Dans un contexte mercantile qui pousse souvent les éditeurs à mettre en avant des intrigues mille fois rabâchées, je dois souligner qu'avec cette lecture j'ai arpenté des contrées inhabituelles.
C'est à la fois ce qui fait la force de ce roman, mais également ce qui m'a perturbée. D'où ma perplexité à l'heure de chroniquer...
Voici donc Walt, narrateur et personnage principal. Caractéristiques: jeune, riche, scénariste à l'entourage familial laissant à désirer. Après un traumatisme, Walt se retrouve catapulté dans la catégorie des Grands Rêveurs. Privilège qui lui permet d'arpenter l'Ever pendant son sommeil, et nous avec. Dans l'Ever, le héros va expérimenter en vrac : un univers dictatorial, un « ça » encombrant, dangereux et malodorant, des rencontres avec des personnages tous plus loufoques les uns que les autres… Très peu d'entre eux se révèlent attachants, mais les situations ubuesques qu'ils rencontrent font affleurer un humour grinçant assez plaisant. Spleen, vindicative voleuse de rêve aux objectifs flous, Hope, sorte de mentor déviant, Butch le chef des pittoresques ( !) Outlaws et son acolyte John Doe, et enfin, Banshee, mécanicienne hors pair, dont Walt tombe amoureux et tentera de se rapprocher dans l'Eveil. Elle se révèlera à la fois cohérente et différente de celle qu'il a rencontrée dans son sommeil .
Walt, omniprésent par son rôle de narrateur, se fait manipuler par à peu près tout le monde, dans l'Ever et dans l'Eveil. Portée par son regard, il en a été de même pour moi. Le récit regorge de trouvailles linguistiques et scénaristiques, et la fin, après une intrigue en dent de scie, boucle avec panache l'étrange premier chapitre.
De ce livre, je retiens une sensation de ne pas comprendre où l'auteur voulait m'emmener ; cela m'a gênée, mais est-ce réellement un problème ?
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