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3,76

sur 208 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si je te dis “trône” et “hiver”, tu penses soit à une épidémie de gastro, soit à la saga de George Martin dont le prochain tome paraîtra en l'an 2146. La première option, je ne m'étalerai pas dessus, elle le fait très bien elle-même. Quant à la seconde, plus besoin d'attendre le winter qui n'en finit pas de coming. Il est là, l'hiver, dans ce pavé de cinq cents pages.


Philippe ! C'est ce que je me suis écrié en reposant le bel et bon(1) Moitiés d'âme. Ce bouquin vaut ses vingt boules, aussi bien comme objet qu'au poids ou pour son contenu.
Édition grand luxe, avec une couverture et une quatrième qui tapent dans l'oeil, tranche de gouttière illustrée, ruban marque-page, une jolie carte du monde à l'intérieur, des en-têtes de chapitres ornés de trônes, une police de caractères pleine de ligatures dans le style de la Pléiade, ça, c'est du beau livre !
Des fois que l'épaisseur du bouquin te rebute, rassure-toi. Moitiés d'âme n'est assommant que si on l'utilise comme projectile. À la lecture, le mastard passe crème. Rien à jeter, chaque passage est là pour une bonne raison, sans longueurs ni remplissage superflu.
Le roman forme un tout et se suffit à lui-même. Une bonne chose, parce que je suis gavé des “premiers tomes d'exposition”, noircissage inutile de papier pour mettre en place trois éléments et demi hyper dilués, avant que l'histoire ne commence à décoller au deuxième volume. du travail de bras cassé, aussi bien côté auteur que côté éditeur, qui revient cher pour le client en temps de lecture et en argent ainsi qu'en patience entre deux épisodes. Donc bon point pour Moitiés d'âme, qui propose une histoire complète avec un dénouement, sans cliffhanger en mode “je t'ai bien eu, rendez-vous dans un an ou deux quand j'aurai écrit la suite”.
Trois autres titres sont prévus pour former une tétralogie : Les Chroniques des Cinq Trônes. Quatre tomes, cinq trônes, qui sera le perdant au jeu des chaises musicales ? Les paris sont ouverts. Enfin en attendant, si jamais la série s'arrête pour raisons x, y ou z, ou met des plombes à se poursuivre, au moins on n'aura pas l'impression de s'être fait voler sur la fin.
(Pour gagner du temps, je vais même te la raconter, la fin : le coupable est l'archimage Moutarde avec la boule de feu dans le laboratoire d'alchimie.)


De quoi z'est-il question dans Moitiés d'âmes ? de liaison dangereuse, de magie (la mägerie), de fées (les Faëes) et de trémas gravitant autour du couple formé par Liutgarde et Rollon. Les tourtereaux, biclassés mäges-romanichels, circulent au sein d'une caravane qui ne dépareillerait pas dans le jeu de rôle Hurlements, entre sa galerie de personnages travaillés et les tonnes de secrets planqués dans chaque roulotte. Rollon est en indélicatesse auprès de ses anciens maîtres de mägerie, Liutgarde est coursée après avoir fui un mariage forcé, leur histoire d'amour branlante se voit compliquée par la présence de dame Hölle, une Faëe pas trop portée sur la rigolade. Joyeux programme de péripéties annoncé !
Faut que je vous raconte !
Ou pas.
À voir défiler tant de mauvais papiers qui se croient – voire se croivent – obligés de te spoiler les trois quarts des bouquins, on en oublierait presque qu'une chronique n'est pas un exercice de résumé de texte au baccalauréat.


Or donc, Moitiés d'âme réunit tous les ingrédients d'un roman réussi. Tel un Vivaldi de la fantasy, Anthelme Hauchecorne construit son univers autour des quatre saisons. On visite ce monde original sans impression de déjà vu, sans finir non plus noyé sous deux mille milliards de détails inutiles. Pensée émue pour les foufous du world building, qui confondent roman et traité-de-géographie-manuel-d-histoire-guide-touristique, et te font perdre le fil du récit, écrasé par le décor. On sait ce qu'il y a à savoir et chaque élément fait sens par rapport à l'histoire et aux personnages. Rien de gratuit, tout sert (principe du fusil de Tchekhov) et en plus on ne voit pas les coutures. Jamais tu ne penses “tiens, s'il mentionne ça, c'est qu'il va s'en servir plus tard”. J'allais dire que la mécanique est camouflée dans la narration, mais encore mieux : elle s'intègre au récit. Pas de soudure mais un alliage, comme quand tu mélanges du cuivre et de l'étain pour couler du bronze.
Écriture de haute voltige tant sur le plan technique qu'artistique. J'avais déjà trouvé le gars Hauchecorne très bon sur Journal d'un marchand de rêves, excellent sur le Carnaval aux Corbeaux et Âmes de verre, il a encore repoussé les limites. Mais où s'arrêtera-t-il ?
L'univers, encore plein de points d'interrogation une fois la dernière page tournée, donne envie d'en découvrir davantage dans les tomes suivants. Chaque personnage, tout en facettes et nuances, possède une profondeur rare. Jusqu'aux rôles secondaires qui ne se contentent pas de faire de la déco ou de se limiter à un rôle technique adjuvant/opposant. La langue est aux petits oignons (ça fera plaisir à Hannibal Lecter), riche, stylée, ciselée. La narration réalise un sans-faute, que ce soit l'intrigue, les dialogues, le rythme. Bref, tout témoigne d'une maîtrise parfaite de l'écriture. À l'arrivée, un plaisir de lecture que je n'avais pas ressenti depuis un moment.


À qui conseiller ce livre ? À tout le monde. Bon après, si tu es allergique à la fantasy, ça complique les choses et je ne peux rien pour toi. Mais sinon, vas-y franco ! Dès 15 ans d'après le site de l'éditeur. Je dirais même dès 10 ans, si tes gamins sont des mini-moi qui ont englouti les références du genre avant leur entrée en 6e. Sans limite maximale d'âge. Qu'on ne s'arrête pas au classement jeunesse (drôle d'idée que cette étiquette, à mon sens contre-productive mais passons…), Moitiés d'âme parlera aussi aux adultes à travers les différentes grilles de lecture qu'il propose.
Les relations humaines forment le coeur du propos, centré autour du couple Rollon-Liutgarde et du triangle avec dame Hölle (mais pas que, chaque protagoniste raconte à sa façon quelque chose sur le sujet). Un coeur complexe avec soixante-douze ventricules : relations amoureuses, dysfonctionnelles ou toxiques, engagement, trahison et confiance brisée, secrets et non-dits, complémentarité et dépendance, jalousie…
Par-dessus, la mägerie, “qui ne peut s'exercer qu'à deux” dixit la quatrième de couverture, amène une réflexion sur le pouvoir. La quête du toujours plus, la corruption qui découle de son exercice surtout s'il est solitaire, la tentation de la facilité quand il s'agit d'en abuser, l'échec écrit d'avance quand il fonctionne sur la base d'une opposition entre les parties prenantes. L'exercice du pouvoir nécessite harmonie et concorde.
Et c'est là qu'on voit que Moitiés d'âme relève de la fiction. Parce que dans le monde réel, la concorde a eu droit à l'aller simple au fond du trône avant de finir noyée sous la chasse des intérêts partisans.


Sur ces bonnes paroles, je vais rejoindre la mienne, de moitié d'âme, pour exercer à deux la mägerie du Printemps et son arcäne de la Sève.


(1) Note pour les ceusses qu'auraient pas compris l'allusion.
Philippe le Bon (1419-1467), duc de Bourgogne et papa de Charlie le Téméraire.
Philippe le Bel (1268-1314), roi de France, naquit dans la pourpre impériale. Sa mère l'installa sur le trône aux cris de “vive le roy ! vive mon baby Bel !”. Depuis, un fromage porte son nom pour commémorer l'événement.
Lien : https://unkapart.fr/chroniqu..
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Ce roman est une pure merveille. L'idée de base - la mägerie qui ne peut être pratiquée qu'à deux par les humains, métaphore des relations de couple - est particulièrement bien trouvée. Et puis, comme toujours avec l'auteur, c'est brillant, avec un univers fouillé en toile de fond (et amené très intelligemment, distillé petit à petit au fil du récit), une intrigue prenante et riche en rebondissements, des dialogues savoureux, et surtout des personnages très humains, attachants et criants de vérité car montrés dans toute leur complexité, le tout porté par une belle écriture. C'est un pavé qui se dévore ! de plus, l'ouvrage en lui-même est très beau, soigné dans ses moindres détails. C'est un superbe objet-livre dont le contenu est à la hauteur de l'écrin.
J'ai vraiment apprécié l'atmosphère sombre et hivernale de l'histoire, ainsi que le fait que rien n'y soit manichéen. Avec sa dénonciation de l'individualisme en sous-texte, le roman est également porteur d'un message altruiste et humaniste. J'ai été particulièrement touchée par les toutes dernières lignes, la conclusion du récit est magnifique... Si le destin des personnages n'est pas complètement scellé au dernier chapitre, celui-ci ne nous laisse pas sur notre faim. Et l'on referme le livre en songeant que, lorsque l'occasion se présentera de nouveau (car, bien qu'il se suffise à lui-même, il s'agit du premier tome d'une tétralogie), l'on se replongera avec bonheur dans l'univers des Cinq Trônes...
Nul doute que cet excellent récit d'Anthelme Hauchecorne remportera des prix et le coeur des lecteurs.
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Anthelme Hauchecorne, un de mes auteurs chouchous de l'imaginaire, vient de sortir le premier tome d'une tétralogie qui s'annonce très prometteuse ! J'ai été beta-lectrice pour ce roman et cela fait toujours très plaisir de voir enfin le résultat final d'un livre qu'on a découvert au stade de manuscrit, surtout quand on voit quel luxueux écrin Gulf Stream lui a donné : couverture dure, magnifique illustration, dorures, trône de l'hiver imprimé sur la tranche, signet en tissu, typographie spéciale… Une présentation splendide pour un roman détonnant. Un des finalistes du PLIB 2020 ? Plus que probablement pour moi !

L'ouvrage s'ouvre sur une présentation du monde dans lequel se déroule le récit, un monde anciennement régi par la mägerie des quatre saisons, chacune ayant ses spécificités. Les faës partageaient les terres avec les humains, mais une guerre éclata entre les deux races, qui mena à la disparition des faës. Depuis, les mäges ont pris le pouvoir, mais les faës ont-ils réellement disparu?

Nous suivons les aventures d'une caravane nomade atypique, habitée par des mäges, un chercheur spécialiste des faës et un forgeron, d'abord en Sylverëe, puis migrant vers le sud, rêvant à une vie meilleure. C'est Liutgarde, dernière arrivée et compagne de Rollon, qui va les pousser à ce départ des terres faës froides et inhospitalières de la Sylverëe. Elle ne sait cependant pas qu'une présence habite ces bois ancestraux et que celle-ci ne souhaite pas leur départ.

Chaque personnage a son importance dans ce roman et chacun se dévoile petit à petit, au fil des pages, des anecdotes et des souvenirs. Que ce soit les caravaniers, les mäges, les soldats ou les autres personnes rencontrées, tous ont une part de lumière et une de ténèbres et ont quelque chose à nous apprendre, sur leur passé, sur le monde qui les entoure ou sur le sens de la vie en général. J'ai adoré explorer les personnalités qui peuplent ce récit, redécouvrant un personnage que je pensais avoir cerné. Je pense d'ailleurs que certains nous réservent encore des surprises dans les tomes à venir, même si les protagonistes changeront plus que probablement.

L'ambiance de ce roman est particulière : aussi froide et sombre que le royaume de l'hiver, on se réchauffe au coin du feu en écoutant les différents récits qui nous sont servis de façon parfois sentimentale, parfois brutale, mais toujours très immersive. La mägerie et ses usages font froid dans le dos et pas seulement quand il s'agit de la magie de l'hiver. Tissée à 4 mains, elle se révèle souvent dangereuse et instable, surtout quand on s'y essaie quand même en solitaire. Et puis il y a cette étrange présence qui hante la Sylverëe, mais aussi les esprits…

La fin du roman était fort différente de sa première version, et c'est aussi cela, le plaisir de redécouvrir un livre qu'on a lu au stade de manuscrit. J'ai trouvé ce final très réussi, nous emmenant au coeur du royaume de l'hiver et des mystères qui l'entourent, tout en gardant une part de secrets. Ce tome nous offre aussi une vraie fin, ce que j'apprécie particulièrement !

Un premier tome coup de coeur : un univers incroyable teinté de sombre mägerie, un duo de mäges que tout semble vouloir séparer, une étrange présence au fond des bois et des rêves, une ancienne magie qui se réveille… surtout pour le pire. J'ai vraiment hâte de découvrir ce que nous réservera le tome 2 !
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Je remercie Anthelme Hauchecorne pour m'avoir envoyé son livre. L'ouverture de l'enveloppe a été reçu par un grand "waouh". le livre est magnifique, couverture cartonnée en relief, dessin sur la tranche des pages, papier épais, ruban marque-page. J'ajouterai que j'ai eu l'impression qu'il était doré à l'or fin tellement il est délicat. C'est une édition de luxe, un collector qui va trouver sa place comme il faut dans ma bibliothèque.

Il s'agit du premier tome d'une tétralogie fantasy des Chroniques des Cinq Trônes. Au début, j'ai cru qu'il n'y avait qu'un seul tome, car il n'y a pas de réelles indications qu'il s'agit d'un premier, par contre la fin nous laissant avec beaucoup de questions, je me suis dis qu'il y avait forcément une suite. Ici nous parlons de l'hiver, je pense que comme les saisons sont quatre, 4 livres, hum, vous voyez où je veux en venir ? Mais peut-être que je me montre. Ce qui sera le cas, plus tard. Dans tous les cas, j'ai terminé la lecture il y a un mois et je ne savais pas trop comment aborder le récit. Pas que je n'ai pas aimé, bien au contraire, c'est plutôt que je voulais une chronique à la hauteur de l'histoire. Et surtout parce que je ne me sentais pas prête à l'écrire.

Rollon et Liutgarde sont les personnages principaux de cette histoire, avec en prime, une faëe, dame Hölle. Nous suivons les deux premiers au coeur d'une caravane. Plusieurs mäges, érudits et chasseurs font route pour le sud. le froid est de retour et Liutgarde désire se poser. La vie sur la route commence à lui peser, elle qui a fuit son mari, celui qu'elle a été obligé d'épouser veut enfin un petit chez soi, avec le mäge Rollon. Ce dernier a un passé bien plus noir que ne le laisse le supposer les premiers écrits, jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que nous en apprenons un peu plus chaque jour. Si elle arrive à les faire tous aller dans ce sens, Rollon reste pessimiste. Partir loin de la foret de Sylverëe, bien qu'elle aie mauvaise réputation semble le perturber. Ce voyage si bien commencé ne va pas le rester bien longtemps. L'ombre d'une faée, probablement la seule et unique qui est encore en vie semble noircir le tableau.

Un premier tome froid, glacial même. L'hiver est là, aux portes des caravanes, dans la foret, dans le coeur de Dame Hölle et de ceux qui se méfient de la mägerie. L'amour entre Rollon et Liutgarde sera-t-il assez fort pour briser la glace ? Difficile à dire en faisant tourner les pages les unes après les autres. Les événements s'enchainent les uns après les autres, lentement, mais sûrement. Il y a tellement de choses à découvrir que l'auteur nous laisse prendre le temps de les apprécier, de découvrir le passé de chacun et le présent, apportant un avenir bien sombre. le texte est fluide, complet, complexe à souhait sans pour autant nous perdre dans des descriptions faramineuses. Nous sentons bien qu'il se trame quelque chose dans cette foret.

C'est d'ailleurs un personnage à part entière qui abrite de sombres secrets. Elle est vivante, bien plus qu'on ne le croit. La manière dont l'auteur aborde certains sujets nous mènent à certains points de réflexion. Dévaster une foret de ses arbres nous fait penser aux sujets de notre société. La déforestation d'une manière générale, le fait que la nature se rebelle, à sa façon. Un parallèle voulu, ou non, peu importe. Il s'agit de la nature, elle-même qui est à l'origine des meilleurs points positifs de notre propre existence. Dans le texte, cette foret nous démontre qu'elle est capable de se défendre et d'agir en conséquences des actes des hommes. Elle ne se laisse pas faire et est prête à tout pour rester indestructible.

Et puis au coeur de cette majestueuse foret, il y a ce personnage, cette faée, cette Dame Hölle, prisonnière. Pourquoi ? Comment ? Que veut-elle ? Les réponses viennent d'elle-même sans qu'on les cherche. Bien que physiquement elle n'est pas là, elle est omniprésente tout au long du texte, enrichissant les pensées de chacun. Que ce soit en bien ou en mal, elle est partout, capable de rappeler à l'ordre des êtres qui sont loin. Dame Hölle est complexe, à la fois forte et fragile. Insouciante ? Non, je n'irai pas jusque-là. Fourbe lui conviendrait mieux, sarcastique, cruelle, dangereuse, manipulatrice. La folie d'une faée ne ressemble à aucune autre folie. Celle de ce personnage est difficile à cerner, jusqu'où est-elle capable d'aller pour assouvir son but ? Et d'ailleurs, quel est son véritable objectif ?

Revenons à Rollon et Liutgarde, deux âmes en peine. Deux êtres qui ont besoin de se ressourcer, de se trouver, d'avoir une quête. Est-ce la même ? Seul l'avenir nous le dira. Toujours est-il que leur amour, si fort soit-il sera mis à rude épreuve. Rollon cache énormément de choses à sa dulcinée. Il a découvert Liutgarde en sang, puis l'a soigné, guéri. Elle est tombée amoureuse de lui, sans entraves, sans chaines, un véritable coeur pur. Leurs sombres passés les a réunis, pour le meilleur et pour le pire. Et ce dernier arrive à grand pas. La lutte est féroce, le combat rude et il n'y a aucun équilibre entre les forces du bien et du mal.

Ces forces viennent de partout à la fois. Il y a les compagnons de route, Rénard et Pirine, Muse et Diane, Griche et maître Cernault. Tous ont eu des déboires dans la vie et celle qu'ils sont en train de construire ensemble pourrait être la plus belle. Pourrait, si l'un d'entre eux ne cachait pas sa vraie nature. Chacun à une histoire a raconter, un bout de chemin parcouru qui les mènent là où ils sont. Même si les faées ne sont sensées plus exister, il y a encore des gens qui y croient dur comme fer. C'est peut-être grâce à cette idée que Dame Hölle est toujours en vie, ou tout simplement sa capacité à asservir les esprits même les plus forts.

L'auteur parle de ces écoles de magërie, là où les élèves les plus prometteurs y sont envoyés. de ces autres qui n'ont aucune capacité, mais qui font leur travail, plus ou moins bien. J'en viens au capitaine zozotant un grand maximum, sans S, que des Z, ce qui déroute au départ, pour au final se laisser prendre au jeu. C'est un homme qui n'a pas eu de chance dans la vie, qui a été maudit, jusqu'à sa fille. En parlant d'elle, c'est encore une autre histoire. Elle parait au départ comme le lourdaud de service, celle qui est douée dans les armes, pas belle, une grande gueule, pas attirante et qui préfère se battre aux côtés de son père plutôt que de tenter de se faire courtiser. Pour l'époque choisie, créée, elle détonne complètement. Plus le temps passe, plus nous apprécions ces deux personnages. L'auteur nous montre un instant d'intimité entre eux deux que j'ai trouvé très beau. Un peu de gentillesse, beaucoup de compréhension et d'amour. Contrairement aux fameux couple improbable : Cloud et Poppa qui sont de véritables monstres, le père et la fille nous montre que l'humanité a encore un espoir.

L'histoire est dense, suivant des hommes et des femmes qui nous montrent bien ce qu'ils désirent. Creuser est un terme que l'auteur aurait pu employer. Creuser sa propre tombe, gratter sous la couche de crasse pour y découvrir un coeur généreux ou au contraire, un véritable fléau. La mägerie doit être pratiqué à deux ? Qu'à cela ne tienne, nous avons des duos à chacun de nos pas. Des secrets bien gardés risquent d'être dévoilés. Qui dit bataille, dit guerre dit morts. L'auteur doit avoir une dent contre certains de ses personnages car il ne s'encombre pas de détails. Pouf et de un, et de deux et ainsi de suite. le principal reste que nous avons des réponses à nos questions. Pas toutes, cela ne serait pas drôle, mais une fois le mot de fin lu, il n'y a pas ce sentiment d'être incomplet.

D'ailleurs, l'auteur nous offre les mémoires de Maître Jaufré-Simon de Cernault. En quelques mots, il nous complète. Cette quête de savoir est bien trop importante pour un seul homme et bien trop dangereuse pour une seule caravane. L'harmonie du début n'est qu'un vaste brouillard qui est là pour camoufler un univers bien différent des légendes.

En conclusion, moitiés d'âme est un très beau livre autant par le contenu que le contenant. Un roman sombre, une histoire qui ne tourne pas qu'autour de l'amour entre deux êtres, mais sur les promesses, celles faites quand le noir était capable de vous faire perdre la vue. Bien que tragique, la fin reste belle, avec une note d'espoir. Reste à savoir si cela va rester une simple note ou au contraire, une chanson complète.


http://chroniqueslivresques.eklablog.com/moities-d-ame-chroniques-des-cinq-trones-anthelme-hauchecorne-a179329822
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En trois mots comme en cent, j'ai adoré ce roman qui a, en plus, le bon goût d'être magnifique : couverture brochée, gaufrée et dorée, tranche décorée, signet en tissu couleur or, inutile d'être un bibliophile assermenté pour profiter de la beauté de l'objet-livre. Au-delà de son apparence, le coup de foudre est allé à l'histoire, l'univers et le style. C'est assez rare que j'ai je craque pour tous ces éléments à la fois, et je trouve que ça méritait d'être signalé. En guise de conclusion, si vous avez un/e amateur/trice de fantasy dans vos pratiques et pas d'idée à mettre sous le sapin, je ne saurais que trop vous conseiller de vous jeter sur ce titre !
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Quand un livre est très beau, ça fait plaisir, mais quand il est aussi très bon, c'est encore mieux !

Moitiés d'âme est le premier tome d'une quadrilogie qui nous entraîne dans un monde où les Hommes, en proie à une perpétuelle soif de pouvoir, cherchent à percer les mystères des Faëes disparues, en particulier en ce qui concerne leur art de la mägerie...

Voilà de la fantasy efficace et intelligente comme on l'aime, avec une héroïne vraiment très attachante et de terribles secrets qui ne demandent qu'à être dévoilés. Ne passez surtout pas à côté de ce joyau !
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La fantasy n'est pas mon genre de prédilection mais de temps à autre j'aime bien me plonger dans l'un de ces univers fictifs emplis de magie et de créatures surnaturels. En premier lieu, il faut reconnaître que l'objet-livre est somptueux avec sa couverture épaisse, sa magnifique illustration et son ruban marque-page. le travail de l'éditeur est de qualité et donne un livre fait pour durer.

En second lieu, on ne peut nier que ces Chroniques des Cinq-Trônes ont tout ce qu'il faut pour en faire l'un des romans de fantasy les plus intéressants qu'il m'aie été donné de lire à ce jour. Entre l'écriture concise et percutante d'Anthelme Hauchecorne, les personnages hauts en couleur et l'histoire intelligemment construite, ce roman ne laisse aucun répit. L'auteur transporte son lecteur dans un univers où la magie, le triangle amoureux entre deux humains et une Faëe et l'ambiance médiévale charment tout autant que les paysages hivernaux et le sentiment d'oppression que l'ont ressent à la lecture. le récit n'est marqué par aucun temps mort et la lecture n'en est rendue que plus addictive.

Moitiés d'Âmes est le premier volume d'une tétralogie qui se suffit à lui-même. La fin reste ouverte mais peut tout à fait s'arrêter là. Il va bien au-delà d'un tome d'introduction tant l'histoire est riche en événements souvent surprenants, toujours très percutants. Les rebondissements arrivent toujours au moment où l'on croit avoir compris les tenants et les aboutissants d'une situation. A découvrir dès treize ans (quinze ans pour l'éditeur).
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J'ai craqué en voyant la couverture. J'ai lu en diagonale le résumé et je l'ai acheté. Depuis, il me faisait super envie, cette illustration est magnifique avec cet effet de carte, les caravanes mises en avant de telle sorte qu'elles attirent aussitôt le regard. L'or qui vient terminer avec élégance la couverture – sur le nom de l'auteur, celui de la maison d'édition et qui est aussi employé pour faire le contour de la bannière. Je retarde le début de cet avis, parce que c'est un gros coup de foudre pour ce premier tome et que j'ai tant à dire. En tout cas, c'est une série que je suivrais avec le plus grand plaisir, j'attendrais patiemment la sortie du prochain opus pour m'y précipiter !

Le livre a une très belle présentation. Les typographies choisies, cette bannière avec les cinq trônes qui s'offrent à nous en début de chaque chapitre, la belle carte du début d'ouvrage, les ajouts en fin comme cette lettre ou le lexique… Ça donne au livre une très belle finition. L'ouvrage est presque un hardback avec un soft touch sur la couverture, sans oublier le petit signet pour servir de marque-page. J'ai eu une expérience de lecture incroyable et cette saga entre directe dans mes petits chouchous. C'est un roman renversant sur plus d'un point.

La majeure partie du livre se déroule dans cette sombre et inquiétante forêt enneigée qu'est la Sylverëe, entièrement glacée et dédiée aux Faëes de l'Hiver, où chaque pas peut être mortel. Il y rôde des créatures anciennes obéissant à une force magique perdue et oubliée depuis des années. J'ai apprécié cette atmosphère très particulière, oppressante et angoissante, la Faëe vous toise, vous nargue, se moque continuellement de vous. C'est sombre et violent, vif et mordant à l'image de l'Hiver ; cette saison est celle de la faim, de la fin, du froid qui vous gèle et du vent qui vous persifle dans les oreilles. L'ambiance est tendue du début à la fin, chaque pas effectué par nos caravaniers à l'extérieur ou à l'intérieur de la forêt est une épreuve, une source de problèmes et un rendez-vous probable avec la mort.

Ce roman il est d'une sacrée violence. Les thèmes exploités qu'ils soient mineurs ou majeurs sonnent comme un coup de fouet, un carreau d'arbalète en plein coeur. Il y a l'adultère, le mariage forcé, la quête de pouvoir, les crimes, les mensonges et les trahisons, les sévices corporels, la mort, la guerre et le sang, les illusions, la condition féminine, la magie et la politique, l'histoire et le passé, la médecine, l'artisanat… ces mauvais tours sont soufflés de loin, parce que les caravaniers ne sont qu'un théâtre pour cette force obscure et lointaine. Et les petites marionnettes rêvent malgré la tourmente de jours meilleurs, d'un espace à eux, d'amour et d'amitié. Il y a des ingrédients savamment pensés, maîtrisés et développés par l'auteur, avec justesse et précision, à vif et avec émotions.

Ce théâtre est rocambolesque, un drame shakespearien de fantasy un brin médiéval où les vieilles querelles ressurgissent. Où le passé se répercute dans le présent et risque de balayer l'avenir. J'ai aimé l'intrigue qui est à la fois personnelle pour chacun des caravaniers et qui est une partie de cette immense toile tissée qui va sans doute nous mener plus loin que ce premier tome. L'histoire sait être captivante, percutante et inattendue, avec des révélations surprenantes, un final aussi déchirant qu'époustouflant. L'action mêle la réflexion, la quête de soi se mélange avec la recherche d'un passé perdu. L'histoire m'aura enchantée de ses premières lignes jusqu'aux dernières, aucun personnage n'est épargné durant ce voyage tant physiquement que mentalement.

L'univers est soigné et palpitant à découvrir. L'auteur sait parfaitement tenir l'intérêt éveillé, chaque chapitre a son lot de découvertes et pourtant, ce n'est en rien un tome introductif, c'est même tout le contraire. Il s'en passe des choses durant ce premier tome ! L'univers nous place dans un royaume déchiré entre cinq royaumes, cinq trônes, dont quatre sont liés aux saisons. J'ai appris à comprendre le système de magie original et bien pensé, j'ai adoré découvrir les différentes sortes de magie et saisons, comprendre les Faëes et leur histoire… tout était fascinant et toujours bien expliqué. Un autre excellent bon point : le style d'écriture de l'auteur. L'histoire mature est doublée d'une plume franchement soignée et fouillée, c'était de la dentelle à lire sans que cela soit lourd, c'est fin et moderne, élégant et piquant. Les répliques sonnent juste et permettent d'identifier rapidement qui parle, les descriptions sont parfaites pour s'imaginer les émotions, les actions ou encore les lieux.

Les personnages sont nombreux et tous passionnants, en bien comme en mal, pour le meilleur comme pour le pire. Pour le coup, chaque protagoniste voit son caractère être positif ou négatif ; néanmoins, certains connaissent des évolutions qui les rendent intéressants, tous ne seront pas épargnés par les aventures du premier tome. Les liens sont savoureux à suivre, les alliances et le désamour font rage, être unis c'est le mantra, la quête, c'est même vital. Pourtant, chaque péripétie devient vite un prétexte pour se déchirer. L'humain est faillible et nos protagonistes en sont de beaux exemples. Liutgarde est une jeune femme très sympathique à suivre. Elle a fui son mari pour se retrouver parmi les caravaniers, amoureuse d'un amant mystérieux, elle la miresse du groupe, la soigneuse. Naturellement calme et réfléchie, altruiste, elle sait être capricieuse et naïve, agaçante par moment. Rollon est un jeune homme torturé et indécis, courageux et protecteur, déchiré entre son envie de liberté et sa soif de connaissance, entre deux feux qui le ravagent lentement. Muse, Diane, Pirine, Rénard, Cernault, Griche, leurs compagnons nous narrent leurs exploits, leurs histoires, leurs aspirations et le pourquoi ils suivent Rollon leur meneur. Les agissements de Rollon et Liutgarde font parfois lever les yeux au ciel, on aimerait bien leur coller quelques claques, mais les fils du Destin sont si sournois, que je leur pardonne volontiers.

En conclusion, ce très long retour pour vous dire que ce roman est renversant. Il n'est pas à mettre entre toutes les mains, car il est très mature et violent ; toutefois, c'est un excellent premier tome de fantasy. Il y a des ingrédients qui le rendent charmant, atypique et inoubliable. le rythme est soutenu, l'atmosphère lourde, le froid de l'Hiver vous saisi dès le départ et même après le final incroyable, même après avoir fermé le livre, ce froid reste présent. L'histoire est captivante servie avec une plume de haute voltige et des personnages passionnants. le tout dans un univers maîtrisé et dense. J'ai très envie d'en savoir plus !
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Moitié d'âmes est le premier tome de la tétralogie des Chroniques des Cinq Trônes, écrit par Anthelme Hauchecorne et publié chez Gulfstream dans leur catalogue YA.
Chaque tome se concentre sur un royaume différent, avec pour trame de fond la guerre qui oppose le petit Peuple aux Hommes, particulièrement ceux issus de la Mägerie. Les tomes ont une fin en soi, tout en laissant une porte ouverte, et apparemment, chaque tome pourra être lu séparément.

Moitiés d'Âme me faisait de l'oeil, de part l'objet livre en lui même qui est absolument magnifique, mais aussi car cet auteur fait partie de ceux que je voulais découvrir depuis quelques années, et que j'apprécie ce que publie cette maison d'édition.

Moitiés d'Âme se déroule au coeur de l'hiver, dans la Sylverëe. L'univers est froid et hostile. On ressent à travers l'écriture de l'auteur que la nature prend ici tous ses droits, envers et contre tous.
Pourtant, cela ne semble pas rebuter les Mäges et caravaniers qui cherchent à atteindre le coeur de la forêt pour s'approprier ses pouvoirs.

Mais cette forêt recèle bien des secrets, et est fortement protégée par l'esprit du Petit Peuple. Notamment par la perfide et malheureuse Faëe : Dame Hölle.

Rollon soupira.Son tort était d'avoir cru que sa vie pourrait prendre un nouveau départ.À ceci près qu'elle ne lui appartenait plus.La forêt lui avait mangé le coeur.Il avait beau la supplier, elle refusait de le recracher.

Cette faëe a signé un pacte avec le Mäge et caravanier Rollon. le lecteur le découvrira au fil du récit, tout en étant témoin également de l'histoire d'amour que tentent de vivre Rollon et Liutgarde, une mägeresse qui a fui son mari et son territoire pour vivre avec les caravaniers. Mais Dame Hölle est loyale dans ses serments... et "un brin" possessive.





Les protagonistes sont bien décrits et ambigus, bien développés. Ils sont très humains, à la fois bourrés de qualité et de défauts.

Dame Holle est un personnage que je ne pense pas oublier de sitôt. Perfide, elle semble aussi désespérée et terriblement malheureuse, ces états d'âme l'ont fait devenir un antagoniste complexe et assez terrifiant. Elle s'insinue dans l'esprit des mâges par le biais de lïances, des artefacts magiques qui permettent au petit peuple de communiquer avec les Hommes.


Rollon... un personnage ambigü, terriblement humain, ambitieux, amoureux, indécis, il va malheureusement laisser dans son sillage nombre de déceptions et de douleurs.


Dans ce roman, les évènements s'enchaînent sur une musicalité parfois mélancolique, parfois burleque, rappelant par ci le froid et la solitude propre à l'hiver, par là le comique de situations délicates.

On est aussi témoins d'évènements passés, de chroniques, qui sont édictées tels des anciens contes, à ne pas prendre à la légère.


Les thématiques autour de l'esprit de la forêt et du petit Peuple m'ont beaucoup plu et marquer. J'espère que la suite sortira bientôt, je me demande quel avenir nous réserve Anthelme!

L'histoire se lit à plusieurs niveaux, et je pense qu'une relecture serait bienvenue dans quelques mois pour capturer tous les indices et tous les fils tissés par Anthelme Hauchecorne dans cet univers foisant de magie et de mystères. Nous découvrons, à travers les témoignages et l'histoire des protagonistes, la guerre qui a opposé les mäges au petit peuple. Nous découvrons un univers païen dans lequel la forêt règne en maîtresse, et un univers que les Hommes pensent maîtriser. Nous découvrons l'histoire tragique de Rollon et Liutgarde, qui voient leur histoire entravée par l'envoûtement d'une faëe... Magie, malédiction, tragédie, aventure, voilà quelques ingrédients qui régissent la ligne éditoriale de ce roman.


Je remercie sincèrement les éditions Gulfstream pour le partage de cet ebook auprès des jurés du #PLIB2020 dont je fais partie. #ISBN9782354887117
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Ce premier tome est un bijou : un objet livre remarquable (une tranche gouttière toute illustrée, une couverture canon avec des marquages à chaud qui claquent, une carte intérieure, une police avec ligatures qui fait son petit effet…) et une histoire glaciale, au coeur de l'hiver, mêlant les Faëes aux saisons. Un roman parfait à offrir ou à s'offrir pour Noël ❤
(service de presse)
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En voilà un premier volume qui frappe fort ! D'ailleurs, soit dit en passant, il s'agit a priori d'une saga dont chaque tome aura sa propre histoire. Ainsi celui-ci commence et se termine comme il se doit (avec une très belle fin d'ailleurs) et il sera de même des autres.

Nous basculons directement dans l'univers qu'Anthelme Hauchecorne a tissé avec soin. Entre ces pages la mägerie règne en maîtresse absolue, mais prenez garde, qui dit sort dit aussi mauvais sort et nombreux sont ceux à s'être laissé prendre au piège de l'extraordinaire, du fantastique et du merveilleux. Car ici, point de joie et de bonheur, mais plutôt un froid glacial à vous arracher le coeur, des dilemmes cornéliens, des amours impossibles et des promesses à tenir. Et tout autour, l'hiver plante un décor macabre, inquiétant, dans cette Sylverëe, le dernier refuge des Faëes, se cachent des destins bien cruels.

Il y a énormément de choses à dire sur ce roman, d'abord parce qu'il fait plusieurs centaines de pages, ensuite parce que l'histoire est remarquablement bien construite, enfin parce que la plume est d'une beauté rare, sans chichis, mais travaillée, riche, en dentelle d'araignée.

Chaque personnage a sa place dans l'intrigue, des secondaires aux principaux en passant par ceux dont on pense qu'ils ne seront que des apparitions mais qui apportent leur lot de pierres à d'édifice de Moitiés d'âme. L'intrigue prend place dans cette compagnie de caravaniers avec Rollon, Liutgarde, le couple le plus mal assorti qui puisse exister, les adorables Rénard et Pirine, les amoureuses Muse et Diane, sans oublier le grincheux Grich et maître Cernault, le vieux sage complètement frappé. Oui la caravane est une équipée toute dépareillée, avec pléthore de secrets, drames et dettes du passé. Mais chacun d'entre eux apporte une profondeur rare au récit, déçoivent parfois, surprennent souvent. Autour, vont alors graviter tout un tas de personnages abracadabrants des Gémeaux maléfiques en Capitaine (presque) gentil, de Bête monstrueuse en mari jaloux, tout cela mâtinée d'une bonne dose de Dame Hölle, une Faëe décidément bien dangereuse et dont on aurait tôt fait de se méfier.

Dans ce roman, pas de long exposé à n'en plus finir sur l'histoire des royaumes, pas de monologues scientifiques sur le pourquoi du comment de la mägerie, tout trouve sa place au fur et à mesure. On apprend, on écoute, on déguste chaque petit indice comme si c'était des bonbons, et on assimile, petit à petit, comment s'est construite la mägerie des saisons, la nécessité de l'utiliser à deux, et les querelles qui se transforment en guerre. L'intrigue pose son chemin et on le suit attentivement entre Rollon et Liutgarde, dans leurs péripéties amoureuses et magiques, dans leur combat acharné contre des forces qui les dépassent. Parce que oui, bien au delà de la fantasy, des saisons, des trônes et des bains de sang, il est avant tout question de relations humaines. Comment elles se font et se défont, grandissent et meurent, trompent et mentent. Je ne le dirais jamais assez mais pour moi c'est bien ce qui fait la force d'un roman, de n'importe quel genre qu'il soit, bien au delà du world building, ce sont les personnages et ce que l'auteur en fait. Comment il les tord, comment il les fait vivre, mourir, chaque fil d'araignée en agitant tant d'autres sur la toile de la destinée.

Et puis ce roman est sombre… si sombre. le sang éclabousse le sol blanc, les coeurs se déchirent, les promesses se délitent dans le noir, la rage s'empare des âmes et toute une forêt siffle, hante, mange. Les pièges se referment, ceux qui se pensaient chasseur deviennent proie, la vengeance s'éternise, fait ployer les corps, et les mains se crispent sur des visages glacés. Au delà de tout cela c'est une véritable lutte qui prend le pas, mais seul un ressortira vainqueur : le pouvoir…ou l'amour.

En résumé
Moitiés d'âmes est un roman aussi beau à l'extérieur qu'il l'est à l'intérieur. Tout en profondeur et en drame, l'hiver prend une place aussi cruelle que glaciale et ce sont bientôt des hommes et des femmes qui se débattent entre les arbres. L'écriture est exceptionnelle, les personnages bien campés, et l'ensemble forme un tout emprunt de mägerie. Mais ne vous y trompez pas, celle-ci est aussi extraordinaire qu'elle est dangereuse. En ouvrant ce roman, pas sûre que vous puissiez le refermer avant de l'avoir fini.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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