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3,58

sur 92 notes
Je découvre Jean Hatzfeld avec ce roman pioché au hasard dans une boîte à livres. Me basant uniquement sur l'illustration de couverture, je pensais qu'il ne serait question que de sport et de compétition, et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il s'agissait de bien plus que cela !

Pour mon plus grand plaisir, les 3/4 du roman se situent en Russie pendant la décennie 1975/1985 donc sous gouvernance soviétique. Et pour une fois, il ne s'agit ni de Moscou ni de Petersbourg mais du méconnu Kirghizistan, terre d'élevage de moutons et de chevaux sauvages, rude pays asiatique martyrisé par Staline et ses camarades successeurs.

A travers le destin croisé de quatre athlètes - deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles -, c'est une véritable fresque historique que Jean Hatzfeld déroule sous nos yeux, décrite par un verbe sobre et percutant. Remarquablement écrit, "Deux mètres dix" oppose intelligemment les deux blocs ennemis en fin de Guerre Froide sur le tartan des stades olympiques. Si on y songe quelques instants, c'est un angle très perspicace quand on sait la place démesurée et la symbolique à l'avenant que la compétition sportive revêt encore aujourd'hui pour ces deux blocs antagonistes. La course aux étoiles et le sport. du rêve et des jeux. Au prix de quelles souffrances pour les athlètes, sacrifiés sur l'autel des intérêts géopolitiques ?

Mais l'auteur parvient avec talent et sensibilité à réunifier ceux que L Histoire ne parvient toujours pas à concilier. Et en plaçant ses héroïnes dans la posture aérienne du saut, et ses héros dans l'ancrage primal du portage de fonte, Jean Hatzfeld rend aussi un hommage qui ne manque ni de délicatesse ni de respect à ces champions portés aux nues puis ensevelis dans l'oubli.

Une fiction réaliste bien documentée et aux personnages attachants. Mon premier coup de coeur de l'année.


Challenge ATOUT PRIX 2022
Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge SOLIDAIRE 2022
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Quatre sportifs au zénith de leur discipline . Deux haltérophiles , deux sauteuses en hauteur . Deux kirghizes, concourant pour la bannière CCCP et deux américains.

Voilà les quatre portraits que nous dresse Jean Hatzfeld, très bon conteur d'histoires sportives .
Le livre est foisonnant de thèmes : La quête du Graal sportif (on n'est pas sur des amateurs du dimanche mais sur des champions olympiques) , la guerre froide à travers le sport , les effets secondaires du dopage , le dévastation morale de l'après compétition.
C'est très bien fait, les destins s'entremêlant, et l'auteur est un virtuose quand il s'agît de décrire l'acte sportif, que ce soit la course vers la barre ou l'arrivée face à la barre, l'autre , celle des hommes forts.
On ajoute un peu d'exotisme avec la vie en Kirghizie , quelques belles scènes de nature et l'on a un roman dense , plein de finesse et très touchant par ces portraits qu'il nous livre.
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Même si ses parutions les plus célèbres prennent pour décor le Rwanda où il été reporter de guerre ( Une saison de machettes en 2005) , le romancier Jean Hatzfeld n'oublie pas qu'il a également été un journaliste sportif, émérite particulièrement observateur, en explorant le monde du sport dans plusieurs de ses romans

Ainsi, Jean Hatzfeld prend de la hauteur et fait croiser la destinée de quatre sportifs de haut niveau dans son roman Deux mètres dix. qui vient de sortir en poche.

D'un côté, deux femmes, championnes de saut en hauteur et de l'autre, deux hommes, champions d'haltérophilie lors de deux compétions qui se déroule pendant les jeux 1980 à Moscou et en 1984 à Los Angeles . Deux de ces champions sont issus de l'Union soviétique (mais khirghizes) deux autres sont américains.

En pleine guerre froide, on voit que le sport va se méler de géopolitique et que les portraits de ces quatre sportifs sont bien plus profonds que ce qu'ils pourraient sembler être de prime abord, l'auteur mélant petite et grande histoire avec ambition et a propos.

Ce sont de véritables épopées romanesques avec un vrai sens de la narration et un vrai suspens que décrit Hatzfeld décrit entre fiction et réalité, en s'attardant longuement sur les descriptions des épreuves et des compétitions. Parfois un peu confus - et pas assez compréhensif pour un lecteur qui n'aurait aucune notion de sport, ce "Deux mètres dix" qui fait joliment rimer sport avec politique et poésie, reste d'une belle ambition et mérite largement la lecture.

Un très bon roman sur le sport, à la manière de ce que fait un Vincent Duluc dans un style certes quelque peu différent .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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(Fini le 06/12/2018)
Je découvre cet auteur à l'occasion de cette lecture.
Je suis un peu embarrassée de dire ce que je pense… parce que, à la lecture des premiers chapitres, j'ai eu l'impression de lire un brouillon de livre, un « premier jet » d'une très belle écriture, certes, mais un capharnaüm dans lequel j'ai eu du mal à me localiser dans le temps et dans l'espace au point de prendre des notes pour ne pas m'égarer…
C'est dommage parce que j'ai trouvé que ça nuisait à cette histoire qui retrace le parcours de quatre athlètes : deux filles qui pratiquent le saut en hauteur et deux garçons haltérophiles. L'une des filles (Sue, diminutif de Susan) et l'un des garçons (Randy) sont Américains. L'une des filles (Tatyana) et l'un des garçons (Chabdan) sont tous deux soviétiques, d'origine kirghize (région où l'on a déporté les Koryo-Sarams, les personnes venues de Corée pour construire le port de Vladivostok). Vous me suivez toujours ? Pour ma part, j'avoue que j'ai traîné ce livre plusieurs jours avant d'entrer vraiment dans le sujet…
On y évoque les sanctions implacables de l'impitoyable régime soviétique, le dopage dans les deux camps (soviétique et américain) et la guerre froide qui entraîna des boycotts des Jeux olympiques : celui des J.O. de Moscou en 1980 par les USA et celui des J.O. de Los Angeles en 1984 par les soviétiques… Des sujets vraiment très intéressants, mais impossibles à suivre sans connexion internet. A titre d'exemple, l'auteur ne dit à aucun moment que les J.O. de Los Angeles se sont déroulés en 1984...
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Deux mètres dix, c'est la limite encore jamais franchie en saut en hauteur féminin.
Dans le monde du sport de haut niveau des années 80, le roman fait le portrait de quatre athlètes : deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles. A chaque fois, l'un des deux est soviétique, l'autre américain. Les exploits sportifs y sont partie prenante de la guerre froide entre les deux blocs, mais sans jamais passer devant les objectifs patriotiques. Les boycotts des Jeux de Moscou puis de ceux de Los Angeles ont donc des conséquences sur les victoires et les défaites des uns et des autres, bien davantage que les performances sportives. L'auteur montre bien aussi les rivalités à l'intérieur même des républiques soviétiques, entre celles d'Europe et celles d'Asie.
Après leurs carrières respectives, Tatyana contacte Susan pour l'inviter chez elle au Kirghizistan et Randy part sur les traces de Chabdan Orozbakov, lui aussi kirghize.
La narration s'attache à chaque personnage et le suit des origines jusqu'à la fin de sa carrière et même encore après, lorsque le corps se souvient des excès, du dopage, et les fait payer, et lorsque la guerre froide n'est plus pour chacun qu'un souvenir qui pourrait presque être devenu insignifiant.
J'ai particulièrement apprécié le décor historique et géographique, mais j'ai aussi trouvé un peu dommage que les liens entre les quatre personnages ne soient pas davantage montrés, et que les échanges entre eux soient finalement trop rares.
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Encore un livre se rapportant au sport, et beau, et poétique, et passionnant !
Jean Hatzfeld raconte la compétition entre des athlètes américains et soviétiques, deux sauteuses en hauteur, puis deux haltérophiles, au tournant des années 70/80. En raison des boycotts de leurs pays respectifs, ils ne s'affronteront jamais aux Jeux Olympiques, mais se croiseront lors de quelques championnats -ou dans des visions, ou se retrouveront 40 ans plus tard.
Plus que de compétition pure, ce roman parle d'ouverture, de paix (de l'esprit) et de respect. Les Soviétiques sont des Kirghizes (et grâce à Hatzfeld, j'ai découvert un peu de leur culture et de leurs paysages), charmés par la décontraction yankee (pour la sauteuse), ou étonnés par la haine anti-communiste que leur vouent leurs adversaires américains (pour l'haltérophile).
L'auteur évoque les lendemains de gloire difficiles et les ravages du dopage, mais son écriture est éthérée, et ponctuée d'allusions au chamanisme, aux légendes d'Asie Centrale, et à la puissance de la Nature et des éléments. Brodé autour de sportifs de haut niveau fictifs et fascinants, c'est un récit court, léger et profond, une belle découverte !
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En pleine guerre froide, les grandes puissances de chaque camp utilisent aussi le sport pour montrer au monde la supériorité de leurs idéologies et systèmes politiques.
Des athlètes américains et soviétiques se préparent pour les Jeux Olympiques. Il leur faut notamment des prédispositions physiques, du talent (technique), le soutien des autorités sportives ou politiques, et un travail acharné.

Avec des allers-retours dans le temps, Jean Hatzfeld met en scène la progression, le succès, puis le déclin voire la chute, de deux haltérophiles et de deux sauteuses en hauteur de chaque camp.

Ce roman m'a parfois fait penser à « L'appel » a consacré au sauteur en hauteur Dick Fosbury, champion américain qui popularisa la technique du saut dorsal. le roman d'Hatzfeld, même s'il met en scène des personnages fictifs, est cependant beaucoup plus réaliste que celui de Fanny Wallendorf, montrant des aspects multiples de la vie de ces sportifs.

Bien qu'il dénonce le recours massif au dopage, l'auteur rend un très bel hommage à ces sportifs, à leurs efforts, et à leurs disciplines.
Le lecteur vibre avec les barres d'altères et celles de saut.

Merci à Babelio (opération Masse critique).
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Champion ou marionnette?
Jean Hatzfeld continue à explorer le monde du sport dans son nouveau roman qui confronte l'Amérique et l'Union soviétique entre 1980 et 1984 à travers les portraits de deux championnes de saut en hauteur et de deux haltérophiles. Cruel et beau.

Le nouveau roman de Jean Hatzfeld a réveillé en moi des souvenirs et des émotions liées à mon adolescence et à ma famille, même si le sujet peut sembler à priori bien éloigné de cet univers. Dès 1972 et les Jeux olympiques de Munich, mon père a décidé de participer à la grande fête du sport. Il a été retenu comme bénévole et nous avons été retenus à la maison, condamnés à suivre les épreuves devant notre téléviseur. À son retour, le récit de son expérience nous a enthousiasmé, en particulier les tournois de boxe et d'haltérophilie qu'il a pu suivre sur scène et en coulisses. Pratiquant l'athlétisme, j'ai alors décidé que j'irais mois aussi partager cette expérience. Mon rêve s'est réalisé en 1976 à Montréal.
Et si le roman se base sur les jeux suivants, en 1980 à Moscou (boycotté par les États-Unis) et en 1984 à Los Angeles (boycotté par l'Union soviétique), j'ai bien retrouvé l'ambiance très particulière qui règne alors et cette tension dans la course aux records et aux médailles.
Jean Hatzfeld choisit de dresser le portrait de quatre athlètes désormais retraités pour raconter ce combat entre l'est et l'ouest, entre les deux systèmes politiques qui entendent chacun démontrer leur supériorité.
Il y a d'abord Sue Baxter, la championne de saut en hauteur américaine et Tatyana Izvitkaya, sa rivale du Kirghizistan devenue Tatyana Alymkul. C'est leur rivalité pour un record du monde mythique qui donne son titre au roman.
En complément, et sans doute pour montrer le contraste entre la grâce et la fluidité de la discipline féminine, l'auteur nous raconte la rivalité dans une discipline où la puissance et la force physique dominent: l'haltérophilie incarnée ici par Randy Wayne et Chabdan Orozbakov.
Avant de dire un mot du contexte de l'époque, soulignons que ces quatre athlètes sont nés de l'imagination du romancier, mais résument parfaitement ce que le journaliste a vu et rapporté dans ses articles (l'auteur était alors envoyé spécial aux J.O. pour Libération).
Emboîtant le pas à Vincent Duluc qui a retracé les parcours de Kornélia Ender et Shirley Babashoff et leur combat lors des Jeux Olympiques de Montréal (j'y étais!), Jean Hatzfeld fait du corps des athlètes le symbole de la guerre froide, des gymnases le champ d'une bataille politique épique et des entraîneurs les émissaires d'un système qui n'hésite pas à recourir aux substances dopantes et au chantage pour assouvir le besoin de gloire des dirigeants. Ou quand le reporter sportif se souvient qu'il a aussi été reporter de guerre.
Il y a du reste de la mélancolie de l'ancien combattant dans cette rencontre, des années après, entre des athlètes qui ont été plus manipulés qu'acteurs de leur destin, plus marionnettes du pouvoir que héros. Leur corps est abîmé et leurs illusions se sont envolées. L'alcool et la drogue ont remplacé les amphétamines et les anabolisants. Dur constat, triste réalité.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Je dois cette lecture à Gwen21 dont le billet m'a donné furieusement envie.
Et aussi le thème de départ qui allie plusieurs de mes passions, l'histoire, et particulièrement la période de la guerre froide, et le sport. Si je suis assez sportive (j'ai longtemps pratiqué la natation, je fais régulièrement de la gym suédoise depuis plus d'une décennie et je cours toutes les semaines), je suis surtout une sportive du dimanche, comme on dit, ne cherchant pas la performance, même si je l'admire, mais aimant plutôt l'effort qu'exige la pratique sportive. Et un de mes plaisirs, tous les quatre ans, ou plutôt tous les deux ans depuis l'alternance, est de regarder les jeux olympiques. Je peux passer des heures avec le téléviseur allumé, regardant des disciplines aussi diverses que le tir à l'arc, la gymnastique, le plongeon ou l'athlétisme.

Dans ce récit, il est question d'athlètes de très haut niveau, des athlètes olympiques, deux sauteuses en hauteur, deux haltérophiles, les quatre oeuvrant au début des années 80, l'une des sauteuse étant américaine, l'autre kirghize concourant pour l'URSS; l'un des haltérophiles étant lui aussi américain, l'autre kirghize. Mais que s'est-il passé au début des années 80 et qui a pu bouleverser ces athlètes ? le boycott des Jeux de 1984 à Los Angeles du bloc de l'Est en réponse au boycott des Jeux de 1980 à Moscou des Américains. La carrière d'un sportif est relativement courte, quatre ans c'est très long.

Mêlant les petites histoires dans la grande, la grandeur d'un pays se mesurant également à la performance de ses athlètes, quel qu'en soit le prix, Jean Hatzfeld nous dépeint dans ce récit les vies tantôt réussies tantôt brisées de quatre sportifs dont on ne voulait voir que les performances et les sourires, sans penser qu'il y avait, derrières ces athlètes, des hommes et des femmes faits de fêlures, de chair et de sang. du dopage d'État aux hauteurs du Kirghizstan, l'auteur explore les failles de ces hommes et de ces femmes au service d'une propagande plus ou moins affichée, qu'on n'hésite pas à lâ(yn)cher une fois qu'ils n'ont plus d'intérêt.

Le roman offre des moments de vie de ses héros, naviguant entre passé et présent de manière plutôt morcelée ce qui peut être assez déroutant puisque le sentiment d'unité qu'on attend généralement d'un roman peut sembler absent. Ce fut pourtant pour moi une très bonne lecture, la découverte d'une plume et d'un écrivain.

Lu en avril 2022
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Je découvre avec plaisir l'écriture de Jean Hatzfeld grâce à un roman que j'ai apprécié mais que j'ai du mal à chroniquer parce que je trouve qu'il porte mal son titre. J'ai plutôt envie de l'appeler Qu'avons-nous fait de nos championnes et champions Olympiques ? parce que "Deux mètres dix" fait référence uniquement au saut en hauteur ce qui donne un certain déséquilibre car ce n'est pas la seule discipline évoquée. S'il s'agit bien du portrait de deux grandes sportives de saut en hauteur il y a aussi en échos celui de deux haltérophiles.
Le jeu de miroir met face à face une américaine et une soviétique qui se croisent sur les podiums et idem du côté masculin alors que ce qui rapproche les compatriotes soviétiques c'est leur origine du Kirghizstan, en Asie centrale. Parce qu'au-delà l'intérêt sportif dont l'auteur connaît parfaitement les coulisses, il y a celui du contexte géopolitique puisque cela se passe en temps de Guerre Froide qui se joue aussi sur les podiums.
On comprend que le dopage est pratiqué des deux côtés et que les intérêts du pays, à l'Est comme à l'Ouest, passent avant l'humain. Mais si la situation en URSS est détaillée avec l'envoi au Goulag de l'haltérophile accusé d'être un réfractaire politique pour avoir tenu un drapeau Kirghize sur la plus haute marche du podium, ce n'est pas le cas pour les États-Unis. On ne sait pas ce qui s'est passé pour que la championne américaine se retrouve dans le caniveau, SDF et alcoolique. Certes, on peut l'imaginer mais cela déséquilibre un peu le texte.
J'ai été particulièrement séduite par les descriptions des performances sportives et même époustouflée. Vous savez, c'est comme quand on assiste à une épreuve olympique on reste souvent scotché la bouche ouverte (enfin moi).


Challenge Solidaire 2022
Challenge ABC 2022-2023
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