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Critique de Melisende


En mars dernier, je lisais et savourais Ames de verre - premier tome de la saga d'urban fantasy baptisée le Sidh - et découvrais le Lillois par la même occasion. L'originalité du fond et la qualité littéraire du texte m'avaient alors positivement emballée. Et intriguée. Avec ce nouveau recueil de nouvelles, je n'ai plus aucun doute, Anthelme Hauchecorne est un auteur prometteur et un nom définitivement à suivre !

Je ne vous résumerai pas chacune des 13 nouvelles que l'on peut trouver dans ce recueil, ce serait trop long et pas forcément passionnant. Je vais seulement vous donner quelques impressions « générales » avant de parler un peu plus en longueur de celles que j'ai préférées… si j'arrive à faire un choix assez restreint, ce qui n'est pas chose aisée, je dois l'avouer. Pourquoi ? Parce qu'à part un ou deux textes qui m'a peut-être moins plu, je trouve toutes ces histoires assez marquantes et intéressantes, qu'il s'agisse du message apporté ou de la forme adoptée. Difficile, donc, d'en conseiller une plus que l'autre.
Sachez avant tout que mise à part une ou deux nouvelles clairement classées dans la fantasy, le fil conducteur de ce recueil - et ce qui semble porter les écrits d'Anthelme Hauchecorne en général - c'est notre monde contemporain à nous et des questions de société très actuelles. L'auteur lance quelques messages, libre à vous de les attraper au vol.

Vous serez ainsi surpris de découvrir l'écrivain multiplier les métaphores filées dans sa nouvelle « blanche » La Grâce du funambule qui, dans notre Lille contemporaine, met en scène un jeune homosexuel ne désirant qu'une chose : s'installer à Paris pour vivre de sa passion et de son talent : la mode. Aucune apocalypse, aucun dragon dans ce court texte. Juste l'émotion et la poésie du style.
Des dragons, tiens, parlons-en ! Et si certains d'entre eux, créatures immenses et ancestrales, vivaient dans les profondeurs abyssales, ces régions encore inconnues de nos scientifiques en 2013 ?
Imaginons maintenant la France future, dans quelques dizaines d'années. Imaginons que des idées extrêmes d'aujourd'hui aient été poussées un peu plus en avant. Imaginons qu'une guerre anéantisse l'hexagone et qu'en réponse, une mutation, une évolution permettent à certains français de voir leur QI s'envoler. Qu'adviendrait-il de nous ? C'est ce que nous propose Anthelme Hauchecorne dans sa Guerre des Gaules qui peut surprendre voire déstabiliser par sa forme. En effet, par l'intermédiaire d'une interview rassemblant quatre invités très différents, représentants de leur « milieu », l'auteur déroule les fils de son histoire. La narration n'est donc pas habituelle et encore moins linéaire mais je trouve qu'elle ne manque pas d'intérêt !
Dans des mondes futuristes différents, nous retrouvons le thème de l'apocalypse conté du point de vue d'un punk zombi ou une scène domestique proche de la farce entre un maître nerveux et son robot domestique désinvolte. Dévorés par les asticots ou gouvernés par les machines, je ne sais pas quel futur est le plus tentant !
Si notre hypothétique avenir et la science-fiction ne vous bottent pas, peut-être trouverez vous votre bonheur dans un univers fantasy ? Que diriez-vous d'aller rendre visite à La Mort ? Mais pas n'importe laquelle, non ! La Mort de Monsieur Terry Pratchett ! Car Anthelme Hauchecorne voulait rendre hommage à ce maître de la fantasy parodique et a choisi de mettre en scène ce personnage charismatique et masculin au temps de la grande Peste en France… Si vous ne savez pas d'où vient l'expression « mort-aux-rats », c'est le moment de le découvrir !

J'avais dit que je ne parlerai pas de toutes les nouvelles et pourtant… j'y suis presque ! Je termine juste, rapidement, avec les trois qui m'ont le plus marquée et touchée et les trois que je vous conseille donc en priorité.
Je commence par la première nouvelle du recueil - Décembre aux cendres - qui, je pense, est hyper bien choisie pour ouvrir celui-ci. Visuelle, émouvante et possédant un décor riche, je trouve qu'elle illustre assez bien le travail d'Anthelme Hauchecorne. Je garde clairement en tête ces images de champs de cendres, de ces enfants qui partent dans les wagons pour fouiller les ruines, cette sensation de froid brulant, de pauvreté teintée d'espoir… c'est vraiment celle qui me suivra le plus longtemps.
Je continue avec La Ballade d'Abrahel qui, inspirée d'une légende lorraine (la région d'origine de l'auteur), revisite les histoires de démon dans les petits villages. Je trouve qu'il y a comme un goût de farce médiévale là-dedans, histoire teinté d'une petite modernité fantastique qui apporte une nouvelle dimension au récit. le mélange des deux est parfaitement réussi.
Enfin, et je termine avec la nouvelle qui clôt intelligemment le recueil, j'ai nommé le Roi d'automne qui, comptabilisant le plus grand nombre de pages de toutes, offre une véritable intrigue dans un monde hyper riche et détaillé (que se passe-t-il véritablement dans les profondeurs de la ville de Lille ? Quelles sont ces créatures invisibles à l'oeil des non Eveillés ?), dans lequel évoluent de vrais personnages auxquels on s'attache. Ceux qui ont aimé Ames de verre auront le plaisir de retrouvé un des personnages de la saga ici dans ses jeunes années… et ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de lire ce premier tome du Sidh, auront peut-être - en tout cas je l'espère - envie d'en apprendre plus sur la jeune Ambre.

Deuxième « cercueil » contenant 13 nouvelles aux genres et thèmes variés, Punk's not dead me conforte dans l'idée qu'Anthelme Hauchecorne est un écrivain talentueux. J'aime les textes soignés, bien pensés et travaillés jusqu'à la moindre ponctuation et c'est ce que nous propose ici l'auteur.
Qu'il s'agisse de fantasy pure ou d'histoires prenant notre monde contemporain (plus ou moins futuriste) pour base, Anthelme Hauchecorne maitrise ses intrigues et sa narration. J'apprécie vraiment l'importance qu'il apporte aux détails, son utilisation de descriptions très pointues et pourtant jamais lourdes car très visuelles et « sensuelles » (car elles font appel aux sens : la vue oui, mais pas que !).
Je trouve rarement des livres qui me marquent grâce à leur style (ou alors à cause de la pauvreté de celui-ci !) ; Ames de verre il y a quelques mois et Punk's not dead aujourd'hui en font partie. L'auteur possède ce je-ne-sais-quoi d'assez rare qui rend tout sujet, aussi riche et complexe soit-il, particulièrement passionnant et fluide. Comme quoi, on peut lire des trucs un poil travaillés et approfondis sans que ce soit chiant et barbant, bien au contraire !

Un dernier mot pour saluer le travail éditorial derrière le texte. Certes, le fond est bon mais il est encore plus appréciable grâce aux nombreuses illustrations de Loïc Canavaggia habillant le texte, à commencer par celle de la couverture ! Chacune des nouvelles s'ouvrent sur une planche en noir et blanc, certaines (comme le Roi d'automne) ont également droit à des planches internes (d'artistes différents, pour cette dernière) et toutes sont ornées de petites décorations en lien avec les thèmes abordés. Un bonheur visuel !

Alors si vous aimez les lectures divertissantes mais aussi riches et parfois porteuses d‘un message, fluides mais pas simplistes, tentez de lire du Anthelme Hauchecorne… et pour vous faire une idée de l'univers et de la plume du Monsieur, pourquoi ne pas commencer par ces treize nouvelles ?
Lien : http://bazardelalitterature...
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