins, plus courts que des grains de riz ».

L'observation d'insectes lui rappelle une étude en laboratoire qui explique le
rôle du papier journal et où l'on apprend que le Times of London bat à plate
mouture le New-York Times.

« Les insectes élevés dans des caisses doublées de vieux numéros du New York Times n'arrivent pas à maturité. le choix de leurs lectures n'est pas en cause, bien que les insectes élevés sur le Times de Londres parviennent, eux, à maturité. le New York Times est imprimé sur du papier à base de pulpe de bois de sapin baumier. Cet arbre sécrète une substance chimique imitant les hormones des insectes herbivores qui l'attaquent et il se protège ainsi en retardant le développement de ses ennemis et en les châtrant. le papier du Times de Londres, lui, vient d'un arbre qui ne dispose pas de ces défenses hormonales, et peut donc servir sans danger de litière pour les insectes du laboratoire ».

Arrivés à ce niveau de lecture, vous allez penser que ses observations sont
juste le prétexte à nous montrer son érudition phénoménale.
Et bien, point du tout, il nous décrit également le changement au rythme des saisons.

janvier : « le soleil apparaît et sur la neige, couche blanche moelleuse,
éclatent des milliers de petits points lumineux ».

février : « Les mousses exultent dans l'humidité ambiante. Gorgées de vert,
elles se redressent fièrement sous la pluie ».

mars : « Je trouve une constellation d'une centaine de fleurs blanches, jetant
leur éclat à la face du monde ».

avril : « le fruit est aussi gros que la fourmi, pourtant elle le soulève au -dessus de sa tête, ses appendices buccaux fermement plantés dans son
extrémité blanche émoussée ».

mai : « Les feuilles intactes du printemps sont maintenant toutes
déchiquetées. Des entailles régulières ou des morsures bien nettes
entrecoupent leur surface lisse ».

juin : « Deux escargots sont sans doute là depuis le lever du jour, enlacés en
un accouplement confus. Leurs coquilles couleur corne se font face, ouverture contre ouverture, et leurs corps fusionnent en un noeud de chair gris et blanc ».

juillet : « Soudain, une colonne d'intense lumière filtre à travers une brèche
dans la canopée, traverse obliquement la brume légère et illumine une feuille de pomme de mai ».

août : « A mesure que le jour décline, le choeur martèle plus fort le rythme à
deux temps de milliers de sauterelles qui stridulent dans les arbres ».

septembre : « Aujourd'hui, un urubu à tête rouge décrit des cercles juste audessus du mandala, ses larges ailes immobiles déployées comme des voiles sur le fond du ciel ».

octobre : « Un fruit ailé d'érable passe devant mon visage. Il vrombit en une
tache confuse de lumière à la manière d'un couteau lancé dans un cirque. Il
descend en tournoyant comme les pales d'un hélicoptère, heurte la feuille
d'une cardamine, tombe au sol entre deux feuilles mortes en manquant un
caillou et se loge, aile en l'air et graine en bas, dans une fente de l'humus ».

novembre : « Accroché par les pattes arrière, un écureuil cherche à attraper
des grappes de samares qui ne sont pas encore tombées avec ses pattes avant et sa bouche. Des écales de graines et des brindilles pleuvent dans son sillage et bombardent le sol ».

décembre : « A l'instant même où l'ombre a touché l'horizon, les coyotes
cachés dans la forêt juste à l'est du mandala se sont mis à hurler. Ils ont glapi et gémi pendant trente secondes, puis se sont tus ».

Voilà, l'année est passée, j'y ai noté un juste équilibre entre les éléments
vivants au coeur de la forêt, mais aussi entre les différents apports qu'a faits le biologiste en racontant son voyage immobile : description du milieu naturel, explication de ses connaissances scientifiques, comparaison des rapports entre l'être humain et son environnement.

« Notre action n'est pas celle d'une période glaciaire ni d'un vent de tempête, mais quelque chose d'entièrement nouveau. Nous avons bouleversé la forêt comme l'aurait fait une période glaciaire, mais à un rythme mille fois plus rapide ».

Et nous, qu'allons-nous faire pendant l'année qui vient ? Des visites en forêt
pour de simples balades ou des observations en un lieu précis à différentes
périodes des saisons ?
Personnellement, je le fais régulièrement dans un bois voisin. Pour respirer,
écouter, sentir la vie présente mais invisible pour des yeux qui se déplacent à l'allure de la marche.
Au grand air, la vie prend des couleurs, l'espoir renaît.

Pour terminer, quelques alexandrins de Maurice de Guérin.

« Comme un fruit suspendu dans l'ombre du feuillage,
Mon destin s'est formé dans l'épaisseur des bois.
J'ai grandi, recouvert d'une chaleur sauvage,
Et le vent qui rompait le tissu de l'ombrage
Me découvrit le ciel pour la première fois.
Les faveurs de nos dieux m'ont touché dès l'enfance ;
Mes plus jeunes regards ont aimé les forêts,
Et mes plus jeunes pas ont suivi le silence
Qui m'entraînait bien loin dans l'ombre et les secrets ».
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Deux moines tibétains dessinent un mandala avec du sable coloré. Ils vont lentement observent avant d'agir, d'abord un dessin d'ensemble puis les détails.
Maintenant imaginez que vous êtes biologiste, comme ces moines vous vous fixez un coin de nature, une zone bien délimitée mais qui est capable par sa richesse de représenter le monde vivant, plantes et bêtes.
« J'a choisi l'emplacement en marchant au hasard jusqu'à trouver un rocher où m'asseoir. L'espace devant moi est devenu mon mandala. »
L'observation de cette parcelle forestière de 1 mètre carré est votre nouvel espace de travail, nous sommes dans les forêts des Appalaches.
Notre biologiste choisit une petite fenêtre pour contempler le monde. Il se fixe quelques règles :
« y venir aussi souvent que possible, observer le déroulement d'un cycle annuel, garder le silence, déranger le moins possible, ne pas tuer d'animaux ni en évincer, ne pas y creuser ni y pénétrer, ne m'autoriser qu'un simple effleurement des doigts. »
Nous lecteurs, allons le suivre dans ce voyage fantastique vers l'infiniment petit, l'infiniment simple et l'infiniment complexe de cette forêt primitive. Une grande richesse écologique et une grande diversité biologique nous attendent.
Dans ce carré de forêt presque chaque jour notre biologiste va aller s'asseoir et tenir un journal, c'est là l'objet de ce livre.

Prenons donc la route en direction de Sewanee dans le Tennessee.
Au fil des pages David Haskell nous fait découvrir la vie qui grouille sous les feuilles, la physiologie des lichens comme la façon de se nourrir des cerfs, la coopération qui existe parfois entre les occupants du mandala. Nous subissons la neige, des trombes d'eau, « les assauts du vent », la chaleur estivale et même un tremblement de terre.
Quand il pleut le mandala se transforme en « Serengeti à mollusques », les fleurs sortent à profusion aux premiers jours d'avril et elles se déploient « Ce matin la tige a la forme d'un élégant point d'interrogation, toujours recouvert de duvet, la fleur bien close suspendue à l'extrémité de sa courbe ».
La civilisation se rappelle parfois brutalement à lui, comme avec cette balle de golf venant perturber le fragile équilibre de son mandala biologique.
Il lève parfois la tête pour apercevoir « le vol de l'épervier brun ». Il nous dévoile le combat pour la vie qui se déroule sous ses yeux scrutateurs, il nous révèle les miracles d'une nature foisonnante, papillons et champignons, arbres et fleurs, tout est bon pour nous transmettre un message « Toutes nos actions font des vagues et les effets de nos désirs se répercutent à travers le monde ».
Ce journal est passionnant de bout en bout, savant, érudit, il sait nous apprendre la vie mais sait faire sa leçon avec l'âme d'un poète.
Dans les interviews il dit que c'est sa femme qui lui a fait regarder la nature avec empathie, elle qui est artiste, biologiste, éleveuse de chèvres et fabricante de savon ! Qu'elle en soit remerciée.
Je suis sûre que David Haskell est un lointain cousin d' Henry d'Thoreau, d'Annie Dillard ou encore d'Aldo Léopold dans son lointain Comté des sables.
Si l'on veut faire un peu de chauvinisme on peut aussi le rapprocher de Jean-Henri Favre et ses Souvenirs entomologiques.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Ce livre est une petite merveille, une bible.
Il faudrait le connaître par coeur.
A chaque page, de nombreuses informations.
On est surpris (la sueur est du sang), on redécouvre (pourquoi le ciel est bleu).
Ce traité de biologie sait varier les thèmes : flocons de neige, fleurs printanières, constitution du lichen, portrait de la salamandre, etc. Toute la flore et la faune d'un mètre carré de sous-bois des Appalaches, dans le Tennessee, y passe.
Le tout parsemé de réflexions sur la place de l'homme au sein de la nature, et servi par une belle écriture.
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Grâce à Dominique j'ai pu m'embarquer dans un voyage immobile fascinant. Biologiste, l'auteur a choisi d'observer durant une année entière un petit coin de forêt, assis sur son rocher (ou couché avec sa loupe). Ses règles : rester silencieux, "déranger le moins possible, ne pas tuer d'animaux ni en évincer, ne pas y creuser ni y pénétrer." Dilemme lorsqu'il y trouve un jour deux balles ayant volé du golf voisin : on les laisse ou on les retire? (p216)

Le petit coin est bien choisi et grouille de vie, et surtout notre homme au fil du temps affine son sens de l'observation. Ne pensons pas uniquement aux chenilles, grenouilles, écureuils ou rapaces, arbres et fougères bien en évidence, mais pensons jusqu'au minuscule, au cellulaire même!

Je me suis régalée dans cette lecture (dense).
Si l'on m'avait dit que même le rumen d'un cerf me passionnerait... (p 46) Les oiseaux résidents souffrant du manque de nourriture l'hiver voient leur nombre limité l'été, ce qui permet aux migrateurs de trouver à se nourrir, justement.(p 37). Les feuilles par temps froid se bourrent entre autres de vitamines C, les Indiens mâchouillaient d'ailleurs des plantes à feuilles vertes l'hiver.(p42). Et les mousses, hein? Saviez-vous que "la ville de New York a décidé de protéger les monts Catskill au lieu de financer la construction d'une station d'épuration."? (p 63) Au passage, j'apprends pourquoi le ciel est bleu (une histoire de photons et de molécules...)(p 120) et que les urubus nous débarrassent de la bactérie de l'anthrax et du virus du choléra (p 242)

Ajoutons que David Haskell sait partager ces multiples connaissances dans tous les domaines (jolie bibliographie à la fin), sans forcément "baisser le niveau", mais en les rendant accessibles de façon souvent imagée. Il n'est pas sorti indemne de ses observations, ayant pratiqué sans le savoir ce que les Japonais nomment shinrin-yoku, 'se baigner dans l'air de la forêt'. (p 255)

Un exemple de passage attractif (enfin, à mon goût) (p 150)
"Les insectes élevés dans des caisses doublées de vieux numéros du New York Times n'arrivent pas à maturité. le choix de leurs lectures n'est pas en cause, bien que les insectes élevés sur le Times de Londres parviennent, eux, à maturité. le New York Times est imprimé sur du papier à base de pulpe de bois de sapin baumier. Cet arbre sécrète une substance chimique imitant les hormones des insectes herbivores qui l'attaquent et il se protège ainsi en retardant le développement de ses ennemis et en les châtrant. le papier du Times de Londres, lui, vient d'un arbre qui ne dispose pas de ces défenses hormonales, et peut donc servir sans danger de litière pour les insectes du laboratoire."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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David G.Haskell est carrément bluffant !
Biologiste américain, il a choisit un mètre carré de forêt, perdu au fin fond des Appalaches et pendant une année entière il a observé son petit carré de vie animale et végétale.
Il a sorti de ses observations (sans aucune intervention de sa part sur ce qu'il appelle le "mandala") un bouquin absolument fantastique.
Chaque jour d'observation correspond à un chapitre et à un thème précis: le 1er janvier, il nous parle des bactéries, le 28 février des salamandres, par exemple.
Avec un humour pince sans rire, une érudition encyclopédique, un style fluide agréable à lire, des explications à la portée de n'importe quel lecteur un tant soit peu curieux de ce qui se passe autour de lui, je ne peux que conseiller
ce livre.
Pour les autres ceux qui ne sont pas encore complètement emballés par ma super-critique:
Ce bouquin nous raconte l'histoire des lichens qui grâce à un mariage, celui d'une algue et d'un champignon couvrent 10% de notre planète, des arbres qui ont inventé les canalisations d'eau marchant à l'énergie solaire, de microbes qui ne vivent pas d'oxygène (comment ça ?), réfugiés dans le rumen des cerfs, ils vivent vraiment sur une autre planète et ont 50 milliards d'années, de la vision des mésanges aux couleurs sursaturées et qui vivent donc dans une hyper réalité que nous ne pourrons jamais connaitre, du combat des plantes contre les rigueurs de l'hiver, qui fabriquent leur propre sucre pour résister à la famine, des mousses qui filtrent la pollution sans qu'on leur demande rien, d'une race de rongeur surexcité qui empoisonne ses proies et les garde vivantes dans un horrible garde manger sous terre et des abeilles des fleurs du vent de la pluie des insectes etc, etc..
Ma culture générale vient de faire un bon phénoménale en seulement 332 pages absolument captivantes !

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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
J'ai eu la chance de pouvoir observer un petit coin de forêt ancienne. C'est un rare privilège : les forêt de peuplement mûr couvrent moins d'un demi pour cent de la surface de l'est des État-Unis. Mais les vieilles forêts ne sont pas la seule fenêtre ouverte sur l'écologie de la planète.

Un des résultats de mon observation du mandala a été de comprendre que c'est en leur accordant notre attention que nous faisons apparaître des endroits merveilleux, et non en trouvant des endroits "vierges" qui nous émerveillent. Les jardins, les arbres des villes, le ciel, les champs, de jeunes forêts, un vol de moineaux en banlieue, sont autant de mandalas. Les observer de près est aussi fécond qu'observer des bois de haute futaie.
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Cependant, l'indépendance de la vie du mandala me procure par ailleurs une joie ineffable mais intense. J'ai compris cette indépendance en entrant dans la forêt il y a quelques semaines. Un pic chevelu s'est posé sur un tronc d'arbre et a poussé son cri. L'altérité de cet oiseau m'a frappé. Voilà un animal dont les pareils ont lancé leur appel caractéristique des millions d'années avant l'apparition de l'homme. Son univers quotidien est rempli d'écailles d'écorce, de coléoptères cachés et des sons émis par ses congénères, un autre monde, parallèle au mien. Des millions de mondes pareillement parallèles existent dans le mandala.
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Le chant de la grive sort de la syrinx enfouie dans les profondeurs de sa poitrine. A l'intérieur, des membranes vibrent et augmentent la pression de l'air qui s'échappe des poumons. Ces membranes entourent la confluence des bronches, transformant une exhalation sans timbre en une douce musique qui monte dans la trachée et jaillit du bec. Seuls les oiseaux produisent un son de cette manière, se servant d'un hybride biologique entre la colonne d'air tournoyante de la flûte et les membranes vibrantes du hautbois. Les oiseaux modifient la texture et le ton de leurs chants en variant la tension des muscles qui enveloppent la syrinx ; le chant de la grive est sculpté par dix de ces muscles au moins, plus courts que des grains de riz.
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Notre action n'est pas celle d'une période glaciaire ni d'un vent de tempête,
mais quelque chose d'entièrement nouveau. Nous avons bouleversé la forêt
comme l'aurait fait une période glaciaire, mais à un rythme mille fois plus
rapide.
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" Les photons qui ont allumé les feux de l'aube ont parcouru cent cinquante millions de kilomètres depuis la surface du soleil. Mais la lumière peut elle aussi être ralentie et filtrée. Ce ralentissement est particulièrement spectatculaire dans les entrailles du soleil, où les photons naissent de l'union ardente d'atomes sous pression. Le coeur du soleil est si dense qu'il faut dix millions d'années à un photon pour se frayer un chemin jusqu'à la surface. En cours de route, il est continuellement arrêté par des protons, qui absorbent son énergie, le retiennent un moment, puis libèrent l'énergie sous la forme d'un autre photon, Lorsque le photon s'échappe enfin, après avoir été englué si longtemps dans la mélasse solaire, il file comme une flèche jusqu'à la terre en huit minutes."
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