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Critique de Chestakova


« Petit pays » a écrit Gaël Faye. Nyamata dans ce petit pays est un village, perché au milieu d'un paysage de collines où les champs ocres, les eucalyptus verts, les bananeraies font de belles couleurs. Nous sommes en 2018, Jean Hatzfeld revient dans ce coin du Rwanda qu'il a sillonné pendant plus de vingt ans, après que, 34 jours durant, entre le 11 avril et le 14 mai 1994, 51000 Tutsis y ont été massacrés, sur une population qui en comptait 59 000.
Enfants, hommes, femmes, vieux et vieilles, « coupés » comme on coupe les bananiers, taillés comme on taille le Sorgho, plus rarement abattus par armes à feu, entassés dans des trous, morts ou à demi-morts, un chaos de corps et de cris.
Aujourd'hui, le temps fait sa place au silence. Pour l'auteur il s'agit d'en faire émerger les mots, avec ceux qui n'ont pas péri sous la machette et qui disent ce qui reste gravé dans les mémoires et dans les corps. Il ne s'agit pas seulement d'entendre les victimes, le récit s'applique à tenter de comprendre ce qui a placé certains Hutus hors de la folie meurtrière collective, les amenant dans l'instant de la meute assassine, à cacher, guider, sauver des Tutsis condamnés à une mort immédiate. le livre est structuré autour des témoignages, ceux qui ont sauvé, ceux qui ont été sauvés, ceux qui ont été témoins. Face à ces résistants au crime, Hatzfeld utilise le nom de Justes, en posant la question de la pertinence du terme. Avec ce récit, le lecteur est placé devant une réflexion philosophique sur les mécanismes de la haine communautaire, leur aspect instinctif et bestial. Il est placé de la même manière devant les réflexes instinctifs eux aussi de la résistance à la haine. Pourquoi la balance penche-t-elle de l'un ou de l'autre côté ? Comment aujourd'hui est -il possible de vivre ensemble, tueurs et victimes, sans se parler, dans le silence, sans se poser les questions qui se rapportent au sens de ce qui fut ?
J'avoue n'avoir jamais pu ouvrir les livres de Jean Hatzfeld, notamment son texte fondateur « Une saison de machettes » après la lecture de ce livre je vais corriger ce manque et tenter de comprendre mieux les mécanismes de ce génocide.
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