1992, c'était il y a 30 ans. Déjà.
Jean Hatzfeld nous ramène donc trente ans en arrière, à Sarajevo. La guerre s'abat sur Vahidin et Marija, deux champions de tir tranquillement occupés à préparer les Jeux Olympiques et à s'aimer...
Ce jour-là, au retour de leur footing, Vahidin est informé que sa soeur le cherche. Il rentre chez lui, et accepte de conduire sa mère et ses soeurs immédiatement à Sarajevo : un croissant vert a été taggé sur leur balcon. La peur des exactions les pousse à fuir. Vahidin, musulman, emmène donc sa famille à Sarajevo, mais, malheur : quand il veut retourner auprès de Marija, la ville est coupée, personne ne le laisse passer.
Et la guerre s'installe, nos deux amoureux se retrouvent dans des camps différents, peut-être même ont-ils essayé de se tirer dessus sans le savoir, et hormis quelques lettres remises à des journalistes, aucun moyen de communiquer…
Robert Mitchum ne revient pas, c'est d'abord cette histoire d'amour sur fond de guerre. Et contre toute attente, une histoire qui finit bien, mais chut ! Après tout, tout est relatif comme disait Albert, et le temps perdu ne se rattrape jamais, disait ma grand-mère !
Et Robert Mitchum dans tout ça ? C'est le nom du chien de Vahidin. Qui restera auprès de Marija, lui !
Robert Mitchum ne revient pas, c'est aussi une plongée dans la guerre, avec le quotidien, les repères qui s'effondrent.
Jean Hatzfeld ne parle ici ni des causes, ni des conséquences, il décrit « juste » les événements : bombardements, assassinats, enrôlements, et puis le retour de la paix. Il décrit « juste », « seulement » donc, à savoir il ne fait pas de géopolitique, ni d'analyse quelconque des raisons de la guerre, mais il décrit « juste », avec beaucoup de justesse sans aucun pathos, ces heures sombres où les destins de ces gens ont basculé.
J'ai beaucoup aimé ce voyage dans le temps !