AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,57

sur 46 notes
5
23 avis
4
9 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
J'entends parler d'Anthelme Hauchecorne depuis quelques mois. Mais qui peut bien se cacher derrière ce nom un peu étrange ? Curieuse de découvrir l'univers bien particulier de l'auteur, j'ai été ravie de gagner La Tour des illusions lors d'un concours organisé par Païkanne il y a quelques mois. Evidemment, je n'ai pas encore eu le temps d'ouvrir ce dernier et c'est donc avec Ames de verre, dernier-né de Monsieur Hauchecorne et premier tome d'une nouvelle série, que je plonge dans l'imaginaire de l'auteur et découvre sa plume.
Plus de 650 pages, c'est souvent (enfin pour ma part) un peu effrayant et l'auteur a intérêt à être sacrément bon pour m'embarquer aussi longtemps sans que je ne me décroche la mâchoire à force de bailler. Ici, pari réussi ! Les pages ont défilé rapidement devant mes yeux et je n'ai rencontré aucun temps morts. J'ai été happée très vite et n'ai pas décroché avant d'avoir tourné la dernière page. J'ai d'ailleurs été ravie d'apprendre qu'il s'agissait d'un premier tome et que la suite était en préparation. de futures bonnes heures de lecture en perspective !

Avec ce nouveau titre, Anthelme Hauchecorne nous offre une fantasy urbaine riche, complexe et passionnante. Il ajoute à notre ville contemporaine de Lille, un univers parallèle teinté de mythologie celte, que seuls les Eveillés (ceux qui possèdent la Vue), peuvent voir. Dès lors que vous avez gagné ce don (de naissance ou par « accident »), vous êtes en mesure d'apercevoir les Streums, ces monstres venus de l'Autre Monde (du Sidh). Tous n'ont pas le même aspect (une classification complexe et passionnante apparaît au fil des pages) et tous ne sont pas foncièrement mauvais (ou peut-être que si ?) mais chacun d'entre eux souffrent du Mallogène, cette faim qui les ronge et les oblige à s'attaquer aux humains (généralement) pour se nourrir.
Pour canaliser ces Daedalos (autre nom, plus « scientifique » pour désigner les Streums), une organisation secrète s'est mise en place au fil des siècles. Rassemblant des Eveillés plus ou moins désireux de combattre (tout un groupe d'Eveillés sont appelés les « Dormeurs » car ils préfèrent se creuser les méninges autour d'une table plutôt que d'aller en première ligne), la Vigie possède une hiérarchie bien définie et semble être toute puissante…
Je pense qu'avec ces quelques lignes, vous percevez la complexité et la richesse du contexte mis en place par Anthelme Hauchecorne. Et c'est ce que j'ai préféré dans ma lecture. J'en ai assez des livres « jeunesse » qui restent en surface et se contentent de poser des bases peu expliquées pour rester « crédibles »… quelle joie de tomber sur un univers dense, fouillé, réfléchi et maîtrisé ! Et je suis sûre qu'il recèle encore bien des surprises que j'ai hâte de découvrir dans le deuxième opus !

Les premières pages peuvent sembler un peu sibyllines mais Anthelme Hauchecorne maîtrise la structure de son récit et nous apporte les informations au compte-goutte, ni trop ni trop peu d'un coup. Vous trouverez des renseignements plus ou moins détaillés dans le récit « principal » mais également et surtout dans les extraits du « Codex Metropolis » (livre rédigé par les premiers Piliers de la Vigie dont le premier tome est offert à la lecture des Recrues, à leur arrivée). le lecteur se retrouve ainsi complètement transporté dans cette ville de Lille, intègre et digère toutes les informations sans problème, au fil des pages. Il me tarde très sincèrement d'avoir la suite entre les mains pour pouvoir retrouver toute cette faune, tout cet univers si bien amené.
D'ailleurs, l'auteur nous tisse une atmosphère bien particulière pour englober tout ce petit monde. Durant toute ma lecture j'ai eu l'impression d'avoir un voile gris, une sorte de crachin devant les yeux. Comme si la ville de Lille était constamment plongée dans des teintes sombres et tristes où ne parviennent à survivre qu'une population un peu punk, un peu destroy. C'est vraiment comme si on se glissait dans les entrailles peu accueillantes, glauques de la ville, comme si on découvrait tous ses mauvais côtés. Attention, âmes sensibles, s'abstenir, quelques scènes retournent légèrement l'estomac.

Dans ce premier tome, Anthelme Hauchecorne s'attarde sur deux personnages « principaux ». D'une part Camille, une jeune fille Eveillée, recrue pour la Vigie, qui tente de devenir Chasseuse. Elle est à l'épreuve depuis un an mais on ne lui facilite pas la tâche. Pourquoi cherche-t-elle à tout prix à être initiée et à obtenir ce statut dangereux ? Pour avoir accès à l'En-deçà, la zone à moitié dans notre monde, à moitié dans le Sidh, où elle pourra trouver des informations sur son enfant, enlevé à la naissance. de son côté, Vincent, quarantenaire veuf, a perdu son ex-femme et sa petite fille dans des circonstances mystérieuses (circonstances qui seront élucidées au fil du récit). Au début on ne comprend ni pourquoi ni comment, mais il est impliqué dans l'enquête qui tourne autour du « Marchand de sable » et est donc destiné à croiser le chemin des membres de la Vigie. Sous ses airs de père de famille effondré par la perte des êtres chers, Vincent cache un côté très sombre…
J'ai particulièrement aimé les personnages créés par Anthelme Hauchecorne. Bien croqués, avec du relief, ils possèdent une personnalité complexe, un passé fouillé. de façon générale, j'ai préféré, il me semble, suivre les péripéties de Camille (peut-être est-ce simplement car il s'agit d'une figure féminine pas bien plus jeune que moi, à laquelle j'avais donc plus de chance de m'identifier ?) mais ne boudais pas mon plaisir lorsque je retrouvais Vincent et sa quête de réponses et de vengeance. Des personnages charismatiques et marquants qui, dans un contexte lui-même riche, offrent des aventures vraiment plaisantes à suivre.

J'en viens à l'intrigue en elle-même. On peut, je pense, la qualifier d'enquête puisque les personnages sont à la recherche d'un meurtrier qui ne laisse derrière lui, que du sable imprégné du sang humain des victimes (mais les corps sont introuvables). Vous vous doutez bien que les « Streums » ont quelque chose à voir avec toutes ces disparitions inexpliquées. Mais comment les histoires de Camille et de Vincent peuvent-elles être liées ? Voilà ce que le lecteur apprend au fil des pages.
J'ai particulièrement aimé le choix de l'auteur au niveau de la forme. le point de vue omniscient permet en effet au lecteur d'être sur tous les fronts et de rassembler lui-même les pièces du puzzle pour résoudre l'énigme. Ainsi, selon les chapitres, on suit alternativement Camille et Vincent, leurs péripéties étant parfois entrecoupées par les extraits du codex Metropolis qui permettent de pointer du doigt quelques détails vu précédemment dans le récit.
A noter que les chapitres sont courts, offrant ainsi un rythme soutenu au lecteur. Rythme d'autant plus vif que la narration se fait au présent. Je suis souvent un peu fébrile face à cette utilisation du présent de narration qui n'est, contrairement à ce que l'on peut penser, pas du tout facile à maîtriser. Dans Ames de verre, rien à redire, les phrases coulent de source et c'est un plaisir à lire ! Et moi qui suis parfois un petit peu gênée par les interventions très « oralisantes » de personnages ; ici encore, j'ai trouvé les passages en registre familier tellement crédibles et ancrés dans l'ensemble que je n'ai jamais été dérangée.
Enfin, quelques mots pour signaler l'attention particulière accordée au livre en tant qu'objet : les extraits du Codex sont sur un fond grisé, de même que les extraits du journal intime de Vincent et plusieurs illustrations en noir et blanc (signées Pascal Quidault) viennent habiller le texte. En bref : une forme à la hauteur du fond !


Je crois, sincèrement, que je n'ai aucun point négatif à vous apporter. Je cherche, je cherche, mais je ne trouve pas. L'intrigue est peut-être un peu complexe à suivre dans la dernière partie, lorsque toutes les histoires s'entremêlent, mais ce n'est l'affaire que de quelques paragraphes pour que tout soit à nouveau clair dans nos têtes. de cette histoire, je retiens les personnages bien croqués, la construction maîtrisée de la narration et surtout, l'univers très riche mis en place par Anthelme Hauchecorne. Il me tarde de plonger un peu plus loin dans l'aventure et de découvrir d'autres Streums empruntés à la mythologie celte !
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          170
En Résumé : J'ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman qui, surprendra peut être lors des premières pages l'auteur jouant avec le lecteur, mais qui offre une histoire nerveuse et entrainante, certes, au rythme parfois un peu saccadé la faute aux passages concernant le codex parfois mal imbriqués. L'univers ne manque pas d'intérêt, un univers sombre, angoissant dont l'auteur a vraiment réussi à donner vie et qui est parfaitement étoffé justement avec ce codex. Les personnages ne manquent pas d'intérêt et se révèlent complexes, mais voilà je n'ai pas réussi à vraiment complètement m'accrocher à eux, la faute à une certaine arrogance et une certaine bêtise qui, limite, les force à faire toujours les mêmes conneries. La plume de l'auteur est vraiment fluide et entrainant, dommage que les réflexions sur la société qu'il cherche à mettre en avant sont plus assénées qu'argumentées.Ce premier tome est loin d'être parfait, possède ses passages accrocheur et ses passages plus mous, mais m'a tout de même donner envie de lire la suite.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          133
Je tiens à remercier une fois encore Dup et Phooka du blog Book en Stock ! Je vous rappelle que si j'ai pu lire Âmes de Verre, c'est dans le cadre du Mois de Anthelme Hauchecorne, lequel finit bientôt. Dépêchez vous d'aller y faire un tour si vous voulez poser des questions à l'auteur ! Je poste ma critique du roman un peu tard, mais c'est que le fourbe a pris son temps pour arriver jusqu'à moi, à tel point qu'on a bien cru qu'il n'arriverait jamais. J'ai eu le temps de languir, de voir à quel point tout le monde avait adoré ses livres. J'ai pu aussi découvrir le sens de l'humour de l'auteur grâce à ses réponses sur le blog. En bref, je me suis jetée sur le livre à peine je l'ai eu entre les mains.


Et maintenant que j'ai fini Âmes de verre, je peux vous dire que c'est un coup de coeur ! J'ai tout simplement adoré ce roman que j'ai trouvé très bien écrit, passionnant et très original. Ne vous laissez pas effrayer par les 600 et quelques pages, vous serez happés par l'intrigue et elles défileront toutes seules sous vos yeux !


Si je dois absolument classer Âmes de Verre, je dirais que c'est de l'Urban Fantasy. À notre époque, mais imprégné de mythologie celte, de folklore féerique et de monstres de cauchemars. Plutôt lectrice de fantasy « pure et dure » j'ai pourtant été conquise et j'en redemande ! Même si je vais devoir prendre mon mal en patience, la suite arrivera vers fin 2015. Ça me laisse le temps de dévorer tous les autres livres de l'auteur, qui sont tous très haut dans ma wish list maintenant... Mais je m'égare. Laissez moi vous parler de l'histoire.


À Lille, ou plutôt sous Lille, vivent des créatures plutôt effrayantes, étranges et glauques. Pas de quoi s'inquiéter tant qu'elles restent sous vos pieds, mais elles aiment bien venir à la surface, histoire de grignoter un bout. Un bout de votre âme, par exemple. Invisibles aux yeux du commun des mortels, les Dormeurs, elles sont cependant bien perceptibles aux yeux de quelques élus, les Éveillés, qui ont acquis le don de la Vue. Comment acquiert-on ce don ? Si vous avez de la chance, c'est héréditaire. Sinon, ce sera dans la douleur et la peine, car la plupart du temps, le Don naît d'un traumatisme.


La majorité des éveillés vivent tous ensemble dans un squat organisé qu'ils appellent la Vigie. Si la plupart d'entre eux veulent juste chasser les Streums (monstres en verlant) d'autres ont un point de vue moins tranché sur ceux qu'ils appellent aussi les Daedalos. Si cela vous semble compliqué, ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas abandonné à votre triste sort. Tout au long du roman vous découvrirez des pages du Codex Metropolis qui rassemble tout le savoir récolté par les membres de la Vigie depuis sa création. Vous saurez donc tout ce qu'il faut savoir pour être un Chasseur digne de ce nom, et surtout, comment rester en vie.


En alternance aux pages du Codex, nous suivrons deux personnages principaux qui n'ont en commun que le Don de la Vue. Camille, jeune recrue de la Vigie, rêve de devenir Chasseuse à part entière. Une fois la promotion obtenue, elle pourra enquêter dans l'En-Deçà et accéder à des documents auxquels les recrues n'ont pas droit. Vincent, quant à lui, est un prof désabusé qui ne vit que pour la vengeance. Tous deux sont des Éveillés qui ont obtenus la Vue suite à un traumatisme, et tous deux ne vivent que pour obtenir réparation. Des personnages tout cassés à l'intérieur, des anti-héros auxquels ont a du mal à s'identifier mais qui ne peuvent que nous toucher. J'ai adoré leur coté sombre à tous les deux. Je vous laisse découvrir leurs histoires.


J'ai beaucoup aimé la structure du récit. Les informations vous sont données au moment où il le faut, et les pages du Codex qui sont elles aussi livrées au bon moment. On est complètement embarqué dans cet univers complexe est complet, original et déroutant. Sombre aussi, glauque et parfois un peu dérangeant. Il y a de la baston dans l'air, des tripes et du sang, alors accrochez vous bien. Les chapitres sont courts, entrecoupés d'extraits du journal de Vincent et de pages du Codex Metropolis. Tout est mis en oeuvre pour nous mener vers un point bien précis, en nous laissant enquêter de notre coté mais sans nous gâcher le plaisir de la découverte non plus.


Oui, car intrigue principale il y a, mais je ne vous en dirait qu'une chose : la musique occupe une place plus qu'importante dans l'histoire. J'ajouterais enfin que vous devez absolument vous procurer le livre sous son format papier, pour profiter pleinement des superbes illustrations qu'il contient. Elles apportent vraiment quelque chose au roman et sont d'une très grande qualité.


Je remercie à nouveau les éditions Midgard, Anthelme Hauchecorne et Book en Stock. Je suis ravie d'avoir participé au Mois de, je ressors conquise de cette lecture qui est un gros, gros coup de coeur. Je vous encourage encore une fois à aller lire les interviews de Anthelme, un personnage à découvrir ! Et bien sûr, je vous encourage à lire ce livre qui vous surprendra !
Lien : http://allison-line.blogspot..
Commenter  J’apprécie          110
On entend dire ici ou là que George Romero a donné au zombie ses lettres de noblesse. Telle la mort, je m'inscris en faux ! Si tant est qu'on puisse écrire quoi que ce soit avec un engin pareil…
L'artisan du zombie, le vrai, faut aller le chercher au XIe siècle en Espagne. A l'époque, un certain Rodrigo Díaz de Vivar y Tagadatsointsoin tuait des Maures vivants. Une petite crevure opportuniste encensée par Pierre Corneille qui accuse pour le coup quelques lacunes en histoire.
Chacun l'aura deviné, la chronique du jour portera sur le Cid !
Ah ben non, vous allez rire, je me suis trompé de fiche.
Donc le Sidh.
Un cycle d'Anthelme Hauchecorne. Un monocycle, puisqu'il ne compte à ce jour qu'un volume : Âmes de Verre. Ou plutôt un grand-bi, avec la nouvelle Roi d'Automne qui clôt le recueil Punk's not dead.
Mais fi des considérations cyclistes, enfourchons nos petites reines – rhââ lovely – et direction la chronique ! Comme a dit Thésée au Minotaure juste avant l'épreuve de tricycle du Tour de Crète : en selle, moche-corne !


Une question, une seule : pourquoi le Sidh s'arrête-t-il à l'acte I ? Je sais bien que Midgard a mis la clé sous la porte, mais pourquoi aucun éditeur n'a repris le flambeau ni ressorti Âmes de Verre ?
Ce roman n'est pas bon, il est excellent ! Riche, inventif, bien écrit, capable de (re)trouver son public en cas de réédition (en clair, y a du pognon à la clé, foncez !).
Même si la tétralogie prévue s'est arrêtée, contrainte et forcée, au tome 1, je conseille de se plonger dans Âmes de Verre ! Ecumez les bouquinistes, sortez le Necronomicon et invoquez Chimène “Je viens du Sidh” Badi pour qu'elle vous le ramène de je ne sais quelle bibliothèque perdue, tannez les éditeurs pour une réédition ! L-I-S-E-Z-L-E !


L'arc narratif global reste inachevé, mais le roman propose, autour de la quête du Requiem du Dehors, une histoire avec un début, un milieu et une fin. Un tout en soi, inclus dans un tout plus grand.
La trame principale suit Camille, recrue de la Vigie et apprentie chasseuse de monstres. En parallèle, un autre point de vue accompagne un Eveillé solitaire, Vincent, qui les as vus, parce que, quand on s'appelle Vincent, on est abonné aux cauchemars, au monde incrédule et aux raccourcis que jamais on ne trouve.
N'ayant pas pour habitude de raconter les bouquins, je n'entrerai pas dans les détails de l'intrigue, qui tourne autour d'un morceau de musique maudit. Je résumerai en disant qu'il y a tout ce qu'on attend d'une bonne histoire : action, suspens, tension, coups de théâtre, rythme. Rien à redire, Hauchecorne maîtrise la narration.


L'ensemble est entrecoupé de documents qui présentent l'univers d'Âmes de Verre, décrit par ceux qui y vivent (et parfois y meurent). On sent l'influence du jeu de rôle dans ce découpage qui mélange les règles du jeu et les encarts de background. Une idée bien pensée, qui permet au lecteur de découvrir au fur et à mesure, sans devoir se taper d'entrée un énorme exposé de présentation.
La richesse de l'univers vaut les Terres du Milieu, le Disque-Monde, Lankhmar. Je n'ai pas pour habitude de balancer du chef-d'oeuvre à tout vent, mais là, c'est indéniable, Âmes de Verre appartient à cette catégorie.
L'urban fantasy d'Âmes de verre laisse tomber les vampires aux prises avec les loups-garous et les anges en guéguerre contre les démons. A trop surfer sur la mode, une bonne part du genre s'y est cantonnée et tourne en rond. Plutôt que ressasser les mêmes histoires des mêmes bêbêtes, Hauchecorne a ressorti des limbes l'énorme bestiaire du folklore et pioché dedans quelques créatures capables d'en remontrer à Nosferatu. Entre les mains d'un bon auteur, un simple croquemitaine caché sous le lit vaut toutes les légions infernales de Pandémonium (cf. Stephen King).
Créatures et humains ont besoin d'un décor pour s'ébattre (et se battre tout court). La ville de Lille sera leur terrain de jeu. Très proche de celle qu'on connaît, au détail près qu'un monde souterrain s'étale… euh… ben en dessous, c'est le principe du souterrain. Ce monde dans le monde s'appelle l'En-Deça, mélange de féodalité, d'île de la Tortue, de zone franche, de champ de bataille entre bandes rivales. Avec un trait particulier en plus : la réalité y est poreuse. Telles des portes sur les enfers, certaines zones ouvrent vers une autre dimension, peuplée de créatures fabuleuses (les Daedalos ou Streums – verlan de “monstre”). Cet autre monde est le Sidh, qui n'a rien de cornélien. Un nom celte, chacun l'aura remarqué, puisqu'on a tous en nous quelque chose de t'es né celte.
Un décor foisonnant, très imprégné de culture celtique (et très bien expliqué pour les néophytes sur le sujet, pas besoin d'un doctorat en histoire et archéologie de l'âge du fer). Voilà de l'urban fantasy inventive et originale, qui ne se limite pas à son genre et s'offre des excroissances dans un tas d'autres (polar à travers l'énigme du tueur en série appelé le Marchand de Sable, cyberpunk dans l'évocation de Machine et ses prothèses mécaniques, thriller politique dans ses intrigues de couloir, steampunk, fantastique…).


Et les humains dans tout ça ? La plupart sont des êtres ordinaires comme vous et toi, des Dormeurs. Une poignée d'hommes et de femmes ont reçu un don de double-vue qui leur vaut le nom d'Eveillés et leur permet de repérer les Streums, invisibles au commun des mortels. Les Eveillés ne forment pas bloc, quelques-uns vivent leur vie en surface, d'autres magouillent dans l'En-Deça avec n'importe quelle faction pourvu qu'il y ait du pognon à la clé (des humains, quoi). Certains enfin rejoignent la Vigie pour veiller au grain et combattre les Streums.
Si tu t'attends à du manichéisme hollywoodien en mode gentils humains contre méchants monstres, détrompe-toi. La Vigie, on la découvre très humaine. Là où beaucoup te montrent un groupe soudé contre l'adversaire, avec au pire quelques prises de bec entre personnalités fortes, ici on en est très loin. On s'attend à une communauté anar bon enfant… et on met les pieds dans une démocratie moderne. La base n'a son mot à dire sur rien. Les dirigeants sont plus occupés par les querelles idéologiques et les luttes de pouvoir que par les affrontements avec l'ennemi du dehors. Aucune concorde rousseauiste n'anime ce groupe. Au contraire, il se divise en deux clans aux vues antagonistes élevées en dogmatismes. Sans parler des motivations individuelles pas toujours raccord avec la philosophie globale, guidées parfois par de bonnes intentions, le plus souvent par l'orgueil, l'appétit de pouvoir, le fanatisme… Une poudrière à deux doigts de péter. Bref, des gens, avec tout ce que cela implique de désunion. L'animal politique d'Aristote dans toute sa splendeur : les humains se sentent obligés de vivre en groupe, parce qu'on ne peut pas se foutre sur la gueule tout seul dans son coin.
Une des grandes réussites d'Âmes de Verre est là : dépasser le clivage basique gentils/méchants et les clans monolithiques insipides. Un édifice complexe présenté avec une grande clarté par l'auteur, on ne se sent jamais paumé à se demander qui est dans quel camp.


Hauchecorne ne serait pas Hauchecorne s'il se contentait de raconter une histoire. Tu l'auras compris au paragraphe précédent : la richesse thématique vaut celle des éléments romanesques.
Âmes de verre te parle de l'autre, donc de toi par contrecoup. La guerre entre Vigie et Streums pourrait n'être qu'un récit de castagne mais Hauchecorne n'aime pas écrire sur rien. Tous les personnages du roman, dans un camp ou l'autre, sont monstrueux à leur façon, par essence, nécessité, ignorance ou aveuglement.
Sans t'assommer de discours interminables, prétentieux et/ou pontifiants à la BHL, Âmes de Verre t'invite à une réflexion sur la différence, la monstruosité, la marginalité, le dogmatisme, la manipulation, le fanatisme…


Une histoire, un univers, une mythologie, une ambiance, des idées fortes, c'est bien beau, encore faut-il savoir les enrober. Et là, chapeau l'artiste !
La plume de Hauchecorne mélange classique et baroque, punk et poésie, registres courant et littéraire. Chez d'autres, le résultat serait un salmigondis imbitable, précieux, ampoulé, bancal… une plâtrée immonde digne d'une tarte aux fraises de dame Séli, impossible à avaler pour le lecteur (symptôme qu'on appelle en anglais le Reader's indigest).
Le gars Anselme a su se créer un style. Quand il aligne les mots sur le papier, il n'oublie pas leur dimension orale. Les sons forment une partition, la “petite musique” si chère à Céline. le cachet d'Âmes de Verre – et des autres textes de Hauchecorne que j'ai lus – tient à cette musicalité qui ajoute aux mots bruts une dimension supplémentaire : l'élégance.


Âmes de Verre se hisse en première place de mes Hauchecorne préférés devant Journal d'un marchand de rêves. le Journal est un poil meilleur au plan technique, logique puisque l'auteur a eu le temps de bosser et de la peaufiner. Mais Âmes de Verre m'a davantage parlé, par son questionnement, son cadre lillois (où j'ai vécu une vingtaine d'années), son souffle plus ample (projet en quatre volumes, du souffle, il en faut). Les deux sont excellents, le reste n'est qu'affaire de subjectivité.
Maintenant, il ne reste plus qu'à faire comme Cthulhu : de attendre et rêver (qui a dit "de la plongée sous-marine" ?). Rêver au tome 2 du Sidh : L'En-Deça.
Lien : https://unkapart.fr/ames-de-..
Commenter  J’apprécie          100
Bon, c'est rare quand je tombe sur un livre qui arrive vraiment à me captiver par son intrigue. L'ambiance est glauque, l'humour est toujours présent, même pendant les "sorties de boyaux" et, si rapidement on se dit "ouaiiiis mais en fait c'est untel le méchant" on ne peut s'empêcher d'avoir tout de même un léger doute... Paske oui, c'est bien lui le méchant, mais c'est presque pas aussi simple. Ca reste donc intéressant.
La musique omniprésente est une autre qualité de ce livre. Moi qui ne peux pas écrire sans musique, cet aspect m'a vraiment parlé, de plus les groupes énoncés correspondant à mes goûts, ça me va d'autant mieux.
Parfois, mon âme de rôliste ressurgissait et je n'ai pas pu m'empêcher d'y trouver des références à certains jeux, Kult surtout, mais un peu d'INS/MV aussi. Mes bibles rôlistiques. Hop, encore un bon point.
En fait, le seul bémol, ce sont les personnages. Je les ai trouvé assez creux. Pas très humains, pas assez de faiblesses... Pourtant ils en ont, mais... Je ne sais pas, je n'ai eu aucune empathie pour eux. Pour le coup, j'avais trop l'impression de voir des grosbill de JDR. En général, je m'attache très vite aux personnages de romans mais alors là... RIEN! le néant, ils peuvent mourir à la pelle, je ne verserai pas une larme. Curieux non? le plus curieux est surtout que malgré ça, on reste accroché à l'histoire. En fait, au lieu de se demander ce qu'il va leur arriver, comment ils vont faire pour s'en sortir etc, on a juste envie de comprendre l'histoire de ce monde, du Requiem du Dehors, un peu comme une étude d'une civilisation étrange, les personnages sont accessoires, seulement là pour faire avancer les choses mais sans réel intérêt. C'est en tout cas mon ressenti.
Bref, si vous aimez les ambiances crades, foncez, vous allez adorer!
Commenter  J’apprécie          52
De l'excellente dark urban fantasy, un croisement monstrueux entre alien, Étoiles, garde-à-vous ! et le cycle Les Chroniques de Mackayla Lane.... Un condensé de culture underground qui parlera à pas mal de trentenaires, le tout mixé (avec morceaux) dans les bas-fonds de Lille. Préparez vos lance-flammes et dégustez tout ça bien chaud !


Lien : http://unlivresurmeslevres.b..
Commenter  J’apprécie          40
Résumer Âmes de verre ? Un univers original, mais sombre, glauque et quelque peu désespéré ; une intrigue fouillée ; des personnages complexes, humains et attachants. le style ? Précis, élégant, voire raffiné, alors que le récit est trash à souhait : le décalage est gigantesque et très réussi. On note quelques baisses de rythmes, de rares longueurs, mais tout cela s'oublie au profit de la qualité d'ensemble : nerveux, prenant, plein de suspens, Âmes de verre est une belle réussite, une lecture décoiffante dont il serait dommage de se priver !


Lien : http://encres-et-calames.ove..
Commenter  J’apprécie          40
Dans ce premier tome, Anthleme Hauchecorne nous propose un univers sombre et dense, inspiré des mythologies celtes, mâtiné d'horreur et de légendes urbaines, porté par des personnages fouillés et torturés. La construction du roman, alternant entre les points de vue des deux personnages principaux et des passages du Codex Metropolis, nous permet de découvrir petit à petit l'univers tout en suivant chaque personnage et de maintenir un suspens constant, à la manière d'un thriller. Bien que déroutant, ce roman à l'ambiance trash et rock'n'roll ne peut pas laisser indifférent. Il a en tout cas su me convaincre !
Lien : http://lecturestrollesques.b..
Commenter  J’apprécie          30
Sous la ville de Lille se cache un monde insoupçonné. Créatures monstrueuses y pullulent, monstres [...] Suite de la chronique sur de l'autre côté du miroir.
Lien : http://autrecotedumiroir.net..
Commenter  J’apprécie          30
J'ai fait la rencontre de l'auteur à travers son recueil Baroque'n'Roll que j'avais adoré. Lorsque j'ai su qu'il sortait ce roman, je me suis immédiatement douté qu'il reprendrait ce style si particulier du mythe urbain et que je le prendrai.

Âmes de Verre est un roman dense et très particulier. Sa présentation même en fait un roman à part : l'histoire est en effet entrecoupée de morceaux du Codex Metropolis. Ce Codex est un ensemble disparate traitant de foi, de biologie, de tactiques et plus largement d'expériences. Ces passages, bien qu'hachant un peu le récit, permettent d'approfondir la mythologie de l'auteur et de mieux faire appréhender au lecteur l'univers du roman. Il est évident que si l'auteur avait incorporé tous ces détails à l'histoire principale, cela aurait été au prix de digressions importantes et il est fort probable également que le récit aurait été trop dilué.

L'intrigue, elle, est plus difficile à appréhender que la mythologie inventée par l'auteur. En effet ce dernier use de ruse pour égarer l'instinct du lecteur jusqu'aux toutes dernières pages. Les mensonges, la trahison et la duplicité sont monnaie courante au point qu'on ne sait plus que croire. Au fil des pages, les personnages "importants" se précisent et on appréhende lentement l'ensemble de l'intrigue mais c'est une construction patiente et complexe. On se demande longtemps ce qu'est le Requiem du Dehors et quelles sont les motivations de celui qui semble le regrouper. Différentes factions s'affrontent sans jamais dévoiler clairement leur jeu. Tout d'abord la Vigie, ensemble d'Éveillés s'auto-proclamant défenseurs, puis un professeur d'histoire qui a de sombres motivations et un goût prononcé pour la vengeance ainsi que de mystérieux personnages neutres, mais surement plus informés qu'ils ne le laissent croire.

La mythologie elle est complexe également, mais bien maîtrisée Mélange de légendes urbaines et de mythologie depuis longtemps oubliée, l'auteur a réussi à créer tout un monde et des races étrangères avec un certain brio. Les Streums sont un mélange bâtard de Sidhe et des vices de l'homme fait chaire. Se nourrissant au dépend de l'humanité, ils sont étranger à notre monde, leur façon même de penser nous est étrangère. La Vigie cherche à les éliminer tous sans distinction, mais il est possible que les Streums soient bien plus qu'un simple ensemble à abattre à vue.

Le style quant à lui est semblable à celui du recueil, un cran au dessus. Un mélange de description poétiques, de métaphores originales et particulières, des envolées lyriques entremêlées de langage cru et parfois vulgaire. C'est un mélange atypique qui surprendra au premier abord mais correspond parfaitement bien à l'atmosphère générale du roman. Soyez prévenu, ce n'est pas un roman pour enfant de choeur.
Lien : http://nyx-shadow.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (104) Voir plus



Quiz Voir plus

Monstres de la mythologie grecque

Je suis une créature hybride, mi-homme mi-cheval.

Le Minotaure
Le Centaure
La Cavale
La Manticore

12 questions
3422 lecteurs ont répondu
Thèmes : monstre , mythologie grecque , créatures mythologiques , mythologie , mythesCréer un quiz sur ce livre

{* *}